Archive pour la Catégorie '* LAURENT Serge'

Le coup de coeur du poète

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Marée basse et sable mou

Le Noroît vitupère et marin sur la plage,
Le sable se soulève et s’envole en geignant.
Il voile le rocher mais va, s’en imprégnant.
Un souffle en son transfert est sourd au persiflage. 

L‘aréneux élément s’escamote à l’usage.
A la basse marée, au soleil, s’indignant,
Il se plaît en poussière et son front s’éteignant
Omet qu’un phare au cap indique le passage. 

La mer bouleversée a ses chansons en fauve,
Les couleurs, leur nuance et si l’esprit se sauve,
La lueur dans l’abysse y brille sans appeau. 

Il n’y a que désert quand la pierre est sans eau.
Sans connaître un rivage au fond de sa critique,
Echappant à tout art, le juge est une bique. 

Réponse de l’Océan au Marin (du) CRAB 

La complainte du mercenaire

Je suis un capitaine, oh combien, d’infortune,
Avec une flamberge arrimée au côté !
De tailles et d’estocs, je vis au débotté.
Mon chapeau sous sa plume est tout en demi-lune. 

Je sors d’une escarmouche au seuil de Pampelune
Un peu plus pauvre ici d’être las et crotté.
Pour n’avoir pas trahi, médit ou comploté,
Mon sang donne sa pourpre où fleurit la callune. 

Ma brunette d’Espagne a de grands yeux de nuit.
Rappelle-lui le jour où leurs feux m’ont séduit.
La lagune d’argent soupirait sous la dune. 

Pleure ma dulcinée aux soirs d’Andalousie.
Pour l’amante que j’ai, retiens ta jalousie.
D’une humeur possessive, elle est froide et sans cœur ! 

Que fais-je donc mourant sur ce pré sans honneur ?
Le roi n’a rien donné. Il a volé ma vie.
Viens me chercher, ma douce et la mort assouvie,
Garde ce souvenir d’un instant de bonheur :
Notre enfant merveilleux, son rire et sa candeur !

Bleu, blanc, rouge

Bleuets, coquelicots et blanches marguerites
Etendent sur les sols le plus beau des drapeaux
Quand l’été rayonnant fait jouer ses pipeaux
Pour que les cigalons chantent dans leurs guérites. 

Les blés à l’horizon se coiffent d’azurites.
Un vieux saule penché pour charmer les carpeaux
Sur leurs écailles, met le soleil en copeaux.
Pour l’humain, Cérès peint des édens sybarites. 

Carpe Diem dit Horace. Etres, cueillez le jour.
Le Monde vous accueille et dites-lui : bonjour.
Savourez cette paix puisqu’elle est votre chance ! 

Pesticides sournois, traîtres silencieux,
De quel droit avez-vous dans nos champs, sous nos cieux,
Voulu nous enlever les couleurs de la France ? 

Anna, Elina

Ta voix, Diva, me berce
Sur un flot infini.
Seul, le silence me perce.
Sans ton chant, je suis puni. 

Quand Anna porte en Juliette
Tous les accents du Bel Canto
Pour Elina, beau Roméo,
Le moment subjugué s’arrête. 

Si clair est cet air qui s’élève,
Si hauts ces arpèges éclos,
Si doux l’arioso des mots
Le monde ébahi vit et rêve. 

Le poète touché les écoute,
Et s’incline à leurs pieds, interdit.
Tant de grâce a fleuri sur sa route,
Qu’il est Orphée au paradis. 

(Poème dédié pour la postérité aux deux merveilleuses cantatrices : Anna Netrebko et Elina Garança) 

A l’unisson

Venant à moi comme une feuille,
Elle se love entre mes bras.
En philtre, charme et chèvrefeuille,
Elle vit d’abracadabras. 

Séductrice et magicienne,
Quand son désir s’énoncera,
En se moulant, sil ou sienne,
Un bonheur fou s’annoncera. 

En violon, musicienne,
J’entends sa plainte s’élevant.
Rose de sang, corallienne,
C’est une île bercée au vent. 

Elle se livre à mes étreintes,
Molle et docile en soulevant
Dans son ivresse aux mille feintes
Quelques émois s’apercevant. 

Le bourdon vole sur la rose
Pour butiner assidûment.
Quand l’extase repu, repose,
La raison vire au sentiment. 

Tant de jardins pour des caresses
Sèment leurs fleurs dans l’univers.
L’Eden se suspend à ses tresses
Pour que l’amour s’écrive en vers. 

Théocratie

Grand Guignol est élu au pays messianique.
C’est Ahmadinejad, un sourire d’Iran
Dans la gueule d’un âne aux mystiques hi-hans.
L’évolution, son rêve, est l’extase atomique. 

Du fond d’un puits, il veut pour troubler l’Amérique
Extirper un messie et narguer l’Occident.
Le hâbleur insolent a de bien belles dents
Mais sa croupe levée aspire aux coups de trique.

L‘ayatollah abscons prophétise en criant :
Allah, Allah est grand ! Et mort aux mécréants.
Pauvre Islam féodal aux faux pas des bourriques.

Spiritualité ! Aux temps préhistoriques,
L’homme de Cro-Magnon, sous le ciel lumineux,
Contemplait le soleil et Dieu, était radieux. 

Chevalier

Il tranche dans le vif en sortant sa claymore.
Un chevalier sans peur est l’ennemi du mal.
Il combat pour l’honneur et chasse l’animal
Qui rôde au fond de l’être et l’asservit encore. 

Il n’est pas un passif, vantard ou matamore.
Le fil de son épée est d’un froid hiémal
Pour ouvrir le chemin d’un printemps aromal
Aux senteurs des vertus que le bien commémore. 

Nos dirigeants ont-ils cette noble ambition
De veiller au bonheur qui sied à leur nation ?
Perceval et Gauvain, revenez voir le Monde ! 

Pour que vos idéaux triomphent de Baal,
Asseyez-vous autour de votre Table Ronde
Et montrez leur comment découvrir le Graal ! 

Le ciel comme le vent

Je rêve d’être bleu sous la limpide nue
Pour dorer la moisson, pour jaunir le pétrin.
Je repose au vieux mur à l’échine d’airain
Avec pour seule issue une longue avenue. 

Je recherche un abri quand l’orage éternue
Et déverse à grand bruit la pluie avec entrain
Comme on lâche une larme au bord d’un lourd chagrin
Lorsque les yeux sont clos de douleur contenue 

Je prend la liberté de vaquer sans contrainte
Puisque étant oublié, je n’aurai pas la crainte
Que l’on vienne me dire ou bien me supplier 

De me couvrir d’un toit car sous sa haute voûte
Chaque arbre est le grillon dont la chanson m’envoûte
Pour me bercer de vent au pied du peuplier. 

Serge Laurent

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Randonneur émérite, Serge Laurent (57155 – Marly) est l’auteur d’un exploit homologué au Guinness Book : le tour de la France à pied (9 170 km en continu) pour en rapporter une expérience humaine unique, des poèmes et de nombreuses photographies remarquables. Il travaille à la pérennisation de cet itinéraire (le Grand Sentier de France), espace naturel de liberté, fleuron de notre patrimoine, outil pédagogique et culturel exemplaire.

Médaille militaire. Médailles d’or de la Fédération Française de Cardiologie et de la Fédération Française de Randonnée.
Avec le titre de membre agrégé, il est un fidèle de la Société des Poètes et Artistes de France depuis 1970. Sociétaire des Poètes français de 2005 à 2009. Titulaire de nombreux prix et récompenses dont le Grand Prix des Poètes Lorrains de la SPAF en 1996, le Prix Voltaire du Cercle Littéraire de Graffigny en 2002 à Lunéville, lauréat du prix littéraire 2003 de l’Académie Nationale de Metz pour l’ensemble de son œuvre poétique. Il est président du Jury du Concours international de Poésie Paul Verlaine à Metz depuis 2002. Il a obtenu, en 2008, l’Alérion d’Or, le grand prix des Maîtres poètes de Lorraine décerné par la délégation régionale de la SPAF, a signé en 2009 un contrat d’édition à compte d’éditeur dans la collection « Coup de cœur » chez Edilivre à Paris.

Serge Laurent à l’honneur dans Le Républicain Lorrain du 14/01/09

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