Ne pas se couper l’herbe sous le pied !

Suite à vos envois de nouveaux textes pour alimenter notre blog, j’aimerais attirer votre attention sur le fait de ne pas mettre sur le blog les poèmes qui participeront au concours du Grand Prix des Poètes Lorrains et Alérions 2009 !!! Car cela serait contraire à la clause d’anonymat et risquerait donc de vous disqualifier !
Vous pourrez les envoyer plus tard, après la publication des résultats.

Règles de présentation des poèmes

Merci pour vos envois ! certain(e)s sont hyper rapides !!!
J’en profite pour vous demander de respecter certaines règles lors de la dactylographie de vos poèmes : police Arial ou Times New Roman taille 12 dans Word ou Works et si possible, remplacer les retours à la ligne ¶ par la flèche   »retour » qui s’obtient  en appuyant sur la touche Majuscule+Entrée qu’il faut répéter deux fois pour marquer un paragraphe. Alignement à gauche sans alinéa ni aucune mise en forme.
Désolée du côté un peu technique de la chose, mais cela me permettrait de faire un copier-coller pur et simple, ce qui élimine les risques d’erreur (car je suis parfois obligée de réérire certains poèmes parce que le blog ne prend pas en compte la mise en forme appliquée). Pour les photos, le format doit être impérativement .jpg et si possible redimensionnées afin qu’elles ne soient pas trop lourdes.
Tous mes compliments à Rosaria qui m’envoie toujours des poèmes « pile poil » prêts à être insérés dans le blog ! Cela dit, que ceux qui ne pourraient pas, pour une raison quelconque, respecter ces règles ne se privent pas de m’approvisionner en textes et photos, je prendrai le temps de les reprendre.

Forêt légère

fortlgre.jpg

Mes poèmes lointains

Un jour, j’inventerai ma propre langue
Pour des poèmes lointains à nul autre pareils.
J’imaginerai des mots libres, dans ma délirance,
Des mots inconnus, mais pour vous comme des évidences. 

J’engendrerai un art révolutionnaire,
La beauté nouvelle purifiée,
Découvrant des images insoupçonnées jusque-là,
Des métaphorages inaccessibles à l’intelligence ordinaire. 

Je chercherai, dans la cacophonie, des accords nouveaux ;
Et l’invraisemblable deviendra vraisemblable.
Je trouverai des verbes inusités,
Des particules inconvenantes
Dont j’userai, qui conviendront et vous parleront. 

Je composerai une poésie concrète, concentrée,
Semblable à l’incompréhensible et cependant limpide,
Une compoésie que l’on dira inédite, secrète,
Voilée, mais faite pour se dévoiler à qui la lira. 

Je concevrai aussi dans l’intime de mes vers un jeu sonore,
Plus sonore et plus beau que de la musique :
Des murmusiques mesurées indéfinissables. 

Mais oui, j’escaladerai par paliers, jusqu’au sommet,
Ma montagne de brouillaminis,
Et quand vraiment il me sera impossible d’aller plus haut,
Quand, toujours, je ferai le même poème, idéal et habile,
Et quand encore les ailes et les élans
Vers le rêve seront inutiles,
Je la tuerai, ma poésie ! 

Lors, laisserai l’écriture dans ses flaques de sang
Et ferai de la peinture, au bas d’un autre versant. 

Résultats du sondage du 26 janvier 2009

A la question : « Etes-vous plutôt poésie libre ou poésie classique ? », 33 visiteurs ont voté :
25 pour la poésie libre
8 pour la poésie classique
Le résultat est sans appel ! J’avoue que j’ai profité de mon statut d’administrateur du blog pour laisser le sondage en place dans l’espoir que la tendance s’inverse !… En vain !… Je crois même que l’écart se creusait au fur et à mesure que les votes arrivaient !!!
Un nouveau sondage est en place, sur votre assiduité aux concours. J’ai moi-même été très accro des concours littéraires tous azimuts. Une année, j’ai participé à 33 concours !!! Complètement folle, la Zaz !!!
Une certaine lassitude et une surcharge de travail m’ont fait basculer dans l’excès inverse… Je ne participe plus qu’à celui de la SPAF Lorraine…

La pluie

La ville ce matin s’est réveillée en pleurs.
Quelques heures plus tôt, la lune était partie
Vers d’autres horizons, par la brise avertie
D’un orage imminent sur les balcons en fleurs. 

Face à la violence à peine retenue
Des vents presque mauvais dans ce décor plombé,
Accablé de chagrin le ciel a succombé,
Et des larmes de verre ont mouillé l’avenue. 

Dans la pâleur de l’aube elles coulent toujours,
Laissant sur le carreau des traces cristallines,
Comme un code secret de lettres sibyllines,
Anagramme annonçant la fin de mes amours. 

Moi, si j’étais la pluie, avec délicatesse
Je me déposerais sur l’or de tes cheveux
Et m’en irais mourir, au son de tes aveux,
Sur ta bouche aux côtés d’un soupir de tristesse. 

(Extrait du recueil « Amours multiples »). 

Mélopée

La Nature contrée, cloîtrée,
Cloisonnée, tronçonnée,
Débitée en morceaux,
Domptée, troquée même, 

Dénaturée en somme.
Et nos contrées dévastées.
Il entend la maîtriser, l’exploiter,
La dominer même, non mais… 

Et par son progrès qui fait rage
S’étend le carnage, elle se défend.
On entend gronder l’orage
Les pluies diluviennes, ouragans. 

Elle résiste, ça fait débat.
Ses richesses dilapidées
Par
Pierre, Paul, Jack,
Ramesh, Ibrahim ou Chang 

Qui, dame, oseraient la piller…
Pour la détruire sans vergogne
Cette arme de destruction massive
Sans H, c’est l’omme. 

Son savoir, ses connaissances,
Ses découvertes et ses trouvailles
Déchoient, se noient devant
Son arrogance qui fait loi. 

Et la nature, elle, vaille que vaille
Revient au galop, livrer bataille,
Eclopée, reprendre ses droits
Et ceux de ses ouailles. 

Gare aux indignes ! 

Hauts-fourneaux de Pompey – le décrasseur

pomp02.jpg

Un arbre

Une arborescence perchée sur un tronc, sculpture vivante du peuple des forêts, une touche verte respiration des villes, un hôte des oiseaux et leurs chants, un musicien en bruissements sans qui le vent soufflerait le silence.

Les vers extrêmes

Il est des vers extrêmes
Venus des abîmes,
Comme des complaintes lancinantes
Que seuls les enfants insensés
Et les vieux à demi gâteux
Peuvent aimer :
Juvénile indolence
Ou sénile démence.

Ils écoutent sur la roche noire,
Dans l’éclair du poème,
Le ruissellement fantasque de l’eau,
Le flot du torrent dissolvant, les mots,
Toutes ces gouttes
Qui emportent tout. 

Sous les rayons clairs
Qui percent les branchages,
Ils devinent aussi,
Plus qu’ils ne voient,
Les gouffres effrayants.
Alors, ils commencent leurs rêves :
Les rives fraternelles,
Les ailleurs mythiques, parfois,
Et toujours l’éternité bleutée. 

Sydney

sidney.jpg

La raison d’être

Quand la lumière du monde caresse le berceau de la vie,
Que l’on s’offre au monde et que tout nous sourit,
On est loin de pouvoir imaginer,
Ce que peut être la destinée.
Tel un gladiateur entrant dans l’arène,
Affrontant la foule qui acclame et se déchaine,
Faisant face à la folie humaine avec pour seules armes,
L’amour et la foi que rien ne désarme.
Chaque jour apporte son lot de bonheurs, de combats et d’ennuis,
Laissant péniblement l’Etre entrer dans le zénith de la vie,
Ne serait-ce qu’un instant pour souffler,
Se sentir apaisé et réconforté par de précieux alliés.
Car on ne peut gagner seul cette bataille d’amour et de haine,
De tendresse et de tristesse, de joie et de peine.
Ressentir le désir de partager nos larmes,
Dans le bonheur, pour mieux s’unir pour affronter nos drames.
Et quand le crépuscule du monde caresse le tombeau de la vie,
Que l’on offre au monde un petit Etre qui nous sourit,
Même dans une longue et douce étreinte on est loin d’imaginer,
Que nous avons embrassé notre destinée.
Tel un vieillard fatigué passant le flambeau et déposant ses armes,
Pour un ultime voyage vers les siens, dans la vallée des âmes.
Ainsi va le cycle incessant de la vie,
Quand la lumière du monde caresse le berceau de notre vie… 

Angel 

Sony Remetter

sony4.jpg

Né le 09 juillet 1977, à St DIE des Vosges, Sony est le fils unique de Serge et Monique REMETTER , figures emblématiques du monde des forains de Lorraine. De son enfance passée dans l’univers magique des fêtes foraines, Sony a développé très tôt le sens du rêve, de la fantaisie. Une ambiance familiale très chaleureuse lui a donné le sens des vraies valeurs et de la chaleur humaine. Ayant rencontré Véronique, sa Muse blonde aux grands yeux bleus, Sony devient, en 1996, papa, à 19 ans, de Sidney, puis, en 1999, de Sulyvan. Il se marie, le 22 janvier 2000, à Moyen, où il vit avec sa famille. Sony est un artiste dans l’âme, développant tout d’abord ses talents, pour le plus grand bonheur des siens, dans le domaine culinaire. Il enchante ses invités très agréablement surpris de petits plats très  à faire pâlir d’envie bien des toques blanches. Cependant, ce jeune père, passionné de dessin,de peinture, montre une véritable prédisposition pour l’écriture, passion qu’il a su transmettre à ses enfants. ll présente, en 2003, ses poèmes au Prix de Graffigny organisé à Lunéville, et se voit décerner une Médaille d’Argent .

Participant au Grand Prix des Poètes Lorrains il obtient  une Première Mention en 2005, puis en 2006 . Un Diplôme d’Honneur en 2008 et, connaît le bonheur de voir Sydney obtenir le Prix Arthur RIMBAUD en 2007. 

Prix des écrivains d’Alsace-Lorraine

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Joute poétique proposée par l’APAC

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Coulée au haut-fourneau 1 de Pompey

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Aurore rouge

Quand succédant à l’obscurité de la nuit,
Survient l’aurore renouvelant ses serments
De paix, le monde reprend ses airs d’ennui,
Quand on lui parle de tuerie, de dénuement.

Alors que certains les comptent, d’autres en font des promesses
De tant de prisonniers, de blessés et de morts,
D’autres les pleurent, hurlant, gémissant leur faiblesses
Devant le sang versé, lamentable décor.

Ne peut-on espérer un monde sans guerre ?
Et faut-il se battre de nuit comme de jour
Contre certains préjugés venus naguère
Obscurcir l’horizon élevé par l’amour.

Chacun revendique ses droits, marche et en est tracassé
Contre la hausse on conteste, pour finir on s’abaisse,
On cesse le travail  » pour la liberté de la presse  »
Mais que fait-on pour acquérir et mériter la paix ? 

Les lueurs bleues

La route, au bout, maintenant,
Qui déroule devant dans la chaleur,
Rutilante sous l’air qui tremble,
Me portera juste au milieu du ciel. 

J’atteindrai les lueurs bleues
Où, dans l’immensité des champs,
S’évaporent, ainsi que des oiseaux,
Les formes et les corps. 

Je verrai la métamorphose
De la réalité en l’imaginaire,
Du réel en l’idéal,
Et le chemin diurne de la rêverie
Deviendra lentement,
Vers le fond de la nuit, celui du rêve.

Je serai prince peu à peu
De ce royaume bleu
Dans la lumière profonde,
Tranquille et pure,
D’un bord à l’autre, diffuse,
Sans éclairs et sans éclats. 

Aux fontaines, aux avenues,
Aux vitrines de la ville de safre,
Aux murs et sur les toits,
Des teintes magnifiques,
Turquoise, pervenche ou marine
Et, qui volettent çà et là,
Oh ! pénétrantes, sans mesure,
Des phrases poétiques,
Sur des feuilles d’azur. 

Avenir laminé

Qui a soufflé les flammes de nos usines?
Qui a éteint le feu sacré?
Notre ciel orphelin a perdu ses éclats de fête.
Les chardons hérissés
Griffent les nuages gris. 

Qui a étouffé les cris métalliques
De mon pays dépossédé?
Les orgues de nos usines se taisent,
Fausse note d’une symphonie inachevée,
Dernier soupir d’un silence désaccordé. 

Les joueurs de capitaux
Ont culbuté nos hauts fourneaux.
Sur un coup de dés pipés,
Ils ont aligné les chiffres dérisoires
D’un avenir laminé. 

Poésie extraite d’un diaporama à découvrir sur notre pays de fer, de feu et d’illusion.
En suivant ce lien. Fichier- diaporama à télécharger.
AVENIR LAMINE 

http://www.gdesroches.com/diaporamas_gerard/avenir_lamine900.exe 

Chemin d’espoir – 4. Lendemains qui chantent

Il y eut un avant. Puis, cette main crispée,
D’où un sable léger s’échappait, grain à grain.
L’avenir se troublait, aurai-je un lendemain ?
De la vie, poursuivrai-je, avec toi, l’épopée ? 

Il y eut un avant … il y a un après !
Une page est tournée, chaque jour est surprise
Et chaque aube nouvelle est une gourmandise
Reçue comme un cadeau, le cadeau de l’après. 

Dehors, le rouge-queue transporte les brindilles
Dont il fera son nid et le chardonneret
Lance son chant d’amour, tout en haut du cyprès,
Un serin, dans le bois, lui répond de ses trilles. 

Le ciel devient plus bleu et plus blonds sont les blés.
La pluie ? C’est l’arc en ciel. La grisaille est promesse
D’un soleil à venir. Et tes yeux sont caresse
Pour embellir ces jours qui nous sont accordés. 

Ma prière est « merci », juste action de grâce,
Pour ce nouveau soleil montant à l’horizon,
Pour ces enfants rieurs jouant sur le gazon,
Pour l’espoir retrouvé. Pour ton bras qui m’enlace. 

Et peut-être verrai-je, un jour, Dieu me l’octroie !
De mes petits-enfants le premier enfançon,
Lors, j’irai butiner, dans ses yeux, sans façon,
L’amour et le bonheur, l’innocence et la joie !     

L’avenir nous attend,
Retrouvons l’agora
Et vivons notre temps,
La faucheuse attendra. 

Anderny nostalgie

Anderny, petit village,
Je t’ai connu plein de vie,
En cinquante-neuf, quand tu m’accueillis,
Je débarquais tout droit d’Italie.
Petit village cher à mon coeur,
Je te revois dans toute ta splendeur,
En ce temps-là, c’était une vraie joie,
Pour moi c’était un grand bonheur !
Au bout de quelques années,
Petit à petit, je t’ai vu te dépeupler,
Tes enfants t’ont tous abandonné,
Dieu sait combien de larmes tu as dû étouffer !
Anderny, petit village
De mon enfance,
En toi j’avais mis tant d’espérance.
Du travail tu n’as pu me procurer,
Depuis longtemps hélas je t’ai quitté.
Avec beaucoup de nostalgie
Je me suis éloignée d’Anderny,
Mes pensées vagabondent sans cesse,
Vers des souvenirs remplis de tendresse.
Je pense aussi à mon père
Que tu as enseveli au sein même de ta terre
Afin de lui offrir son paradis.
Alors, dis-moi comment je pourrais t’oublier !
Tu m’as tellement apporté
Que je t’ai juré mon éternelle fidélité. 

Mars

L’hiver se retira lorsque mars fut venu ;
Fatigué de sévir depuis quelques semaines,
Il s’en alla plus loin dans le brouillard ténu,
Vers d’autres horizons, pour de nouveaux domaines.

Pour effacer la trace encore fraîche au sol
De la neige, la pluie est tombée abondante,
Imposant au printemps la touche d’un bémol,
Incitant la nature à se montrer prudente.

Car chaque nuit le givre imprime avec ardeur
Sur les carreaux gelés des fleurs imaginaires,
Des perles en cristal, ornements de splendeur
D’un costume argenté sous les rayons lunaires.

Le soleil matinal, l’innocent criminel,
Gomme sans le vouloir le décor éphémère
D’un spectacle magique au pouvoir éternel,
Jusqu’à ne plus savoir le vrai de la chimère.

Au lac

Ne me cherche pas,
Je suis au lac ;
Les muses pas plus
Que les cygnes n’y pleurent. 

À l’instant de l’aube,
J’entendrai
Les bruissements indistincts
Et j’attendrai
Les ruissellements cristallins. 

En mon for intérieur,
Des murmures irrépressibles,
Le chant des présences
Et l’enfantement du verbe,
Tous ces mots envasés
Prêts à jaillir du fond de l’eau,
Superbes,
Plus graves que les choses. 

Alors, poème
À l’instant d’abandon,
Poème
Dans l’instant qui passe. 

Mine de Roncourt-Orne-Paradis

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Amertume

Il faut me prendre comme je suis ou me laisser,
M’a dit la rose.
J’ai déchiré mes bras aux épines, et j’ai cueilli la rose.

Il faut me prendre comme je suis ou me laisser,
M’a dit la violette.
J’ai glissé dans les près mouillés et j’ai cueilli la violette.

Il faut me prendre comme je suis ou me laisser,
M’a dit le coquelicot.
J’ai traversé les champs de blé brûlants, et j’ai cueilli le coquelicot.

Il faut me prendre ou me laisser,
Ai-je dit à mon tour en te voyant.
Ne m’as-tu pas reconnue ou as-tu honte de moi ?
Avec mes bras en sang, mes pieds boueux, mes joues en feu.
Pourquoi m’as-tu laissée?
Mais moi… pourquoi ai-je pleuré? 

Les jeunes chênes

                                                                                  A mes parents
Je sais des jeunes chênes déracinés
Par les orages de la guerre,
La terreur de chaque instant
Devant le tribut suprême au calice allemand
Et tous ces sentiments
Plantés au coeur d’adolescent,
Effroyables et fous.
À dix-sept ans,
Une âme mutilée en suspension.

Je sais des jeunes chênes déracinés
Par les coups de vent des droits chemins,
Par les croyances, les vertus,
Les entraves des jours laborieux,
Par les brûlures d’un inique purgatoire
Et l’assurance du ciel, plus tard. 

Et puis, le cancer, tel un tonnerre…
La rémission, l’espoir né, illusoire…
Le cancer, encore, plus fort… 

Vinrent alors
Les jeunes morts. 

Il en va des hommes comme des oiseaux
Aux heures livides de la nuit
Qui s’en vont,
Laissant le vide dans leur nid,
Les remords aussi
De ne les pas avoir regardé vivre
Ou seulement vu voler. 

Je sais des jeunes chênes renversés,
Racines vers les nues, branches devenues,
Buvant  leur sève clandestine
À la céleste rosée
Et s’efforçant, je le devine,
De me nourrir encore. 

Mine de Mairy – 31 mars 1991

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Départ

Triste est mon coeur,
La nuit se meurt.
Trop tôt le jour
Apporte sa lueur.
Triste est mon coeur.
La rancoeur n’a laissé dans mon âme
Que tristesse, que pleurs.
Triste est mon coeur.
Dans le silence,
Tu vas partir et je resterai là,
Pleurant tout bas.
Oui l’aube paraît trop vite,
Pourquoi faut-il que l’on se quitte ?
Que m’importe à moi l’envol du temps,
Je voudrais tant retarder l’aurore.
L’ombre s’enfuit,
Adieux beaux rêves,
Où les baisers s’offrent comme des fleurs,
Nuit de senteurs.
Mais pourquoi faut-il que s’achève
Ce beau rêve enjôleur.
L’ombre s’enfuit.
Ma lèvre hésite
A murmurer après de doux aveux,
Des mots d’adieu.
Si l’amour n’est que mensonge,
Un parfum triste qui ronge,
S’il est vrai que ta lèvre ment,
Dis-toi pourtant cher amour
Que toujours je t’aime. 

Monsieur Léo

Tout au long, je l’écoute,
En mon vertige déniaisé, il m’envoûte.
Le chanteur parfois ne chante plus,
Il valse, il articule, il vibre, il jazze
Et même, il gueule sa poésie et sa fureur,
Sa peine et sa révolte qui embrasent ses phrases. 

Il va et vient de Pépée, l’chimpanzé assassiné,
Aux pépées qui s’cramponnent au pavé,
Des poètes qui chlinguent d’la tête et des pieds,
Aux enfants, aux artistes, aux mecs et aux chiens
Sur les trottoirs glacés des bistrots parisiens. 

Poète-musicien, poète,
Un piano dans l’idée, dans l’regard et la voix,
Il aime les beatniks et les guillotinés,
Les romantiques, les étrangers, les Espagnols
Et sa musique, diable ! sa musique est bonne ;
Quelquefois, elle s’envole, symphonique. 

Il y fout la mer et la mort qui meurt,
L’anarchie et la solitude qui s’rock and rollisent,
L’amour accoudé au temps qui  passe, cruel,
Et ses refus, ouais, ses refus qu’il mélancolise, mam’zelle. 

Il est l’inventeur, l’inventeur verbal génial,
Charriant des chouettes torrents de mots,
Des harangues violentes et sacrées
Dedans des gerbes de notes qui tanguent,
Des mots bien rangés
Dans le chargeur d’alexandrins de son âme verticale,
Des mots qu’il expulse soudain comme des balles
D’un fusil-mitrailleur qu’il tient entre ses dents. 

Avec tes longs cheveux, blancs comm’ l’hiver,
T’as mis les voiles un matin pour l’désert,
Me laissant crécher ici, tout seul, dans ton univers.
Eh ! Monsieur Léo, tu n’es pas mort,
Sur mon vieux phono, tu gueules encore ! 

 

Mainville. Le chevalement sous la neige. 1992.

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