Il a posé le peigne et repris le pinceau.
Délaissant les cheveux, il a, de l’écheveau
De ses inspirations, démêlé les nuances,
Puisant dans sa palette une aura d’élégance.
« Quand je n’ai pas de bleu, préconisait le Maître,
Je mets du rouge ! » Ici, l’on se plaît à voir naître
Des jaunes et des verts, un dégradé de bleu,
De chatoyants reflets, du rouge un camaïeu.
On s’abandonne au rêve, et l’on voit s’envoler
Le pinceau, butinant au jardin de beauté
Un rouge de pavot, un mauve de lavande,
Le blanc de l’edelweiss ou le vert de l’amande.
La mésange lui donne une plume bleutée,
Le passereau, l’éclat de sa gorge enflammée,
Du fier chardonneret il choisit le brio
D’un vif et flamboyant manteau de maestro.
Chaque fois, le pinceau, dans la main de l’artiste,
Revient, comme l’archet aux doigts du violoniste,
Et l’on sent émerger un instant d’émotion
Quand musique et couleurs mêlent leurs séductions.
Puis le pinceau repart et, dans l’aube légère,
S’en vient se rassasier d’une prime lumière
Ou, dans la plénitude automnale d’un soir,
Vient s’offrir un carmin frangé d’ombre et de noir.