Archive pour la Catégorie '* JOFA Nathalie'

La main ouverte

N’écris plus, ne crie plus

Ne dis plus rien

Mange ta peine

Demain, tu ne seras plus rien

Range la haine

Où je t’emmène

Elle ne te servira à rien.

 

Viens avec moi

Chevaucher les étoiles

De l’extrême

Mange ta peine   

Ne dis plus rien.

 

Le silence te garde

Bien à l’abri

Tu me souris

Il y a la nuit

Qui te regarde.

 

N’écris plus, ne crie plus

Ne dis plus rien

Mange ta peine

Demain ne sera rien.

 

Jette ta gêne

La dire ne servirait plus

A rien.
Reprends avec moi

Ce qui fut un chemin

Mange ta peine

En gardant bien ouverte

Ta main.

 

 

Le jardin sous la pluie

Je regarde tomber la pluie
Le vent souffle, les arbustes ploient
Les dernières fleurs sont toutes flétries
L’automne fait glisser ses doigts

De quoi allons nous parler alors que l’été s’étiole
L’automne saura-t-il assez nous habiter ?
Derrière la fenêtre les feuillages s’envolent
Aurons-nous toujours un toit pour nous abriter?

Je regarde tomber la pluie
Le vent souffle, un foulard vole
Les fleurs n’ont plus d’habits
Les pétales tous horizons s’envolent

L’hiver qui approche ne sera t-il qu’un cri?
L’automne est là qui nous étreint
Derrière les carreaux, je vois tomber la pluie
Le ciel tout entier semble éteint

Je regarde tomber la pluie
Elle est drue et battante
Le ciel est immensément gris
Des beaux jours, je suis dans l’attente.

Le soir tombe comme un habit de mort
Le soleil n’a brillé que par son absence
La pluie et le vent nous éloignent du port
Dans mes rêves, vous y cheminiez en silence

Je regarde par la fenêtre
La pluie n’a de cesse de tomber
Demain le ciel sera bleu peut-être
L’automne a dévoré l’été.

Ainsi va le monde

Il y a le fracas de la mer, aussi le fracas de la guerre
Il y a les jours sans pluie, les jours d’avec le déluge...

Il y a le vent et la semence, qu’il porte et qu’il emporte
Il y a des printemps stériles et des étés si tristes
Qu’on voudrait les pendre...

Il y a les enfants qui ont faim. Ceux là ne sourient pas.
Et les enfants heureux qui racontent leurs jeux.

Il y a le mois  d’avril et le mois de novembre
Quand le ciel est tout bleu. Quand le ciel est de cendres.

Il y a de grands océans et des mers d’étoiles.
Il y a  aussi des mers mortes qui brûlent les pieds

Il y a les larmes du rire et du chagrin
Qui lavent les yeux
C’est un tout. Ainsi va le monde
Et le savoir peut rendre  malheureux.

Riant juillet

Le ciel est d’un bleu limpide
L’herbe craque sous les pieds
L’horizon se profile, splendide
C’est une chaude journée de’été

Midi impose sa torpeur
Le chat s’endort sous l’ombrage
Tout l’été danse au fond des coeurs
Et juillet lui rend hommage

Le ciel peut chanter tout bas
Tandis que les oiseaux se taisent
Si des ailes prolongeaient mes bras
Je m’envolerai de la falaise

L’ esprit habite une source
Où se prélasse la fraîcheur
Chaque jour, il trace sa course
Qu’il fait bon écouter le coeur

Juillet pèse de tout son poids
Et le soleil traverse le son
Un jour où l’autre, nous aurons froid
Aimons la brûlante saison.

La 25e heure

Tu as failli avoir ma peau
Me manger la laine sur le dos

Tu as failli prendre ma vie
Pour un peu, je t’aurais suivie

Tu as voulu tout effacer
Poèmes et livres inachevés

Un temps, j’ai marché sur tes pas
J’avais des ailes comme toi

Tu ne t’étais pas présentée
Quand la main tu m’as attrapé

Tu n’as pas dit: « Je suis la Mort »
Mais tu t’es couchée sur mon corps

Avec toi, comme je m’ennuyais!
D’ici-bas, l’Amour m’appelait

Alors à deux mains, j’ai saisi
Le fil si ténu de la vie

A la 25e heure je songe
Quand le coeur devient éponge

Quand les os deviennent si cassants
Que l’on craint un souffle de vent

Je sais qu’alors tu reviendras
Tu m’emporteras dans tes bras

Un jour, je ne m’enfuirai plus
Ce jour là, je serai vaincue.

Plic ! Ploc !

Les nuages se disloquent
Et jettent leurs habits noirs
Tels des curés qui se défroquent
Libérés, gonflés d’espoir

Solitaire, tu soliloques
En te demandant bien pourquoi
Cette année, le printemps évoque
L’ennui davantage que la joie

Dieu Soleil que l’on invoque
Quand la peau se plisse de froid
L’on voudrait changer d’époque
Changer le temps, garder la foi

L’hiver dans son lit, suffoque
Au mois d’avril l’on voudrait croire
Fragile comme une pendeloque
Le soleil luit sur son perchoir

Dernières gouttes de pluie : plic ! Ploc !
Le gris du ciel s’encre de bleu
De cette averse tu te moques
À la tristesse tu dis adieu.

Extrait de «Odes et Colères » (2008)

Midi trente

Dans les ruelles, nous avons marché
Moi, à ton bras, accrochée
Le village semblait endormi
Nous étions juste après-midi

Primevères, violettes et muscaris
Formaient de jolis tapis
j’aurais aimé les dessiner
Dans l’herbe, les bouquets clairsemés

Nous avons croisé oiseaux et chats
Mais d’humains nous ne vîmes pas
Le soleil était aux fenêtres
Et certains se cachaient peut-être

Le fil des rues, nous avons suivi
Le soleil au zénith de midi
Moi, à ton bras, accrochée
Escaliers et passages secrets

Il faisait chaud ce matin là
Le soleil riait aux éclats
Nous n’avons croisé personne
C’est midi trente au clocher, qui sonne.

La chambre du musicien

La chambre du musicien dans * JOFA Nathalie jofa-chambre-du-musicien

L’âme en peine

Telle une âme traînant sa peine, je vais
Cherchant le souffle de l’inspiration
Dans les abysses ou tu m’entraînes, je sais
0ù se cachent l’enfer et la damnation

Cherchant par dépit autant que par hasard
0ù se nichent les rimes riches
Où s’endorment les rimes rares
Je cueille, arrache comme l’on défriche

Une terre jamais foulée
Où les flammes et les vagues passent
Où l’oiseau aime à se poser…

Telle une âme traînant sa peine, je vais
Arrachant chaque pas à la terre
Au Nord, souffle un vent mauvais

Peut-être vaudrait-il mieux se taire
Où laisser grandir le blé levé.

Chaos d’hiver

Donnez-nous un coin d’azur
Un petit morceau de ciel pur
Le gris qui pourchassa l’automne
Est si triste, si monotone.

La lumière même, porte un chapeau
Et le ciel mange les oiseaux
Dès qu’ils ont pris leur bel envol
Tels flammèches qui s’étiolent…

Rendez-nous le soleil éclatant
Celui-ci est si pâle, si blanc
A travers toute cette grisaille
Collant au dos, où que l’on aille.

Donnez-nous un petit bout de bleu
Que les nuages se morcellent un peu
Qu’enfin jaillisse la lumière
De cette lourde pelisse d’hiver.

Quand reviendra-t-il le soleil
Caresser les cerises vermeil
Reviendra-t-il brillant et fier
Dans une explosion de lumière ?

Que la pluie cesse de tomber
Qu’il nous revienne enfin l’été
Car les cieux gris et si bas
font peser soucis et tracas.

Font peser soucis et tracas.

Baigneur

Baigneur dans * JOFA Nathalie jofa-baigneur

Froid noir

Le ciel est chargé de nuages indigestes
Le soleil ne dévore plus l’horizon
L’absence de couleurs rend ce jour funeste
Le gris qui domine emprisonne la raison

Les jours s’étiolent tels une vie qui se meurt
L’on dit ici que c’est le froid noir qui mord
Les âmes frissonnent et le soir, vient la peur
Car la nuit, sans fond, dissimule la mort

Derrière les carreaux, la lumière fait des yeux
Aux façades des maisons qui prennent vie
On devine bêtes et gens au chaud, près du feu
Dans la nuit se meurent des oiseaux sans nid

Dehors, recroquevillés sur leurs gelures
Ou échafaudant des palais de carton
Ils ont le firmament pour seule toiture
L’hiver fait mourir les hommes sans maison

La neige et le vent tissent un fin rideau
Et le ciel, si bas, nous caresse la tête
Certains portent l’hiver comme un lourd fardeau
La main roide tendue, pour quelques piécettes

Le vingt-et-unième siècle va sur ses treize ans
Marcherions nous tous vers un nouvel enfer?
Je veux croire en l’Homme, au feu qui brûle dedans
Comme à un soleil que l’on partage en frères

Comme à un soleil que l’on partage en frères.

Arbre bleu

Arbre bleu dans * JOFA Nathalie jofa-arbre-bleu

Comme poussière…

Comme des pas dans la poussière
Qu’un souffle de vent efface
De la vie, plus une trace
Quand on retourne à l’univers

Quand on s’envole vers la lumière
Les ailes enfin déployées
Quand le rideau est retombé
Sur la grande scène éphémère

Il ne reste que la musique
Et les mélodies de la voix
Le vent joue de son hautbois
Une complainte mélancolique

Comme des pas dans la poussière
Que l’averse du soir vient laver
Le chemin parcouru disparait
Plus de contours, plus de pierres

De la vie, plus une trace
Rien qu’une larme à la paupière
Une pépite dans la lumière
Tout meurt quand on trépasse

Comme une toile diamantifère
Les cieux, le soir, déploient la nuit
A l’Est où l’étoile nouvelle luit
S’étend l’éternité de la mer.

Quand revient l’automne

Les hirondelles se rassemblent
Demain elles seront reparties
Dans le vent, les arbres tremblent
Et je me sens toute engourdie.

Le ciel est d’humeur changeante
Taches de bleu. Nuages gris
L’amant contre son amante
Reste blotti au fond du lit.

Au ras du sol, les feuilles courent
Et cherchent des portes ouvertes
Les vergers dans leurs beaux atours
Ne cachent plus de pommes vertes.

Les hirondelles sont reparties
Elles volent toutes vers le soleil
Le soleil ne luit plus ici
Octobre nous ensommeille.

Sous les bourrasques et les averses
Je traverse la nuit en courant
La pluie jusqu’aux os transperce
Et glace ce que j’ai de sang.

Je ne pas vu venir l’automne
Hier encore je cherchais l’ombre !
L’hiver viendra si monotone
Avec ses jours et ses nuits sombres.

Les hirondelles sont reparties
Par dessus les forêts de feu
Plus un seul oisillon au nid
Cet automne m’attriste un peu.

Article paru dans l’Est Républicain

Article paru dans l'Est Républicain dans * JOFA Nathalie nat

Supplique

Laissez mon âme muser
Aux soleils anisés
Laissez-moi rêvasser
Face à l’azur du ciel

Laissez-moi boire ce verre
Au vert lumineux
Et sourire au sourire de la fée
Laissez-moi nue, sous la lumière

Laissez-moi adorer Soleil 1er
À genoux, sur la terre fumante
Laissez-moi à ces plaisirs chics
Des cannabiques délices

Laissez mon corps s’user
Jusqu’aux confins de l’Être
Laissez-le s’amuser
Au calice des fleurs

Laissez mon âme errer
Comme une eau vagabonde
Laissez-moi rêvasser
Silencieuse, immobile

Laissez-moi ces instants, moissonner
Et engranger cette douceur
Laissez-moi frotter mon cœur
Au soleil éclaté.

Les airs du temps

Les airs du temps dans * JOFA Nathalie Recueil-Nej-petit-720x1024

Les personnes intéressées par cet ouvrage peuvent d’ores et déjà le commander ( au prix unitaire de 18 €+ 3€ de frais d’envoi). Les recueils seront disponibles à partir du 15 octobre 2012.

Coup de chaud

Le bouleau frémit à peine
Les herbes s’agitent mollement
L’air est comme une chaude haleine
Pas le moindre souffle de vent…

Les sapins sont immobiles
Leur résine embaume alentour
Fumant de plaies indélébiles
La colline n’a plus d’atours.

La route est en déliquescence
Les semelles collent au macadam
Le soleil, par sa présence
M’accable et je sens que je pâme.

Étourdis, les oiseaux se taisent
L’air est un four de boulanger
Je rêve d’une haute falaise
Que vent et eau viendraient fouetter…

Marchant sous les cieux plombés
Un paysan traîne sa peine
Le long d’un champ de blé brûlé
Le long d’un champ de blé en graines.

La vie cherche où elle peut, de l’ombre
Et l’eau fraîche des fontaines
Claire dans les bassins sombres
Sources profondes et lointaines.

J’attends que le soleil dardant
Tombe en feu à l’horizon
Que ma peau qui bout en dedans
Trouve en la nuit, le frisson,

J’attends en tricotant des rimes…
Voici que se lève le vent
Ce soir, le ciel d’azur se grime
Les nuages arrivent en courant.

Envies et regrets

Quand le mois de mai est gris
On pense aux mois de mai bleus
Quand de tristesse l’on s’ennuie
On pense aux moments heureux

Lorsqu’on n’a plus un sou en poche
On se dit : si j’étais riche !
Quand dans la glace on se trouve moche
L’on voudrait que l’âge triche

Quand janvier passe sans neige
On rêve d’un hiver tout blanc
Quand le bonheur nous protège
On prie pour qu’il dure longtemps
Quand trop las, on se sent vieux
On regrette son enfance
Quand on n’est pas bien à deux
On pleure son indépendance

Lorsqu’on est petite fille
On voudrait être un garçon
Quand le vin nous émoustille
L’on voudrait garder raison

Quand le mois de mai est gris
On pense aux mois de mai bleus
Quand on n’a pas de soucis
On oublie qu’on est heureux.

Quarante-cinq bougies

Tu avais trente années plus une
Quand Juillet nous a réunis
Tu faisais pousser sous la lune
Des plantes que l’on fumait assis.

Ta barbe était clairsemée
Douce, sur un visage fin
J’y déposais des baisers
Nous étions amoureux, enfin.

Tu n’avais pas de modèle
Tu tenais en équilibre
Pas d’école, pas de chapelle
Sous ton chapeau, tu étais libre.

Les années se sont succédées
De jeune homme tu es devenu homme
Notre Amour, jamais blessé
est resté doux comme la pomme.

Aujourd’hui, tu as quarante cinq printemps
Et en te regardant je me dis
Qu’ils sont jolis ces quelques poils blancs
Dans ta barbe qui devient fleurie.

Je t’aime autant qu’au premier jour
Quand, encore tout de maladresse
Nous avons posé notre Amour
Sur un grand tapis de tendresse.

Si le destin nous fait devenir vieux
Je m’imagine demeurer près de toi
J’espère que nous mourrons heureux
Pourvu qu’il y ait pour notre Amour, un toit.

En attendant qu’elle nous sépare
nous rions un peu de la Mort
Avant l’ultime départ
Pour nous sentir plus vivre encore.

Souffle tes quarante cinq bougies
Leur lueur nous mènera
Toujours où le soleil luit
Pour la vie, je t’aime aux éclats.

Voyage

Je suis entré dans le décor

D’aucuns diront que je suis mort

Partout, l’on m’a mis des tuyaux

Plus un seul bout de gras sous la peau…

 

Je suis presque de l’autre côté

L’on dit que mon temps est compté

On me crie « reviens à la vie !»

Pourtant, je me sens bien ici…

 

Ils se disent tous que je pars

Mais j’ai juste changé de gare

Derrière, au fond des yeux éteints

bouillonne la proximité d’un lointain…

 

Je suis entré dans le décor

Est-ce si fatiguant la Mort ?

Ici, la nuit s’est levée

Je la sens porteuse de paix…

 

Un jour je suis revenu

De moi, la Mort ne voulait plus

Alors, je suis remonté sur scène

Partir si tôt ne vaut pas la peine !

Mémoire

De ces semaines passées, accrochée

au mitant du néant

Vous êtes la mémoire

Vous êtes la voix…

 

Vous avez marché sur mes pas

qui devenaient invisibles

tandis que s’amenuisait mon souffle…


Tout n’est que bribes fugaces, alors,

vous êtes mon fil rouge, dépositaires

d’un passé sans nom.


Hors du temps, j’étais,

auteur égarée de souvenirs morts-nés…

 

Vous êtes ma mémoire,

une voix,

le livre secret d’un voyage

sans départ.

Les heures envolées.

Sans consistance…


A travers le cosmos j’ai volé,

fait quelques allers-retours dans le temps

Ailleurs, quelque part

j’ai existé.
Au cœur d’une autre dimension

 

et la Mort de sa main, me caressait le dos.

 

 

 Pour Laurent

Pour Sophie

Pour mes parents.  

 

                                      Le 3 mars 2012

Contemplation

Contemplation dans * JOFA Nathalie Joffa-Contemplation

La sieste

Contre mon corps, bien allongé

Membres étirés et yeux fermés

tout alangui, tu sommeilles

Attendant que je me réveille.

Une main posée sur ton flanc

Échange mutuel rassurant

D’amour et de bonne chaleur

Tu dors, blotti contre mon cœur…

J’aimerais que le temps s’arrête

Pour toi et moi, sur la banquette

Que rien, jamais ne vienne troubler

Cet instant très privilégié.

Tu es là, confiant et heureux

De ce câlin très voluptueux.

Dehors, dans la ruelle

L’on entend que la pluie ruisselle…

Bien serrés au chaud, à l’abri

Nous sommes tous deux comme dans un nid.
Aussi vrai que tu es un chat

Et que parler, tu ne peux pas

Le bonheur n’est pas un mirage

Quand, le nez dans ton pelage

J’oublie ma peine et mon chagrin.
Ton cœur bat contre le mien

Et de cet amour fusionnel
Jaillit la joie qui étincelle.

Ton échine que je caresse

M’apporte bien-être et tendresse

Et te regarder rêvasser

M’enseigne la sérénité.
Qu’il demeure longtemps encore

Ton petit corps contre mon corps

Paisiblement, comme dort un chat

Repose encore dans mes bras.

Regard

On pourrait voir du vert dans le puits de ses yeux,
Approcher l’émeraude. On pourrait voir la mer
Et percer le mystère de ces reflets gris-bleus

On pourrait éponger ses larmes d’écume
Les sécher au soleil pour qu’elles deviennent nacres
Les paupières fermées, telles de fines plumes
Devinant les roches et les pierres âcres

On pourrait faire naufrage, sombrer sans accoster
Dans les sombres abysses aux confins de l’iris
Où les peines de vie finissent par brûler

On pourrait s’en aller, se perdre et revenir
Aimer cette prunelle aux vagues vertes et bleues
Aimer le goût du sel dans l’air que l’on respire
Et les reflets changeants de l’encre de ses yeux.

Je rêve

Je rêve à hier et à nous demain
Dans le vent qui souffle, je suis oiseau
Je fais des escapades quand pointe le matin
Le temps s’écoule tandis que muse mon cerveau

Dans les cieux constellés je m’égare
Dans le vague, dans les vagues nagent mes yeux
Je rêve dans le silence comme je rêve au hasard
Comme je pense, je rêve. Quand je rêve, c’est mieux

Des voix s’emmêlent, je ne les entends plus
Loin de vous, cherchant des mots harmonieux
Je rêve à tout, à rien devant un décor nu
Au soleil ou pendant les longs dimanches pluvieux

Parce que je respire, je rêve à la vie,
A la camarde ou à l’éternité
Jusque aux larmes je rêve les jours d’ennui
J’habite seule un monde toujours réinventé

A vous frères de cœur, je rêve
Vous êtes loin, vous me manquez tellement
J’ai des rêves en suspens, jamais ils ne s’achèvent
Dans mon jardin secret je viens m’asseoir souvent.

Au nord gronde le vent

Frémissant entre brise et courant
l’océan ondule
berceuse hypnotique
au loin gronde le vent

Au gré des souvenirs
se laisser porter
par la vague qui meurt et renaît

le regard embrassant
toute l’immensité
plonger en soi, se laisser glisser
vers de vertigineuses abysses
jusqu’aux sources des larmes

Tandis que, proche
se dresse la menace
déferlante hurlante
qui se rapproche
emplir une dernière fois
ses poumons
jusqu’à ce que la tête explose
cassant net le film du passé

Jaillissante, l’écume
épouse le fracas des vagues
sur les rochers nus

la chute,
lente d’abord
que semble encourager
l’assourdissant ballet
des mouettes qui tournoient

le corps, devenu pierre,
déjà vide en dedans

L’océan gris sous les cieux
anthracite
la peau blême
comme l’éclair qui déchire
les yeux fixant le néant
disparaître enfin
happé, englouti,
avalé par ce ventre en furie

En habits de sirène,
alors que se referme la mer
sous ses remous et son ressac
la Faucheuse pavoise
et les mouettes rient bruyamment

Au nord, gronde le vent
au nord gronde le vent
que capture à l’infini
l’écho.

Paysage d’hiver

Les flocons épars puis, de plus en plus serrés, dansent et papillonnent.

Tombant d’un ciel laiteux qui se déchire enfin, ils virevoltent,

saupoudrant – discrètement d’abord – le paysage d’une traîne

de duvet pailleté.

D’autres flocons, bien gorgés le recouvriront peu à peu d’un épais manteau immaculé.
Immensité soudaine. Féerie du décor…

Sans un bruit la neige tombe…

Pas étouffés, bruits feutrés. C’ est le silence qui domine.

Seuls le déchirent, le cri perçant d’une buse qui tournoie et le croassement disgracieux de corneilles.


La nature est immobile, figée sous les flocons dansants, les arbres sombres, décharnés,les pâtures dont les limites ont disparu sont désertées.
La neige a jeté partout d’improbables passerelles, modifié les contours familiers.

Mon village s’est réveillé ce matin métamorphosé par la blancheur toute virginale de ce linceul hivernal, qui contraint les hommes à l’immobilité.
Ici et là on peut entendre le bruit des pelles raclant la neige devant les maisons.

Marchant sur les traces d’un chat, j’arpente les rues, foulant le beau tapis glacé.
Devant mes yeux, les flocons tourbillonnent, de plus en plus denses

et me grisent agréablement.

Cataracte

Le ciel vide des trombes d’eau 

L’été tangue à l’amarrage 

Les orages arrivent au galop 

Noyant de larmes le paysage 

 

Sur la tôle, les gouttes crépitent 

Dans un assourdissant vacarme 

Le jardin noyé se délite 

Perdant ses couleurs et son charme 

 

Le ciel d’été fait le gros dos 

Gonflé de ses nuages noirs 

Comme s’il chialait de désespoir 

En seul artisan du chaos 

 

De la fenêtre je regarde 

En pleurant, tomber le déluge 

Telle une rescapée, hagarde 

Des yeux, j’étreins tout mon refuge 

 

Dans les rues changées en torrents 

La vie s’en va à la dérive 

Sous la pluie qui bat et le vent 

A l’abri, je me sens captive 

 

Les orages arrivent au galop 

Sur des montures électriques 

Le ciel vide des trombes d’eau 

C’est un jour apocalyptique 

 

Ô cieux qui naguère fûtes radieux 

Aujourd’hui, en flots de sanglots 

Vous êtes bas, vous êtes hideux 

Et l’enfant nage dans son berceau. 

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