O sublime nature ! O divine immanence !
Tu es temple et déesse en l’esprit converti,
Par toi j’aspire à Dieu, je touche l’infini,
Du véritable amour je bois la quintessence.
Atteignant le sommet des grandeurs oubliées,
De l’humaine mesure il ne reste plus rien ;
Le ciel est dans la mer et mes yeux dans les tiens,
Aux confins éternels de nos âmes scellées.
Combien de temps encor durera cette étreinte
Avant que de nos chairs il ne reste un lambeau ?
Aimons-nous jours et nuit jusqu’au bord de tombeau
Car de l’homme en folie j’entends le glas qui teinte !
Ainsi Dieu a voulu ce suprême holocauste :
De tous les beaux amants que la terre ait portés,
Mon bel amour ! Nous sommes les plus déchirés
Et dans un dernier cri, nous expirons leurs fautes.
Par le sang, par la mort, par la douleur encor,
La sagesse et l’amour sont des fleurs de souffrances :
Le grain de blé pourrit avant qu’il ne s’élance,
Promettant le retour des fruits de Thermidor.
Jean-Pierre RECOUVREUR (Grand Prix des Poètes Lorrains 1979)