Archive pour la Catégorie '*12 – l’enfance'

Revenir

Revenir au jardin, 

j’y ai eu ma balançoire 

et le frais à goûter le soir, 

un genou écorché : accroc de gamin, 

puis vite oublié à raconter des histoires 

sur le banc avec l’ami d’enfance 

j’y ai eu un rire sans plus pouvoir, 

un rire en saccades dans une belle connivence. 

 

Revenir au jardin, 

j’y ai arrosé les marguerites blanches 

d’un pipi qui ne pouvait attendre, 

me suis surpris à parler aux pervenches ; 

on vous dit langage des fleurs 

et voilà ce qu’à dix ans on peut en comprendre. 

 

Revenir au jardin, 

revenir déjouer son oubli… 

Les bulles

Qu’elles soient du pape ou de savon.
Emilie joue, et concilie.
S’envolent alors les rejetons
Du souffle en plein dans l’œilleton

Un vrai carton chez les voisins
Qui la rejoignent arme à la main.
Le combat des bulles fait rage
Quand passent les enfants pas sages.

Ils envahissent le jardin
Et leurs cris de guerre badins.
En longs chapelets translucides
Ondulent à la brise timide

Puis virevoltent au gré du vent
Tourbillonnent encore un instant,
S’échappent en reflets de soleil
Les bambins suivent, ils s’émerveillent,

Rient tous aux éclats de cristal
Et réconciliés par les balles
Ephémères ovales, s’égaillent.

Quand le jour a capitulé
Même le chien truffe imbibée
Sonne la fin de la bataille.

Annette

La Mère dit à Annette: Tu es si petite! 

Annette ne le croit pas; elle parvient à toucher quelques branches du chêne argenté, en se hissant sur la pointe des pieds. 

Le Père dit à Annette: Tu ne comprends rien! 

Annette n’est pas d’accord; elle regarde l’oeil de l’eau qui s’ouvre; elle sait comment le monde joue avec les reflets. 

Le Frère dit à Annette: Tu ne fais pas assez attention! 

Mais Annette a observé, de sa fenêtre, l’éclosion du premier bourgeon. Elle connaît les doigts subtils du printemps, qui traversent le chagrin du vent. 

La Soeur dit à Annette: Tu n’iras pas très loin! 

Dimanche dernier, sans avertir personne, Annette est allée jusqu’au bout de la route et elle a contemplé l’autre versant de la colline, là où la liberté bourdonne doucement. 

L’Institutrice gronde Annette: Tu ne vois pas très clair! Mets donc des lunettes! 

Comment est-ce possible? s’interroge Annette. Je vois à chaque seconde un soleil se lever, vert, bleu, rouge ou nacré… 

Les Adultes ne devraient-ils pas mettre à leur tour des lunettes 

pour découvrir 

Qui est Annette? 

Permanente enfance

L’enfance est chez l’Humain comme il fait sa maison :
Soit il la rend heureuse en parant de dentelle
Son unique fenêtre égayant sa ruelle
Soit avec cent barreaux la transforme en prison.

Le plus grand des châteaux derrière son blason
Cache ainsi dans son sein malheur et bagatelle
Pendant que la chaumière où l’amour s’amoncelle
Se rit de tous les vents s’y glissant sans raison.

La vie alors durant s’ancre sur cet ouvrage
Fondé par des parents montrant tout leur courage
Ou bien beaucoup d’argent face à l’adversité.

Aussi, jusqu’à la mort, elle reste en présence
Pour hurler son avis quand son « identité »
Semble se ravaler par trop de différence.




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