Quand la nuit est lourde comme un astre de plomb,
J’ai le corps glacé au blanc des néons.
Et j’entends grincer les bandonéons,
La scène de l’hiver qui va se lever.
J’ai le corps heurté à coups de klaxons,
Mon âme qui dit non au matin givré,
Aux voix murmurées, aux bruits des talons,
Des moteurs qui font des gribouillis noirs,
Aux migraines des phares en murs de prison,
Aux questions du temps, aux cisailles du vent,
À l’odeur qui colle d’essence et pétrole.
Et je vois tout près -les yeux grand ouverts-
Je sens dans ma chair le sommeil sucré
Des autres roulés dans leurs draps bleu vert,
Tout près, moi qui erre, le souffle serré.
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Archive mensuelle de janvier 2014
N’écris plus, ne crie plus
Ne dis plus rien
Mange ta peine
Demain, tu ne seras plus rien
Range la haine
Où je t’emmène
Elle ne te servira à rien.
Viens avec moi
Chevaucher les étoiles
De l’extrême
Mange ta peine
Ne dis plus rien.
Le silence te garde
Bien à l’abri
Tu me souris
Il y a la nuit
Qui te regarde.
N’écris plus, ne crie plus
Ne dis plus rien
Mange ta peine
Demain ne sera rien.
Jette ta gêne
La dire ne servirait plus
A rien.
Reprends avec moi
Ce qui fut un chemin
Mange ta peine
En gardant bien ouverte
Ta main.
Je regarde tomber la pluie
Le vent souffle, les arbustes ploient
Les dernières fleurs sont toutes flétries
L’automne fait glisser ses doigts
De quoi allons nous parler alors que l’été s’étiole
L’automne saura-t-il assez nous habiter ?
Derrière la fenêtre les feuillages s’envolent
Aurons-nous toujours un toit pour nous abriter?
Je regarde tomber la pluie
Le vent souffle, un foulard vole
Les fleurs n’ont plus d’habits
Les pétales tous horizons s’envolent
L’hiver qui approche ne sera t-il qu’un cri?
L’automne est là qui nous étreint
Derrière les carreaux, je vois tomber la pluie
Le ciel tout entier semble éteint
Je regarde tomber la pluie
Elle est drue et battante
Le ciel est immensément gris
Des beaux jours, je suis dans l’attente.
Le soir tombe comme un habit de mort
Le soleil n’a brillé que par son absence
La pluie et le vent nous éloignent du port
Dans mes rêves, vous y cheminiez en silence
Je regarde par la fenêtre
La pluie n’a de cesse de tomber
Demain le ciel sera bleu peut-être
L’automne a dévoré l’été.
Poète marchand de nuages dit Baudelaire
Et moi j’avais longtemps gardé la tête en l’air
où flottaient des anges crépusculaires
en aubes bleues et tendre rose
Tu as illuminé la poésie des couleurs
de cette sublime candeur
et même les mystères de la foi
que l’on retrouve quelquefois
sur les murs glacés des cathédrales
Enfant des tremblants miracles
qui transforme les morts-vivants
d’un monde insignement insignifiant
en bergers d’une moutonneuse féerie
je m’émerveille de ton bestiaire
qui anime mes insomnieuses nuits
J’aime surtout le coq flamboyant
échappé de la grande pâque russe
qui vient picorer la descente émaillée
de mon lit de fleurs orphiques
Et puis l’âne sacré de la Bible
portant docilement mes vierges amours
par-dessus les toits de la ville
jusqu’aux jardins éthérés d’un nouvel Eden
Pour prendre connaissance des différents Grands Prix nationaux de la Société des Poètes et Artistes de France décernés cette année dans les différentes catégories, cliquer sur le fichier ci-dessous :
REGLEMENT des Grands Prix 2014 14a
Pour obtenir le règlement de ce concours, cliquer sur le fichier ci-dessous :
RéglementGRAND PRIX DES POETES LORRAINS 2014
Nous avons un projet d’anthologie papier, à publier en 2014, des meilleurs pantouns publiés ou reçus par la revue.
Or cet appel court jusqu’au 31 janvier 2014.
Il n’est donc peut-être pas trop tard pour certains qui voudraient s’essayer à cet exercice, et peut-être figurer dans cette anthologie, même si le prochain numéro électronique de Pantouns est pour mars.
Merci d’avance aux membres de la SPAF pour leur soutien.
Georges Voisset
Dans les bourdonnements du jardin orchestral, les pas cristallins de l’archange solitaire, semant l’heure pianistique d’une si claire confidence ; allée des désirs gracieux, entre les topiaires ciselés de la mouvance des archets, les fontaines en pluie de lumière, dans la ronde de flamboyantes couleurs…
Et dans la rosée, la phrase du bout des lèvres humectée, offerte à l’instant élu qui s’étonne pourtant de sa propre conception ; majeure épanouie dans le bouquet des profondes simplicités, qui emporte le cœur dans les commotions de la beauté.
Intime pudeur en quatuor où se mire la nostalgie d’un astre inaccessible. Le fuseau des cordes pour esquisser les traits d’ombre qui souligneront dans la profusion de lumière, les flots de la ligne pure. Ici se transcendent toutes les misères dans une ingéniosité si limpide qu’elle nous restitue la dentelle des émois.
Haute couture de soie, de broderies, de volutes, et le sourire congénital à cette légèreté précieuse découpée dans le vif du ciel, là ou le séraphin garde la porte du paradis. Labiales des sens en consonances de douceur et d’allégresse : infinie variation de la même essence, du même parfum charmeur, dans l’alchimie de la mesure et des sons.
Derrière la transparence des voiles vibrent les charmes exquis, fardés de pudeur.
Enfant de l’art identifiable entre tous les sortilèges bienheureux. La tristesse même n’est qu’une vaporeuse évocation dans cet éternel printemps !
Organisé par la Société des Poètes et Artistes de France (SPAF) – Délégation Midi-Pyrénées et ouvert du 1er janvier au 15 mai 2014.
Pour obtenir le règlement, cliquer sur le lien ci-dessous :
Concours SPAF Midi-Pyrénées 2014
Quand j’ai vu ta beauté
Sur le pas de ma porte,
Ma raison était morte,
Mon angoisse, oubliée.
Ton visage raffiné
Avait une présence forte,
L’homme te faisant escorte
S’en trouvait effacé.
Tel qu’on me l’avait dit
Tu avais la gueule d’ange
De ces mannequins étranges
Des vitrines de Paris.
Comme un chat dans la nuit
Tu avais l’œil qui change,
L’iris fait d’un mélange
De ciel bleu et de suie.
Elégant, l’air hautain,
Tu entrais comme l’enfant,
Un peu tendu, distant,
Mais lent comme le félin.
Sans geste, regard en coin,
Tu t’assis calmement,
Tu parlais rapidement,
Voix claire et l’air serein.
Noyant tes arguments
D’un discours incertain,
Tu devenais soudain
Friable et attachant.
De ton sourire, surgit
Comme un tir lumineux
Qui me découpe en deux,
Ton mystère me détruit.
Mais déjà tu t’enfuis,
Héroïque et gracieux,
Mince, aux muscles nerveux,
Rassasié, hors du lit.
Et c’est comme du poison
Qui m’atteint et je pleure
Au souvenir d’un bonheur
Qui s’envole au plafond.
Seul le silence répond
À ton parfum qui meurt
Sur l’oreiller à fleurs
Qu’avait creusé ton front.
Mer
mer génésiaque,
mer de certitude absolue,
mer accourue du tréfonds des âges sonores,
mer nourricière des hautes colonnes ecclésiales,
mesure à mesure, exacte houle et houle exultante pour clamer la joie juvénile, pour proférer la foi festive ; houle portée parfaite par le peuple des anges dans les feux du prisme musical… Ah les croisées de ces lignes si pures à nouer et renouer les cordes exaltées dans la tessiture de la trame tenace ! Houle encore battant l’éblouissement de ses éclats à l’ouverture de la fresque céleste…
Mer matrice mathématicienne, enfantant le soutenu à l’infini, et pas de pèlerin dans les registres de la voix humaine, sûre du chemin à parcourir dans la résolution de l’âme première; l’entrain singulier et pourtant si simple surpasse la cadence des légions césariennes. Cette allure a déjà conquis tous les modes et marche encore dans son inlassable transgression.
Clameur en chamade cuivrée, ourlée de lèvres en épousailles d’une même modulation ; entrelacs de la langue dans les couleurs processionnaires ; lignes ascensionnelles du discours vers le sublime sacré.
Dans la palette des émois, la tessiture du hautbois cursif ou la chaude parole d’un cuivre déclamatoire sculptant une métope en mode dorique.
Bientôt l’équilibre bienheureux dans le suspens des phrasés, et l’élévation de l’âme en plénitude, quand l’harmonique prolonge son arrêt sur cœur.
La symétrie d’Apollon-concepteur tient le monde sur une corde chantante si longue qu’elle unit Hildegarde et le cantor de Leipzig dans une même offrande musicale… O plénitude !
Bruissante forêt aux dix mille fûts, aux cent espèces et aux rares essences ; tous les vents du monde y insufflent une sève vivifiante et les timbres de la console peignent les voûtes des chapelles intimes.
S’élance la phrase exclamative, essentielle issue d’un livre sacré, des antiques vérités, et de la grammaire grégorienne ; s’élance dans l’ample creuset de la partition en fugace cheminement, prestement suivie de ses ombres gigognes dans la déclinaison d’une irrévocable assertion. Des multiples reprises des fondations s’élève une brodeuse architecture et le doigté aérien file la toile dans l’allégresse irrésistible du métier.
Nef dans la nef, proue colossale, proue vertigineuse à l’aplomb des introïts solennels ; au lever de la tempête, dix mille bouches d’une seule voix jubilante, pour emplir les abîmes de la méditation achevée, la parole révélée, d’un même élan jusqu’aux croisées d’ogives !
Dans les rondes majeures, la solennité d’un arc-en-ciel, puissance du souffle à son tremblement ; double quarte qui s’oublie dans une infinie et éternelle acception, dans une infinie et éternelle vérité… Dense félicité en résonnance d’un point d’orgue monumental !
Au lointain de perfection, des portes d’or s’ouvrent sur une transfiguration.
Et puis la sous basse en sourdine pour sonder les mystères de la foi ; âme esseulée courant des travées imaginaires, fidèle aux mains inspirées dans le fleuve d’une écriture improvisée. Ces chemins aventureux franchissent pourtant des terres de connaissance vers un lointain si dense qu’il chante une prière.
Primesautière allégresse des arabesques dans l’exploration de toutes les possibles légèretés de la perpétuelle invention…Sensualité des timbres en duetto enlaçant des colonnades manuélines ; et puis halètement, course folle, danse joyeuse de l’âme éprise de tant d’efflorescence.
Dire et redire encore dans toutes les langues chantantes la Babel musicale incessamment ressurgie de ses ondes : la voici illuminée de tous ses feux, la voici dans sa chape orchestrale aux glorieux éclats. Magnificat !
O joie grandiose, libre effervescence dans les flots ininterrompus de l’œuvre vivante !
Lignes de beauté incommensurables !