Les épis sont blonds,
Le renard est un ami.
Un monde de rêves !
Il venait d’un pays qui n’existe qu’en rêve,
Un pays où la rose était comme une sœur,
Dont la seule présence avait ravi son cœur,
Pour elle, il accepta que sa fugue fut brève.
Dans son pays lointain, minuscule planète,
Le coucher du soleil venait, à satiété,
Illuminer sa vie et, parfois, l’habiller
D’un peu de poésie à l’heure où tout s’arrête.
* * *
Il est en mon jardin, mon pays, ma province,
Des centaines de fleurs au charme délicat,
Mais il est une rose, à la robe incarnat,
Unique et d’un grand prix, le sais-tu, « Petit Prince » ?
La fraîcheur du matin dépose en sa corolle
Une perle d’eau vive au reflet chamarré.
Et, dans la paix du soir, exaltant sa beauté,
Les couleurs du couchant lui sont une auréole.
Ainsi, nous dit l’enfant, chaque instant de la vie,
Nous offre une présence, un ami à aimer,
Un coucher de soleil pour nous émerveiller
Et pour nous rappeler que tout est poésie !
» On la trouvait jolie et voici qu’elle est belle … »
Jolie, aux yeux de ceux qui la voyait passer,
Mais, belle à qui savait déjà la regarder
Avec les yeux du cœur. Charmante ritournelle !
Un aveugle m’a dit qu’il voyait des images
En écoutant Mozart, Beethoven ou Chopin
Et qu’en se promenant, le soir, en son jardin,
Le parfum de ses fleurs n’était que paysages !
Il naquit trisomique, emblème d’innocence.
» Handicapé mental « , avait dit le docteur.
Mais sa maman, bien sûr, n’écoutait que son cœur
Et ce fut son amour qui fit la différence.
Dans un regard d’enfant où perçait quelque doute,
J’ai cru voir une angoisse ou, peut-être, une peur.
Mais, quand je l’ai serré, tendrement, sur mon cœur,
J’ai compris son émoi, fait taire sa déroute.
La nature s’éveille et le soleil flamboie.
Des sanglots de la nuit ne reste en souvenir,
Sur un bouton de rose, alors qu’il va s’ouvrir,
Qu’une perle d’eau claire, une larme de joie.
Pour libérer la source, instant de poésie
Et de féminité, la Montagne s’ouvrait.
Et, de son flanc fécond, généreuse, elle offrait
L’eau vivante et chantante, elle enfantait la vie !
La Mer a reflué jusqu’en l’étale basse,
Mais elle reviendra, de rouleaux en rouleaux,
Tester sur les récifs la force de ses eaux,
Inexorablement, usant le temps qui passe !
En me remémorant la merveilleuse histoire
De l’enfant du désert, « Petit Prince » venu
D’un lointain univers, je me suis souvenu
De quelques mots gravés au cœur de ma mémoire.
Il disait qu’il voulait, vers l’eau qui rassasie,
Marcher à pas comptés ; aimable postulat
Qui tend à préférer au succès immédiat
Le chemin qui conduit aux sources de la vie.
Quand les blés seront murs, au matin de l’absence,
Et que leurs blonds épis danseront dans le vent,
Ils seront souvenir. Lors, dans un vœu fervent,
Mon cœur dira ton nom pour rêver ta présence.
Tes yeux brillaient des feux qu’au mitan de sa course,
Un flamboyant soleil venait y déposer.
J’ai compris, ce jour-là, je n’osais l’espérer,
Que ton regard serait ma rivière et sa source.
Lorsque le rossignol, au cœur de la vesprée,
Accueillera la nuit d’un discours enchanteur,
Je me rappellerai ces instants de bonheur
Et de sérénité, quand l’âme est apaisée.
Sur la plaine alanguie où régnait le silence
La caresse du vent me rappelait ta main.
Mais tu n’étais pas là, je t’ai cherchée en vain
Et je n’ai jamais pu guérir de ton absence.
L’eau ne gazouille plus aux sources des alpages,
Les torrents sont gelés, les vents virent au Nord,
Un blanc manteau revêt vallons et pâturages,
L’hiver s’est installé, mais, la marmotte dort.
Le sapin de Noël, habillé de lumière,
Invite à l’espérance et, timide angelot,
A son pied, le bambin esquisse une prière
En venant déposer son tout petit sabot.
Espérez ! Car, demain, viendra l’aube nouvelle.
Conquérant, le soleil dissipera la nuit,
Peu à peu, attendant la première hirondelle.
Il faut vivre l’espoir lorsque l’ombre s’enfuit.
A la Saint Valentin, l’hiver enfin décline.
Ecoutez, des oiseaux, l’enthousiaste refrain.
Regardez ! Le drageon annonce l’aubépine,
La vie est de retour, le printemps, c’est demain !
(Extrait du recueil « Hymne à la vie » qui a reçu l’Alérion d’Or 2012 décerné par la SPAF Lorraine)
Les enfants ont repris le chemin des écoles,
Les grands oiseaux s’en vont, ivres de liberté.
Déjà, le chrysanthème, au cœur des nécropoles,
Fleurit le souvenir et invite à prier.
Le soleil s’est joué des brumes automnales,
Pour habiller de pourpre un ténébreux ponant
Et les ors du couchant, au front des cathédrales,
Ravivent le credo des artistes d’antan.
Non, ce n’est pas le glas qui résonne à nos portes !
Une trêve s’annonce, un repos. Patientez !
C’est le temps de Prévert, le temps des feuilles mortes,
Car il faut bien mourir pour revivre … Attendez !
Attendez ! Patientez ! Car Sainte Catherine
Promet de donner vie aux greffons incertains.
On peut bien s’endormir lorsque l’heure est chagrine
Sans oublier l’espoir qui fait les lendemains.
(Extrait du recueil « Hymne à la vie » qui a reçu l’Alérion d’Or 2012 décerné par la SPAF Lorraine)
Regardez ! Dans sa robe, aux pétales de soie,
La rose resplendit, elle est reine et le sait.
Sa fragrance ensorcelle un jardin qui flamboie,
C’est l’été, la nature est riante à souhait.
Regardez ! Sur le sable, exquise allégorie,
La femme est séduction, elle est reine et le sait.
Fasciné, le soleil, instant de poésie,
L’embrasse en son aura dans un accord parfait.
Regardez les amants, image intemporelle,
Quand l’amour va quérir dans un ciel triomphant,
Pour habiller d’azur les beaux yeux de la belle,
Le bleu de la romance et de l’enchantement.
Regardez ! Dans le soir, la dernière hirondelle
S’en va, pour un adieu, tutoyer l’infini.
Et, dans le champ de blé où repose, éternelle,
L’étoile du poète, un bleuet refleurit.
Ecoutez ces accents de la fête lointaine,
Le temps des Carnavals éloigne les frimas,
La musique de l’eau réveille la fontaine,
L’hiver s’en est allé sur des airs de sambas.
Et voilà qu’on entend, céleste mélopée,
Les cris des grands oiseaux, comme un chant de retour.
Ecoutez ! Dans le bois, de sa flûte enchantée,
Le merle vient fêter la naissance du jour.
Ecoutez ! C’est le cri qui annonce la vie !
Un cri, comme un appel au monde des vivants.
Un petit d’homme est né qui, déjà, nous convie
A venir célébrer le réveil du printemps.
Dans un souffle nouveau, comme brise légère,
L’enfant s’est endormi au creux des bras câlins,
L’heure est sérénité, qu’elle soit messagère
De l’avenir secret qui forge les destins !
(Extrait du recueil « Hymne à la vie » qui a reçu l’Alérion d’Or 2012 décerné par la SPAF Lorraine)
En un camaïeu d’ors, automnale parure,
La forêt flamboyait et, fiers de cette aura,
Les sapins arboraient leur pérenne verdure.
Main dans la main, ils cheminaient, de-ci, de-là ;
Le vieil homme et l’enfant, heureuse connivence.
« Il leur manque une étoile, à tous ces grands sapins ! »
Dit l’enfant, facétieux, ajoutant : « moi, je pense,
Que ce serait Noël aussi pour les lapins ».
Tendrement, le vieil homme, étreignit dans la sienne,
La main du garçonnet. Ah ! L’Etoile et Noël !
Il voulait expliquer, mais qu’à cela ne tienne,
Il ne pourrait tout dire, alors, les yeux au ciel,
Il dit : » Vois-tu, petit, chaque étoile est lumière,
Et, je crois, nous invite à regarder plus haut,
Plus haut que les sapins, et leur allure fière.
Sais-tu que bien souvent elle orne les drapeaux ?
L’étoile des marins est guide et messagère,
Celle de Bethléem annonçait l’Enfant Dieu
Et, dans le ciel du soir, l’étincelle première
Annonce, de la nuit, le chant mystérieux ! ».
Le soir, déjà, couvrait la forêt de son voile.
Serrant alors très fort la main de son aïeul,
L’enfant lui dit : « Papi, seras-tu mon étoile,
Pour que, sur mon chemin, je ne sois jamais seul ? »
Une larme, soudain, s’attarda sur la joue
Du vieil homme … : « Eh ! voilà qu’arrive la fraîcheur,
Rentrons, car il fera bientôt nuit et j’avoue … »
Mais …les mots sont bien vains pour dire le bonheur.
En écho lumineux aux couleurs du couchant,
Mille étoiles brillaient dans les yeux de l’enfant !
Mon horizon s’est fait sournois
Ce matin,
Il veut jouer au plus malin,
Avec moi.
Le médecin m’a dit : « prends garde,
C’est malin ! »
Qui veut donc briser mon destin ?
La camarde ?
Elle voudrait faire des siennes !
Mais demain,
Je vais encor prendre ta main
Dans la mienne.
Mon horizon m’a fait faux bond
Ce matin,
Il veut jouer au plus malin
Pour de bon.
Mais que sait-il de mes espoirs,
de mes rêves ?
C’est l’aurore qui me soulève
Pas le noir !
Moi, je connais quelque chemin
En forêt,
Où l’on peut cueillir le muguet,
Le jasmin.
Je veux cueillir la fleur sauvage,
Au printemps.
Trouver dans un regard d’enfant
Le présage
D’un lendemain qui sera fait
De lumière.
J’ai trouvé près de la rivière,
Joie et paix.
Le petit roitelet huppé,
De ses trilles,
M’enchantera sous la charmille
Tout l’été.
Mon horizon fait le malin,
Quelle audace !
Il faudra que je le remplace
Dès demain.
Je veux aller par les vallons,
Les chemins
Et retrouver tous mes refrains
Et chansons.
Et je récrirai des poèmes,
C’est promis,
Pour te dire en catimini
Que je t’aime.
J’avais vu le soleil se coucher dans le sable
D’un désert surchauffé. J’avais vu les chameaux
Du marché de Pushkar, majestueux troupeaux.
J’avais vu Jaisalmer au charme inoubliable !
Des temples somptueux j’avais vu la splendeur,
De Jaipur, admiré l’aura de ville rose,
Des maisons de Jodhpur, le bleu, gardant enclose,
Du ciel de l’Orient, la sublime couleur.
Venise du Levant, Udaipur la jolie
Hantait mes souvenirs. Ses palais fabuleux,
Comme flottant sur l’eau d’un lac mystérieux,
D’un instant merveilleux, exaltaient la magie.
Mais l’émotion fut grande, au matin automnal,
Lorsque je découvris le fameux mausolée,
Superbe évocation célébrant l’apogée
D’un amour infini … Enfin, le Taj Mahal !
Je suis resté sans voix, séduit par la merveille.
Ici, le souvenir s’exhale en un soupir
Que vient bercer un vent léger comme zéphyr.
Ne la réveillons pas, une âme ici sommeille.
Naissant d’un monde clos où se forgeait son âme,
Déchirant ses poumons d’un cri libérateur,
Elle est frêle drageon avant que d’être fleur
Mais, bien plus que bébé puisqu’elle est déjà femme ;
Elle est la vie !
En berçant sa poupée, elle rit, elle chante
Et court dans le vallon cueillir quelque bouquet.
Elle prend le crayon, mais revient au jouet,
Chaque matin lui offre un monde qui l’enchante ;
Elle est la joie !
Une âme adolescente interroge la vie …
Les jouets sont cassés, oubliés, au placard !
Ses horizons sont nus dans le matin blafard.
Mais la rose en bouton annonce l’embellie !
Où est-elle ?
Un soleil s’est levé, une aube enchanteresse
Eclaire le chemin où naissent les amours.
Elle engage sa vie au serment des toujours.
Elle est bonheur et joie et, bien mieux que promesse,
Elle est l’amour !
Elle accueille en son sein la graine d’espérance,
Le fruit de ses amours ; elle attend un enfant,
Son cœur est plénitude. En cet enfantement,
Elle est plus que maman, puisqu’elle est renaissance ;
Elle est l’espoir !
Le mari, les enfants, toute la maisonnée …
Elle donne à chacun son courage et son temps,
Chaque instant de bonheur est un autre printemps,
Mais elle est don de soi jusqu’à son apogée ;
Elle est cadeau !
Elle est seule à présent sur son chemin de vie,
Le linceul a ravi la moitié de son cœur
En brouillant la fragile image du bonheur,
Elle aurait tant aimé que tout soit poésie ;
Elle est souvenir !
Et puis, voilà que s’ouvre une nouvelle page
Qui vient illuminer son horizon troublé.
On l’appelle mamie ; un tout petit bébé …
Une petite fille entre dans son sillage …
Elle est éternElle ! !
Il a posé le peigne et repris le pinceau.
Délaissant les cheveux, il a, de l’écheveau
De ses inspirations, démêlé les nuances,
Puisant dans sa palette une aura d’élégance.
« Quand je n’ai pas de bleu, préconisait le Maître,
Je mets du rouge ! » Ici, l’on se plaît à voir naître
Des jaunes et des verts, un dégradé de bleu,
De chatoyants reflets, du rouge un camaïeu.
On s’abandonne au rêve, et l’on voit s’envoler
Le pinceau, butinant au jardin de beauté
Un rouge de pavot, un mauve de lavande,
Le blanc de l’edelweiss ou le vert de l’amande.
La mésange lui donne une plume bleutée,
Le passereau, l’éclat de sa gorge enflammée,
Du fier chardonneret il choisit le brio
D’un vif et flamboyant manteau de maestro.
Chaque fois, le pinceau, dans la main de l’artiste,
Revient, comme l’archet aux doigts du violoniste,
Et l’on sent émerger un instant d’émotion
Quand musique et couleurs mêlent leurs séductions.
Puis le pinceau repart et, dans l’aube légère,
S’en vient se rassasier d’une prime lumière
Ou, dans la plénitude automnale d’un soir,
Vient s’offrir un carmin frangé d’ombre et de noir.
Comme deux papillons, dans le temps automnal,
A l’esquisse du jour, évanescente image,
S’en vont, par les coteaux, frôler d’une aile sage
Les fils blancs cotonneux, ouvrage virginal.
Comme deux roitelets, ou comme deux mésanges,
Ivres de liberté, fusent dans le matin,
Pour aller caresser, d’un coup d’aile mutin,
Graciles et dorés, les longs cheveux des anges.
Comme deux papillons, comme deux passereaux,
Deux mains de musicienne, élégance infinie,
Des mains riches d’émoi, de fougue et d’harmonie
Exécutent céans un ballet des plus beaux.
Harpiste, feu follet, délicat sortilège,
Dont la légère main, pittoresque tableau,
S’échappe en imitant l’envolée de l’oiseau
Et se pose, déjà, pour un subtil arpège.
Chaque main est l’oiseau, chacune est papillon.
Chaque main vit l’accord, comme un couple fidèle
Qu’une même harmonie enchante ou ensorcèle,
Quand l’amour, dans le cœur, plante son aiguillon.
Chaque main est l’oiseau qu’un destin pathétique
Oblige à voleter loin de son compagnon,
Et qui vient effleurer, barreaux d’une prison,
Les cordes d’une harpe obstacle emblématique.
Deux égaux, deux jumeaux, l’hymen est interdit,
Sur les cordes ces mains sont l’image réelle
De deux oiseaux chantant la même ritournelle
Et qui n’iront jamais hanter le même nid.
Pourtant, ce sont bien là deux âmes accouplées,
Deux mains symbolisant un lyrique duo :
Euterpe la joyeuse et l’aimable Erato,
Musique et poésie à jamais accordées.
Ah ! Souvenez-vous en ! Souvenez-vous, ma Mie
Dans les prés la jonquille annonçait le muguet,
Le lilas patientait, là-bas, dans le bosquet,
L’éclat de vos seize ans réjouissait ma vie !
J’avais cru deviner nos cœurs au diapason,
Et vous avais cueilli quelques blanches clochettes.
Pour étancher ma soif de féeries secrètes
J’aurais cueilli, cueilli bien plus que de raison.
Tant d’ardeur déroutait votre âme adolescente,
Mais déjà s’annonçaient de belles floraisons,
Car lorsque vint le jour des tendres abandons
J’ai cueilli le bonheur sur votre lèvre ardente !
De la belle saison, avez-vous souvenir ?
Des nuits d’embrasement, des matins de tendresse,
Lorsque l’aube naissante accueillait la promesse
De vivre un jour nouveau, de toujours nous chérir.
Ah oui ! Souvenez-vous, ma princesse, ma Mie,
Vous aviez, de la rose, insolente beauté,
L’admirable élégance et, dès le soir tombé,
De l’astre de minuit, le charme et la magie.
Muse de mon refrain, souvenez-vous encor,
Quand, malgré la bourrasque et les sombres vesprées,
Je regardais vos yeux, j’y voyais irisées
Les couleurs de l’automne en un camaïeu d’or.
Et j’ai vu se friper la nature endormie,
Les oiseaux nous quitter, pour un autre horizon,
Les feuilles et les fleurs tomber en pâmoison,
Vous n’étiez que noblesse et, pour moi, poésie.
Puis, l’hiver est venu, ma reine, mon amour,
La neige rivalise avec ma tête blanche,
La partie se termine, il n’est pas de revanche,
Ma valse à quatre temps opère un dernier tour.
N’en soyons pas émus, ma douce et tendre amie.
N’est-ce pas en hiver qu’on fête les amants ?
Saint Valentin revient pour sceller nos serments,
Vienne un nouveau printemps ! Venez danser ma Mie !
C’était un matin de printemps,
Le huit avril, précisément,
En cette « journée de la femme »
Mon pote était tout feu tout flamme
Lorsque je le vis, vers midi,
Il louait « urbi et orbi »
De toute femme les vertus …
Il se mariait … ! Qui l’eut cru ?
Tu vas enfin franchir le pas,
Lui dis-je, alors, explique-moi.
« J’ai, dit-il, mené mon enquête
« En remontant jusqu’aux prophètes.
« Adam, l’ancêtre, m’a dit qu’Eve
« Etait le plus beau de ses rêves,
« Mais qu’aussi, dès le lendemain,
« Venaient la pomme et les pépins !
« Samson disait à Dalila :
» – C’est bien grands ciseaux que voilà !
« Il m’est apparu très soucieux,
« Je crois qu’il se faisait des ch’veux.
« Et, sur son île, Calypso
« Avec Ulysse, allegretto,
« Dansait, lors que, dans l’ennui,
« Pénélope faisait tapisserie …!
« J’ai vu Titus et Bérénice
« Puis, Abélard et Eloïse,
« Bérénice a perdu Titus
« Abélard perdit beaucoup plus.
« Rodrigue, le bel Hidalgo,
« Echafaudait quelque château,
« En Espagne, l’énergumène,
« C’était pour les yeux de Chimène !
« Les yeux d’Elsa m’ont fasciné,
« Je lui aurais bien composé
« Un poème ou quelque chanson,
« Mais, je ne suis pas Aragon.
Tu vois, me dit-il rassuré,
« Le présent vaut bien le passé.
« Je vais me marier, c’est dit,
« Maintenant, je rentre au Pays. »
Il s’en revenait à Courcelles,
Disant que les filles y sont belles.
Moi, je ne l’ai pas contredit
Et c’est pour cela mes amis
Que je suis ici.
Souviens-toi de ces jours en la terre mythique
Où, menhirs et dolmens, surgissant du passé
De Viviane la belle et Dahut l’impudique,
Habillait le décor antique, suranné.
Ces souvenirs enfouis confinaient au mystère,
Mais ta seule présence éveillait mon émoi.
Pour mon enchantement, nul besoin de chimère,
Je regardais tes yeux, ma magie, c’était toi !
Avec toi, j’admirais le granit magnifié
Par des mains inspirées, riches de poésie.
Artistes méconnus, bâtisseurs oubliés,
Enchâssant leur credo dans la pierre ennoblie.
Un soir, émerveillés, sur la côte rebelle,
Admirant, au Ponant, le radieux flamboiement
De l’astre en son déclin, parangon d’aquarelle !
Nous étions, souviens-toi, envoûtés, hors du temps !
Mais, de Poséidon, la colère soudaine
Poussa vers les récifs la mer aux flots rageurs,
Eclaboussant d’embruns la côte armoricaine,
Te souviens-tu du cri des sirènes en pleurs ?
Quand, au cœur de la nuit, la chouette se tut ;
Du silence naquit comme une mélodie,
Un harmonieux refrain. Dis-moi, t’en souviens-tu ?…
Le chant des fées montait de la terre endormie !
Toutes les nuits, que chaque étoile se souvienne
De cet instant béni, bonheur insoupçonné,
Où ta petite main s’en vint frôler la mienne,
Quand le temps s’arrêta, pour être … éternité !
(où il est question d’un petit garçon handicapé mental !)
Toc !… Toc ! Elle se cogne à la vitre maudite
Qui lui montre le ciel et la retient céans.
Elle est comme en prison, pourquoi ce châtiment ?
Pauvre abeille égarée dans un monde hypocrite.
Elle grimpe, elle grimpe ! Et de son bec courbé,
Une fois, mille fois agrippe le grillage
De son isolement. Perruche dans sa cage,
Le bel oiseau n’a pas choisi d’être enfermé.
De sa patte indomptée, le petit faon laboure,
Au pied de la clôture, un terrain caillouteux.
Il mourra prisonnier, il est né malheureux,
Son destin est scellé, qu’importe sa bravoure !
Il suffirait, parfois, d’un peu de bienveillance
Pour changer l’avenir d’un être prisonnier.
Ouvrir une fenêtre ou ôter l’échalier
Et redonner la vie, la joie et la confiance.
Mais il est des prisons, à ce point mystérieuses,
Dont on ne connaît pas, Sésame sibyllin,
Ni le mot du début, ni celui de la fin
Tant le moindre rapport est chose ténébreuse.
Une aimable chanson, issue de mon enfance,
Evoquait un ami, un ange, un enfant roi
Et qui, furtivement, dans un rêve parfois,
S’en venait me parler d’un chemin d’espérance.
Un ange ! On ne peut pas parler avec un ange
S’il est dans un jardin dont on n’a pas la clé.
Mais peut-être, demain, croirai-je avoir rêvé
S’il me revient l’écho de quelque mot étrange.
Car c’est bien dans la nuit, le secret, le silence,
A l’heure où tout se tait, qu’on écoute son cœur.
Alors, comme un murmure, on entend l’âme sœur,
Chuchoter quelques mots, les mots de l’innocence !
A l’aurore de ma jeunesse,
Je n’étais, alors, qu’un enfant
Drôle et moqueur, je le confesse,
J’ouïs ce propos affligeant
Qui prétendait, curieux adage,
Que l’on « retombait en enfance« ,
Lorsque survenait le grand âge.
C’était là triste contingence.
« S’il faut revenir aux prémices,
Me disé-je, quel intérêt,
De fuir facéties et malices,
Pourquoi donc grandir, s’il vous plait. ? »
Mais j’ai grandi, c’est sans conteste,
Je fus un écolier rêveur,
Un grand garçon qui, sous la veste,
Demeurait « gamin » dans son cœur.
Pour le boulot, la maisonnée,
J’ai assumé, au long des ans,
J’ai même, et je peux le prouver,
Joué à papa et maman.
L’enfance avait fait le gamin,
Dont l’âme emprunta tous les âges.
Mais je ne pouvais, c’est certain,
Des ans échapper à l’outrage.
Pourtant, gamin, je suis resté,
Avec l’espoir, belle arrogance,
De n’avoir pas à « retomber …
En enfance »
Ecrire en vers … écrire en prose …
Mais l’important n’est-il pas d’écrire ?
Ecrire avec ma tête, avec mon cœur,
Ecrire avec mes tripes …
Inventer une musique,
Créer un rythme et chercher l’harmonie.
Choisir mes mots et accueillir la rime.
Faire du verbe un prince, de l’adjectif un roi.
Naître à l’inspiration,
Sans traquer ni braver cette belle insoumise.
Attendre qu’elle se révèle, qu’elle s’approche,
Se laisse apprivoiser.
La séduire telle une envoûtante maîtresse
Et accepter, sans condition, d’être séduit, pénétré, habité.
Vivre de son souffle et …écrire !
Inspiration aux mille visages et aux mille caprices :
Tantôt fragile ou éphémère …
« Comme on voit, sur la branche, au mois de mai, la rose »
Tantôt sereine et fidèle, à l’image de la Seine qui,
« Autant qu’il m’en souvienne »
Coule toujours sous le Pont Mirabeau.
Mais aussi, parfois, mélancolique et nostalgique
Comme « les sanglots longs des violons…«
Inspiration, folle du logis,
Toi qui m’arrives toute nue, nimbée de mes émotions,
Toi qui m’autorises à t’habiller de mes mots,
Et te dévoiles sous les traits de ma muse.
Muse et inspiration, fascinantes sœurs jumelles,
Sang-mêlé de mes passions et de mes rêves,
Eclairant d’une lumière diaprée
Ce chemin aux subtiles fragrances
Où mes émotions vagabondent vers la poésie !
Et c’est sur ce chemin, pavé des mots les plus beaux,
Jalonné d’œuvres sublimes
Et à l’horizon duquel dorment nos maîtres,
Ce chemin où je vais rampant,
Tel Ruy Blas, « ver de terre amoureux d’une étoile »,
C’est là que parmi les Nymphes et les Muses,
La poésie vient me prendre par la main …
Me vient, ce soir, ex-abrupto,
L’envie de dire tout de go
Ce qui fait mon Eldorado :
Je n’ai pas gagné au loto,
Je n’ai pas, non plus, fait banco
Au casino de Monaco.
Mais fi de cet imbroglio,
Je ne me fie qu’à mon credo
Qui, rimant avec mon ego,
S’harmonise dans un duo.
Ma poésie et mon tempo
Je les veux toujours crescendo,
Mais je languis dans mon solo,
Guettant dans la nuit cet écho
Qui me renvoie, avec brio,
Mon chant en un concerto.
Mes vers sont en méli-mélo
Mais je veux mettre en ex-voto
Le nom de ma Calypso
Et ce sera sans quiproquo !
C’est ma princesse, ma Clotho,
Ma Nausicaa, ma Clio,
Ma Juliette, mon Erato,
Ma muse, mon adagio,
Je l’aime fortissimo,
Je le lui dit moderato
Ou lui chante en sol la si do,
Avant que d’aller au dodo
Et de jouer les Roméo.
Ma Vénus n’est pas de Milo
Quand elle m’enlace illico
Ou quasiment, grosso-modo.
Et lorsqu’elle dit, in petto :
« Je t’aime », pianissimo,
C’est un chant, un intermezzo,
Refrain plus tendre que largo
Et mon cœur devient brasero !
Je sais très bien que mon topo
Me vaudra un double zéro,
Quand vous saurez, c’est rigolo :
Je n’ai d’elle qu’une photo.
J’en ai même le vertigo
Parce que, dans mon mémento,
Il est absent …son numéro !
Petite fleur, je suis. Arborant mes clochettes,
Je renais chaque mai, présage de bonheur,
Blanche comme le lys noble et royale fleur,
Je ne suis que Muguet, c’est elle la vedette !
On m’appelle parfois, pourtant, « lys des vallées« ,
Mais le sous-bois me plaît, j’y trouve le secret
Qui sied à la blancheur, insigne qualité,
Qui, par dame nature, un jour, me fut donnée.
L’humus de la futaie m’est agapes secrètes,
Et l’automne me vêt d’un riche camaïeu
De feuilles pourpre et or, tel un cadeau des dieux
Protégeant de l’hiver ma retraite quiète.
J’entends comme en un songe, alors, le bruissement
Du vent, le chant des fées, le cri de la hulotte.
Mais quand vient le printemps, c’est l’amour qui chuchote,
Au détour d’un bosquet, quelque discret serment.
Lors, phénix des sous-bois, je redeviens clochette,
On me cueille, on m’assemble en sylvestres bouquets,
Je redis le bonheur, agréable souhait,
Mais ne fais que passer, comme prompte comète.
Si, trop tôt, ma fraîcheur vous apparaît fanée,
N’en soyez affectés, regardez vers les cieux,
Vous m’y verrez briller, petit point lumineux,
Au céleste jardin que l’on dit : Voie lactée !
Simone Ponsot (alias Claude Roland)
Il y aura 10 ans, le 28 avril, qu’elle nous quittait.
Simone était une ancienne lauréate
de la S.P.A.F. Lorraine. De vieilles coupures
de journaux nous la rappellent partageant
en 1968 une Mention très honorable
avec … Armand Bémer (diplôme signé par
Henry Meillant et Hélène Vestier)
et, en 1970, un Diplôme d’honneur avec …
Jean-Claude George (diplôme signé par
Henry Meillant et M.Th. Poillera)
Eut-elle d’autres prix ? Les papiers de famille
ne disent pas tout , mais le souvenir demeure
et à ce titre, je fais place ici à un de ses poèmes
écrit dans les années 60 .
(Simone était la maman de Nelly, mon épouse) :
POETES
Le poète ne suis que des petites gens !
Je ne parle jamais de la Grèce lointaine,
Je ne raconte rien sur la terre lorraine,
Le poète ne suis que des petites gens.
Je n’ai pu voyager et je n’ai rien appris,
Mais mon âme est volage et je vais vagabonde
Respirer les parfums dont la nature abonde
Ou cueillir les plaisirs dont mon cœur est épris.
Avec morosité, je m’en vais, le pas lent,
Au long des chemins creux promener ma tristesse,
Murmurer aux oiseaux la plainte qui m’oppresse
Et jeter à la brise un peu de mon tourment.
Le soleil doucement caresse mes cheveux,
M’attire dans les bois où fleurit la jonquille,
Où le merle joyeux, comme un fou, s’égosille,
M’invitant à l’amour sous le plus beau des cieux.
C’est le printemps, amis, qui dirige mes pas,
Et chante à mon cœur lourd sa nouvelle romance !
C’est le printemps tout neuf qui m’apporte la chance,
Amis, qui m’écoutez, ne l’entendez-vous pas ?
Il compose pour nous un couplet obsédant,
Que le vent, en lutin, susurre à nos oreilles,
Traînant derrière lui comme un essaim d’abeilles,
Que le printemps, poète, a dû perdre en courant.