Couché dans son écrin aux parois de velours,
L’instrument silencieux, sans la main qui le porte,
Figé dans une pause au long soupir d’escorte,
Prie pour qu’un musicien lui redonne son cours.
Quatre cordes tendues au bois du chevalet,
Guettent le frôlement de la mèche de crin
Pour que, dans l’excellence, un solo cristallin
Fonde la noire et blanche en un savant ballet,
Enlace, de concert, la quinte et puis l’octave,
La tierce débridée et la croche assurée
Et qu’en un jeu d’archet la note délurée
Descende de l’aigu pour vibrer dans le grave.
Les notes, en portée, au chant de la musique,
Altéré, “si” et “la”, d’un dièse ou d’un bémol,
Du monde universel, sur une clef de sol,
Ouvrent grande la voie au quart de tour magique.
Dans la ronde des temps, se décline la gamme
Que l’armure embellit d’un mineur ou majeur
Et quand le diapason instrumente le cœur,
L’âme dans le violon vient caresser notre âme.
L’esprit, en harmonie, est en ravissement
Dès qu’une main habile invite à l’ouverture
Car, sur l’accord parfait d’une juste mesure,
S’adoucissent les mœurs par un enchantement.