Dans le bief gelé,
Un bateau nommé Freedom
Est fait prisonnier.
Un givre argentique
Fixe l’hiver en flocons
Sur papier glacé
Flocons sur le lac
Miroir givré du matin
Premier cheveu blanc.
Dans le bief gelé,
Un bateau nommé Freedom
Est fait prisonnier.
Un givre argentique
Fixe l’hiver en flocons
Sur papier glacé
Flocons sur le lac
Miroir givré du matin
Premier cheveu blanc.
Octobre a revêtu son manteau bigarré ;
Les jardins engourdis un tantinet moroses
Exhalent dans le soir un doux parfum de roses
Où les dernières abeilles viennent s’égarer.
L’automne a retouché, façon impressionniste,
Ses tableaux de maître qui flattent le regard.
Un soleil pâlichon écoute l’air hagard,
Les sanglots longs du vent, ce triste violoniste.
D’un souffle violent il chasse obstinément
Les feuilles et les oiseaux, mésanges charbonnières,
Qui gagnent sur le champ l’Eole buissonnière.
C’est la rentrée des glaces et ses désagréments.
La nature est dure mais aussi généreuse ;
Nèfles, noix, châtaignes, adoucissent le climat
Comme les marrons glacés poudrés à frimas :
Recette savoureuse et si peu onéreuse.
Le long temps des frimas est une renaissance
Puisant à l’intérieur tout le reste de vie
Se cachant des fureurs lancées comme un défi
Par les cris du Climat hurlant à la vengeance.
Car sortant d’un coma sous la chaleur intense
Venant de l’équateur d’un été sans souci
Libérant les ardeurs de faire des petits
Il songeait au trépas tel un Mort aux Urgences…
Mais l’automne accourant à grandes enjambées
Ses semelles crissant tel un SAMU pressé
Lui mit un goutte à goutte et lui redonna souffle !
Alors, plus grelottante qu’un malade en réa
Sous l’air froid qu’il redoute sans pantoufle et sans moufle
Sous sa clim ignorante, la Terre se gela !
Mon âme est verglacée, j’entends le glas qui sonne
Et mon cœur nu frissonne à la mort d’un Amour.
Egarée dans mon sein étourdi me bourdonne
Jusqu’aux oreilles sourdes un ronron bien trop lourd.
Je vibre de chagrin, fracassée de douleur
Envahie d’un brouillard qui couvre mon émoi
Dans un état second, abasourdie, je pleure
Il m’enroule, rassure et me fige d’effroi.
Je ne peux plus bouger, ne ressens plus ma peine
Cet Amour me dilue depuis l’enterrement
Il me givre stoppée au milieu de l’arène
Où s’est-il envolé me laissant hors du temps ?
Et je tombe en lambeaux sur le sable, engourdie
Par des larmes glacées qui s’arrêtent. Si blême,
Hagarde, je pantèle à tes yeux qui sourient,
Vaincue de désarroi, tarie de froid, je t’aime.
La neige a recouvert la profonde Lorraine
De l’épais manteau blanc que revêtent les reines
Lorsqu’en France la mort leur fait prendre le deuil
Couvrant de sa rigueur les joyaux et l’orgueil.
Ce vêtement d’hermine en fait la souveraine
Se parant d’innocence émouvante de peine
Ouvrant ses mains de givre en un geste d’accueil
Au chevalier gisant drapé dans un linceul.
Majestueuse dame irisée en ces larmes
Ton enfant te revient et tous ses frères d’armes
Lui rendent les honneurs de la chevalerie.
Ta parure est le seuil de cette immensité
Que franchit le poète avec l’éternité
Et je voudrais qu’il neige aux confins de ma vie.
Si les frimas d’automne enveloppent la terre
Tous les matins d’octobre, à dix heures l’azur
Élimine soudain le flou du ciel impur
Et l’éblouissement soulève le mystère.
Des arbres ont vêtu leur parure carmin,
D’autres préfèrent l’or ou le jaune et le fauve,
Les oiseaux migrateurs désertant leur alcôve
Empruntent chaque année un pénible chemin.
Suivre sans réfléchir l’appel de la nature
Me paraît illusoire et vaine liberté,
Pourtant je les envie et la captivité
Dont je me sens victime aiguise la torture.
Surtout ne pas chercher à comprendre pourquoi !
Survivre à chaque jour, rester dans l’ignorance,
Se refuser le rêve au-delà de l’errance,
Ne pas voir que le monde, à l’abri, reste coi !
(Extrait du recueil « Rouge et Noir Eden »)
Merci pour vos avis et conseils.
Les feuilles des bois sont rouges et jaunes ;
La forêt commence à se dégarnir ;
L’on se dit déjà : l’hiver va venir,
Le morose hiver de nos froides zones.
Sous le vent du nord tout va se ternir…
Il ne reste plus de vert que les aulnes,
Et que les sapins dont les sombres cônes
Sous les blancs frimas semblent rajeunir.
Plus de chants joyeux ! plus de fleurs nouvelles !
Aux champs moissonnés les lourdes javelles
Font sous leur fardeau crier les essieux.
Un brouillard dormant couvre les savanes ;
Les oiseaux s’en vont, et leurs caravanes
Avec des cris sourds passent dans les cieux !
Louis Honoré FRECHETTE (1839-1908)
Pour découvrir l’artiste et quelques-unes de ses oeuvres : http://www.toutnancy.com/generation-v2/index.php?first=1&iddom=2&idpage=140437&t=JEAN-JACQUES-HAUSER
A la veille du 1er octobre, j’ai le plaisir d’introduire le nouveau thème avec une toile de Jean-Jacques Hauser intitulée “Le lac” et un poème de Louis-Honoré Fréchette (poète canadien – 1839-1908).
J’espère que ces deux oeuvres seront un moteur pour tous les peintres et poètes de la SPAF Lorraine qui participent à l’animation de ce blog.