DES MOTS
Il y a des mots pour VIVRE
Pour aider à MOURIR
Pour mieux supporter de VIEILLIR
Et même des mots pour
SE TAIRE .
Auteur: Armand BEMER
DES MOTS
Il y a des mots pour VIVRE
Pour aider à MOURIR
Pour mieux supporter de VIEILLIR
Et même des mots pour
SE TAIRE .
Auteur: Armand BEMER
Dans les salons du Château de Madame de Graffigny à Villers-les-Nancy, autour d’un noyau
d’adhérents et de sympathisants réuni dans le cadre du troisième café littéraire de la saison, l’équipe de
l’APAC-NANCY accueille chaleureusement Armand BEMER, auteur régional, pour la présentation de
son dernier ouvrage “A l’encre de la Moselle”. Mais, avant d’ouvrir les pages de son recueil de nouvelles,
l’animateur, Pierre VINCENT, propose à l’invité de dresser à l’auditoire quelques traits de son personnage.
Et, ce Mosellan, homme de lettres, tout à la fois poète et écrivain, [engagé sur le plan littéraire (Président
de la SPAF Lorraine), écologiste sur le plan politique (élu local depuis vingt-cinq ans)], lève le voile de sa
naissance à Manom et de son enfance à Berg-sur-Moselle, au coeur du pays des trois frontières : France,
Luxembourg et Allemagne, avant d’affirmer son profond attachement à sa langue maternelle, “le platt”,
(dialecte considéré comme “langue des bouseux” durant ses études secondaires au lycée Charlemagne à
Thionville langue régionale parlée mais non écrite ni enseignée dans les écoles à son époque) qui,
néanmoins, exercera une influence primordiale dans la structuration de sa personnalité et influera, sans
doute, sur ses choix linguistiques. De fait, au terme de son cursus universitaire à Metz, il devient professeur
d’anglais, jongle avec l’allemand, et, par intérêt personnel, approche l’hébreu, l’espagnol, etc….
Pour lire la suite, cliquer sur le fichier ci-dessous :
Compte-rendu Armand BEMER
« VIENT DE PARAITRE : A L ENCRE DE LA MOSELLE, par Armand BEMER (éd. des Paraiges)
En quelques chiffres : 200 pages, 8 récits, 9 photos N&B, 1 carte et… une préface de Jean-Marie Pelt, originaire de ce Pays des 3 Frontières. Prix : 17 € (+ frais de port, auprès de votre serviteur). »
Pour illustrer le poème « Noël en Novembre » de Pascal Lefèvre, cette vue d’un chalet au marché de Noël, prise à Metz. Le marché s’installe pour le début de l’Avent, soit fin novembre !!! (Armand Bemer)
C’était toujours en fin d’après-midi,
Alors le soleil devenait supportable,
Ou bien tôt le matin
Quand la rosée buvait le trèfle
Et la fraîcheur incrustait encore l’air :
Nous allions faucher la luzerne
Sélectionner un carré d’herbe
Qui tomberait doucement sous la
Dans le crissement de sa tige creuse
Balayée lentement par l’outil
Dans un demi-cercle voulu parfait.
Chaque aller-retour était un défi :
Ne pas accrocher la terre
Ne pas planter la
Faire que le nouveau mouvement
Soit plus souple que le précédent
Conjuguer la cadence et l’aisance
Avec le même souci de l’élégance.
Quand tu vomiras le soleil de midi qui scarifie les chairs au zénith
N’oublie pas : il est la force qui commande à la terre
Quand tu poursuivras le renard qui te nargue en son agilité
N’oublie pas : il connaît le chemin du jour qui vient
Quand tu repousseras le vent des plateaux si douloureux à tes oreilles
N’oublie pas : il psalmodie la chanson du désert
Quand tu détesteras ton ombre, ensorcelante escorte aux jours inachevés
N’oublie pas : elle est ta compagne obligée, ton double redoutable
Quand tu boiras le soir au puits l’eau que ton désir a maudite
N’oublie pas : elle est la source d’où ta vie a jailli
Quand tu fustigeras le bois du réconfort si lent à donner sa chaleur
N’oublie pas : il a connu la sève qui a nourri ton fruit
Quand tu maudiras le froid des nuits arides qui pénètre et glace tes os
N’oublie pas : il connaît le secret qui retient l’ennemi
Quand tu chasseras le grain de sable irritant ta couche au bivouac
N’oublie pas : il est l’infiniment petit dont tu es issu
Alors tu te fondras dans le grand sablier
Où tes graines de vie finiront par germer
Dans le sel de la nuit et le chant des étoiles
Quatre saisons
Divisant le temps de nos existences
Régulier comme un damier magique
Solstice équinoxe solstice équinoxe
Quatre Saisons
Aux rythmes différents
Nuit Aurore Zénith Crépuscule
Comme la roue sans fin
Qui tourne nos destins
Quatre Saisons
Conjuguant nos devenirs
A tous les temps de l’être
Quatre Saisons Quatre équilibres
Ajustés en un carré parfait
Sertis dans un cercle éternel
Aimer Souffrir Vouloir Subir
Quatre Saisons
Aux couleurs de l’arc-en-ciel
Tapissant nos émotions
Sur le cadran du désir
Quatre Saisons
Blanc Vert Bleu Cuivre
Et leurs désirs complémentaires
Sur la palette de nos vies
Quatre Saisons
Comme autant de points cardinaux
Naître Vivre Vieillir Mourir
Balises sans repères boussoles impitoyables
Car on me disait nègre, au siècle des Lumières
Je vivais enchaîné ; mais en Lunévillois
Un héraut de justice osa dresser sa voix
Qui précédait Hugo et prolongeait Voltaire.
Puis, pour mon ami juif, ce révolutionnaire
En soutane avança qu’ en raison de sa foi
Il ne saurait admettre ou tolérer de loi
Qui créait un sous-homme et fondait la misère.
Quand rugit près de nous la chaîne des clameurs
Forgée par le mépris, les tyrans dans l’ horreur
Tuent, dénigrant ma peau, raillant ta religion.
Sans fin il nous faudra, pour racheter l’ Histoire,
Des esprits clairvoyants qui sont, avec passion,
A votre image universelle, Abbé Grégoire.
Cerisiers éteints
Le Fuji Yama est triste
Mais la neige tombe
******
Tout s’est arrêté
Dans le ciel et sur la terre
Où trouver des larmes ?
******
Vol de grues au loin
L’oiseau sacré s’est enfui
Le Japon est seul.
Comment dire en dix mots l’éventail, la palette
Des couleurs qu’en ce jour vous mettez à la fête
Et dont vous vous parez pour exceller, Mesdames,
Couleurs Femmes
Depuis la nuit des jours, en toute latitude
Vous parez votre corps, coutume ou habitude,
Où vous montrez vos cœurs, où vous cachez vos âmes
Couleurs dames
Tu t’appelles Carmen et tu vis à Séville,
Ta robe qui tournoie est rouge comme sang
Et par l’or du soleil, tu séduis qui t’enflamme :
Couleurs flammes
Tu es née au Mali, survis en Haïti
Et ton quartier s’appelle un pauvre bidonville ;
Ta vie n’a que le noir et le gris pour ses trames :
Couleurs drames
Perle de l’Orient, tu n’es que marchandise,
La couleur de ton corps a le goût des devises ;
Esclave ou maltraitée en des trafics infâmes :
Couleurs blâmes
Comment ne pas chanter ce noir dessin de khôl
Qui ennoblit tes yeux ? Sans oublier la geôle
Où vit, dans sa burqa, la prisonnière afghane :
Couleurs qui fanent
Couleurs d’ici, d’ailleurs, ou couleurs d’un sourire
Qui parcourt l’univers pour broder son empire
Comme un bel arc-en-ciel tendu en oriflamme :
Couleurs femmes
(Ce poème a remporté le Prix Charles Guérin au concours Graffigny 2010 – NDLR)
Que sont nos saisons devenues
Qui rythmaient nos vies contenues
En même élan ?
Revenaient sans faillir, chaque an,
Donnaient au labeur son mitan
Où tout repose.
Las ! Où que mon regard se pose
Ne vois que laide et triste chose :
Point d’harmonie !
Soleil troublé, monotonie,
Des éléments rigueur honnie !
Terre en colère ?
Accablés du présent mystère,
Pour éviter pire misère :
Amis, changeons !
De peau, de mœurs, et lors baillons
Neuve boussole à nos saisons
Surtout bon vent !
Surtout long temps !
Janvier 2004
Tes longs doigts blancs couraient
Comme un cabri agile
Gambadant sur les blés,
Audacieux mais fragile.
On aurait dit la mer
Moutonnant en sa vague :
Ondulation calme et claire
Qui jamais ne divague.
Ton doigt plus que précis
Commandait à la houle
Des blancs et noirs glacis
Massés comme une foule
Sur le clavier fougueux
Que tu domptais des yeux.
Patiemment tes dix fées
Soumettaient leur délire
Avec leur tendre allié :
Ton délicieux sourire.
Un étrange voilier blanc dans le ciel bleu messin.
Une vue récente du centre Pompidou-Metz qui ouvrira ses portes début Mai
Il est plus qu’un cliché : le temps doux des semailles
Où l’homme à lui re-né, peut enterrer la nuit,
Apprêter le retour du bourgeon et du fruit,
Loin du froid, des frimas, du fracas des batailles.
Image ou métaphore, il sourd de mes entrailles
Un fluide en ruisselet qui respire et qui bruit,
Qui cherche à ranimer l’étoile au loin qui luit
Entre hier et bientôt : l’espoir des fiançailles.
O poète exalté, fais jaillir le surgeon
Par le fil de ta plume où l’audacieux drageon
Pourra puiser dans l’encre un sang né de ta sève.
Alors tu marieras la rose au fier sarment,
Sans oublier la belle en qui tu vis ton rêve :
Ressusciter Yseult, vivre enfin son serment.
Il y a quelques temps, j’ai eu l’honneur et le privilège de représenter la SPAF Lorraine à la remise du Prix Erckmann-Chatrian aux Prémontrés de Pont-à-Mousson. Le jury est présidé par notre adhérent et ami Gilles Laporte, et le prix a été décerné cette année à Pierre HANOT de Metz, pour son ouvrage Les Clous du Fakir. Précisons que le café littéraire organisé par l’APAC à Metz avait eu la chance et le privilège de recevoir l’auteur quelques semaines auparavant. Rappelons aussi que notre amie et webmistress Isabelle CHALUMEAU avait été préselectionnée pour son ouvrage La Lavandière d’Igney.
La bourse d’Histoire est revenue à Jean-Marie CONRAUD pour son ouvrage sur la prison Charles III de Nancy. La bourse Lorraine est allée à Jean-Luc VALERIE pour son remarquable ouvrage de photos et de poésie consacrée à l’Eau de mes Terres.
Sur la photo: notre ami Gilles LAPORTE (à gauche) en compagnie de Pierre HANOT.
Comment dire en dix mots l’éventail, la palette
Des couleurs qu’en ce jour vous mettez à la fête
Et dont vous vous parez pour exceller, Mesdames,
Couleurs Femmes
Depuis la nuit des jours, en toute latitude
Vous parez votre corps, coutume ou habitude,
Où vous montrez vos cœurs, où vous cachez vos âmes
Couleurs dames
Tu t’appelles Carmen et tu vis à Séville,
Ta robe qui tournoie est rouge comme sang
Et par l’or du soleil, tu séduis qui t’enflamme :
Couleurs flammes
Tu es née au Mali, survis en Haïti
Et ton quartier s’appelle un pauvre bidonville ;
Ta vie n’a que le noir et le gris pour ses trames :
Couleurs drames
Perle de l’Orient, tu n’es que marchandise,
La couleur de ton corps a le goût des devises ;
Esclave ou maltraitée en des trafics infâmes :
Couleurs blâmes
Comment ne pas chanter ce noir dessin de khôl
Qui ennoblit tes yeux ? Sans oublier la geôle
Où vit, dans sa burqa, la prisonnière afghane :
Couleurs qui fanent
Couleurs d’ici, d’ailleurs, ou couleurs d’un sourire
Qui parcourt l’univers pour broder son empire
Comme un bel arc-en-ciel tendu en oriflamme :
Couleurs femmes
(Le président remercie Patrick de Brousse pour sa récente contribution au Printemps des Poètes.
Il poursuit la série avec son texte « Couleurs Femmes » et invite la gent masculine à relever le gant pour honorer ces dames.)
Armand Bemer
Hiver, naguère auguste en ton grand manteau blanc,
Tu régnais par tout mont et posais ta caresse
En grand val, en bas lieu, sans oubli, sans paresse,
Magicien floconneur, devant mes yeux d’enfant.
A quinze ans, fasciné par cet enchantement,
J’y vis le vierge atour d’une exquise princesse
M’invitant au pays béni par sa tendresse :
Décor de fées, nuit bleue et cristal scintillant.
L’âge d’or où je suis voit comme apothéose
Tel cadeau de Nature en spectacle grandiose
A l’humble comme au prince offert autour de moi.
Mais je crains pour demain, quand je serai bien seul
Devant l’immensité, face à ce désert froid :
Comment ne pas sentir l’effroi d’un lourd linceul ?
Par l’été finissant, je retiens, sans remords,
De vallons entr’ouverts les senteurs parfumées,
Et du feu de vos doigts les ardeurs allumées
Qui savaient embraser le bois sec de mon corps.
Approchez la flammèche, incendiez le dehors,
Qu’en mon for irradient nos amours consumées,
Nourrissant le volcan de passions inhumées
Lave et fougue fondues, noyant rouges et ors.
Au soleil de Provence, unis dans ce layon,
Par notre incandescence, ajoutons un rayon.
Dans cet ardent foyer, où notre accord scintille,
Le brasier cinéraire a libéré l’amant ;
Il ne reste aujourd’hui ni rameau ni brindille :
Seuls deux cœurs fusionnés, sertis en diamant.
J’ai fait la connaissance de Marie REITZ en 2005, lorsque j’ai obtenu le Grand Prix des Poètes Lorrains. Marie a obtenu ce prix l’année suivante et cette conjonction d’évènements a sans doute favorisé notre rencontre. J’ai perçu chez elle les qualités d’une grande dame, d’une « grande âme » serais-je tenté d’écrire. Dans sa personnalité tout d’abord, de douceur et de fragilité apparente ; dans son écriture également. D’une grande sensibilité poétique, Marie était attentive au beau, au simple, à l’humain.
Enseignante de formation, elle était née à Oran dans une famille d’origine espagnole. Sa jeunesse passée en-dehors de la métropole, sa double culture, expliquent en partie cette attention à l’autre, aux paysages, à la nature, la recherche du mot juste et la musicalité, inhérents à ses nombreux poèmes écrits en français ou dans sa langue maternelle. Installée dans le charmant village de Lessy, sur les côtes dominant Metz et la vallée de la Moselle, Marie a souhaité y reposer après son décès en 2006. Au long de sa vie, elle fut guidée par trois objectifs : « remercier le donné, louer les merveilles qui nous entourent, dire le besoin des hommes ».
Son mari Jean-Marie est un défenseur passionné du patrimoine local, très impliqué pour faire découvrir les richesses de sa commune et des côtes de Moselle. Il s’est particulièrement réjoui des succès poétiques de Marie, primée lors de nombreux concours. Il a souhaité pérenniser l’œuvre de son épouse en rassemblant ses poèmes dans un recueil « La Plume Bleue ». Qu’il soit ici remercié pour sa complicité et l’aide qu’il nous apporte à faire perdurer le souffle poétique de Marie.
Armand Bémer
Je remercie les personnes qui ont bien voulu se prêter à ce jeu du commentaire. Voici quelques explications.
Tout dépend effectivement du placement du photographe et de son angle de vue. Ici, la statue semble refuser la photo et repousser l’intrus que je suis.
C’est en tournant autour d’elle que m’est venue l’idée de cet angle insolite et du placement de sa main, qui semble disproportionnée, accentuant ainsi l’intensité de son refus.
Il s’agit d’une statue du sculpteur Maillol qui s’intitule « L’Air ». Elle se trouve au Musée « Kroller-Muller » près d’Otterlo aux Pays-Bas, dont je vous recommande la visite si vous ne le connaissez pas. Ou voyez son site internet.
On voit la statue de face, et les gens la photographient généralement… de face. Je l’envoie à Isabelle pour qu’elle la mette en ligne. J’espère que vous aurez ainsi la surprise de découvrir sa position « suspendue en l’air » et que vous pourrez reconstituer mon angle de vue.
La femme est à sa table, absorbée par la flamme
D’une chandelle immense, effilée dans la nuit ;
Contemple-t-elle, absente, un reflet de son âme
Dans son froid dénuement, sans éclat et sans bruit ?
Est-ce elle ou notre effroi que nous donne à mirer
Le Maître de Lumière en son logis de Vic,
Eclairant d’un feu doux le saint ou le péché,
Madeleine ou Saint Jean, l’ermite et le mystique ?
La bure est le ton fort : aucun ciel, point d’azur !
La cire enluminée irradie un front blême
Où le mystère, au cœur de la ténèbre obscure
A pris pour nom Magnificat et Requiem.
Dans sa nuit intérieure où il crée l’incendie,
De La Tour transfigure un visage en prière :
Un calme rougeoyant succède à l’agonie
D’où la main, sans apprêt, fait jaillir la lumière.
De quel peintre s’agit-il ?
(Ne peuvent participer que ceux qui lisent ce poème pour la première fois.)