Aujourd’hui a été publié le dernier poème sur le thème “autour d’une tombe”. 10 adhérents ont participé à ce thème.
Dès demain et jusqu’au 30 novembre, nous aurons des oeuvres hors thème.
Ceux qui le souhaitent peuvent d’ores et déjà m’envoyer leurs oeuvres pour le thème de décembre consacré à Noël.
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Archive pour la Catégorie 'Poèmes du mois'
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Malgré l’âge et le temps qui fatiguent le pas,
Tu gardais tant d’éclat, après un long parcours,
Qu’il semblait insensé que vienne le trépas
Graver le mot “jamais” sur celui de “toujours”.
Dans le devoir, toujours, et ton ouvrage fait,
Sur l’arbre, à tout jamais, tu laisses le bourgeon,
Une nouvelle vie, un plus récent portrait
Qui découvre le tien au cœur d’un médaillon.
Telle une chaîne d’or qui finit les atours
Et porte l’effigie, – avers à tout jamais -,
Par tes petits enfants, tu seras là toujours
Car tu poses sur eux un aspect de tes traits.
La vie est un joyau sans écrin de velours
Qu’un jour la mort reprend sous le marbre de jais
Mais, puisqu’un chant d’amour exalte les “toujours”,
Je sais que, par le mien, tu vivras à “jamais”.
Avec ces bruyères et ces jolies fleurs,
Avec aux arbres autour, une fois encore,
Ces feuilles d’or en décrépitude qui meurent,
Elle avance,
Elle avance un peu plus sombre,
Chaque premier novembre, avec certitude,
La mort.
Tous ces gens debout devant les tombes, alors,
Graves et raides, ces vieux
Aux longues barbes, aux blancs cheveux,
Engourdis dans leurs beaux habits,
Terreux, comme s’ils venaient d’en sortir,
Des tombes,
Et ces autres, priant et pleurant,
Comme s’ils s’apprêtaient à y entrer,
Sur le seuil de la nuit, le cœur déjà mourant.
Destins fragiles et mortels
Subodorés auprès des stèles
Où reposent les dépouilles des pères,
En tout, n’ayant passé que quelques décennies
Sur l’éternelle terre.
Les gens voient les ombres de ces pères,
Les pères qu’ils ont aimés,
Leurs ombres qui se meuvent sur la pierre ;
Ils distinguent leurs visages surgis du passé,
Ils voient l’infâme, ils voient l’éphémère,
Et, d’un coup, les voilà prêts, le jour même,
À rendre leur âme, comme çà,
Là, dans les effluves des chrysanthèmes.
Oh ! elle avance un peu plus sombre,
Chaque premier novembre, avec certitude,
La mort.
Au-dessus de mes os, le soleil de septembre
Avait chauffé la peau de pierre d’Italie
Que nettoieront bientôt pour rendre son poli
Mes enfants aussitôt qu’arrivera novembre…
Sa chaleur en défaut, aussi tiède que l’ambre,
Me poussait son cadeau jusqu’au fond de mon lit
Avant qu’avec leurs seaux, leurs brosses et leur folie
Ils enlèvent à grande eau sa vie de tous leurs membres…
En effet, les lichens, tout heureux d’avoir su
S’accrocher non sans peine sur ce marbre tout nu
Me rappelaient ma joie du jour de leurs naissances !
Alors, tel un vivant râlant sur ses soucis
Mon squelette sans voix soupira d’impatience
En attendant le temps de l’archéologie !
C’est un très vieux cimetière
depuis des siècles encerclant
la belle église tout en pierres
d’un petit village mourant
sur ses vieilles pierres tombales
noms et dates sont effacés
et d’époque médiévale
sont pour la plupart brisées
les mauvaises herbes ont bouffé
ce qui reste de leur histoire
comme un jardin abandonné
par une vie au désespoir
leurs descendants ont oublié
ou sont partis vivre ailleurs
pris par la vie, comment penser
c’est si loin comme le bonheur
certainement qu’un de ces jours
quelques villageois émigrés
reviendront chez eux par Amour
car ils n’ont pas pu oublier
et, dans leur vieux cimetière
feront vivre la mémoire
et chanter les vieilles pierres
de leurs ancêtres méritoires.
Gérard Bollon
Les rides apparaîssent,
marquent la flétrissure de l’âge
et la vieillesse nous a gagnés peu à peu,
nous laisse comme marcescents
accrochés à l’arbre de vie.
Le jour où l’on en tombe,
la mort à fait partie de notre vie.
Toussaint humide et blême.
L’automne larmoie
Des chapelets de feuilles mourantes
Sur les joues mélancoliques
D’une journée languissante.
Le crépuscule a commencé dès l’aube.
Le ciel a gardé closes ses paupières :
,Avare de lumière,
Il n’étale que du gris
En débandade
Entre sapins figés et nuages obèses.
Les lignes s’estompent
Sur l’horizon épuisé.
Les teintes s’anéantissent et sombrent
Dans les gifles de pluie.
Seuls débordent de couleurs
Les cimetières,
Où les vivants chargés de fleurs,
Chuchotent des souvenirs
De mort et de douleur.
Toussaint humide et blême
Les fleurs de mon enfance, autres pour la Toussaint,
Répandaient sur mon âme un baume imaginaire
Car je ne connaissais, de l’oncle poitrinaire,
Que son nom sur la tombe et son portrait succinct.
Les larmes de Grand-mère arrivaient à dessein
Pour clore l’oraison, rituel centenaire,
Et nous suivions le pas d’un valétudinaire
Qui tremblait en serrant un bouquet sur son sein.
Mes défunts d’aujourd’hui sont des êtres que j’aime
Mais je ne pose rien, pas même un chrysanthème,
Sur la pierre glacée à l’ombre du caveau ;
Car mes chers disparus survivent dans ma tête,
Un monde romanesque issu de mon cerveau,
Et nul ne me dira quand célébrer leur fête.
(Extrait du recueil Rouge et noir Eden publié en 2005)
Merci pour vos avis, critiques et conseils
Arrête ! Ecoute-moi, voyageur. Si tes pas
Te portent vers Cypsèle et les rives de l’Hèbre,
Cherche le vieil Hyllos et dis-lui qu’il célèbre
Un long deuil pour le fils qu’il ne reverra pas.
Ma chair assassinée a servi de repas
Aux loups. Le reste gît en ce hallier funèbre.
Et l’Ombre errante aux bords que l’Érèbe enténèbre
S’indigne et pleure. Nul n’a vengé mon trépas.
Pars donc. Et si jamais, à l’heure où le jour tombe,
Tu rencontres au pied d’un tertre ou d’une tombe
Une femme au front blanc que voile un noir lambeau ;
Approche-toi, ne crains ni la nuit ni les charmes ;
C’est ma mère, Étranger, qui sur un vain tombeau
Embrasse une urne vide et l’emplit de ses larmes.
José-Maria de HEREDIA (1842-1905)
A la veille du 1er novembre, j’ai le plaisir d’introduire le nouveau thème avec une toile d’Auguste Renoir (1841-1919) et un poème de José-Maria de Hérédia (1842-1905).
J’espère que ces deux oeuvres seront un moteur pour tous les peintres et poètes de la SPAF Lorraine qui participent à l’animation de ce blog.
Aujourd’hui a été publié le dernier poème sur le thème “les frimas”. 6 adhérents seulement ont participé à ce thème…
Dès demain et jusqu’au 30 septembre, nous aurons des oeuvres hors thème.
Ceux qui le souhaitent peuvent d’ores et déjà m’envoyer leurs oeuvres pour le thème de novembre consacré de manière générale à la Toussaint.
Dans le bief gelé,
Un bateau nommé Freedom
Est fait prisonnier.
Un givre argentique
Fixe l’hiver en flocons
Sur papier glacé
Flocons sur le lac
Miroir givré du matin
Premier cheveu blanc.
Octobre a revêtu son manteau bigarré ;
Les jardins engourdis un tantinet moroses
Exhalent dans le soir un doux parfum de roses
Où les dernières abeilles viennent s’égarer.
L’automne a retouché, façon impressionniste,
Ses tableaux de maître qui flattent le regard.
Un soleil pâlichon écoute l’air hagard,
Les sanglots longs du vent, ce triste violoniste.
D’un souffle violent il chasse obstinément
Les feuilles et les oiseaux, mésanges charbonnières,
Qui gagnent sur le champ l’Eole buissonnière.
C’est la rentrée des glaces et ses désagréments.
La nature est dure mais aussi généreuse ;
Nèfles, noix, châtaignes, adoucissent le climat
Comme les marrons glacés poudrés à frimas :
Recette savoureuse et si peu onéreuse.
Le long temps des frimas est une renaissance
Puisant à l’intérieur tout le reste de vie
Se cachant des fureurs lancées comme un défi
Par les cris du Climat hurlant à la vengeance.
Car sortant d’un coma sous la chaleur intense
Venant de l’équateur d’un été sans souci
Libérant les ardeurs de faire des petits
Il songeait au trépas tel un Mort aux Urgences…
Mais l’automne accourant à grandes enjambées
Ses semelles crissant tel un SAMU pressé
Lui mit un goutte à goutte et lui redonna souffle !
Alors, plus grelottante qu’un malade en réa
Sous l’air froid qu’il redoute sans pantoufle et sans moufle
Sous sa clim ignorante, la Terre se gela !
Mon âme est verglacée, j’entends le glas qui sonne
Et mon cœur nu frissonne à la mort d’un Amour.
Egarée dans mon sein étourdi me bourdonne
Jusqu’aux oreilles sourdes un ronron bien trop lourd.
Je vibre de chagrin, fracassée de douleur
Envahie d’un brouillard qui couvre mon émoi
Dans un état second, abasourdie, je pleure
Il m’enroule, rassure et me fige d’effroi.
Je ne peux plus bouger, ne ressens plus ma peine
Cet Amour me dilue depuis l’enterrement
Il me givre stoppée au milieu de l’arène
Où s’est-il envolé me laissant hors du temps ?
Et je tombe en lambeaux sur le sable, engourdie
Par des larmes glacées qui s’arrêtent. Si blême,
Hagarde, je pantèle à tes yeux qui sourient,
Vaincue de désarroi, tarie de froid, je t’aime.
La neige a recouvert la profonde Lorraine
De l’épais manteau blanc que revêtent les reines
Lorsqu’en France la mort leur fait prendre le deuil
Couvrant de sa rigueur les joyaux et l’orgueil.
Ce vêtement d’hermine en fait la souveraine
Se parant d’innocence émouvante de peine
Ouvrant ses mains de givre en un geste d’accueil
Au chevalier gisant drapé dans un linceul.
Majestueuse dame irisée en ces larmes
Ton enfant te revient et tous ses frères d’armes
Lui rendent les honneurs de la chevalerie.
Ta parure est le seuil de cette immensité
Que franchit le poète avec l’éternité
Et je voudrais qu’il neige aux confins de ma vie.
Si les frimas d’automne enveloppent la terre
Tous les matins d’octobre, à dix heures l’azur
Élimine soudain le flou du ciel impur
Et l’éblouissement soulève le mystère.
Des arbres ont vêtu leur parure carmin,
D’autres préfèrent l’or ou le jaune et le fauve,
Les oiseaux migrateurs désertant leur alcôve
Empruntent chaque année un pénible chemin.
Suivre sans réfléchir l’appel de la nature
Me paraît illusoire et vaine liberté,
Pourtant je les envie et la captivité
Dont je me sens victime aiguise la torture.
Surtout ne pas chercher à comprendre pourquoi !
Survivre à chaque jour, rester dans l’ignorance,
Se refuser le rêve au-delà de l’errance,
Ne pas voir que le monde, à l’abri, reste coi !
(Extrait du recueil « Rouge et Noir Eden »)
Merci pour vos avis et conseils.
Les feuilles des bois sont rouges et jaunes ;
La forêt commence à se dégarnir ;
L’on se dit déjà : l’hiver va venir,
Le morose hiver de nos froides zones.
Sous le vent du nord tout va se ternir…
Il ne reste plus de vert que les aulnes,
Et que les sapins dont les sombres cônes
Sous les blancs frimas semblent rajeunir.
Plus de chants joyeux ! plus de fleurs nouvelles !
Aux champs moissonnés les lourdes javelles
Font sous leur fardeau crier les essieux.
Un brouillard dormant couvre les savanes ;
Les oiseaux s’en vont, et leurs caravanes
Avec des cris sourds passent dans les cieux !
Louis Honoré FRECHETTE (1839-1908)
Pour découvrir l’artiste et quelques-unes de ses oeuvres : http://www.toutnancy.com/generation-v2/index.php?first=1&iddom=2&idpage=140437&t=JEAN-JACQUES-HAUSER
A la veille du 1er octobre, j’ai le plaisir d’introduire le nouveau thème avec une toile de Jean-Jacques Hauser intitulée “Le lac” et un poème de Louis-Honoré Fréchette (poète canadien – 1839-1908).
J’espère que ces deux oeuvres seront un moteur pour tous les peintres et poètes de la SPAF Lorraine qui participent à l’animation de ce blog.
La lune barbouille
Le toit d’ardoise à la craie.
Demain, c’est Rentrée.
_
Attention école !
Triangle équilatéral
Pour cancre au volant.
_
Mes rêves de verre
Ecaillés sur le trottoir.
Dans un sac de billes.
_
Mercredi pluvieux.
L’enfant taille sept crayons
Copeaux d’arc en ciel.
_
Vers un ciel de craie,
Il traverse la marelle
A cloche galère.
_
S’il gratte sa nuque,
Est-ce pour mieux calculer?
Non!-Juste les poux!
L’odeur de la rentrée, synonyme d’enfance,
Flotte avec confusion sous chaque marronnier
Dont les fruits sans passion cherchent des bouts de pieds
Pour filer se vautrer sous un sol sans défense…
En effet, pour contrer cette terrible offense
D’avoir pris leur sanction au niveau du fessier,
Ils voient la contusion venir les colorier,
Ces marrons concentrés dans leur autodéfense !
Alors, il vont grandir au fond de leurs fossés,
Gorgés du souvenir de ce coup bien placé
Obéissant sans doute à quelque loi cosmique…
C’est pourquoi les destins se conjuguent au présent,
Même chez qui s’encroûte à jamais s’il s’applique
A survoler sans fin les cours en s’écrasant !
Je me souviens petit,chenapan,
le chemin de l’école sac au dos,
le chemin buissonnier jalonner de parties de billes
où Gavroches un genou à terre dans le caniveau
nous entonnions c’est la faute à Voltaire,
c’est la faute à Rousseau fautifs d’un retard.
Je me souviens petit,écoutant,
la leçon de la maîtresse au tableau
et au pupitre sage comme une image
le problème du robinet et de l’eau
parfois récompensé d’une image.
Je me souviens petit,récitant
les tables de multiplications,
deux fois deux quatre,quatre fois deux huit,
les poèmes en déclamations,
Paul Fort et le bonheur qui a fui.
Je me souviens petit,écrivant
sous la dictée le texte difficile
sans comparaison avec la dictée de Mérimée
et pourtant âpre effort en rien d’infantile
l’apprentissage de la langue aimée.
Je me souviens petit,chantant,
meunier tu dors,ton moulin ton moulin va trop vite,
ton moulin va trop fort
et fort de reprendre en cœur la classe à pleine voix.
Je me souviens petit,jouant,
dents de lait,pas toutes mes dents,
une poule sur un mur qui picorait du pain dur,
le gendarme et les voleurs,
la balle au camp
et quand le coup de sifflet nous rappelait
la fin de la récréation.
Je me souviens petit devenu grand
quand il n’est plus l’heure de l’école
à chat perché et Jacques a dit,
les rondes sous le préau,
le goûter de l’après-midi
et je ne sais encore d’où sortait un escargot tout chaud.
Je me souviens
et je me souviens de qui je suis;
qu’il est grand ce petit.
En tête un air d’été, septembre a frissonné
Montre son bout de nez au soleil éclatant
Les congés au placard, braves gens, remisez
Il sonne le rappel et devient insistant.
Il prépare le temps damné de la rentrée
Et lance insolemment de l’année la reprise
Percute les instants sacrés du farniente
Le cartable flambant remplace la valise.
Il prend sa place pour avoir le premier rôle
Et nous rappelle à l’ordre en cette fin d’été
Repousse juillet, août par un grand coup d’épaule
Dilue les souvenirs dans les contrariétés,
Précipite l’oubli des doux moments passés
Etale sa serviette et chasse les enfants
S’installe à la plage pour mieux les déloger :
« Je vous garde l’endroit» hurle-t’il triomphant.