A la veille du 1er septembre, j’ai le plaisir d’introduire le nouveau thème proposé par Marie-France Genèvre : le temps (la météo).
- Accueil
- > Archives pour août 2012
Archive mensuelle de août 2012
Je me souviens, dans mon enfance, d’un songe étrange qui m’habitait. C’était un rêve fabuleux, qui me poursuivait durant mes nuits. Ce songe que je fis durant tout un hiver, fût pour moi un souvenir inoubliable.
Quand venait la nuit, dans mon pays et que le ciel se paraît de ses compagnes lumineuses, je revois encore ce sillon d’argent qui m’emportait dans ce futur qu’était mon songe.
Je m’évadais jusqu’au matin, sur un nuage flottant, je traversais des océans et des montagnes de cristal et là-bas vers cet autre horizon, j’ouvrais mes yeux d’enfant sur un royaume merveilleux. Je ne me souviens pas, avoir vu quelque chose de plus féerique, que ce monde qui emplissait mon regard de merveilles à jamais gravées dans ma mémoire.
Je revois encore ce palais, qui scintillait dans ce soleil, comme un miroir aux mille glaces.
(Pour lire la suite, cliquer sur ce fichier :
Weber Le songe
Derrière les forêts,
Par delà les montagnes,
Il n’y a plus de larme,
Plus de haine à donner.
Au dessus des volcans,
Plus loin que les étoiles,
Il n’y a plus de voile
Sur le bateau du temps.
Tout là-haut dans l’espace,
Plus loin que l’infini,
Il n’y a plus de bruit,
Il n’y a plus de trace.
Dans le néant total,
Dans l’ombre et le silence,
Il n’y a que moi qui pense
Sur mon bateau sans voile.
Parce que l’Art parfois même plus ne cautérise
L’idéal qui face au monde obtus agonise
J’ai meurtri
(Michaël Reigner – Août 2000)
Sur le bloc WC
J’ai vu « parfum marine »
Je l’ai acheté
Sur le bloc marine
J’ai vu « parfum WC »
Et je l’ai jeté.
Je pensais que compter les jours
Qui me séparent de toi et renforcent mon amour
Serait aussi facile que la nuit oublie le jour
Mais mon cœur a trop peur et devient sourd.
Je pensais que conter des histoires
Qui me séparent de toi dans ma tête chaque soir
Effacerait ton visage comme l’eau sur le miroir
Mais mon âme a trop mal d’être remplie d’espoirs.
Je pensais qu’écouter le silence
Qui bat mon ennui et mon innocence
Serait le reflet de l’ombre et de l’espérance
Mais mon cœur a trop peu d’insouciance.
Je pensais que le volcan sur mes sens
Que tes lèvres ont éveillé aux coins des miennes
S’éteindrait dans le feu de la danse
Mais mon cœur et mon âme, eux, si tu le veux, t’appartiennent.
Il n’y a pas d’ailleurs,
Ton ailleurs est en toi.
Tu es ta propre douleur,
Tu es tes peurs, ta proie.
Il n’y a pas d’ailleurs.
Il n’y a pas d’autre endroit
Où tu sécheras tes pleurs
Car ailleurs est en toi.
Il n’y a pas d’ailleurs
Car c’est chacun pour soi.
La joie ne se donne pas,
Il faut ouvrir la fleur
Qui pousse au fond de soi.
L’anarchie des pierres le borde.
Ni rond, ni carré : il a la forme inspirée qui s’insère au puzzle du jardin.
Ses nymphéas fleuris blancs et jaunes son l’archipel sur l’onde
où saute une grenouille qui dit beaucoup de choses et coasse.
Du trèfle d’eau se dévoile dans la transparence émeraude
et fait les détours à la nage lente des poissons rouges.
Des roseaux émergent d’un peu de verticalité
et suivent de leur épi de velours, doucement, l’air qui flâne.
Un saule pleureur qui pleure des feuilles d’argent, tout à côté,
tombe comme une cascade
et la fraîcheur se respire comme les sels d’être bien.
Un petit coin d’eau trop petit pour être enjambé par un pont japonais…
Un petit coin d’eau comme un peu de Monet…
C’était une fille de paysans
De ces filles, qui vont au champ
Marie, au regard si innocent
Marie à qui on donna ce prénom.
Je revois, cette image quelque fois
D’une fille, au charme sauvage
Elle traversait, souvent le petit bois
Pour aller vendre à d’autres villages.
C’était une fille, de pauvres gens
De ces filles qui n’ont pas d’argent
Marie, au regard triste horizon
Marie, au dos courbé de saisons.
De l’aube au soir, du soleil à la pluie
Je la revois, ces jours de moisson
Corps penché, au labeur qui ne finit
Elle glanait, les blés de la saison.
Derrière ce foulard, usé de sueur
Du temps passé, au clair du soleil
Jusqu’au crépuscule, privé de lueur
Son eau perlait, jusqu’au sommeil
Je me souviens, quelque fois
De cette fille, qui vécut sans amour
Elle traversait, souvent le petit bois
Pour, aller vendre dans le faubourg.
C’était une fille de pauvres gens
Ces filles, qui n’ont pas d’amants
Marie, au sourire sans printemps
Marie, à qui on donna ce prénom.
Cerisiers blancs et pommiers roses,
Les fleurs fondent au soleil.
Au jour éclatent mille merveilles
Puis la nuit tombe vers d’autres choses.
Glycine et lierre doucement enclosent
Une nature en sommeil.
Alors arrivent fleurs et abeilles
Pour animer les paupières closes.
Un artifice de lumière
Vient miroiter sur la rivière.
Il est grand temps de récolter…
Cerises et pommes… c’est du passé !
A-t-on gardé dans nos pensées
L’ardent souvenir d’un bel été ?
Excelle Donzelle
Telle qu’en ribambelle
Tu te révèles belle
Et celle qui interpelle
En rêvant.
S’il n’y avait ma sœur
S’il n’y avait la poésie
S’il n’y avait le hard-rock
Juin 1997
(Michaël Reigner)
Christelle Vincent nous propose de découvrir un poète trop tôt disparu.
Voici la présentation de son éditeur :
« Evasion, satire sur l’homme et la société moderne, retour vers l’enfance…
Autant de thèmes qu’aborde avec bonheur ce recueil, intégralement écrit entre 19 et 23 ans. En tout sens, l’auteur se livre sans faire la moindre concession à son époque.
Plus qu’un livre, il a construit une arche sur ce qu’il perçoit comme le chaos de la vie pour s’en prémunir ou à défaut ne pas y succomber.
Arche qui déplaira aux « habitués de leur temps » mais dans laquelle grimperont ceux qui comme lui, souffrent du monde qui les entoure.
Puissent-ils y trouver un peu de réconfort…
Ce livre est celui d’une brebis égarée…
Suite à des études qui prennent l’eau et à un autre échec plus intérieur, l’auteur se cloître. A l’âge où l’on sort, où l’on drague les filles, où l’on prépare activement son avenir, lui observe, analyse, rêve, se souvient…
Il démissionne du rôle d’acteur de sa vie…pour mieux se retrouver, pour mieux réfléchir sur celle-ci et ne pas s’y engouffrer aveuglément.
Chloé des Lys (Editions) »
Aujourd’hui a été publié le dernier poème sur le thème “Les regrets”. Six adhérents ont participé.
Jusqu’au 31 août, nous aurons des oeuvres hors thème.
Pour septembre, Marie-France Genèvre nous propose : le temps (la météo).
Ceux qui le souhaitent peuvent d’ores et déjà m’envoyer leurs oeuvres sur ce thème.
L’enclos de mon enfance est un jardin secret :
Buisson ardent suave en folle exubérance ;
Fruits vermeils élixirs de grandes espérances ;
Fleurs bleues de l’innocence au sentier des regrets.
Clowns, jongleurs et soldats, comédiens guillerets,
Emules du vrai cirque au ris d’irrévérence,
Francs gais lurons ravis, tirent leur révérence
Au candide plaisir que leur jeu proférait.
Rideau dans la mémoire enchantée et trop brève
D’une scène idéale embellie par le rêve.
L’âge a sonné le glas des candeurs de l’enfance.
Jardin secret rêvé dans les parfums d’antan,
Refuge maternel des matins triomphants
Et des regrets amers vécus à contretemps.
L’enfant imaginaire foule un jardin secret
La femme quadragénaire n’a jamais su semer
Le temps a galopé, couru jusqu’à l’automne
L ‘amour s’est échappé, l’amertume empoisonne
Dans le miroir maudit, fragile silhouette
Un regard de mépris pour cet air de défaite
La tristesse a tissé telle araignée sa toile
Le cœur embroussaillé s’y promène bancal
Ainsi va la nature… pour qui ne se bat plus
La vie devient trop dure. Les envies diminuent
Ou demeurent aussi floues que les vagues en mer
Crachant sur les cailloux leurs hoquets de misère
Que n’ai-je donc vécu au temps de Jane Austen,
Epoque où l’on prenait :
Le temps de voyager
Le temps de séjourner
Chez des amis à discuter
De tout, de rien
Et les formes on mettait
Avec obséquiosité.
Le temps aussi d’aimer
De séduire ou de tromper
De manigancer, de se parler
De bien s’écrire,
Bien se mentir,
Se disputer, provoquer.
Le temps de bien manger
De s’occuper
A rire ou à chanter
A la veillée
Sans écran, on jouait
Contait, encor’ lisait,
Dissertait sur le monde
En sortaient des idées
En musique près de l’âtre
On savait s’installer
Prendre le thé,
Attendre le courrier.
Mais ça, c’était avant…
Aujourd’hui,
A la sauvette,
On l’a raccourcie, la causette !…
J’aurais voulu,
J’aurais aimé,
J’aurais mieux fait…
Non, ce vécu…
Je l’ai voulu,
Je l’ai aimé,
Fait pour le mieux,
Pour que naisse un beau souvenir sans regret.
Parce que les regrets prennent racine sur l’insuffisance d’avoir voulu,
L’insuffisance d’avoir aimé,
L’insuffisance d’avoir fait pour le mieux :
Mauvaises herbes du vécu dans une friche qu’il faut cultiver vraiment…
Quand le mois de mai est gris
On pense aux mois de mai bleus
Quand de tristesse l’on s’ennuie
On pense aux moments heureux
Lorsqu’on n’a plus un sou en poche
On se dit : si j’étais riche !
Quand dans la glace on se trouve moche
L’on voudrait que l’âge triche
Quand janvier passe sans neige
On rêve d’un hiver tout blanc
Quand le bonheur nous protège
On prie pour qu’il dure longtemps
Quand trop las, on se sent vieux
On regrette son enfance
Quand on n’est pas bien à deux
On pleure son indépendance
Lorsqu’on est petite fille
On voudrait être un garçon
Quand le vin nous émoustille
L’on voudrait garder raison
Quand le mois de mai est gris
On pense aux mois de mai bleus
Quand on n’a pas de soucis
On oublie qu’on est heureux.
Sur le sable chaud de ce rivage,
Te souviens-tu de notre amitié.
L’écume blanche de cette plage,
Avait posé un souffle de liberté.
Tu venais de ton pays d’orient,
Toi ma belle amie de cet été.
Sur cette plage de l’occident,
Ce beau souvenir tu m’as laissé.
J’entends encore l’écho d’un rire
Toi qui m’as peut-être oublié.
J’avais gravé dans mon avenir,
Ton prénom que l’océan a effacé
Nos pas aux lueurs de la saison,
Dans ce clair soleil épanouissant
Nous avions couru dans le vent
Au cœur des vagues déferlantes.
Nos jeux nos rires au cœur de l’été,
Mon pays le tien peint sur une toile.
Nos mains enlacées dans l’unité,
Avant que ne t’emporte une voile.
Une larme a coulé de mes yeux,
Sur un baiser au revoir ou adieu.
Un vent léger gonflait tes cheveux,
Sur ton visage ce sourire délicieux.
Océan d’azur qui nous a séparés,
Pour ton pays au cœur d’une île.
Près du phare au bout de ce quai,
Que de paquebots partent et filent.
Sur le sable blanc de ce rivage
Te souviens-tu de notre amitié
L’écume blanche de cette plage,
Avait posé ce bel été de liberté.