Au milieu d’une charmille :
un vieux banc un peu vermoulu,
sa peinture décapée par le temps d’être là.
Il est tout nu,
on s’assied sur lui encore
et sa pudeur ne rougit plus.
Il passe l’hiver au nord,
même sous la neige;
au milieu du parc il siège.
Il a supporté tant de poids:
ceux des fessus dames et messieurs.
Il a soupesé ,plus léger parfois,celui d’un oiseau:
poids de plumes,de pattes et de becs
venu picorer les quelques miettes
tombées d’un frugal sandwich.
Au bord de l’allée menant à la mare aux canards,
comme une halte qu’il prépare aux musardant
il garde un point de contemplation.
Immobile et statufié ,il prend la pose de la station assise,
son profil à l’inspiration qui épouse
les quelques mots qui font dire: »On est bien ,ici »
Prêt à accueillir,
il est un rendez-vous à qui on a oublié les yeux
pour taire les baisers des amoureux,
ne rien surprendre, impassible,de leur cour.
Il demeure là toujours,
il demeure ,là, solitaire à l’instant
à l’opposite d’une poubelle,
un papier gras sur lui
pour regretter des infoutus:
le geste auguste inaccompli.
Il a la vieillesse sage qui ne s’aigrira jamais…