Archive pour la Catégorie '* METIVIER Nicole'

Entre le ciel et l’eau

Un vieil homme et son fils, au rivage marin,

Epanchaient dans les flots une insondable peine

Et les vagues de l’âme, à la source sereine,

Abondaient les embruns ruisselant de chagrin.

Le ventre de la mer engendre le mystère

Du rire de l’enfant aux sanglots de la mort,

Du projet de départ au non-retour au port,

D’une femme endormie en son lieu solitaire.

La vie ocre son cours lorsque le cœur se fend

Et le père énonça sa volonté dernière

Pour qu’à l’heure où son corps serait mis en poussière,

Il rejoigne l’aimée au lit de l’océan.

Mais quand le glas sonna le chant des funérailles,

Deux colombes sur l’onde et l’air épanoui,

L’une vers l’autre, allaient, le regard ébloui,

Pour, d’un ultime envol, sceller leurs retrouvailles.

L’ombre et la lumière

Elle avait pris la main de l’enfant intrépide

Et poussait doucement la porte du lieu saint

Pour tenter de combler l’irréparable vide

Que creuse le départ d’un bien-aimé défunt.

Dans sa désespérance et le cœur invalide,

Elle cherchait la paix allégeant le chagrin

Cependant que l’enfant, du vitrail translucide,

Poursuivait du regard les couleurs au grand teint.

Les rouges et les ors illuminaient l’abside,

Les bleus et les grenats, irisant le lutrin,

Profilaient mille éclats d’apparence fluide

Que la nef enchantait en un tableau divin.

Puis il perçut au sol, sur la pierre rigide,

Un kaléidoscope évoquant au gamin

Un ballon lumineux que, d’un geste rapide,

Il voulut attraper dans le creux de sa main.

Mais l’ombre de son bras, un peu gauche et timide,

Fit disparaitre alors cet objet cristallin

Qui l’avait invité d’une façon perfide

A savoir qui, des deux, était le plus malin.

Elle reprit la main de l’enfant intrépide

Et repoussa, sans bruit, la porte du lieu saint

Avant de s’engager sur le chemin aride

Que creuse le départ d’un bien-aimé défunt.

Le partage et le don

Une enfant que le sort frappait cruellement

Découvrait qu’au village, avec sollicitude,

Chacun voulait combler sa perte des parents

En chassant de son cœur l’infâme solitude.

Pour grâce, la fillette offrait ses petits bras

Dans de menus travaux et, sagement discrète,

Elle œuvrait au labeur sans faire d’embarras

Pour ne pas révéler son épreuve secrète.

 

Ainsi faisant, la vie avait repris son cours

Et, dans chaque maison, la couche inoccupée

Permettait à l’enfant, sans quêter un secours,

De s’endormir en paix unie à sa poupée.

Son tissu de coton et d’éponge-douleur

Nourrissait, chaque soir, son amour pour sa mère

Qui, les doigts repliés sur un fil de couleur,

En petits points de croix, l’avait cousu naguère.

Puis vint la saison chaude et le chef de tribu,

Craignant la sécheresse au pouvoir maléfique,

Put convaincre les dieux d’offrir un sol herbu

En échange d’un gage ou cadeau magnifique.

Des villageois, pourtant, aucun n’était aisé

Et n’aspirait d’ailleurs à la moindre richesse

Puisque, pour noble prix et le geste apaisé,

Il pouvait partager l’honneur ou la tendresse.

Mais, ce fut la fillette agissant de plein gré

Qui, masquant de ses mains un cœur en ecchymose,

Fit don de sa poupée… alors que dans le pré,

Verdissant sous ses pleurs, naissait la primerose.

La faille du seau

Deux vieux seaux bavardaient sur le pas de la porte

Attendant que le jour vienne chasser la nuit

Et qu’une jeune dame, au matin, les emporte

Pour collecter, pleins pots, l’eau bien fraîche du puits.

Soudainement, l’un d’eux taquina son confrère,

Celui qui s’allégeait, goutte à goutte, au retour

Parce qu’une fêlure exfiltrait jusqu’à terre

Son liquide précieux qu’il semait alentour.

Le récipient blessé, réprimant sa tristesse,

Décida qu’il irait s’accuser du défaut

Pour ne pas décevoir sa gentille maîtresse

Qui n’avait jusqu’alors critiqué son niveau.

Dès qu’il eut exprimé le lourd poids de sa peine,

La femme répondit d’un petit air moqueur

Qu’elle avait déposé, sur son chemin, des graines

Qui, par son arrosage, engendreraient des fleurs.

La route de la vie où s’écoulent les larmes,

Par la main bienveillante acceptant les travers,

Embellit la nature et révèle les charmes

Que toute différence offre au Grand Univers.

L’eau vive

En dardant de ses feux une saison aride,

Le soleil exhalait une chaleur de plomb,

Asséchant la nature et crevassant de rides

Une terre gercée en de nombreux sillons.

L’atmosphère alanguie exsudait sa souffrance

En couchant de son poids les récoltes des champs,

Etouffant de chagrin la fragile espérance

D’une pluie allégeant la pesanteur du temps.

Tout au fond du jardin, sous la grande tonnelle

A la voûte jaunie, une humble goutte d’eau,

Dans sa beauté limpide, étincelante et belle,

Se perlait de moiteur pour s’offrir en cadeau.

Près du feuillage épars, une rose meurtrie

Convoitait cette larme avec avidité

Pour qu’elle désaltère et sa robe flétrie

Et son corps désireux d’un peu humidité.

A l’égal de la fleur, l’être vivant réclame

Un climat de douceur et d’échange alentour

Pour apaiser la soif et les maux de son âme

Aux sources de la vie affluant de l’amour.

Conte-moi la vie

Conte-moi la vie dans * METIVIER Nicole metivier-1ere-couverture

metivier-4eme-couverture dans Publications

Le parcours de l’enfance

Au berceau de l’enfance et dans ses draps soyeux,
Le nourrisson s’éveille et, promptement, ses yeux
Tentent de décrypter les symboles du monde
Pour nourrir d’un savoir sa tête toute ronde.

Sa paupière frémit, son esprit vagabonde,
Car il ne sait du temps ni l’heur ni la seconde
Et dans l’espace clos qui devient écrasant,
Il appelle sa mère et se fait insistant.

Confronté, dans sa chambre, au vide de l’instant,
Il se sent oublié, malheureux, impuissant,
Et ses cris éplorés, suffoquant d’inquiétude,
Traduisent son effroi devant la solitude.

On ne lui a rien dit, offert de certitude,
Mais il ressent déjà l’horrible finitude
Qu’il lui faudra meubler de croyance et d’amour
Pour enrichir sa vie à la faveur du jour.

Le temps d’un baiser doux, l’horloge a fait trois tours
Et l’enfant, écolier, suit maintenant des cours.
Il apprend le calcul sur un doigt qui fourmille
Tant il fait des efforts pour plaire à sa famille.

Il préfère les jeux, les garçons et les filles,
Les tournois de ballons et son sachet de billes.
Ses notes, quelquefois, varient de haut en bas
Mais la confiance vient pour affermir son pas.

Chaque instant lui sourit, apaise les tracas,
Il aime les copains, la force de son bras,
Découvre l’amitié, la solidarité,
Un attrait pour le sport et la complicité.

Dans une évanescence et la fraternité,
Il traverse le temps de la fragilité.
L’âge ingrat le surprend, le tiraille un moment,
Puis il songe à demain pour l’orner d’un serment.

C’est ainsi que les jours, dans leurs défilements,
Séparent son chemin de celui des parents
Et, découvrant sa route et son indépendance,
Il ferme, en s’éloignant, la porte de l’enfance.

(Ce poème a obtenu le Prix Paul BRIQUEL au concours des Prix littéraires de Graffigny 2012)

Au fil des mots, du temps et de la poésie

Au fil des mots, du temps et de la poésie dans * METIVIER Nicole Métivier-1ère-de-couverture0012-211x300

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Prix : 10 €

 

Le firmament

Dans le rayonnement d’une voûte sans voile, 

                           -  voile 

Vois le scintillement doré du firmament, 

      -   maman  

                                  Maman, dans ta beauté lumineuse d’étoile, 

Vois le tendre regard ébloui de l’enfant. 

 

 

Son émerveillement, sans pudeur, se dévoile, 

                           -  voile 

Vois le bel arc en ciel d’un céleste puissant 

                          -  puis sens 

Sens l’Eternel caché sous cette pluie d’étoiles 

Et vois le doux regard ébloui de l’enfant 

 

 

Qui contemple sa mère, inaccessible étoile, 

Dans l’astral infini du bleuté firmament. 

                       -   maman  

Nourris de la couleur les fibres d’une toile 

Pour teinter de l’azur ton regard sur l’enfant. 

L’examen

Me sera-t-il donné de conjuguer les temps, 

Résoudre le passé, comprendre le présent, 

Accepter que le verbe exprime l’imparfait 

Et, devant celui-ci, que “je” sois le sujet. 

 

 

Je cherche une réponse au questionnement dit, 

Pour qu’un jour, à l’oral ou bien même à l’écrit, 

De l’épreuve donnée, en un long examen, 

Je prenne avec succès ma destinée en main. 

 

 

Qu’en vérité, le maître explicite à l’enfant 

A la fois le pourquoi, à la fois le comment, 

Pour, qu’effaçant l’épais tableau noir de la nuit, 

Sur l’ardoise, à la craie, il écrive : “ je suis”. 

Le Petit Prince

Mille paillettes d’or parsemées sur la toile 

Découvrent, par  endroits, l’ardoise de la nuit. 

Sous la voûte céleste, enluminée d’étoiles, 

Notre planète dort, tendrement alanguie. 

  

   Lucarnes de l’espoir, lorsque je vous contemple, 

   Je sais que, quelque part, un être me sourit, 

   Un Petit Prince errant dont le cœur, il me semble, 

   En quête d’infini, recherche son amie. 

 

   Dans l’ordonnancement si beau de l’univers, 

   Ces tâches de couleurs  -  doux rires enfantins 

   En poussières de l’or, fertilisent ma terre, 

   Pour que puisse fleurir une rose au jardin. 

Grand-mère

Je lui disais : « Grand Mère » à celle d’autrefois 

 Qui n’était de mon sang mais me disait parfois : 

 “ Vous comblez de la joie une bien triste dame 

   dont le fardeau des ans opprime toute l’âme”. 

 

 

 

 

Sans avoir eu le temps de plier son bagage, 

D’abandonner le poids d’une grande douleur, 

A l’heure où meurt le jour et s’arrête le cœur, 

Elle a quitté son lit pour un autre rivage. 

 

 

 

 

Elle avait espéré de quelqu’un le secours 

Pour faire ses adieux au bord de la rivière. 

Sa barque a pris le large et la vie suit son cours 

Mais, sur l’onde en repos, le silence est prière. 

 

 

L’éternel féminin

Sous sa robe légère au chatoiement discret, 

La forme de son corps dissimule un secret. 

Ses longs cheveux épars ébouriffent le temps, 

Eparpillant au vent son triomphal printemps. 

 

 

Elle a, de ses vingt ans, la beauté ravissante, 

Le velours de la chair, la grâce éblouissante, 

Le divin de la pomme et le sucré du fruit, 

L’insolente fraîcheur qui envoûte et séduit. 

 

 

Son visage aux traits fins fleurit sous l’éphélide 

Mais la femme jolie sort de sa chrysalide, 

Exhale ses parfums aux subtiles odeurs 

Et, dans le jour naissant, dévoile ses rondeurs. 

 

 

Sa silhouette élancée, gracile et raffinée, 

Donne à ses mouvements une noblesse innée, 

Un charme rayonnant, une aura délicate 

Que ne vaincra la vie de sa main scélérate. 

 

 

A l’aurore bouton et rose dans le soir, 

Pétales entr’ouverts au jardin de l’espoir, 

Sa splendide corolle, aux reflets de son âme, 

Habille d’éternel sa parure de femme. 

 

(Ce poème a remporté le Prix André Nicolas au concours Graffigny 2010 – NDLR)

 

La chaîne de la vie

  Malgré l’âge et le temps qui fatiguent le pas, 

  Tu gardais tant d’éclat, après un long parcours, 

  Qu’il semblait insensé que vienne le trépas 

  Graver le mot “jamais”  sur celui de “toujours”. 

 

 

Dans le devoir, toujours, et ton ouvrage fait, 

Sur l’arbre, à tout jamais, tu laisses le bourgeon, 

Une nouvelle vie, un plus récent portrait 

Qui découvre le tien au cœur d’un médaillon. 

 

 

Telle une chaîne d’or qui finit les atours 

Et porte l’effigie, – avers à tout jamais  -, 

Par tes petits enfants, tu seras là toujours 

Car tu poses sur eux un aspect de tes traits. 

 

 

  La vie est un joyau sans écrin de velours 

  Qu’un jour la mort reprend sous le marbre de jais 

  Mais, puisqu’un chant d’amour exalte les  “toujours”, 

  Je sais que, par le mien, tu vivras à  “jamais”. 

L’écriture phonétique

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La corde sensible

Couché dans son écrin aux parois de velours, 

L’instrument silencieux, sans la main qui le porte, 

Figé dans une pause au long soupir d’escorte, 

Prie pour qu’un musicien lui redonne son cours. 

 

 

 

Quatre cordes tendues au bois du chevalet, 

Guettent le frôlement de la mèche de crin 

Pour que, dans l’excellence, un solo cristallin 

Fonde la noire et blanche en un savant ballet, 

 

 

 

Enlace, de concert, la quinte et puis l’octave, 

La tierce débridée et la croche assurée  

Et qu’en un jeu d’archet la note délurée 

Descende de l’aigu pour vibrer dans le grave. 

 

 

 

Les notes, en portée, au chant de la musique, 

Altéré, “si” et “la”, d’un dièse ou d’un bémol, 

Du monde universel, sur une clef de sol, 

Ouvrent grande la voie au quart de tour magique. 

 

 

 

Dans la ronde des temps, se décline la gamme 

Que l’armure embellit d’un mineur ou majeur 

Et quand le diapason instrumente le cœur, 

L’âme dans le violon vient caresser notre âme. 

 

 

 

L’esprit, en harmonie, est en ravissement 

Dès qu’une main habile invite à l’ouverture 

Car, sur l’accord parfait d’une juste mesure, 

S’adoucissent les mœurs par un enchantement. 

 

Le grand âge

Mon âge se fait lourd mais ne me quitte pas !
Ton sourire m’est doux, j’ai besoin de ton bras
Pour avancer sans peur et me maintenir droit,
M’accrocher au bonheur qui glisse entre mes doigts. 

Tu étais si jolie, tu es devenue belle ;
Je me fais un peu vieux mais toi, ma tourterelle,
Tu gardes tout l’éclat de tes tendres printemps
Qui caressent ton corps de la grâce du temps. 

Mets ta petite main dans le creux de la mienne,
Tu es tout mon passé, ma vie est toute tienne,
Les sillons de mon cœur dessinent ton chemin,
Impressionnent nos pas dans le même destin. 

Tu es mon seul appui, l’âme de ma chaumière
Le fruit de mon amour et, source nourricière,
Tu apaises ma faim, ma soif inassouvie
De vivre auprès de toi l’au-delà de la vie. 

Les vers de l’amitié

Cadençant sa démarche au lit du parchemin,
Le poète avisé couche l’alexandrin,
Déroule son ouvrage engendré de la strophe,
Epuré de l’erreur que tout maître apostrophe.

De la sorte, il exprime, en un vibrant hommage,
La justesse du mot, la beauté du langage,
Offre, par le menu, le fruit de son labeur,
Le strict enfantement du travail de l’auteur.

Le petit rimailleur veut aérer la rime
Qui s’essouffle à l’effort d’un cadre qui l’opprime
Puis marche d’un bon pied afin que l’initié
En apprécie l’allure aux vers de l’amitié.

L’aliment spirituel, formellement écrit,
Nourrit, conséquemment, la rigueur du récit
Mais, dans la poésie flirtant avec la loi,
Le cocon nide, aussi, de jolis vers à soi. 

Joyeux Noël

Le fil d’un nuageux coton noir s’alanguit
Dans l’espace gelé d’un hiver noctambule
Qui couvre d’un manteau le toit du crépuscule
Scintillant de l’éclat du givre de la nuit. 

Des flocons de blancheur paillettent les tissus,
Les vêtements du soir aux épaules jetés,
Argentent les cheveux, les rêves duvetés,
Saupoudrent le sapin, la crèche de Jésus. 

L’heure épouse un mystère en l’instant solennel,
La longue nuit s’étire, enguirlandée d’amour,
Attendant douze coups pour annoncer le jour
Des 25 décembre et cadeaux de Noël. 

Noués dans un ruban, ces fascinants secrets
Augurent qu’au matin, encore ensommeillés,
Les petits et les grands, regards émerveillés,
Percevront le symbole entourant ses objets. 

Les quatre saisons

En tourbillons épais, tombent les flocons blancs
Qui font naître les jeux et rire les enfants,
Le visage et les mains refroidis par la neige,
Le corps emmitouflé dans une cape beige. 

Ils boivent goulûment l’élixir de jeunesse
Qui magnifie la vie et leur donne l’ivresse
D’un permanent « Toujours », – gage d’Eternité -,
D’un sentiment d’amour et de félicité. 

A l’hiver, cependant, succède le printemps
Qui secoue, d’un pas lent, la pendule du temps.
Le sol désengourdi s’ébroue et se réveille
Quand son ventre fécond engendre une merveille. 

La nature, d’instinct, dans sa beauté s’impose
Quand paraît le moment de la métamorphose
Des tendres jouvenceaux, gauches et tout gênés
Par le soudain émoi de désirs effrénés. 

L’adolescence, en fleur, exprime alors sa grâce
Tout pendant que l’été se prépare une place.
La sève, en bouillonnant, alimente les fruits 
Et nourrit la vigueur des jeunes gens séduits. 

Les branches des fruitiers, dans leur verte couleur,
Se gorgent de la vie, mûries par la chaleur
D’un soleil bienveillant aux rayons éclatants.
Les enfants de l’hiver sont devenus parents. 

Ils oeuvrent au labeur et sèment l’avenir
Pour les générations qui seront à venir
Afin de leur offrir, comme juste héritage,
La nature jolie et le bien en partage. 

Mais l’horizon, déjà, se voile de l’automne.
Si rapide est le temps que chacun s’en étonne.
Sur la pointe des pieds, les anciens se retirent
Quand leurs souffles derniers, dans le silence, expirent. 

Puis, les feuilles flétries jaunissent et rougeoient,
Les arbres dévastés se décharnent et ploient
Sous le joug épousé du rythme de la vie.
Epuisés, les aïeux n’éprouvent plus d’envie. 

Assis dans leur fauteuil, ils se sentent harassés
Sous le fardeau des ans,  fugacement passés,
Mais “prêts” quand vient l’instant – celui des abandons -
De se fondre à la terre et s’unir aux saisons. 

La lune et le soleil

Quand, un soir, je marchais dans la sableuse dune,
Le vent me rapporta la plainte de la lune
Implorant un secours pour vaincre l’infortune
Afin qu’en l’univers, chacun ait sa chacune. 

Je voudrais, disait-elle, être aimée du soleil
Car sa beauté dorée m’inonde sans pareil,
Me réchauffer, un peu, à son rayon vermeil,
Mais, sitôt qu’il parait, je tombe de sommeil. 

Quand le drap nuageux découvre sur la grève
Ce globe irradiant qui fait monter la sève,
Je ne vois son éclat qu’une minute brève
Car l’œil froid de la nuit se ferme sur mon rêve. 

Dans l’obscur de mon lieu, s’aventurer il n’ose ;
Sur mon lit étoilé, son regard il ne pose.
J’aimerais bien qu’à deux, en un jeu virtuose,
Nous repensions le Ciel en sidérale osmose. 

 C’est pourquoi, si parfois vous relevez la tête,
Peut-être verrez-vous une pâle planète,
Toute blanchie de nuit, formuler la requête
D’un rendez-vous galant avec ce bel athlète. 

Dans l’infini du temps, il n’est point de conseil
A prodiguer à ceux qui cherchent un pareil.
Et la lune, attristée, sombre dans le sommeil
Quant un matin nouveau accueille le soleil.

Etre à la hauteur

Le petit voit du grand le trou de sa narine,
Le grand voit du petit un crâne sans la mine ;
Le modèle réduit relève sa bobine
Quand l’immense géant arrondit son échine. 

Des montagnes dressées en puissantes murailles,
Les vallons et les prés adoucissent les failles
Et leur union subtile harmonise les tailles
Quand l’horizon les fond en belles épousailles. 

Que tu sois tout devant et que je sois derrière,
Toi, premier des premiers, moi, petite dernière,
A mon humble niveau de modeste ouvrière,
Sur l’édifice humain, je poserai ma pierre. 

Du fait d’être petit ou celui d’être grand,
Par pointes de l’humour, nous plaisantons gaiement
Mais si, en me toisant, le mètre est référent,
Jamais, je ne jouerai dans une cour des Grands.  

Le courrier

A deux pas de ma rue, dès l’aube matinale,
J’ai glissé mon courrier dans la boîte postale
Qui, bien enveloppé mais par une autre main,
Te sera distribué, probablement, demain. 

Sous ma plume inspirée, les phrases enlacées,
Du recto et verso de deux feuilles glacées,
Ont gommé toute peine et donné libre cours
A la prose et aux vers qui content les toujours. 

L’écrit, impressionné à l’encre de tes yeux,
Exprime le bonheur en un style joyeux.
Quand tu l’extirperas de son cocon douillet,
Tu verras qu’il contient un message discret. 

Nicole Métivier

metivier.jpg
Venue d’un autre temps, – le siècle de l’avant -,
Je ne me perçois pas encore tout à fait vieille
Car mon cœur bat toujours au rythme de l’enfant
Qui me semble, ma foi, être née de la veille.

En créant pour ma mère un petit compliment,
La chance m’est venue de tutoyer le rêve,
Flirter avec les mots gorgés de jeune sève
Et taquiner les vers … depuis que j’ai dix ans …

J’ai aimé mon travail, celui de secrétaire,
Que le temps m’a ravi, je suis sexagénaire,
Mais la joie m’est venue à la S. P. A. F. Lorraine
Où le poète est roi, la poétesse reine.

Sur des thèmes divers, libre est ma prosodie,
Mais les rimes amies sont si douce caresse
Que viennent les idées, en toute fantaisie,
Pour illustrer la vie, l’amour ou la détresse.
Je ne sais si l’écrit rime un peu, rime à rien,
- Peut-être même est-il tiré par les cheveux - !?
Mais je m’en vais, allant vers l’endroit qui plait bien
Où mes pieds ont compté des artistes nombreux.




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