Le destin trop cruel a séparé nos corps,
Mais mon âme et ton âme, à jamais enchaînées,
Ensemble graviront tout au long des années
Le noble et dur chemin au bout duquel tu dors.
(Simone PONSOT)
Le destin trop cruel a séparé nos corps,
Mais mon âme et ton âme, à jamais enchaînées,
Ensemble graviront tout au long des années
Le noble et dur chemin au bout duquel tu dors.
(Simone PONSOT)
Malgré l’âge et le temps qui fatiguent le pas,
Tu gardais tant d’éclat, après un long parcours,
Qu’il semblait insensé que vienne le trépas
Graver le mot “jamais” sur celui de “toujours”.
Dans le devoir, toujours, et ton ouvrage fait,
Sur l’arbre, à tout jamais, tu laisses le bourgeon,
Une nouvelle vie, un plus récent portrait
Qui découvre le tien au cœur d’un médaillon.
Telle une chaîne d’or qui finit les atours
Et porte l’effigie, – avers à tout jamais -,
Par tes petits enfants, tu seras là toujours
Car tu poses sur eux un aspect de tes traits.
La vie est un joyau sans écrin de velours
Qu’un jour la mort reprend sous le marbre de jais
Mais, puisqu’un chant d’amour exalte les “toujours”,
Je sais que, par le mien, tu vivras à “jamais”.
Avec ces bruyères et ces jolies fleurs,
Avec aux arbres autour, une fois encore,
Ces feuilles d’or en décrépitude qui meurent,
Elle avance,
Elle avance un peu plus sombre,
Chaque premier novembre, avec certitude,
La mort.
Tous ces gens debout devant les tombes, alors,
Graves et raides, ces vieux
Aux longues barbes, aux blancs cheveux,
Engourdis dans leurs beaux habits,
Terreux, comme s’ils venaient d’en sortir,
Des tombes,
Et ces autres, priant et pleurant,
Comme s’ils s’apprêtaient à y entrer,
Sur le seuil de la nuit, le cœur déjà mourant.
Destins fragiles et mortels
Subodorés auprès des stèles
Où reposent les dépouilles des pères,
En tout, n’ayant passé que quelques décennies
Sur l’éternelle terre.
Les gens voient les ombres de ces pères,
Les pères qu’ils ont aimés,
Leurs ombres qui se meuvent sur la pierre ;
Ils distinguent leurs visages surgis du passé,
Ils voient l’infâme, ils voient l’éphémère,
Et, d’un coup, les voilà prêts, le jour même,
À rendre leur âme, comme çà,
Là, dans les effluves des chrysanthèmes.
Oh ! elle avance un peu plus sombre,
Chaque premier novembre, avec certitude,
La mort.
Au-dessus de mes os, le soleil de septembre
Avait chauffé la peau de pierre d’Italie
Que nettoieront bientôt pour rendre son poli
Mes enfants aussitôt qu’arrivera novembre…
Sa chaleur en défaut, aussi tiède que l’ambre,
Me poussait son cadeau jusqu’au fond de mon lit
Avant qu’avec leurs seaux, leurs brosses et leur folie
Ils enlèvent à grande eau sa vie de tous leurs membres…
En effet, les lichens, tout heureux d’avoir su
S’accrocher non sans peine sur ce marbre tout nu
Me rappelaient ma joie du jour de leurs naissances !
Alors, tel un vivant râlant sur ses soucis
Mon squelette sans voix soupira d’impatience
En attendant le temps de l’archéologie !
C’est un très vieux cimetière
depuis des siècles encerclant
la belle église tout en pierres
d’un petit village mourant
sur ses vieilles pierres tombales
noms et dates sont effacés
et d’époque médiévale
sont pour la plupart brisées
les mauvaises herbes ont bouffé
ce qui reste de leur histoire
comme un jardin abandonné
par une vie au désespoir
leurs descendants ont oublié
ou sont partis vivre ailleurs
pris par la vie, comment penser
c’est si loin comme le bonheur
certainement qu’un de ces jours
quelques villageois émigrés
reviendront chez eux par Amour
car ils n’ont pas pu oublier
et, dans leur vieux cimetière
feront vivre la mémoire
et chanter les vieilles pierres
de leurs ancêtres méritoires.
Gérard Bollon
Les rides apparaîssent,
marquent la flétrissure de l’âge
et la vieillesse nous a gagnés peu à peu,
nous laisse comme marcescents
accrochés à l’arbre de vie.
Le jour où l’on en tombe,
la mort à fait partie de notre vie.
Toussaint humide et blême.
L’automne larmoie
Des chapelets de feuilles mourantes
Sur les joues mélancoliques
D’une journée languissante.
Le crépuscule a commencé dès l’aube.
Le ciel a gardé closes ses paupières :
,Avare de lumière,
Il n’étale que du gris
En débandade
Entre sapins figés et nuages obèses.
Les lignes s’estompent
Sur l’horizon épuisé.
Les teintes s’anéantissent et sombrent
Dans les gifles de pluie.
Seuls débordent de couleurs
Les cimetières,
Où les vivants chargés de fleurs,
Chuchotent des souvenirs
De mort et de douleur.
Toussaint humide et blême
Les fleurs de mon enfance, autres pour la Toussaint,
Répandaient sur mon âme un baume imaginaire
Car je ne connaissais, de l’oncle poitrinaire,
Que son nom sur la tombe et son portrait succinct.
Les larmes de Grand-mère arrivaient à dessein
Pour clore l’oraison, rituel centenaire,
Et nous suivions le pas d’un valétudinaire
Qui tremblait en serrant un bouquet sur son sein.
Mes défunts d’aujourd’hui sont des êtres que j’aime
Mais je ne pose rien, pas même un chrysanthème,
Sur la pierre glacée à l’ombre du caveau ;
Car mes chers disparus survivent dans ma tête,
Un monde romanesque issu de mon cerveau,
Et nul ne me dira quand célébrer leur fête.
(Extrait du recueil Rouge et noir Eden publié en 2005)
Merci pour vos avis, critiques et conseils
Arrête ! Ecoute-moi, voyageur. Si tes pas
Te portent vers Cypsèle et les rives de l’Hèbre,
Cherche le vieil Hyllos et dis-lui qu’il célèbre
Un long deuil pour le fils qu’il ne reverra pas.
Ma chair assassinée a servi de repas
Aux loups. Le reste gît en ce hallier funèbre.
Et l’Ombre errante aux bords que l’Érèbe enténèbre
S’indigne et pleure. Nul n’a vengé mon trépas.
Pars donc. Et si jamais, à l’heure où le jour tombe,
Tu rencontres au pied d’un tertre ou d’une tombe
Une femme au front blanc que voile un noir lambeau ;
Approche-toi, ne crains ni la nuit ni les charmes ;
C’est ma mère, Étranger, qui sur un vain tombeau
Embrasse une urne vide et l’emplit de ses larmes.
José-Maria de HEREDIA (1842-1905)
A la veille du 1er novembre, j’ai le plaisir d’introduire le nouveau thème avec une toile d’Auguste Renoir (1841-1919) et un poème de José-Maria de Hérédia (1842-1905).
J’espère que ces deux oeuvres seront un moteur pour tous les peintres et poètes de la SPAF Lorraine qui participent à l’animation de ce blog.