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Archive pour la Catégorie 'Souvenirs de nos artistes disparus'

Sur le chemin de la lumière

Elle s’en est allée en un chemin perdu
La lavandière blonde au regard de gazelle,
Elle s’en est allée la jeune lavandière…
Riant à perdre haleine à la fleur d’asphodèle.

Elle s’en est allée la jeune lavandière…
A laissé pour jamais son carrosse de bois
Elle s’en est allée au chemin de poussière
Dans la ronde infernale où se taisent les voix.

Elle s’en est allée au chemin de misère
Dans un vaisseau de bois , un matin de printemps,
Il deviendra demain le vaisseau de lumière
Quand le Christ reviendra glorieux et vivant.

Elle s’en est allée dans le chemin perdu
La fille au clair regard, la blonde lavandière,
Elle s’en est allée dans le chemin perdu
Qui deviendra demain le chemin de lumière.

(Hélène VESTIER)

Espoir

Espoir ! Le mot voltige ainsi que plume au vent,
S’il s’accroche au buisson dans un nuage il passe,
Sur la route bornée où je vais en tremblant,
Il m’ouvre l’horizon et me livre l’espace…

(Hélène Vestier)

Zigomar

Un beau chameau-vrai gentleman- 

Dit »Zigomar »pour les intimes 

-ce fut l’ami du bon vieux temps 

Quand j’étais dromadaire mime- 

Avait vraiment de l’entregent 

Sachant parler et plaire aux dames 

Qu’il séduisait en se bossant 

Quand il jouait le mélodrame dans 

Son grand rôle le « Bossu » 

Jean MARAIS à ce qu’on raconte 

En fut jaloux mais reconnut 

Que Zigomar, fils de Vicomte 

Etait le roi des comédiens… 

Ce fin lettré, ce bel artiste 

ce virtuose musicien 

romantique- sans être triste- 

avait pourtant un gros défaut 

car il jouait des nuits entières 

-dans les tripots, les casinos- 

L’héritage de l’Héritière 

Qui pour ses bosses l’épousa ! 

 

Or…une nuit de vraie déveine… 

il perdit tout …et… engagea 

ses deux bosses …Ah !quelle peine ! 

perdit encore et…sans beauté 

il s’en alla chameau sans bosse 

-comme un matou qu’on a châtré 

Se suicider sous un carrosse 

 

A l’hôpital il séduisit 

Une infirmière dromadaire 

-et il lui fit un ouistiti- 

C’était bien là dans ses manières 

 

On dit »qu’il s’est marié plus tard 

Avec la fille… Samothrace 

Oui…on le dit…mais Zigomar 

Est parti sans laisser de trace… 

 

Or un jour je l’ai rencontré 

-entre nous c’est confidentiel- 

Sans souliers et sans ses deux bosses 

et rigolard il m’a confié : 

« Et oui ! je bosse au nouvel Obs » ! 

…publicité pour les « Camels » 

 

Ce Zigomar est un lascar 

Qui prend la vie du bon côté 

Saluez-le bien car c’est rare 

Un bon vivant débosselé ! 

(Elie Viné)

Pourquoi ?

Si tout devait finir au terme de la vie ?

Tout en nous disparaître, et la chair et le sang,

L’âme, cet univers, retourner au néant,

Esprit, cœur ou raison, sagesse ou bien folie.

 

Dont le souffle qui passe est parfois le génie

Si tout devait ainsi s’achever dans la mort,

Alors pourquoi l’espoir, alors pourquoi l’effort,

Et pourquoi tant souffrir, ô suprême ironie ?

 

Pourquoi parler d’amour, de bonheur ou de cime,

Si dans le fond du gouffre, un jour nous devon choir

Et s’ils nous ont quittés pour ne plus nous revoir,

Les aimés descendus avant nous dans l’abime ?

 

S’il n’existe pour eux ni pour nous de lumière,

Et si dans l’au-delà rien ne brille ou ne luit,

Alors pourquoi le jour vient-il après la nuit,

Pourquoi le doux réveil emplit-il nos paupières ?

 

Pourquoi le clair printemps vient-il plein d’espérance

Chasser le dur hiver et ranimer nos cœurs ?

Pourquoi le rire encor succède-t-il aux pleurs,

Pourquoi tout renaît-il, s’achève et recommence ?

(Hélène Vestier)

Histoire de zèbre

Le Zèbre dans son pyjama 

visite la belle Otarie 

car il sait qu’il plait aux nanas 

dans son costume fantaisie 

 

L’ Alligoîtreux…l’Alligator 

un vieux grincheux tout cacochyme 

l’Alligator…L’Alli qui mord 

un vrai méchant, un pousse au crime 

 

est très jaloux de cet intrus 

car il aime la belle Odile 

comme un romantique é perdu… 

Mais ses larmes de crocodile 

 

Font rire la belle enfant 

Qui n’a d’amour que pour le Zèbre. 

 

L’Alligateux …aux mille dents… 

Et dont les meurtres sont célèbres 

 

A décidé de se venger 

Et a choisi l’instant propice 

Où les amants vont s’embrasser 

Dans le clair de lune complice 

 

Pour bondir la gueule en avant… 

Dans un claquement de tonnerre 

L’eau jaillit-écume d’argent- 

Mais Alligoîtreux centenaire 

 

Laissant échapper son lorgnon 

Ne vient happer que leur deux ombres 

Le Zèbre d’un coup de talon 

Etourdit ce tueur de l’ombre 

 

Puis s’enfuit avec l’Otarie 

Pour banqueter sur la banquise… 

Pâmée d’amour ! l’Otarie rit… 

Mais le héros qui l’ conquise 

 

grelottant et claquant des dents 

dans son pyjama fantaisie 

tousse mélancoliquement 

et redoute la pleurésie. 

 

Or…un docteur passant par là… 

-l’aventureux Philéas-Phoque- 

Le tire de ce mauvais pas 

L’enduisant de graisse de phoque 

 

Depuis lors…le zèbre mondain… 

Dans les salons de sa Marquise 

Loin du danger du grand saurien 

Vit au chaud des amours exquises 

Et chante du soir au matin. 

« Tout va très bien dans la banquise, 

Tout va très bien, tout va très bien… »

(Elie VINE – Lauréat du Grand Prix des Poètes Lorrains) 

Florilège

Savez- vous mes amis 

Ce qu’est un florilège ? 

Une brassée de fleurs, 

A la face du monde 

Projetée dans le vent. 

 

Le filet d’eau mêlé 

Au sable du chemin 

Qui scellera le roc 

Devenant pierre d’angle. 

 

Des graines d’espérance 

Enfouies sous la terre 

Un jour prendront racine 

Au soleil de l’amour. 

 

Des galets, des étoiles 

Se mirent dans la nuit 

Et s’échappent du cœur 

Un éblouissement 

 

Florilège est encor 

L’épanchement d’une âme, 

Le rêve prenant corps 

Et qui s’épanouit 

Au jardin de l’été 

 

Florilège est enfin 

Une voix, un écho, 

Un chant qui se prolonge 

Au-delà des saisons, 

Au-delà de la vie, 

Au-delà de la mort !

Hélène VESTIER , Lauréate de l’Académie Française,
(Prix Auguste CAPDEVILLE 1967 pour son recueil intitulé : «  Tout au long d’une vie »,
Premier Prix de poésie au Tournoi international féminin en Juin 1967,
Déléguée Régionale de la S P A F pendant 40 ans.

 

Eternelle renaissance

O sublime nature ! O divine immanence ! 

Tu es temple et déesse en l’esprit converti, 

Par toi j’aspire à Dieu, je touche l’infini, 

Du véritable amour je bois la quintessence. 

 

Atteignant le sommet des grandeurs oubliées, 

De l’humaine mesure il ne reste plus rien ; 

Le ciel est dans la mer et mes yeux dans les tiens, 

Aux confins éternels de nos âmes scellées. 

 

Combien de temps encor durera cette étreinte 

Avant que de nos chairs il ne reste un lambeau ? 

Aimons-nous jours et nuit jusqu’au bord de tombeau 

Car de l’homme en folie j’entends le glas qui teinte ! 

 

Ainsi Dieu a voulu ce suprême holocauste : 

De tous les beaux amants que la terre ait portés, 

Mon bel amour ! Nous sommes les plus déchirés 

Et dans un dernier cri, nous expirons leurs fautes. 

 

Par le sang, par la mort, par la douleur encor, 

La sagesse et l’amour sont des fleurs de souffrances : 

Le grain de blé pourrit avant qu’il ne s’élance, 

Promettant le retour des fruits de Thermidor. 

Jean-Pierre RECOUVREUR (Grand Prix des Poètes Lorrains 1979) 

Dérobades

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Crépuscule

Derrière mes carreaux je regarde l’ennui

Et l’ennui me regarde et s’approche la nuit,

M’enveloppe la nuit, de son ombre troublante,

Silencieusement, m’envahit et m’enchante.

 

Les sons deviennent sourds, les oiseaux plus légers

Et les papillons fous aux contours ouvragés

S’en vont vers l’infini, découvrir d’autres mondes,

Que voudraient visiter les âmes vagabondes.

 

Avec eux je m’en vais, je m’en vais dans le soir,

Où brille doucement un ardent regard noir…

Il me suit, je le suis, car c’est celui d’un ange,

Avec tous ceux du ciel je chante sa louange !

 

Ô mon bel ange noir, caché près de mon cœur,

Tu éclaires la nuit et parfumes les fleurs,

Tu fais les jours plus beaux et plus grands les espaces,

Tu me donnes, vois-tu, les plus folles audaces.

 

Mais quand ’’Il’’ est trop loin, se déchaînent mes pleurs,

Les plus jolis tableaux perdent toutes couleurs.

N’être plus dans ses bras rend bien fade la vie

Et tout, autour de moi, sent la mélancolie.

 

Lorsque le crépuscule enferme mon ennui,

Mon rêve, par les airs, s’envole près de lui,

J’implore son retour, en prière sublime

Et je tends mes deux mains vers son cœur magnanime.

(Simone PONSOT)

Triolet

Tombe la triste pluie d’Automne 

Sur les champs rouges endormis. 

Je suis mouillé et je frissonne, 

Tombe la triste pluie d’Automne. 

Ce soir une amie m’abandonne, 

J’en meurs car je n’ai plus d’amis, 

Tombe la triste pluie d’Automne 

Sur les champs rouges endormis.

Jean-Pierre RECOUVREUR Grand Prix des Poètes Lorrains 1979 recouvreur.jpg

Epitaphe

Le destin trop cruel a séparé nos corps, 

Mais mon âme et ton âme, à jamais enchaînées, 

Ensemble graviront tout au long des années 

Le noble et dur chemin au bout duquel tu dors.

(Simone PONSOT) 

Poète

Il n’a ni le génie, ni même le talent, 

Des géants disparus étudiés à l’école ; 

Indocile sa Muse au lointain caracole 

Et sa plume ébréchée interdit tout allant. 

 

La page vierge attend un somptueux festin 

D’alexandrins rythmés en subtile ordonnance, 

De rimes couronnant une riche assonance, 

De beaux vers envolés vers un heureux destin. 

 

Empli d’amour son cœur dit des mots oubliés ; 

Dans son jardin secret où le sonnet gambade 

S’égayent virelai, épigramme, ballade, 

Poèmes qui jamais ne seront publiés. 

 

Nourri du sang divin de poètes divers, 

Ignoré du Parnasse, incompris par le monde, 

Hors de l’humanité son esprit vagabonde 

Et son âme attendrie embrase l’Univers !

Charles BERTE, Grand Prix des Poètes Lorrains 1998 pour son recueil intitulé : « AUTREMENT DIX » 

 

A maman au Paradis

Maman, j’adresse au Paradis 

Mon cœur fervent dans ce message 

Pour toi j’essaye d’être sage 

Mais ton départ m’a trop surpris. 

 

Tout est changé à la maison : 

Papa supporte une marâtre, 

Je hais cette femme acariâtre 

Qui me maltraite sans raison. 

 

J’ai dérobé son martinet 

(J’en avais coupé les lanières 

M’insurgeant contre ses manières) 

Alors elle a tué Minet ! 

 

Triste, papa va travailler 

Et s’en revient à la nuit noire 

Je sens bien qu’il commence à boire 

Au souffle sur mon oreiller. 

 

Je pleure durant les conflits, 

Je rougis de son verbe obscène 

Et quand elle nous fait la scène 

Je vais me cacher sous les lits. 

 

Elle a cassé mon beau collier 

En me battant avant la classe, 

De colère et de guerre lasse 

Je l’ai poussée dans l’escalier. 

 

Elle s’est tuée en tombant 

Sur une marche très coupante 

J’en ai vomi dans la soupente 

Avant de m’enfuir,  titubant. 

 

A la cantine on m’appela 

Pour m’informer de la nouvelle : 

« Maman » dans sa chute mortelle 

Avait brisé la pergola ! 

 

J’ai prié à l’enterrement, 

…Pour toi seule, maman que j’aime 

Et Dieu pardonnera quand même 

Un bref instant d’égarement. 

 

Papa semble heureux, sans regret, 

Il chante, en auto, sur la route 

Parfois il est saisi d’un doute 

Et cherche à percer mon secret ! 

 

Maman je t’aime et ton petit 

Veut te rejoindre…au Paradis !

Charles BERTE, Grand Prix des Poètes Lorrains 1998 pour son recueil intitulé : « AUTREMENT DIX » 

 

Je t’aimais… tu m’aimais

Je t’aimais, tu m’aimais, 

Unis pourtant nos corps ne le seront jamais. 

 

Vingt ans se sont passés, et plus encor, je t’aime, 

Je crois en notre amour défiant la mort même, 

Je crois qu’il peut franchir les mondes éthérés 

Et réunir les cœurs à jamais séparés. 

 

Je crois en l’immuable, en la force invincible 

Des êtres enlacés jusqu’à l’inaccessible. 

 

Je crois au doux colloque entre les âmes sœurs, 

Au secret rendez-vous dans les soirs de ferveur, 

Quand sonne le retour des heures nostalgiques 

Dans la complicité de la nuit idyllique. 

 

Filet arachnéen recouvrant l’univers 

De sa toile ténue, accrochant au revers 

La foule des humains, long ruban solitaire 

Cherchant en l’invisible un double à sa misère. 

 

Je t’aimais…Tu m’aimais, 

Unis ! Pourtant nos corps ne le furent jamais . 

 

C’est ton amour en moi, qui s’infiltre et demeure, 

C’est le mien qui te grise et jamais ne te leurre. 

 

Je le vois de son aile abriter ton cœur las, 

Frémissant dans ta chair quand je ferme les bras. 

 

Je l’appelle en mon âme aux heures de détresse, 

Il descend dans la tienne aux instants de tendresse . 

 

Il est autour de moi, son ombre me poursuit, 

Il est en toi vibrant comme une eau qui s’enfuit. 

 

Que s’épuise ton sang ou que brûle mon âme, 

C’est toujours notre amour que l’un ou l’autre clame ! 

 

(Ce poème a obtenu le 1ier Prix au Tournoi International Féminin de Poésie et fut remis à Hélène VESTIER au Ministère des Affaires Etrangères à Paris en 1967) 

A la Guadeloupe

Pays où je rêvais d’aller à vos côtés, 

Terre lointaine, île du vent sous le tropique, 

Dont je sentais si fort le charme romantique, 

Antilles adorées aux éternels étés… 

 

Soleil brûlant, peaux colorées… mille beautés 

Que je voyais dans vos prunelles exotiques, 

Patois créole aux chauds accents, danses typiques, 

Paradis où la mer offre ses voluptés… 

 

Plages au sable fin, à la tiédeur du soir, 

Lorsque la lune enfin baigne son doux visage 

Dans l’onde reposée… Heure où sur le rivage 

 

J’aurais aimé la nuit, auprès de vous, m’asseoir… 

Pays du bout du monde où ma douleur est née ; 

Puisque c’est là que vous m’avez abandonnée ! 

 

                                               Simone PONSOT 

Le galet

Je serai roulé par la mer 

son jouet jusqu’à l’infini 

et poli luisant de lumière 

j’étincellerai dans la nuit. 

 

Un enfant jouant sur la plage 

m’emportera comme un joujou. 

Presse-papiers d’écolier sage 

je serai pour lui « le caillou » 

 

Mais je reviendrai dans ses rêves 

le hanter de sonorités : 

chevaux d’écume sur les grèves 

des manades hallucinées 

 

Alors je le verrai sourire 

dans la lumière du matin 

comme sourit un avenir 

dans les songes fous d’un gamin. 

 

                                    Élie Viné 

Toujours il y aura

Toujours il y aura

des découvreurs d’étoiles

Sur la mer il y aura

toujours au loin … une voile

Sur la plage il y aura

toujours des châteaux de sable

que la vague emportera

dans ses griffes impalpables

Toujours sur quelque chemin

brillera un coin  de ciel

dans les flaques du matin

quelquefois un arc-en-ciel

**

Même si mourait l’oiseau

dans la cage de la nuit

il renaîtrait aussi beau

dans les rêves éblouis

**

C’est vrai tant qu’il y aura

des hommes restés enfants

rien vraiment ne se perdra

le temps renaîtra du temps

** ** **

Élie Viné

Ėlie VINĖ (22 mai 1922- 22 décembre 2005)
(Prix de l’humour poétique en 1977 – Grand Prix des Poètes Lorrains en 1978 – Lyre d’Argent en 1979 – Le prix Voltaire au Cercle Littéraire de Graffigny en 2004 – L’Alérion d’or en 2004) 

Chacun a besoin

L’oiseau a besoin de ciels

l’horizon, de mélancolie.

Chacun de nous lance un appel

pour se délivrer de la nuit.

Chacun parie sur le soleil …

Le ciel a besoin d’oiseaux

la musique de la lumière …

Chacun de nous veut vivre haut

se désenliser des ornières

Chacun voudrait que tout fût beau …

Et l’oiseau a besoin d’ivresse

et notre cœur de tant d’amour !

Chacun a besoin de tendresse

aujourd’hui … encore … et toujours

d’une voix murmurant sans cesse …

Ėlie VINĖ (22 mai 1922- 22 décembre 2005)
(Prix de l’humour poétique en 1977 – Grand Prix des Poètes Lorrains en 1978 – Lyre d’Argent en 1979 – Le prix Voltaire au Cercle Littéraire de Graffigny en 2004 – L’Alérion d’or en 2004) 

Tissons la PAIX

Amis, tissons la Paix à petits points d’amour
sans jamais nous lasser sur la trame du monde.
Unissant nos efforts au long de chaque jour,
amis, tissons la Paix à petits points d’amour.

Mêlant de longs fils d’or au chanvre tour à tour
ainsi que Pénélope en éternelle ronde,
amis, tissons la Paix à petits points d’amour
sans jamais nous lasser, sur la trame du monde.

(Marie Thérèse Porcherot) 

Marie-Thérèse Porcherot

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Marie Thérèse Porcherot  (née Hanriat)
-20 février 1913- 13 février 2008- 
Poète depuis sa plus tendre enfance, maintes fois primée à la S.P.A.F. Marie Thérèse fut pendant plusieurs années « Déléguée des Poètes Lorrains » à Nancy.
Dans une des salles de l’Excelsior à NANCY, elle organisait des réunions poétiques qu’elle animait avec beaucoup de cœur et de convivialité. Chaque participant était invité à réciter des poèmes de sa composition, ou à interpréter un chant ou un morceau de musique de son choix.
Les poèmes qu’elle composait, abordaient plusieurs thèmes : amour, spiritualité, humour, chansons pour enfants ou comptines.
Elle fit d’ailleurs des récitals poétiques dans les écoles  pour les enfants des classes de CM1-CM2. Elle y remportait toujours un franc succès, répondant avec bienveillance aux questions de ses petits auditeurs et écoutant les poèmes qu’eux-mêmes  avaient composés. Ce furent de beaux et bons échanges !
Poussée par son amour des autres  et son sens du partage, elle aimait  faire ce qu’elle appelait « des récitals » en tous lieux – parc, lieux d’exposition, restaurants,  avec un rare sens de l’humain ! Elle fut toujours très bien accueillie, car son seul souci était de faire plaisir et de redonner le sourire à ceux qui croisaient sa route.
Elle serait heureuse de savoir que ses poèmes continuent à vivre et à voyager. La voici donc qui rejoint le Blog de la S.P.A.F. 

Maroc

Aride immensité dont les buissons épars
Souffrent au vent brûlant et hurlant dans les brèches
Des torrents disparus le long des pentes rêches;
O pays marocain, ardé de toutes parts.
J’ai connu Marrakech aux farouches remparts,
Le marché d’Inezgane et ses tas d’herbes sèches,
Le doux trottinement des branlantes calèches,
Et les voiles masquant de lumineux regards.

Dans les souks imbibés de remugles sordides,
Indifférents à tout vont les ânes candides,
Silencieux martyrs à l’œil plein de mépris.

Parfois, près d’un chemin que le soleil crevasse,
Assis sous l’arganier aux rameaux rabougris,
Quelque vieux paysan, les yeux fermés, rêvasse… 

Paul GEIGER , Grand Prix des Poètes Lorrains 1991 pour son recueil intitulé : «  Gratis pro Deo » 

Adieu

Un voile de tristesse habille mes paupières,
Pare de mol ennui les choses familières…
Je suis là, toute seule, avec ton souvenir,
Tandis que le destin te regarde partir.
C’est bien fini ! Pour la dernière fois ton charme
A fait battre mon cœur et couler une larme !
Ton adieu était froid, mon amour était mort,
Mais pour sourire un peu j’ai dû faire un effort.
Tout l’autrefois, vois-tu, revit dans mes pensées
Et me revient le goût de nos folies passées.
Nous nous aimions, je crois… en sommes-nous certains ?
Adieu, toi qui t’en vas ! Adieu ! Mon doux mirage !
Du désespoir, ne laissons pas venir l’orage…
Du bout des doigts, veux-tu, envoyons un baiser
A l’espace infini qui doit nous séparer. 

Simone Ponsot (alias Claude Roland), la belle-maman de Pierre Vincent 

Abside et jardin de Saint-Ouen

Près de la cathédrale où je venais rêver
Et prendre solitaire un peu d’éternité,
Les jets d’eau, alentour, de leur tendre murmure,
Répondaient doucement, au vent, dans la ramure.
Les oiseaux du Bon Dieu, dans ce cadre idéal,
Chantaient à tous les cieux, leur hymne triomphal.
Sur le banc vermoulu, mon âme à la dérive
Voyait, des jours heureux, la belle perspective.
Dans la fraîcheur du lieu tranquille et reposant,
Je retrouvais la paix, le calme bienfaisant,
Je priais le Seigneur, demandant qu’il m’accorde,
Avec l’espoir d’aimer, grande miséricorde !
Je repartais alors, le cœur décontracté,
Derrière moi laissant, avec l’immensité,
Le soleil déclinant sur ce tableau de rêve,
Où, depuis des siècles, tout vit, passe et s’achève… 

Simone Ponsot (alias Claude Roland), la belle-maman de Pierre Vincent 

Le chemin

Qu’avez-vous à déclarer ?
Le vieillard dit : « Mon Passé ! »
L’enfant dit : « Moi, je n’ai rien …
ah ! si … mon tout petit chien ! » 

« Que caches-tu dans tes poches ? »
« Mes rêves Monsieur l’Agent … »
« Et ici dans ta sacoche ? »
« Tout l’amour de mes parents ! … » 

« Peux passer ! » dit l’Avenir
-c’est un douanier curieux
ambigu est son sourire …
son regard … mystérieux- 

L’enfant n’est pas rassuré
en franchissant la barrière …
Il sent qu’il va cheminer
un sentier rongé d’ornières 

Mais son petit chien le tire
en avant et dans ses poches
il entend ses rêves rire
et puis ses parents tout proches

lui murmurent : « Aie confiance !  
ce chemin nous l’avons fait .
Songe à nous dans ta partance …
Ta vie est à inventer… » 

Ėlie VINĖ (22 mai 1922- 22 décembre 2005)
(Prix de l’humour poétique en 1977 – Grand Prix des Poètes Lorrains en 1978 – Lyre d’Argent en 1979 – Le prix Voltaire au Cercle Littéraire de Graffigny en 2004 – L’Alérion d’or en 2004) 

Elie Viné

22 mai 1922- 22 décembre 2005 

Conseiller d’Administration Universitaire il a toujours considéré que l’activité poétique était un excellent contrepoison aux toxines de la vie moderne.
Attiré par le théâtre –grand admirateur de Gérard Philipe, de Jean Louis Barrault, de Louis Jouvet …- il a créé deux troupes de théâtre amateur :
« Les deux masques » à Thionville en 1952
« Le Tuba » à Arcachon en 1958.

- Prix de l’humour poétique en 1977.
- Grand Prix des Poètes Lorrains en 1978.
- Lyre d’Argent en 1979.
- Le prix Voltaire au Cercle Littéraire de Graffigny en 2004.
- L’Alérion d’or en 2004.

Œuvres éditées :
Participation à la « Nouvelle Anthologie des Poètes d’expression française (Collection Les Paragraphes littéraires de France) et à « L’écharpe d’Iris » Les plus beaux poèmes du Grand Prix de poésie pour la jeunesse. Hachette 1990.
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Le silence de l’autre

A travers la persienne un rayon indiscret
De la lune amandine éclaire un tapis rose,
Et le grand lit douillet, où le couple repose,
Sous un crucifix d’or, paré d’un chapelet, 

La femme aux cheveux gris rajuste un blanc bonnet
Et conte à son mari l’après midi morose,
Au soleil impavide où, malgré son arthrose,
Elle a sarclé, suant, au fond du jardinet. 

Epanchant son humeur, fatiguée et surprise
Elle attend son «  bonsoir » qui toujours sécurise
Mais rien ne lui parvient de l’époux qui s’endort. 

Loin du corps silencieux, gisant près de sa dame,
Pour une éternité où pérégrine l’âme
Le pauvre vieux s’en va, dans les bras de la Mort.

Charles BERTE, Grand Prix des Poètes Lorrains 1998 pour son recueil intitulé : « AUTREMENT DIX » 

 

Maîtrise

Adieu sombre penser, je ne veux plus entendre
Ton détestable chant qui s’insinue et bruit,
Arrogant, fielleux, il attriste la nuit,
Son trait blesse toujours, écorche l’âme tendre. 

Contre toi j’ai trouvé l’armure qui séduit,
Quelques vers enchantés, peignant beau paysage,
Où se plairaient l’enfance et son soleil qui luit. 

Et la peur et l’angoisse et le regret peu sage
Ne sont plus qu’ornements du Vivant fredonné,
Tenus dans l’ombre claire en ce lieu fleuronné,
Ils ajoutent nuance et meilleur éclairage.

L’essentiel est bien là et le vain détrôné !

Marie REITZ
(Grand Prix des Poètes Lorrains 2005 pour son recueil intitulé : «PULSATIONS ») 

 

La mort du poète

Lamartine, ton nom est partout en ces lieux,
Au pied de la montagne, au bord du lac d’Elvire,
Mais qui relit tes vers et qui donc les admire ?
Peut être quelque fou, sinon quelque amoureux ! 

Dans cette ville, Ami, qui connut tes aveux,
N’est-il plus un seul cœur qui chante ou bien soupire ?
Tes vers ne peuvent-ils un instant le séduire ?
Ne vient-on plus rêver sur ton lac, sous tes cieux ? 

Pourtant, ici, tout parle et d’amour et de rêve,
Poèmes immortels inspirés d’amours brèves,
Barde ! Tu sais encor faire entendre ta voix. 

Qui ne quitte ces lieux un peu un peu de vague à l’âme,
Qui ne sent en son cœur se mourir une flamme
Quand le poète meurt une nouvelle fois ?

Hélène VESTIER , Lauréate de l’Académie Française,
(Prix Auguste CAPDEVILLE 1967 pour son recueil intitulé : «  Tout au long d’une vie »,
Premier Prix de poésie au Tournoi international féminin en Juin 1967,
Déléguée Régionale de la S P A F pendant 40 ans.
A publié : «  Tout au long d’une vie «  ( 1966),
En collaboration avec les poètes de Lorraine : «  La Lorraine chante » : ( 1970)
«  Laissez les rêves s’envoler » : ( 1981 ) 

 

Présage

Quand au soir de la vie, un doigt monte, tremblant,
Dans le miroir lépreux, où le regard s’étonne
Et caresse, distrait, un reflet qui détonne
Emmi les cheveux bruns le premier épi blanc. 

Lors d’un visage ami, le souvenir troublant
S’estompe et disparaît en tempo monotone
Un cœur désespéré le poursuit dans l’automne
Mais déjà l’hiver plante un décor accablant. 

Voici la page ultime, un beau roman s’achève,
Nostalgique regret, envolé du beau rêve
En lettres d’or inscrit au parchemin des ans. 

Alors, la main glacée impuissante à poursuivre,
Oubliera le volume en ses derniers instants
Et, lentement, la mort fermera le grand livre. 

( Emmi  figure ainsi dans le texte.)

Charles BERTE, Grand Prix des Poètes Lorrains 1998 pour son recueil intitulé : « AUTREMENT DIX » 

J’ai voulu leur dire

J’ai voulu déjouer la crainte et la rancœur,
Leur dire que l’amour chasse toujours la peur,
Mais les mots m’ont trahie et pensées en déroute,
J’ai cédé face au doute. 

Voulant toujours leur dire, ai teinté gouttes d’eau
Et choisi plume bleue au bord d’un gai ruisseau
Pour décrire la vie et tous ses hauts prodiges…
Ont surgi les litiges! 

Me voici déliant mes désirs surannés,
Le large temps vécu sans prix à lui donner
Sinon celui, qui sait? d’élans, de rêveries,
Mes pâles armoiries.

Marie REITZ
(Grand Prix des Poètes Lorrains 2005 pour son recueil intitulé : «PULSATIONS ») 

 

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