Modernité à ton épopée d’un nouveau siècle
je ne chanterai pas tes charmes et tes hérauts
car je te hais, société du paraître en clinquance !
Sonnant et trébuchant la monnaie de singe
de tes agitations dans le cours des temps à reculons
Chair dépenaillée des jours fileyeurs charriant
leurs flots d’ombres momifiées dans des fleuves de bitume
dans les boyaux fétides des mégalopoles
à la vitesse intenable des diarrhées incurables
Légions de spectres mutilés étudiant leur errance
dans les soigneuses allées de hangars rutilants
où s’apprivoise la hâte à nourrir l’inanité de l’être
de la richesse de son néant.
O frères de misère absolue !
L’œil est dans le salon et regarde Zombie
Dans le carrousel aux fraîches images
des sourds jacassants font la leçon des choses
à des muets hébétés prenant la mesure
d’un monde à l’aune de leur duplication
« - A l’étranger, rien ne va plus en terre africaine :
le roi Moult-Fêlé qui règne en maître absolu
a répudié sa huitième épouse accusée
de fomenter un coup d’Etat au bénéfice
de son amant qui a été passé par les armes ! »
De notre correspondant permanent Nestor Voitou
« -En France, le président de la République
a brisé un miroir en voulant raser de près
le flot de vérités qui envahissait son esprit »
De bonne source, mais non rendue publique.
L’œil est dans la vitrine et regarde Zombie
Qui a coupé les têtes du dieu Chronos ?
Sans passé et sans avenir le présent agonise,
vidé du sang des lumineuses signifiances
Voici l’instant impérial consacré
sur l’autel de toutes les jouissances ;
Sodome et Gomorrhe perpétuelles licencieuses
gavées de l’objet tangible de tous les désirs
Homme et femme androgynes d’une même solitude
partagée dos à dos dans le sursis de la méfiance
Homme et femme au regard louchon
s’enivrant à l’abreuvoir du Veau d’or
se nourrissant des chairs de leur image même
et livrant à la fulgurance des messageries
l’indispensable bégaiement de leur pauvre histoire
Zombie n’a pas fermé l’œil de toute la nuit
O Guillaume ! Je chanterai la chanson du bien-aimé
sur le pont de mes rêves prolifiques, de mes songes bâtisseurs,
sans tour Eiffel, sans automobile et sans aviateur
pour peupler le paysage des beautés fanées
qui subjuguent les âmes simples depuis l’aube des temps ;
sans calligrammes en échafaudage pour blanchir
les horreurs urbaines enfantées par un indomptable Moloch.
Je me laisserai bercer de mots en notes fredonneuses,
en strophes liées comme les épis moissonnés
sur le flanc des jours familiers et si clairs ;
si clairs qu’ils suffisent à éteindre l’orchestration
convenue de toutes les médiocrités rabâchées
par la congrégation des nouveaux prêtres
chargés de divertir les cathodiques âmes abandonnées.