Rien ne le fit renoncer
À courir encore une infime chance,
Un espoir insensé :
Aller absolument jusqu’au Phare des Baleines,
Passer le pont de l’Île Blanche,
Absolument passer ce pont,
Même au cœur de la tourmente, à perdre haleine,
Et prendre la route de Saint-Martin
Pour disparaître un temps et reparaître au vent,
Au sommet du phare et crier ton nom,
Comme un matin le ferait un muezzin dément,
Comme d’un minaret, d’une montagne, d’un mât
Ou du haut d’une antenne,
Mille fois crier ton nom, l’envoyer, le jeter
Vers l’océan mauvais qui met tant de distance.
─ Il est mauvais à la pointe de l’île, l’océan,
Il met tant de distance ─
Malheureux, brisé de fatigue,
Il désespéra, sur la borne du monde.
Et toi, outre-Atlantique, là-bas,
Sans doute en Amérique,
Si loin, toi, au bout du parvis, sourde à sa voix,
Hors de portée, toi, si belle, image éternelle,
En Amérique, ce monde halluciné
Aux confins de l’océan mauvais,
Et votre amour magnifique que jamais je n’oublierai
Et toi, jamais pourtant qui ne revins,
Qui sans un signe le laissa
Et lui qui d’en haut, d’un coup, se jeta,
Son âme vers toi s’envolant
Comme un superbe goéland.
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