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Archive pour la Catégorie '* BARTHEL Carine'
Orfèvres de la langue…
La ride (Ocelle)
L’ordre du temps désorienté
Met loi de plomb sur le Destin,
La goutte ambrée qui fait l’instinct
D’un cœur mutin, pleur tourmenté.
Ce champ d’espoir reste enchanté
Pour qui refait le Grand Festin,
L’ordre du temps désorienté
Met loi de plomb sur le Destin.
La pluie, tambour accidenté
Murmure un long cri clandestin :
« De ces bourreaux, il en reste un,
Rictus figeant l’air édenté,
L’ordre du temps désorienté. »
La page blanche
La minute épurée perle et la chair s’ennuie
Quand la page pâlit de son pleur innocent.
Je sais bien les façons de quitter ce néant,
Je connais ses pays, ses souffrances et le sang
Qu’il avale, insensible, à ma veine de nuit.
Je sais aussi l’enfer de son vide géant !
M’enivrer des nectars, des lambeaux de nuages,
Fuir ! Où les lutins bleus font du savon des bulles,
Où les anges vermeils volettent et s’enrubannent
Aux ailes immaculées des laiteux goélands…
Une idée, quelques mots, songes, châteaux, cabanes
Et ce glas décadent accroché aux virgules
Du don toujours gêné, gavé de faux-semblants.
Et le cœur dans mon front, je noie mes doux mirages.
Rêve d’errance
Il est des jours de pluie torturés par les vents,
De ces brouillards troublés qui me nimbaient de voiles,
Soignant mes désirs fous et mes laiteuses toiles
Ou rêvant de jardins, d’orangers, de couvents…
Moi, l’angelot maudit, le triste séraphin
Je crache aux cieux l’espoir de ma chanson d’étoiles,
Mon repas est rayon de soleil et ma faim
Est lourde bagatelle accrochant l’étincelle
Des plaisirs écorchés à l’entêtant parfum
Suranné du malheur, la lie universelle.
Sur l’échine cambrée d’un fantasme d’airain
Je vais au non-Ailleurs où mon image est celle
Qui dans mon ode geint, quand mon repos serein
Déploie son éventail, colossale espérance
De ce poison doré du brin d’alexandrin.
Du blasphème au pardon, la délicate transe
Pose son crêpe opaque aux jours sans lendemains,
Les malsains simulacres et ma noire ignorance
Brodent mes confidences à la boue des chemins.
Carine Barthel
34 ans, de Freistroff en Moselle, Grand Prix des Poètes Lorrains 2009. Elle suit actuellement une formation en horticulture. Admiratrice de Mallarmé et Rimbaud, Carine écrit depuis l’âge de douze ans. Elle puise l’inspiration dans les peines qu’elle voit autour d’elle et dans le monde.