Archive pour la Catégorie '* DI SANGRO Joëlle'

Partir c’est revivre un peu…

La ville et sa grisaille 

Le monde et sa bataille 

      Partir… 

Sur l’eau d’une croisière 

Nager dans la lumière ! 

 

Le temps et sa rigueur 

Le ciel et sa froideur 

     S’enfuir ! 

Sur les fuseaux d’hiver 

Quelques fuseaux horaires… 

 

Tu deviens l’étranger 

Posé comme un léger 

     Zèphir 

Et là dans la carlingue 

Ton rêve devient dingue ! 

 

Et rêvant d’Alizés 

Posé comme un baiser 

    Dormir… 

Sur la plage dorée 

De palmiers décorée 

 

A n’en plus revenir… 

 

Mot d’enfant

Nous avons eu comme beaucoup de grands parents, le bonheur de recevoir  les « jeunes générations » durant les vacances de Pâques. 

Ce ne fut que chahuts cris et franches rigolades (avec bien sûr quelques chamailleries assez Homériques), comme le matin où, me levant, je trouvai mon petit-fils assis sur son lit, la tête dans les mains. 

Comme je lui demandai s’il avait bien dormi, il me répondit : 

-J’en ai marre ! elle a pas arrêté de parler toute la nuit ! 

(Allusion à sa sœur cadette qui s’esclaffait dans la salle à manger). Interrogeant  cette dernière à ce sujet, je reçus la réponse suivante : 

-C’est même pas vrai ! J’ai juste parlé un peu ce matin parce que j’avais mal au g’nou ! Mais c’est normal, parce que j’ai attrapé la croissance ! 

-Ah bon ! ai-  je répondu et quand est-ce que tu comptes la relâcher ? 

- Pourquoi ?ça se relâche ? Dit-elle étonnée. 

Et son frère qui  nous rejoignait de lui asséner : 

-Ca serait bien que tu me relâche moi, avant que la croissance te laisse tomber ! 

 

Les appâts

    A  cette époque, mon père considérant que son métier était très sédentaire, avait pris l’habitude de « s’aérer » un peu chaque semaine en allant à la pêche. 

Nous partions à St Julien du Verdon dont la réputation du lac, superbe, n’est plus à faire. 

    Je passais la journée à courir partout, gambader sur les sentes qui, presque toutes menaient directement à la rive et l’ eau profonde dès les premiers mètres. 

L’eau claire, transparente, permettait de voir les truites frétiller tout près !…au point que, fascinée, je plongeais la main, croyant les saisir. C’est d’ailleurs ainsi que j’ai failli filer au jus à plusieurs reprises, retenue par…Je ne sais quoi !(la chance, sans doute). 

    Mon père était un curieux pêcheur : il disposant d’une dizaine de cannes soigneusement rangées dans un luxueux étui, d’une épuisette, d’une boîte spéciale pour mettre le poisson, bref : de tout l’attirail du parfait pêcheur, sauf qu’il ne ramenait jamais que trois ou quatre ablettes, plus pathétique l’une que l’autre, (si bien qu’il les remettait parfois à l’eau avant de repartir !) 

    Cependant, comme tout  pêcheur qui se respecte, il recherchait les meilleurs appats. C’était généralement les vers de terre qui gigotaient au bout de sa ligne, mais un jour, son « voisin de rive » lui confia qu’un de ses amis du village avait de bien meilleurs appats qu’il vendait pour quelques sous. 

    Mon père me donna quelques pièces et m’envoya au village tout près. J’ai un peu cherché la maison au détour d’une ruelle. Tout était calme et presque alangui en cette matinée d’été. M’approchant du seuil, j’ai tiré sur la corde qui actionnait une petite cloche. Un son léger se fit entendre, puis, j’entendis une sorte de toux grasse, avant qu’un vague grognement me fasse comprendre que je pouvais entrer. 

     Un petit corridor me conduisit à une minuscule pièce où, près d’une petite fenêtre, se tenait, sur un tabouret, un homme énorme. L’odeur émanant de l’endroit me donnait envie de repartir en courant, mais, consciente de ma « mission », j’ai poliment salué le personnage et lui ai dit la raison de ma venue. 

     L’homme me regardait d’un air vague en mastiquant consciencieusement et, brusquement, cracha une grosse boule marron dans un seau, à côté de lui. Effarée, je le vis se tourner, sans même se lever, vers un autre seau et prendre de pleines cuillérées de gros vers blancs qui grouillaient, qui grouillaient !…Il les fourra dans un sac en papier, prit les piécettes que je lui remis, et j’ai détalé le plus vite possible ! 

     Pendant deux jours, ma mère se demanda pourquoi je ne mangeais pas à table et faillit me conduire chez le docteur. Puis, un après midi, mon amie Aline, petite parisienne fraîchement arrivée en Provence me dit : 

—-J’ai d’mandé à mon grand-frère ! y m’a dit que les gens qui crachent des boules marron mangent du tabac ! Ca s’appelle une chique ! y paraît même qu’ y en a d’autres qui s’en fourrent dans l’nez ! 

     Mon père n’a jamais compris que je ne veuille plus retourner chez le marchand d’appats…D’autant que les gros vers blancs n’avaient pas attiré davantage d’ablettes que les malheureux vers de terre sacrifiés au supplice de l’ hameçon . 

Féminitude

      Un coiffeur de mes amis m’a conté ceci : Il vit un jour entrer dans son salon deux jeunes femmes, manifestement très amies, qui demandèrent à voir de ces albums sur lesquels figurent des photos de coiffures qui permettent aux clientes de se choisir une nouvelle tête. 

      Ces dames s’installèrent et commencèrent à feuilleter longuement les albums, échangeant leurs impressions avant que l’un d’elles se décide pour un modèle. 

Schampooing, installation à la tablette, et la copine qui regarde dans la glace le début de la transformation. 

      Peu à peu, mon collègue s’aperçoit d’un manège : La copine, dans son dos, n’arrête pas de faire des grimaces à la cliente pour lui faire comprendre que la coupe de cheveux n’est pas bien, que ce n’est pas terrible, bref : que ça ne va pas. Assez contrarié, car il pense faire ce qu’il faut pour satisfaire sa cliente, il continue cependant son travail, le présente dans une petite glace à sa cliente qui est satisfaite, paie et s’en va. 

      Mais il vit, à sa grande surprise, revenir dès le lendemain ladite cliente qui, diplomatiquement lui expliqua qu’on ne l’avait pas trouvée bien coiffée et qu’elle désirait choisir autre chose…embarrassé, mon collègue exécuta une autre coupe à la jeune femme et ne lui compta en un geste commercial qu’une partie du travail, puisqu’elle était venue la veille à peine. 

      Croyant en avoir fini avec cette mésaventure, qu’elle ne fut pas sa surprise de voir, deux jours après, arriver la « copine » qui lui déclara tout de go : 

—-Vous vous souvenez de moi ? Je suis venue avec une amie il y a peu. Vous lui avez fait une coupe qui ne lui allait pas du tout : d’ailleurs elle est venue en changer. Mais je veux que vous me la fassiez car je suis sûre qu’elle est faite pour moi ! 

La loi de la nature

La neige tombe, les frimas sont de retour. La nature est comme recueillie et pour animer le silence, nous jetons des graines tout autour de la maison et sur le « balcon » d’une petite maisonnette en bois prévue à cet effet, recevant ainsi la visite de tout un monde ailé, sautillant et voletant tout près de nous. 

 

Les merles ne nous craignent même plus et viennent nous narguer, tout près, si près, ne bougeant pas, même lorsqu’ils nous voient évoluer tout contre les portes fenêtres et peu à peu tout un petit monde de mésanges, de moineaux bien sur de rouges-gorges, un couple de tourterelles et même quelques geais ont fait leur apparition. 

Quelques pies et deux ou trois corbeaux montent la garde alentour et viennent de temps en temps semer la terreur, mais pour peu de temps. 

Notre grand plaisir est, à tout moment, de pouvoir jeter un coup d’œil et les voir s’ébattre et picorer et c’était bien ce à quoi je m’employais en ce début d’après midi en rangeant, dans ma cuisine, les achats que je venais de rapporter. 

 

Mon attention fut attirée par un oiseau qui, presque de dos, picorait avec ardeur et que je n’avais encore jamais vu. Pas très gros, mais tout de même de la taille d’un beau geai, bien que son plumage ne ressemble en rien à celui de cet oiseau. 

 

Intriguée, j’ai appelé mon mati pour qu’il admire ce spécimen puis j’ai continué mon rangement pour, quelques instants après l’entendre me dire : 

 

—Tu as vu ce qu’il fait, ton oiseau ?   Et  devant ma réponse négative : 

—Il est en train de massacrer une mésange ! 

 

Je me suis précipitée derrière la vitre pour…voir les derniers soubresauts de la petite victime que le jeune rapace, (j’avais compris), venait d’achever à coups de becs. 

 

Et mon mari restait là, fasciné par le spectacle !… 

 

—Comment peux-tu regarder cela ? puis , tout aussitôt : 

—Il faut le chasser ! et mon mari, l’esprit pratique de me répondre ! 

—Non, il vaut mieux le laisser tout «  nettoyer » ! 

 

Le «  nettoyage » dura bien trois quart d’heure…avec un acharnement qui n’avait sans doute d’égal que la faim du prédateur…et j’étais pour ma part allée me réfugier à l’autre bout de la maison, ne revenant prés de cette fenêtre qu’après que mon mari, ayant fermé les volets soit venu me dire : 

 

—J’ai donné un coup de balais ! c’ était mieux de faire ainsi , il ne restait que quelques plumes ! 

 

(Je ne regarde plus les oiseaux ces jours-ci, bien que mon mari continue à leurs jeter des graines. L’oiseau n’est plus revenu, (du moins pour l’instant) mais j’en veux moins aux chats des voisins qui viennent roder près des buissons, assouvissant là leur instinct !) 

Petit jeu de patience

Passant les fêtes de Noël en Provence, nous étions en voiture accompagnés par les deux aînés de nos petits enfants. 

 Mattéo et Appoline ont, au début, fait preuve d’enthousiasme et les kilomètres défilaient gaiement mais, au fil des heures, cela devint un peu plus difficile malgré les arrêts nécessaires. 

Au bout d’un long moment de silence plein d’ennui, j’entendis la petite voix d’Appoline me déclarer : 

—J’ai mal au ventre ! 

Inquiète, j’ai répondu vivement : 

—As-tu très mal ? 

Et la petite de me dire : 

—Oui, un peu !  tout le monde a eu mal au ventre à la maison !  Et Mattéo de renchérir : 

—On a mangé de la raclette ! Appoline terminant par : 

—On a fait du caca tout mou ! 

Amusée par le « terme », j’ai décidé d’animer le voyage et dit aux enfants : 

—On va trouver des phrases pour en faire une chanson !Et j’ai commencé : 

— « Un jour on a mangé chez-nous » et dit aux petits : 

Trouvez la suite les enfants ! et, les aidant un peu :  

—«  une raclette en pâte à choux » Allez ! on cherche des mots en « ou » ! 

—« Qui nous a laissés sur les g’noux » ! Allez ! Ensuite les enfants ! 

—« Et des toilettes en voyait l’trou ! » 

—« On s’était pas marré du tout» ! 

—«  Et depuis j’ai le ventre mou » ! Termina  Appoline en riant. 

Nous avons ensuite passé un long moment à chercher un air pour mettre la »chanson » en musique, (ce qui nous a occupé un bon moment) puis nous avons répété et, le soir venu, nous avons (par précaution) attendu la fin du repas pour, en chœur, chanter « notre chanson » à la famille réunie, dans un bel éclat de rire. 

Mais ce qui m’a ravie, ce fut d’entendre mes deux petits me dire : 

—Mamie ! c’est trop marrant quand les phases finissent toujours par le même mot ! 

Sans doute voulaient-ils dire : 

—« Par le même son », mais je leur expliquerai plus tard que cela s’appelle des rimes et suis heureuse de leur en avoir donné le goût. 

 

Noël d’enfance

Je devais avoir six ou sept ans et je m’étais mis en tête d’aller à la Messe de Minuit. Cela faisait plusieurs jours que je suppliais mes parents de m’y emmener et ceux-ci , privilégiant un réveillon dans l’intimité familiale n’étaient vraiment pas décidés à céder à ce qu’ils considéraient comme un caprice. 

 

Mais je me fis en fin d’après midi, tellement suppliante que mon père, finaud, attendit que la soirée s’avance et vers vingt heures trente, me conduisit jusqu’à l’église pour bien me démontrer qu’aucune lumière n’était allumée et qu’aucune Messe n’était programmée. 

 

Résignée je suis repartie, lui donnant la main mais parvenus à quelques maisons de notre demeure, il se fit sut le toit ce l’une d’entre elles un vrai charivari ! 

 

Effrayée, j’ai levé les yeux et mon père, profitant de l’aubaine, me demanda de hâter le pas…car le Père Noël approchait de chez- nous et il ne convenait pas de le perturber dans sa tournée. 

 

Arrivée à la maison j’ai, bouleversée, expliqué à ma mère ce qui venait de se produire et celle-ci me confirma qu’il avait été bien téméraire d’avoir ainsi prétendu aller à la Messe de Minuit ! 

 

Je n’ai fait aucune difficulté pour aller me coucher bien vite…Et ils ont pu réveillonner paisiblement, avec une pensée de gratitude pour les chats des voisins, en goguette en cette «  Douce Nuit ». 

 

Le pain

En 1914, mon père, âgé de 13 ans, se trouvait à Reims où sa mère s’était réfugiée. Il devait s’occuper de ses deux petites sœurs, sa maman venant de donner naissance à son petit frère dans les caves de l’hôpital et sous les bombardements. 

    Ce jour là, il cherchait désespérément quelque chose à manger et, au coin d’une rue, vit que deux soldats allemands conversaient entre eux, tournant le dos à un charreton de pain recouvert d’une bâche. 

    L’enfant se faufila doucement pour prendre un pain, mais, alors qu’il s’en saisissait, la bâche glissa et il vit terrorisé, le soldat se retourner ! Puis stupéfait, il vit l’homme qui l’avait rapidement regardé, se retourner vers son interlocuteur et continuer à parler, comme si de rien n’était, lui permettant de s’enfuit avec son précieux butin. 

    Mon père, dans sa vieillesse parlait encore de ce fait avec des larmes d’émotion et notre famille à ce récit a toujours eu une pensée émue pour ce Juste. 

Car dans cette «  sale guerre », (en est-il de propres ?…) comme partout, d’ailleurs, la bonté a rayonné dans les deux camps. 

Les mains de l’apprentie

J’avais à l’époque une jeune apprentie vraiment douée pour la coiffure, si bien que je lui confiai très vite les coupes de cheveux d’enfants. Très douce et patiente elle faisait merveille avec les petits. 

   Ce jour là, une petite fille d’environ cinq ans nous avait été amenée par une personne de passage. Une enfant à la frimousse espiègle qui se laissa laver les cheveux sans problème et qui fut installée à la tablette du milieu, c’est-à-dire au centre du salon, les autres tablettes étant toutes occupées par des clientes. 

 

   Notre apprentie commença à effectuer sa coupe, parlant gentiment avec la petite, pour mieux l’apprivoiser, ce que l’on enseigne en général dans la coiffure. 

L’enfant lui répondait gaiement quand soudain, comme la coupe avançant , on arrivait vers le visage elle dit montrant sa tempe : 

— T’as vu ? J’ai un trou, là !  

Puis, montrant l’autre tempe : 

—Et j’en ai un autre là aussi !  La balle, elle est entrée par là et elle est ressortie par là ! 

Et soudain, s’effondrant en sanglots : 

—-Et pis, mon papa ! il est mort ! 

Silence terrible dans le salon !…On ne savait plus comment calmer la petite et les mains de mon apprentie tremblaient tellement que j’ai dû, après avoir donné des bonbons à l’enfant et attendu un moment qu’elle se calme, terminer le travail. 

 

 Après le départ de cette infortunée fillette une cliente nous conta qu’elle avait lu, plusieurs années auparavant un fait dramatique dans la presse. 

Un père de famille avait, dans un acte désespéré, tenté de tuer son enfant puis s’était donné  la mort. 

Les « coquins »

Le temps des vacances a permis à nos petits-enfants de passer une journée dans un Marine land du sud de la France .  Ils ont été émerveillés par le spectacle présenté par des dresseurs d’orques.  A leur retour, comme je gardais LISON, (  deux ans ), elle m’apporta un «  beau livre » dans lequel sont dessinés toutes sortes de poissons. Le jeu consistant à ce qu’elle tourne les pages de carton et que je lui dise le nom de chaque espèce, nous sommes arrivés aux requins. Et ma petite fée, croyant revoir les orques s’écria en pointant du doigt : «  Les coquins, piouf !  les  coquins, piouf ! »  Puis , comme  surprise, je la regardais, elle continua : «  Veux aller ! veux  aller ! 

 

Emerveillée, je constatais que cette petite puce de deux ans était déjà capable de se souvenir d’un fait remontant à trois semaines et à l’expliquer. 

 

Quelques jours plus tard, comme je cherchais dans une boite quelques colifichets appartenant à sa grande sœur de six ans, LISON vit une bague de plastique rose des plus clinquantes. Comme elle la prenait, je lui dis qu’elle était à était à APPOLINE et qu’il faudrait la lui demander. 

 

APPOLINE  revint avec sa maman dans la soirée et je dis à LISON : C’est le moment ma chérie, de demander à APPOLINE si elle veut bien te donner sa bague ! 

 

Alors LISON,  regardant APPOLINE, se jeta à genoux devant-elle ! Et je compris, à la fois étonnée et très émue que notre petite fée, incapable encore de parler suffisamment, savait déjà se faire comprendre de la manière la plus efficace qui puisse exister. 

 

On fait bien sur, pour les siens les rêves les plus fous : et je me prends déjà à penser que LISON pourrait bien avoir l’étoffe d’une grande tragédienne… 

Le bracelet d’argent

      Une de mes amies du village m’avait parlé de trés beaux objets qu’elle avait ramenés d’un voyage en Inde et du somptueux travail d’orfèvrerie des artisans indous. La curiosité féminine aidant, je lui fis une petite visite.

 

Comme j’entrai dans la boutique, je la vis occupée à papoter en compagnie d’une  vieille dame à l’air absent et d’une femme extrêmement bronzée , dont le teint contrastait curieusement avec les cheveux blonds. Très émaciée, elle se tenait nonchalamment accoudée au comptoir de la boutique. 

 

Saluant mon amie, je luifis part de l’objet de ma visite, mais celle-ci, surprise par mon arrivée, se leva vivement pour me dire : «  C’est que j’ai presque tout vendu !… » et de commencer par sortir de sa vitrine, un bracelet d’argent vieilli, somme toute assez banal… 

 

Je regrettai déjà ma visite, quand la femme du comptoir, avant que j’ai pu saisir l’objet pour mieux le regarder, le prit des mains de mon amie et se mit à la tourner en tous sens dans ses doigts, allant jusqu’à déclarer : «  il est un peu petit ! » 

 

Alors, sautant sur l’occasion, je lui dis : «  Je quitte le village dans deux jours, aussi je vous laisse jusqu’à demain ! si, demain , vous ne l’avais pas pris, je l’emporte !  »

 

.De retour de promenade dans la soirée, je vis mon amie venir à ma rencontre et me dire d’un air préoccupé : « Elle l’a pris ! elle  l’a pris ! et pourtant, cela faisait des mois qu’elle le voyait en vitrine ! » 

 

Comme c’est dommage ! ais-je répondu: Dis bien à ta cliente qu’il me plaisait beaucoup ! 

  

( car je pense vraiment qu’il n’en aura que plus de valeur à ses yeux !…) 

Lorraine blanche

La  neige a recouvert la profonde Lorraine 

De l’épais manteau blanc que revêtent les reines 

Lorsqu’en France la mort leur fait prendre le deuil 

Couvrant de sa rigueur les joyaux et l’orgueil. 

 

Ce vêtement d’hermine en fait la souveraine 

Se parant d’innocence émouvante de peine 

Ouvrant ses mains de givre en un geste d’accueil 

Au chevalier gisant drapé dans un linceul. 

 

Majestueuse dame irisée en ces larmes 

Ton enfant te revient et tous ses frères d’armes 

Lui rendent les honneurs de la chevalerie. 

 

Ta parure est le seuil de cette immensité 

Que franchit le poète avec l’éternité 

Et je voudrais qu’il neige aux confins de ma vie. 

Le compliment

Nous sommes de retour de Toulouse où nous avons vécu un super Congrès de la SPAF. Nous vous transmettons les salutations amicales de notre Président Vincent VIGILANT, de Jean- Claude et Claudine GEORGE et de tous les amis des régions représentées. 

 

La remise des Prix Nationaux et Internationaux, (au cours de laquelle notre cher Jean-Jacques CHIRON reçut, comme chacun sait, un Prix des plus prestigieux), était présidée par Salvatore  ADAMO invité d’Honneur . 

 

Salvatore ADAMO, avant que de se rendre au Capitole où dans la Salle des Illustres l’attendait une réception, assistait  au premier rang de l’assistance du Centre Culturel Bellegarde, à la remise des récompenses à nos lauréats. 

 

L’un d’eux, (pas notre Jean-Jacques je le précise), heureux et flatté sans doute d’être ainsi honoré en présence de ce grand artiste, vint lui serrer la main et lui dit : 

 

« Ma mère vous aimait beaucoup ! »  ( l’homme  étant tout de même riche en âge, un murmure parcourut la salle) 

 

Alors, ADAMO se leva et, s’approchant du micro commença à chanter en souriant : 

 

«  Vous permettez, Monsieur, que j’emprunte votre Mè – è – re ? » 

 

L’éclat de rire général qui s’en suivit le vit revenir à sa place, tout aussi souriant. 

 

(  ça s’pass’ com’ ça, à la SPAF ! ) 

L’enfant à la fenêtre

Nous avions décidé de faire, sous le soleil, la promenade «  du renouveau » qu’enfant, je faisais avec mes parents, dès la fin de l’hiver. 

Sous le soleil, nous avons pris l’ancienne route de la Mure dont l’ancien pont enjambe l’ISSOLE qui dispense sa fraîcheur, déversant l’eau vive et claire des ALPES  avec générosité. 

Nous marchions sur cette route où peu d’espace est dévolu aux piétons et le passage de chaque voiture soulevait la poussière si bien que c’est avec plaisir que nous avons pu quitter la route pour prendre l’ancien chemin, bordé d’aubépine .La petite chapelle où, derrière une grille la statue de st André veille sur le passant est bien celle que j’ai toujours connue et tout ici me parle du passé…jusqu’au motocycliste qui arrive sur son engin des années 50, nous dépasse, puis revient, pétaradant, pour mieux nous jauger ! 

Nous arrivons au village…si petit, si petit…et je veux, tout près de la place en demi-cercle montrer à Franco le tout petit bosquet où j’aimais aller jouer. 

Toute à cette pensée, je passe près d’une maison sans regarder. Franco dit : Bonjour ! , puis me dit : on  te dit bonjour…) 

Levant les yeux, je vis une petite fille d’environ sept ans, à la fenêtre. D’une voix si douce et claire elle dit : Bonjour ! et me regarde furtivement. 

J’eus à peine le temps de sourire et lui répondre que nous étions passés…Le petit bois a disparu…Ils ont construit la Mairie à sa place !…Redescendant vers la Placette, j’ai levé les yeux vers la fenêtre : mais, seul un rideau frémissait sous la brise. 

Nous sommes repartis. Franco n’a pas vu mes larmes couler, derrière mes lunettes de soleil…car une pensée m’avait étreinte…  Cette enfant à la fenêtre : c’était la petite fille que j’avais été, qui était venue me faire signe dans un rayon de soleil de ce jour de Juillet. 

Odyssée

La vague a déferlé comme une gerbe d’or 

Et la perle irisée au creux du coquillage 

Quitta l’écrin de nacre et suivit son sillage 

Mais le sable vermeil la voit frémir encor. 

 

Un regard a trouvé son miroir dans tes yeux 

Et ton âme rêveuse en quête de partance 

Prit un nouvel essor à cet appel intense 

Et puis s’en fut cueillir l’amour au fond des cieux. 

 

La muse a soulevé son voile diapré 

Le songe doucement s’est posé sur sa lèvre 

Afin que d’un baiser elle apaise ta fièvre 

Et que s’éveille en toi l’Autre enfin révélé. 

La légende

Un automne pensif tout irisé de brume
Sur l’eau calme bordant un étrange manoir
Apporté par un fin dentelleron d’écume
Du néant il surgit, tel un grand cygne noir

L’instant où je le vis, je dus l’apprivoiser
Et de ma voix naquit cette ample mélodie
Qui sur lui vint s’étendre avant de se briser
Comme un cristal qui blesse instillant sa folie

Et le printemps m’offrit la douceur de son aile
L’étoile au fond du soir accueillit cet instant
C’est alors qu’apparut à son flanc, irréelle
La blessure d’un mal qu’il lissa doucement

Et tout ce désespoir indiciblement dit,
Fit naître dans mon cœur la tristesse et la peine
Car le bel oiseau noir qui se croyait maudit,
Glissait silencieux vers la nuit son domaine

Mais le chant de nouveau l’attira dans l’espace
Sur ma gorge il posa, comme pour s’apaiser
La douceur de son col, il y mit tant de grâce
Que l’Amour se souvient encor de ce baiser.

Alors tomba sur lui le voile de l’oubli
Mon image devint très floue en sa pensée
Dans sa fuite, je sais, le sort s’est accompli
Et n’est plus que l’écho d’une histoire passée.

Moi, je suis une dame et mon rêve est immense,
Il m’emporte au-delà des confins de la nuit
Je tenais ce pouvoir d’apaiser sa souffrance
Mais qui saurait un jour le sauver de l’ennui…

Ce n’est qu’une légende ! éphémère est l’argile…
Et j’y pense parfois,  tirant de leur écrin
Pour un instant d’émoi quelque larme fragile
Un petit rien d’amour et l’ombre d’un chagrin. 

Prix de Graffigny

Reportage diffusé sur http://www.luneville.tv/ 

(le fichier est intitulé « mercredi 14 avril 2010 : La poésie à l’honneur »)
La vidéo est malheureusement trop lourde pour être insérée dans le blog. Il faudrait la télécharger sur YouTube…

S P E S

Lentement il avait affronté chaque marche
Menant au pied du tertre où le monde se tait
Le temps avait coulé depuis les jours de l’Arche
Et déjà, devant Lui, le soldat se hâtait.

On arracha l’étoffe étrange et dérisoire
Dont on l’avait par jeu quelqu’ instant affublé
Puisqu’en l’humain subsiste un désir illusoire
De fouler l’innocence ainsi qu’un champ de blé.

C’est alors qu’Il posa son regard sur la ville
Et que du fond des yeux de cet homme banni
Montèrent sous les cris de la foule servile
L’absolu dans l’amour, offert à l’infini.

Une brute surprit cette image sublime
Qui devint un outrage à sa bestialité
Et ne sut pour franchir cet insondable abîme
Que gifler, formidable et fou, le condamné.

Comme le submergeait cette vague de haine
Il jeta sur le sol cet homme à ses genoux
Et la foule entendit presque jusqu’en la plaine
L’horrible bruit des os qui craquaient sous les clous.

C’est alors qu’on dressa le gibet sur le monde
L’absolu dans l’amour, offert à l’infini
Transcendant à jamais le Vainqueur de l’immonde
Dans l’accomplissement indicible d’un cri. 

Simone Weil, sixième « immortelle » de l’histoire

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Simone Weil est reçue ce jour à l’Académie Française.
Cette grande dame pour laquelle j’ai beaucoup d’admiration est venue en 2008 à Lunéville et ce fut un grand honneur que de pouvoir la rencontrer !

et encore un peu d’humour…

… que nous propose toujours Joëlle :

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Intempéries et identité nationale

Joëlle nous propose un peu d’humour pour commencer la journée :

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Moisson

Après avoir marché dans les sentiers de pierre
Déchirant pas à pas mon cœur et mon manteau
Mais devinant la cime au-delà du coteau
Destin, je franchirai ton ultime frontière.

Et quand le dernier mot de ma longue prière
Du carcan de la peur aura brisé l’étau
Mon âme embarquera sur l’étrange bateau
Menant à l’infini rivage de lumière.

Lorsque de ma douleur, chaque goutte de sang
Pourra s’épanouir au sillon renaissant
Je saurai moissonner un bouquet d’espérance.

Recueillant de mes vers une brûlante sève
A Dieu j’en offrirai l’infime quintessence
Alors, j’aurai touché les confins de mon rêve.

(extrait de «  RIVAGE » 1983 ) 

Réverbère

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Carte postale de collection qui fut reproduite à partir d’un cliché de l’assiette en « Réverbère » éditée en l’An 2000 par la Faïencerie de St Clément qui m’avait demandé un court poème en hommage à cet Art.
Cent exemplaires de cette assiette furent créés pour célébrer l’entrée dans le troisième millénaire ; la carte postale fut éditée à mille exemplaires.

Souvenirs du carnaval de Venise…

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En attendant des photos de cette année par notre ami vénitien Claudio, Joëlle nous propose trois clichés, souvenirs d’une escapade sur la lagune, afin d’illustrer les commentaires que nous a curieusement inspirés le matou de Rosaria…

Europa (acrostiche et calligramme)

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Flore

Sire, ne connaitrai de faiblesse et de peine
Mon âme dansera sur les ailes du vent
Et recueillant les fleurs du jardin d’Espévent
Je blottirai l’hiver dans mon châle de laine ! 

Jamais ne paraîtront la tristesse et la haine
Le silence et l’oubli règneront chaque jour
Elevant un rempart au cœur de mon séjour
Je blottirai l’hiver dans mon châle de laine ! 

A recouvrance alors serai douce et sereine
En vain dans mon regard vous viendrez apaiser
Le merveilleux tourment de ce tendre baiser
Atout jamais enfoui dans mon châle de laine !

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La légende (poème quiz)

La ruelle de Joeuf au printemps s’amusait
Des frasques d’un gamin, jouant dans la lumière
D’une balle il faisait, par étrange manière
Rayonner un soleil lorsqu’il l’apprivoisait. 

Drapée en ses couleurs la Lorraine sourit
A ce jeune chardon venu d’un  rêve épique
Il devint son blason : »Qui s’y frotte s’y pique ! « 
Et demeura toujours l’enfant qu’elle chérit. 

Et c’est la France alors qui tourna son regard
( Il faut tant de remous pour que le monde bouge )
Vers celui qui portait l’espoir des « Bleu- blanc- rouge »
L’audace et la jeunesse ainsi qu’un étendard ! 

Il fit scander son nom au match de l’univers !
Car le gamin de Joeuf dépassant la frontière
Suspendue à son pied a vu la Terre entière
Quand du but il cherchait un infime angle ouvert ! 

Au filet qui tremblait répondait la clameur
Comme claque un drapeau de la foule en délire !
La chance et le talent s’étaient laissés séduire
Par le gamin de Joeuf rayonnant et vainqueur ! 

De la postérité il a passé le seuil
Il sut en se jouant s’allier la victoire
Qui venait disputer son sourire à la gloire
Et répondre au destin comme on fait un clin d’œil. 

Puis le gamin de Joeuf a rangé ses crampons
Et le monde connut qu’il avait cœur fidèle
Lorsqu’il est revenu vivre à Nancy-la-Belle
Qui le fit, de ses ors, l’un des plus beaux fleurons. 

Mais l’Histoire a gravé ce moment triomphal
Où brandissant la Coupe, un homme au pied magique
A la Légende offrait son Rêve fantastique
Pour qu’il brille à jamais dans les cieux du football.

(De qui s’agit-il et à quelle occasion ce poème a-t-il été écrit ?)

Le chant de la dame lointaine (poème quiz)

Il ne reviendra pas, murmurez-vous, Messire
Et vous tressez des mots, revêtant ma douleur,
D’un soupçon de tendresse et d’un peu de couleur
Vainement vous tentez d’apaiser mon délire. 

Mon cœur vibre à jamais des accords de sa lyre,
Qu’importe ce trouvère où bien ce bateleur,
Nul ne peut ranimer de son front la pâleur
Et me rendre un instant l’éclat de son sourire. 

Mon âme est telle un temple où règne sa présence
Où brûlent en parfum les fleurs de son silence,
Le souffle de ma vie exhalera ce charme… 

Mais il a tant levé son regard vers les Cieux,
Que la mer a gardé la saveur d’une larme
Et que l’azur a pris la couleur de ses yeux. 

(De qui s’agit-il ?)

Aquarelle (poème quiz)

Le soleil est si doux qu’on ne saurait le taire
Ornant de pourpre et d’or des horizons si purs
Il appelle un instant où l’ombre de Voltaire
Répond par un sourire à leurs regrets obscurs. 

Le tranquille jardin, comme l’on se recueille
Semble redécouvrir un somptueux passé
Et le bruissement que murmure la feuille
De la chanson du vent donne un léger tracé. 

Et l’arbre du grand parc dit au mur du château :
« Mon prince ! voyez donc la couleur qui me pare,
C’est celle que portait jadis à son manteau
Le maître de ces lieux…Que nul ne s’y compare ! 

Mais la bise du Nord est venue en sifflant
Au bel arbre elle dit : «  Je prends votre parure
Pour que l’hiver s’en vienne en un geste galant
Vous revêtit de neige et d’hermine très pure. » 

Les Papeliers (poème quiz)

Les Papeliers, vous souvient-il ?
Un automne à l’aube vermeille
Un reflet, le savoir subtil
Qu’un rêve doucement s’éveille 

Les Papeliers, une senteur,
La rose offerte sur sa tige,
Et son parfum qu’avec lenteur
J’ai su cueillir jusqu’au vertige. 

Les Papeliers, c’était hier.
Un regard clair, un geste sobre,
Et l’écho d’un pas noble et fier
Aux Papeliers, chemin d’Octobre.

Quel est le lieu évoqué ?

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