Archive pour la Catégorie '* BONMARCHAND Sébastien'

Portrait

Planète je dessine ton visage :

herbe mièvre et folle et tiède et molle

nue pends-toi à la chevelure bleue

du ciel

 

 

 

arbre ruisselant ouvre ton œil vert

et laisse l’Hiver peindre tes sourcils

de blanc

Everest de ce pas quitte la carte

endormie et dresse-toi en un nez

de marbre

lagon balaye de tes bras ces lèvres

qui libéreront larmes et baisers

de sel

 

veuillez-vous lever madame Tortue

prêtez ce manteau à l’affreux menton

de l’Homme

pourquoi me voler

c’est la Création

c’est quoi

une erreur

Der fliegende Holländer

l’océan est ta peau

mes baisers des bateaux

je navigue et m’envole

d’épiderme en gondoles

 

le hollandais volant

Der fliegende Holländer

comme mousse me prend

et m’arrime à l’Ether

 

au repère pirate

où les sirènes jouent

je prends l’or de leurs nattes

pour l’offrir à ton cou

 

sur tes grains de beauté

je découvre ces îles

que mes vers sur la ville

égrenaient comme aux dés

 

le hollandais volant

Der fliegende Holländer

me menant à Peter

retrouvent les enfants

 

ils chantent dans le ciel

des comptines perdues

que Wendy de sa rue

leur donna comme un miel

 

sur tes grains de beauté

je découvre ces îles

que mes vers sur la ville

égrenaient comme aux dès

 

je salue les enfants

et la lune en rêvant

à demain sur un quai

égrenant un baiser

L’amoureux retrouvé

tes mânes libérés de leurs tombeaux de suie

promenant sur mes pieds leurs complaintes brûlées

de clairs capharnaüms en palais sous la pluie

égrènent aux foulées leurs images brouillées

 

 

 

c’est la date abhorrée qui ploie ses voiles noires

sur l’océan perdu de nos rêves d’enfants

c’est la date enlacée aux murmures des soirs

sur l’oreiller noué de mes larmes d’antan

 

 

 

devenu ce marin cet aviateur des mers

qui vole ton image aux vagues infernales

je poursuis cette Errance en Robin ou Corsaire

sur ma bicoque neuve en vue d’Avril fatal

 

 

 

la voile noire ornée du vingt-cinq ennemi

soudain paraît et rit de mon esquif roulant

je me nomme Amiral et lance mes torpilles –

le vingt-six lumineux dresse un mât triomphant

 

et je ris

L’amoureuse abandonnée

les cheveux gondolés par la pluie de minuit
la jeune fille allait sur le cœur une rose
son pas triste et léger sur l’herbe où l’air se pose
fit briller le lichen sur ces statues de suie

la Lune en silence s’enfuyait et pleurait
assombrissant l’enfant et le cimetière
de sa peau brune et pâle elle embrassait les bières
au loin le coq stagnait  les nuages chantaient

la jeune fille allait la main close et l’œil sourd
les pans noirs de sa robe allongeaient des sourires
froids et indifférents en un cortège lourd
les pierres à ses pieds égrenaient des soupirs

la jeune fille allait enfin elle arriva
le tombeau de Mausole avait moins de beautés
une fleur se fanait la nuit l’enrubanna
là dormait le plus doux des plus doux des aimés

l’amoureuse accroupie dessina sur le marbre
un bouquet lacrymal de roses et de larmes
silencieux tout autour s’agenouillaient les arbres
comme des généraux faisant tomber leurs armes

elle embrassa la dalle et se signa muette
elle inspira son rêve et referma les yeux
sur le monde et la nuit comme un feu sur les Crêtes
sa tempe scintilla de rouge elle vit Dieu

Onirie sous son bras
la prit et la guida
sertie de chants heureux
jusqu’à son amoureux

Onirie

laisse-moi devenir le tendre ambassadeur
du regard masculin assassin sur ton cœur
laisse-moi devenir le cactus ambitieux
qui appellera de ton jardin tous les cieux

toi âme jumelle dont le regard m’échappe
toi petite fleur dont le doux parfum me happe
dans le tourbillon de l’Absence dérisoire
objection de la vie je veux encore y croire

un jour ou une nuit toi moi ou nous peut-être
dans un puits un palais sous le ciel ou un hêtre
contemplerons la civilisation lointaine
et vivrons pleinement dans un amour sans haine

hélas crue vérité ton frère habite ici
sur ce gros caillou bleu où rien est tombé tout
et toi ma sœur que j’aime malgré tout tu vis
seulement au triste pays du soleil flou

l’imaginaire errant sur les pas de l’Absence

Chevelure d’Onirie

c’est comme une cascade et opaque et magique 
résonance d’opale éclaircie d’ambroisie
elle tombe et caresse un berceau onirique –
à moi ! – serti de lin enveloppé d’aiguilles

il écoute un murmure ordonner un silence
aux refrains des coquelicots lorsque s’égouttent
cheveux après cheveux ses baisers sous la voûte
le décor s’étire et la cascade s’élance

o rafting des saveur plus douce des noyades
que d’années à ramer sur d’asséchés ruisseaux
avant de te trouver rougeoyante cascade

il vole à tes filets leurs magies et leurs eaux
et embrasse ton air où s’embrase ton or
et Onirie sourit à celui qui s’endort

Aiguille

l’aiguille prise à son socle de secondes

bourdonne sur ce globe

chavire au zénith

et pirogue inlassablement

sur les minutes du monde

l’œil pose les pans du soleil

en cette lamelle de cuivre

montre

ô supplice de mes jours

montre-moi le ruisseau

où globe et zénith

peignent leurs cils d’or

couvrent leurs robes d’argent

nouent leur souliers de bronze

montre

montre-moi le royaume

où Onirie

reine des infinis silences

tisse ses couronnes

d’aiguilles obéissantes

mais

l’aiguille prise à son socle de secondes

bourdonne sur ce globe

chavire au zénith

et pirogue inlassablement

sur les minutes du monde

et le hublot embroché

peine à sourire

 

Enumération

sur les ailes                     sur les ailes
d’une nuit                        d’une nuit
de novembre                 de novembre
étourdi                             étourdi
de liqueurs                    de remords
j’énumère                       j’énumère
les rumeurs                   mes amours
constellant                    saupoudrant
les paillettes                 mes départs
de mes larmes            de demain

                         sur les ailes
                         d’une nuit
                        de novembre
                        étourdi
                       de lumières
                       j’énumère
                       les paillettes
                       décorant
                      les tableaux
                     de ma geôle

sur les ailes                     sur les ailes
d’une nuit                       d’une nuit
de novembre                de novembre
étourdi                            étourdi
de frontières                de mémoire
j’énumère                      j’énumère
mes départs                  les tableaux
affleurant                       assiégeant
l’Oniri                              mes amours
de toujours                   d’autrefois

                    sur les ailes
                   d’une nuit
                   de novembre
                   étourdi
                  de vertige
                  j’énumère
                 l’Oniri
                 effeuillant
                 les rumeurs
                de mon rêve

Sébastien Bonmarchand

Sébastien Bonmarchand dans * 1 - Présentation des artistes Bonmarchand

 

 

 

 

 

 

 

 Je suis né le dernier jour de novembre 1982 dans une famille où pas un seul parent ne lit autre chose que le journal ni ne rédige autre chose que des chèques. Autant dire que ma passion de la littérature est intervenue par accident ! Il eut lieu lorsque j’étais en 5eme : suite à un malentendu, je dus écrire en une petite demi-heure une rédaction à faire à la maison. Délesté de la crainte d’une mauvaise note, car convaincu qu’elle ne pouvait que l’être, je multipliai les lignes en écoutant, pour la première fois, une petite voix dans ma tête qui me faisait la dictée. Quelques jours plus tard, le couperet tomba sur ma nuque étonnée : la meilleure note.

Autant dire que je découvris une nouvelle route pour les Indes.

Depuis, je laisse cette petite voix poursuivre sa dictée magique et mes doigts obtempèrent sans toujours comprendre ni même connaître la destination finale.

Au travers de poèmes, de pièces de théâtre, de nouvelles, et, soyons fous, de romans, je poursuis cette visite de nouveaux archipels, de continents insoupçonnés et de lagunes merveilleuses.

Mon blog témoigne depuis 2008 de ces voyages spirituels, quand la vie m’en laisse le temps, et depuis 2010 je participe au concours de poésie de la SPAF.

Enumération

sur les ailes sur les ailes
d’une nuit d’une nuit
de novembre de novembre
étourdi étourdi
de liqueurs de remords
j’énumère j’énumère
les rumeurs mes amours
constellant saupoudrant
les paillettes mes départs
de mes larmes de demain

sur les ailes
d’une nuit
de novembre
étourdi
de lumières
j’énumère
les paillettes
décorant
les tableaux
de ma geôle

sur les ailes sur les ailes
d’une nuit d’une nuit
de novembre de novembre
étourdi étourdi
de frontières de mémoire
j’énumère j’énumère
mes départs les tableaux
affleurant assiégeant
l’Oniri mes amours
de toujours d’autrefois

sur les ailes
d’une nuit
de novembre
étourdi
de vertige
j’énumère
l’Oniri
effeuillant
les rumeurs
de mon rêve




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