Un grand merci à Simone Gabriel qui m’a envoyé les photos prises lors de la manifestation.
S’il est des monuments qui font vibrer nos âmes,
Envoûtant nos esprits sous leurs grandes ogives,
Que renaisse l’espoir, que grande foi revive :
Voici les Notre-Dame !
Maître d’œuvre inconnu, toi l’antique ingénieur,
Depuis la dédicace en passant par les tables,
Tu vis entre tes mains s’ériger, véritable,
Le Temple du Seigneur.
Argotique travail élançant dans les cieux
Le plus grand des vaisseaux ! Espace en extension
Tenu en clefs de voûte où règnent les tensions !
Equilibre audacieux.
Son chœur vers l’orient est une immense proue
Pourfendant sans répit le courants telluriques ;
Voyage en l’infini vers la source cosmique,
Prions qu’il ne s’échoue !
Ainsi l’homme placé en son centre alchimique,
Inondé de lumière en ces divins espaces,
Lentement s’irradie sous le feu des rosaces
Qui veillent, magnifiques !
Ces sublimes instants, ces instants merveilleux,
Transforment sa pensée, son âme et puis sa vie,
Et l’emporte soudain, vivante eucharistie,
Au séjour de son Dieu
Et pendant ce temps là, dehors, sous les portails,
La foule en vague noire étouffante et bruyante
Tourne autour de la nef en carène imposante,
Cherchant le gouvernail…
O toi l’homme égaré ! Debout ! Et ne défaille.
Catalyseur vivant de ces forces divines,
Cathédrale de chair, tomberas-tu en ruines
Comme simple muraille ?
Jean Pierre RECOUVREUR ( 1948 – 1981 )
Grand Prix des Poètes Lorrains 1979 pour son recueil intitulé : « Haut les cœurs »
A Coluche
Je laisserai dans mon sillage
Des salades, un peu de fromages,
Le pipeau des belles fadaises
Tombées en rideau à la braise
De tous les attrape-nigauds
Lutte classée des gens chassés
Tuer à moto le chagrin
Droguer sa déveine aux gaz pleins
Muer ses idées en cavale
De l’impuissance face au mal
Dommage !
Politiquement menacé
Découragé, las je décroche
Bat en retraite et déménage
Abandonne les anicroches
De ce système qui se ronge
Tout seul !
J’ai agi de mon mieux
Pour animer les malheureux
Suis passé à l’action
Des entraves plein les harpions
Signé LES BIENFAITEURS DE L’HUMANITE
Il rêvait d’une Dame en un songe abîmée
Dérobant la lumière aux couleurs d’un vitrail
Pour orner de carmin sa lèvre de corail
Et velouter de rose un profil de camée.
Une apparition par l’aurore embaumée
Brillant dans la clarté de ce faisceau d’émail
Et protégeant les plis neigeux de son camail
Des caresses du vent qui l’aurait trop aimée.
Il a cherché si loin sur son noir palefroi
Tant fait virevolter de sa cape l’orfroi
Alors que tu t’ouvrais lentement à la vie…
Il sema sous tes pas une gerbe de lys
Et puis offrant à Dieu son âme inassouvie
Il emporta l’écho de ton nom, Annelys.
Le murmure de la terre
A l’aube du printemps
Fait danser le lierre
Au son du violon
Et le jardin s’éveille
Chantant et chuchotant.
Le murmure de la terre
A l’aube de l’été
Fait danser les primevères
Au son de la clarinette
Et le jardin s’éveille
Chantant et chuchotant.
Le murmure de la terre
A l’aube de l’automne
Fait tomber les asters
Au son du hautbois
Et le jardin entre en sommeil
Dormant et reposant.
Le silence de la terre
A l’aube de l’hiver
A endormi les plantes potagères
Au son du tambourin
Et le jardin s’endort
Profondément profondément.
Les jeunes années
aux jeunes insouciances
sauvées par leurs rires
qui se prennent au jeu
La montée de sève
au pic printanier
d’un engouement poussé
à reverdir la chair et la fibre
L’éclipse du malheur
apparue aux pleurs
qui nous renvoie au soleil
d’un nouveau feu de joie
Le doux grain de folie
piment des jours trop effacés
qui prend à bras le corps
l’obstacle des lassitudes
Le tendre moment osé
qui s’abandonne enlacé
à dire pour toujours
et faire d’un jour le plus beau
parce qu’à l’amour il ne faut jamais dire jamais.
La pensée poétique est un grand voilier fier
Voguant sur le courant des phrases cadencées ;
Larguant voyelle claire et consonne foncée,
Elle part, vent debout, vers d’autres univers.
La rime est une vague élancée sur la mer
Portant haut dans l’azur ses couleurs nuancées ;
Comme flux et reflux sans cesse relancée,
Elle s’en va mourir sur la fin de nos vers.
O Poète marin ! Dans un ultime élan
Tu viens livrer ton âme aux fougueux ouragans,
Sublime sacrifice à ta Muse divine.
Enrobant de nuées ton fragile vaisseau,
Elle vient jeter l’ancre en ces eaux cristallines,
Achevant ton voyage en sonnet simple et beau.
Jean Pierre RECOUVREUR ( 1948 – 1981 )
Grand Prix des Poètes Lorrains 1979 pour son recueil intitulé : « Haut les cœurs »
Me vient, ce soir, ex-abrupto,
L’envie de dire tout de go
Ce qui fait mon Eldorado :
Je n’ai pas gagné au loto,
Je n’ai pas, non plus, fait banco
Au casino de Monaco.
Mais fi de cet imbroglio,
Je ne me fie qu’à mon credo
Qui, rimant avec mon ego,
S’harmonise dans un duo.
Ma poésie et mon tempo
Je les veux toujours crescendo,
Mais je languis dans mon solo,
Guettant dans la nuit cet écho
Qui me renvoie, avec brio,
Mon chant en un concerto.
Mes vers sont en méli-mélo
Mais je veux mettre en ex-voto
Le nom de ma Calypso
Et ce sera sans quiproquo !
C’est ma princesse, ma Clotho,
Ma Nausicaa, ma Clio,
Ma Juliette, mon Erato,
Ma muse, mon adagio,
Je l’aime fortissimo,
Je le lui dit moderato
Ou lui chante en sol la si do,
Avant que d’aller au dodo
Et de jouer les Roméo.
Ma Vénus n’est pas de Milo
Quand elle m’enlace illico
Ou quasiment, grosso-modo.
Et lorsqu’elle dit, in petto :
« Je t’aime », pianissimo,
C’est un chant, un intermezzo,
Refrain plus tendre que largo
Et mon cœur devient brasero !
Je sais très bien que mon topo
Me vaudra un double zéro,
Quand vous saurez, c’est rigolo :
Je n’ai d’elle qu’une photo.
J’en ai même le vertigo
Parce que, dans mon mémento,
Il est absent …son numéro !
Déçue en son miroir
Si laide de se voir
La reine jura mais un peu tard
De mettre fin à ses jours
Et mit du fard à ses joues
Elle supplia son tendre époux
De la vouloir mettre en joue
Ce bon mari
Si peu marri
Accéda aux vœux de sa mie
De sa moitié fut consolé
Par une belle mijaurée
Qui s’empressa de lui faire mettre
Du plat d’amour
Les bouchées doubles
A ce régime
Moins sain que gym
Le vieil époux
Creusa son trou
Et disparut au chant du coq
Ma mémoire s’estompe,
Mes souvenirs aussi.
Je ne sais plus où je vais
Je ne sais plus qui je suis.
Ma mémoire défaille
Sur les rails de ma vie.
Ma mémoire se perd
Comme une bouteille dans la mer !
Pantin désarticulé, mis de côté,
Mémoire cassée, brisée,
J’ai tout oublié de mon passé !
Amnésie totale ou partielle,
Je lutte contre elle,
Je fouille dans mon enfance,
Mais rien ne se déclenche,
Des visages familiers,
Ma mémoire a tout effacé,
Une famille, des enfants,
Pour moi c’est le néant.
Je n’ai aucun pouvoir,
Sur cette mémoire.
Le désespoir me guette,
Je suis au fond de l’abîme,
Et ça me mine…
Mais où est donc passée ma vie ?
Si ce n’est dans l’oubli.
Emblème et accomplissement de la beauté des fleurs qui entretiennent une embellie dont on se couvre comme d’un soleil multicolore.
La première journée est toujours un cadeau
Offert aux travailleurs de France et de Navarre,
Et les brins de muguet dérident le badaud
Lorsque le ciel de bleu se montre trop avare.
Car malgré le printemps et son heure d’été,
La météo n’est pas encore à la clémence,
Et le gel sait punir avec méchanceté
Ceux qui n’ont pas voulu protéger la semence.
Qu’importe cependant ! partout naissent des fleurs !
Si le crocus se meurt, vive la primevère !
Dans la nature en fête éclatent les couleurs
Et le vent nous les conte, inlassable trouvère.
Sous le rose organdi d’un pommier du Japon,
Un couple de moineaux chante l’amour volage,
Celui des séducteurs dont le regard fripon
Aime à se faufiler sous le mince corsage.
(Ecrit le 16 avril 1998)
Petite fleur, je suis. Arborant mes clochettes,
Je renais chaque mai, présage de bonheur,
Blanche comme le lys noble et royale fleur,
Je ne suis que Muguet, c’est elle la vedette !
On m’appelle parfois, pourtant, « lys des vallées« ,
Mais le sous-bois me plaît, j’y trouve le secret
Qui sied à la blancheur, insigne qualité,
Qui, par dame nature, un jour, me fut donnée.
L’humus de la futaie m’est agapes secrètes,
Et l’automne me vêt d’un riche camaïeu
De feuilles pourpre et or, tel un cadeau des dieux
Protégeant de l’hiver ma retraite quiète.
J’entends comme en un songe, alors, le bruissement
Du vent, le chant des fées, le cri de la hulotte.
Mais quand vient le printemps, c’est l’amour qui chuchote,
Au détour d’un bosquet, quelque discret serment.
Lors, phénix des sous-bois, je redeviens clochette,
On me cueille, on m’assemble en sylvestres bouquets,
Je redis le bonheur, agréable souhait,
Mais ne fais que passer, comme prompte comète.
Si, trop tôt, ma fraîcheur vous apparaît fanée,
N’en soyez affectés, regardez vers les cieux,
Vous m’y verrez briller, petit point lumineux,
Au céleste jardin que l’on dit : Voie lactée !
Le sort entrelaçant les méandres du rêve
Distend le fil des jours en des chapes de plomb
Et la minute ploie où la seconde brève
Nimberait le recel d’une extase en surplomb.
Il eut fallu marcher plus loin que la lisière
Chaque pas s’ébrouant aux fontaines des mots
La constellation de leurs êtres jumeaux
Divisa l’espérance et la sente phrasière.
Alors sont advenus le verbe puis la force
Et le chant dédoublé monta tendre et puissant
Comme un sublime azur vibrant d’éther s’efforce
De sacrer d’infini le matin renaissant
Par le sang qui mûrit les projets de la terre
La peine se nouant aux gorges des regrets
La passion jaillit des gouffres du secret
Comme le grain se meurt et renaît au mystère.
Reflétant d’étranges images,
Mes poèmes sont des miroirs
Où scintillent de grands rivages
Dans le silence de mes soirs.
Mon cœur est plein de leur magie,
Et lorsque je ferme les yeux,
J’ai l’ineffable nostalgie
De leurs contours harmonieux.
C’est alors qu’en moi vient la force
De la grande inspiration ;
Sa sève fait gonfler l’écorce
Des éternelles passions .
Depuis je n’ai cessé d’écrire,
La plume emportée par les vents
De tous les merveilleux délires
Qui flottent dans les airs du temps.
Pourtant cette grande énergie
Qui soulève mon corps tremblant,
C’est chaque jour un peu de vie
Qui meurt, inexorablement.
Quand ma vie sera recouverte
Par la cendre épaisse des ans,
Lorsque ma main sera inerte,
Une autre chantera le temps.
Jean Pierre RECOUVREUR ( 1948 – 1981 )
Grand Prix des Poètes Lorrains 1979 pour son recueil intitulé : « Haut les cœurs »
Rosaria MORA nous fait part de la publication de son dernier recueil intitué « Vent de folie, vent de poésie », un medley de toutes ses nouvelles poésies. L’amour y côtoie l’humour, la tendresse, le bonheur. Ses lecteurs disent de cet ouvrage qu’il est « très frais, tout en douceur ».
Le prix unitaire est de 12 euros et la somme rapportée est reversée au profit d’une association dont fait partie l’auteur pour l’achat de matériel de puériculture et jeux d’éveil.
Pour acquérir l’ouvrage, s’adresser directement à Rosaria à l’adresse mail suivante :
pimora@wanadoo.fr
Il avait des idéaux
Oh hisse et haut
Et le moral à zéro
Allô, Maman, bobo
Il eut des hauts et des bas
On le tira à hue et à dia
Il composa des sonnets, des rondeaux
Nul ne parut en in folio
Flottant toujours entre deux rives
Il partit à la dérive
Le radeau de la Méduse
L’entraîne vers Raguse
Le moral à la baisse
A fond la caisse
Le cœur à marée basse
Il fut pris dans la nasse
Il avait des idéaux
Oh hisse et haut
Sa vie fila à vau l’eau
Geneviève KORMANN, Présidente de l’APAC, lance un appel à toutes les plumes de langue française. C’est avec grand plaisir que nous lui offrons un espace dans notre blog.
L’APAC (Association Plumes À Connaître) lance son concours littéraire 2009. Le concours a pour objet de récompenser des textes écrits en langue française dans les deux genres suivants : poésies toutes catégories, nouvelles. Le sujet est libre.
Dans chaque catégorie, seront décernés aux deux lauréats l’édition à cent exemplaires d’une plaquette à leur nom et présentant leurs textes. Aux deuxièmes prix de chaque catégorie une édition de plaquette à 50 exemplaires.
Des récompenses et lots divers seront remis aux auteurs dont les textes auront été remarqués. La date limite des envois est fixée au 30 mai 2009.
Les prix seront remis aux lauréats courant octobre 2009 à Metz, en Moselle.
Règlement du concours ci-dessous en fichier .jpg :
concoursapac.pdf
Pour plus de renseignements, vous pouvez vous rendre sur le site de L’APAC :
www.semellesdevent.net
Pour s’aimer en toutes saisons,
Nul besoin de conjugaison :
La nature est au diapason…
Les premiers bourgeons éclatent,
Mars rit sous cape
Et chasse, d’un coup de pied,
Le vilain février :
L’amour s’est réveillé…
Les jours défilent,
Avril tisse ses fils,
Mai fleure bon le muguet,
Le printemps gambade dans le pré :
L’amour atteint son apogée…
Juillet installe ses torpeurs
Et calme un peu les ardeurs
Mais, au joli mois d’août,
Le désir, à nouveau, brûle tout :
L’amour devient fou…
Octobre frileux flamboie,
L’amour a peur du froid.
Il s’installe près de la cheminée
Et ne cesse de nous réchauffer :
L’amour prend un goût d’éternité…
A vous les âmes nues adorant la matière,
A vous les cœurs meurtris hurlant de désespoir,
Ecrasés par la haine en un sanglant pressoir,
C’est à vous que je parle et à la terre entière !
Souvent je vous entends en paroles amères
Harceler vos prochains, sans pitié, sans savoir
Que de leur âcreté vous êtes les miroirs ;
Tournez-les au soleil, ils rendront la lumière !
Redevenez enfants et soyez purs comme eux,
Donnez-leur de l’amour et voyez dans leurs yeux
Changer votre reflet et grandir tout votre être.
Tournez tous vos miroirs ! Eclairez le tombeau
Où gît l’humanité sous un trop lourd fardeau,
Et montrez le chemin qui fut celui du Maître !
Jean Pierre RECOUVREUR ( 1948 – 1981 )
Grand Prix des Poètes Lorrains 1979 pour son recueil intitulé : «Haut les cœurs »
Les mots de la nuit
Ne sont pas ceux du jour,
Ni les images qui viennent,
Les lourdes ruines,
Les cendres qui s’envolent
Et les âcres parfums.
Ils affouillent lentement
Les rives de mon silence,
Les mots de la nuit ;
Ils prennent racine
Dans le papier froissé.
Au petit matin nébuleux
La lumière blesse mes yeux
Et, soudain, ils copulent
Au milieu des phrases neuves.
Chers Amis,
En tant que Président de la Commission Littéraire du Centre d’Art Lorrain et Président du jury, je vous remets ci-dessous le mot du Président ainsi que le palmares et les photos prises lors de la remise des prix effectuée le 16/04/09.
LE MOT DU PRESIDENT
En mettant à l’honneur Joachim du Bellay pour cette remise de prix du Concours international de Littérature patronné par le Centre d’Art Lorrain, nous sommes heureux du nombre de participants qui se sont engagés et les en remercions.
Ainsi, pour compléter nos éloges à ce grand poète, nous vous proposons de lui adresser une épître collective :
<< Cher Joachim,
Nous te rendons hommage comme membre de la Pléiade qui a relancé la Poésie en France avec Ronsard et d’autres confrères.
Aussi, ton recueil intitulé << LES REGRETS >>, où nous lisons tes plus beaux vers inspirés par la Terre nourricière et la douceur angevine, nous rêvons d’être un de tes amis vivant à ton époque pour te dire et donner l’espoir pour mieux supporter ton séjour dans la ville éternelle :
Quand nos âmes parfois demeurent en souffrance
Face aux jours moins humains,
L’horizon temporel offre des lendemains
Embellis d’espérance.
Loin des antiquités de Rome, de la Chapelle Sixtine parée de chefs-d’oeuvre et des arcanes pontificales, dans cette humble église désaffectée, ornée d’oeuvres diverses des talents d’aujourd’hui, avec la force musicale des couleurs, la force picturale des mots et la force d’une ligne épurée et fluide des sculptures, nous espérons séduire en toi l’artiste.
Reçois, cher Joachim, notre respectueuse admiration. >>
Jean-Jacques CHIRON
Président du Jury 2009
palmareslitteraturecal2009.doc
Remise des prix du concours littéraire du Centre d'Art lorrain le 16 avril 2009
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Le vent bleu flattait
Les chairs frémissantes
Offertes à l’azur,
Les formes des femmes allongées
Au flanc des dunes brûlantes,
Dans des sphères indécises.
Il soulevait le sable, le vent fou,
Le déposait, le sable, si doux,
Aux reliefs de ces corps cuivrés,
Aux rides de ces peaux huilées.
Déjà le grand soleil indolent
Effleurait les oyats chancelants,
Signe que le jour
Allait bientôt renoncer.
Déployant leur grâce,
Les femmes allaient se lever,
Se débarrasser
De tout ce sable collé.
Elles allaient ensuite flâner,
Chaudes et jubilantes,
Vers la ville insomniaque.
Il tend encore la main
Mais il n’aura plus de lendemains…
Dans un dernier sourire enfantin,
Il a murmuré « Maman »,
Et il est mort…couvert de sang.
Il n’est plus, c’est révoltant !
Il ne se verra pas vieillir
Alors qu’il avait encore tant à dire !
Disparus au combat,
Les bras en croix,
Le nez dans la poussière,
Implorant encore leur mère
En ultime prière,
Combien ont subi ce triste sort ?
La mort, la mort, sans réconfort…
Tous envoyés au front
Comme chairs à canon,
Gibiers qu’on abat,
Tous ces pauvres soldats
Qui ne reviendront pas…
Pathétique, tragique, imbécile guerre !
S’il existe un enfer,
Il est bien sur tous ces calvaires !
Non, plus jamais cela !
Plus jamais de combats !
J’y pense lorsque je vois,
Tout près de chez moi,
Ces petites croix alignées
A l’ombre des cyprès…
Sous l’écorce, y a des courses insensées
D’insectes qui dévorent la sève et le bois
Et s’évaporent dans les jours qui flamboient.
Sous l’écorce, y a des courses bien cruelles
Qui tracent et creusent comme des ruelles
Sur des tableaux abstraits, courbes et chauves
Et c’est comme des pensées qui cheminent
Dans des cerveaux soudain qui s’illuminent
Laissant la nature affranchie tout en bas.
Y a des courses délirantes de lenteur
D’insectes prisonniers que guette la folie
Dans les journées si belles de mélancolie.
Sous l’écorce, y a des bras de pieuvres partout
Comme des inspirations suspendues et surtout,
Y a cette nuit toujours dans sa robe d’infini.
Sous l’écorce, y a des courses insensées,
Des digestions, des sécrétions dispersées
Et ces lentes saisons qui la décollent, l’écorce.
Simone Ponsot (alias Claude Roland)
Il y aura 10 ans, le 28 avril, qu’elle nous quittait.
Simone était une ancienne lauréate
de la S.P.A.F. Lorraine. De vieilles coupures
de journaux nous la rappellent partageant
en 1968 une Mention très honorable
avec … Armand Bémer (diplôme signé par
Henry Meillant et Hélène Vestier)
et, en 1970, un Diplôme d’honneur avec …
Jean-Claude George (diplôme signé par
Henry Meillant et M.Th. Poillera)
Eut-elle d’autres prix ? Les papiers de famille
ne disent pas tout , mais le souvenir demeure
et à ce titre, je fais place ici à un de ses poèmes
écrit dans les années 60 .
(Simone était la maman de Nelly, mon épouse) :
POETES
Le poète ne suis que des petites gens !
Je ne parle jamais de la Grèce lointaine,
Je ne raconte rien sur la terre lorraine,
Le poète ne suis que des petites gens.
Je n’ai pu voyager et je n’ai rien appris,
Mais mon âme est volage et je vais vagabonde
Respirer les parfums dont la nature abonde
Ou cueillir les plaisirs dont mon cœur est épris.
Avec morosité, je m’en vais, le pas lent,
Au long des chemins creux promener ma tristesse,
Murmurer aux oiseaux la plainte qui m’oppresse
Et jeter à la brise un peu de mon tourment.
Le soleil doucement caresse mes cheveux,
M’attire dans les bois où fleurit la jonquille,
Où le merle joyeux, comme un fou, s’égosille,
M’invitant à l’amour sous le plus beau des cieux.
C’est le printemps, amis, qui dirige mes pas,
Et chante à mon cœur lourd sa nouvelle romance !
C’est le printemps tout neuf qui m’apporte la chance,
Amis, qui m’écoutez, ne l’entendez-vous pas ?
Il compose pour nous un couplet obsédant,
Que le vent, en lutin, susurre à nos oreilles,
Traînant derrière lui comme un essaim d’abeilles,
Que le printemps, poète, a dû perdre en courant.
Petit Poucet
Casse des cailloux au bord des routes
Pour gagner sa croûte
Ses parents l’ont débarqué
Sur l’autoroute
Les oiseaux ne l’ont pas aidé
Eurydice poursuit son supplice
En enfer avec les damnés
Pris dans les embouteillages
Orphée ne s’est pas retourné
Piquée par la seringue
La belle est perfusée
Sur son lit d’hôpital
Nul prince n’ira la réveiller
Victime de la traite
Blanche-neige est en Afrique
Les petits hommes de plâtre
Ornent le jardin de sa marâtre
Les nains ne l’ont pas aidée
Le carrosse s’est embourbé
Dans la boue Cendrillon a glissé
La pantoufle aux vers est dévorée
Sa marraine n’a pu la sauver
Les fées sont fées rosses aujourd’hui