- Accueil
- > Poèmes du mois
- > *03 - la rentrée scolaire
Archive pour la Catégorie '*03 – la rentrée scolaire'
La lune barbouille
Le toit d’ardoise à la craie.
Demain, c’est Rentrée.
_
Attention école !
Triangle équilatéral
Pour cancre au volant.
_
Mes rêves de verre
Ecaillés sur le trottoir.
Dans un sac de billes.
_
Mercredi pluvieux.
L’enfant taille sept crayons
Copeaux d’arc en ciel.
_
Vers un ciel de craie,
Il traverse la marelle
A cloche galère.
_
S’il gratte sa nuque,
Est-ce pour mieux calculer?
Non!-Juste les poux!
L’odeur de la rentrée, synonyme d’enfance,
Flotte avec confusion sous chaque marronnier
Dont les fruits sans passion cherchent des bouts de pieds
Pour filer se vautrer sous un sol sans défense…
En effet, pour contrer cette terrible offense
D’avoir pris leur sanction au niveau du fessier,
Ils voient la contusion venir les colorier,
Ces marrons concentrés dans leur autodéfense !
Alors, il vont grandir au fond de leurs fossés,
Gorgés du souvenir de ce coup bien placé
Obéissant sans doute à quelque loi cosmique…
C’est pourquoi les destins se conjuguent au présent,
Même chez qui s’encroûte à jamais s’il s’applique
A survoler sans fin les cours en s’écrasant !
Je me souviens petit,chenapan,
le chemin de l’école sac au dos,
le chemin buissonnier jalonner de parties de billes
où Gavroches un genou à terre dans le caniveau
nous entonnions c’est la faute à Voltaire,
c’est la faute à Rousseau fautifs d’un retard.
Je me souviens petit,écoutant,
la leçon de la maîtresse au tableau
et au pupitre sage comme une image
le problème du robinet et de l’eau
parfois récompensé d’une image.
Je me souviens petit,récitant
les tables de multiplications,
deux fois deux quatre,quatre fois deux huit,
les poèmes en déclamations,
Paul Fort et le bonheur qui a fui.
Je me souviens petit,écrivant
sous la dictée le texte difficile
sans comparaison avec la dictée de Mérimée
et pourtant âpre effort en rien d’infantile
l’apprentissage de la langue aimée.
Je me souviens petit,chantant,
meunier tu dors,ton moulin ton moulin va trop vite,
ton moulin va trop fort
et fort de reprendre en cœur la classe à pleine voix.
Je me souviens petit,jouant,
dents de lait,pas toutes mes dents,
une poule sur un mur qui picorait du pain dur,
le gendarme et les voleurs,
la balle au camp
et quand le coup de sifflet nous rappelait
la fin de la récréation.
Je me souviens petit devenu grand
quand il n’est plus l’heure de l’école
à chat perché et Jacques a dit,
les rondes sous le préau,
le goûter de l’après-midi
et je ne sais encore d’où sortait un escargot tout chaud.
Je me souviens
et je me souviens de qui je suis;
qu’il est grand ce petit.
En tête un air d’été, septembre a frissonné
Montre son bout de nez au soleil éclatant
Les congés au placard, braves gens, remisez
Il sonne le rappel et devient insistant.
Il prépare le temps damné de la rentrée
Et lance insolemment de l’année la reprise
Percute les instants sacrés du farniente
Le cartable flambant remplace la valise.
Il prend sa place pour avoir le premier rôle
Et nous rappelle à l’ordre en cette fin d’été
Repousse juillet, août par un grand coup d’épaule
Dilue les souvenirs dans les contrariétés,
Précipite l’oubli des doux moments passés
Etale sa serviette et chasse les enfants
S’installe à la plage pour mieux les déloger :
« Je vous garde l’endroit» hurle-t’il triomphant.
Après la version en noir et blanc, voici la peinture.
Merci à Claudio Boaretto pour nous avoir donné de précieux renseignements sur cette oeuvre.
Un oiseau m’appelle
Dans les arbres nus.
Sa voix est si belle
Que j’en suis ému.
Mais à tire d’aile
Et à mon insu,
L’ami infidèle
A quitté ma rue.
Plus rien dans le ciel
Ne me distrait plus.
J’apprends mes voyelles :
A – E – I – O – U
(Extrait du recueil « Dessine-moi un poème » illustré par Monique Colin)
Il dit non avec la tête
Mais il dit oui avec le cœur
Il dit oui à ce qu’il aime
Il dit non au professeur
Il est debout
On le questionne
Et tous les problèmes sont posés
Soudain le fou rire le prend
Et il efface tout
Les chiffres et les mots
Les dates et les noms
Les phrases et les pièges
Et malgré les menaces du maître
Sous les huées des enfants prodiges
Avec des craies de toutes les couleurs
Sur le tableau noir du malheur
Il dessine le visage du bonheur.
Jacques PRÉVERT (1900 – 1977) – “Paroles”
A la veille du 1er septembre, j’ai le plaisir d’introduire le nouveau thème avec une toile de Jules Bastien Lepage (1848-1884) intitulée « Aller à l’école », et un poème de Jacques Prévert (1900-1977).
J’espère que ces deux oeuvres seront un moteur pour tous les peintres et poètes de la SPAF Lorraine qui participent à l’animation de ce blog.