Archive pour la Catégorie 'Artistes SPAF Lorraine'

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L’origine du monde

De tout prés, il veut voir.
L’homme ne voit que de prés.
S’il est myope, est-il prêt
À ouvrir le tiroir ?

Ce qu’une femme dit trop tard
Ou sans jamais dire vrai,
La science le parfait,
Sans pincette et sans phare.

Et l’homme, lui, qui veut croire,
Comprendre comment c’est fait,
Ne voit qu’une ligne, un trait,
Résumé dérisoire,

Ridicule promontoire
D’un bâtiment secret,
Aux chemins en retrait
Dans les règles de l’art.

La femme garde son savoir,
Couvre l’œuvre et se tait
Contre le cri de Courbet
Sur l’insistant miroir.

Un verrou au couloir
Et des siècles de méfait
Pour découvrir l’étai
Qu’on croyait canular.

On le chargeait d’un noir
Plus grand que d’un palais.
Et la femme le relaie
En ruminant sa part,

Coince l’homme à son départ
Resserré sur les faits,
Ne peut briser le rai
Fondé par sa mémoire.

Elle est -dans ses placards-
Muette sur son objet
Comme si elle en était
L’observatrice ignare.

Et l’homme fixé au bord
Ne discerne pas l’aveu
Pour braver cet essieu
Surgi du nombre d’or.

Il mâchonne d’anciens mors
D’une censure qui s’émeut
Pour découvrir un peu
Par où ancrer l’abord.

Il ne sait rien encore
Des lignes, des masses, des creux,
Du parcours mystérieux,
Ni des angles retors,

Rien de l’interne décor,
Détours anfractueux
Pour le schéma heureux
Adapté au raccord.

Et lui qui fait son sport
Tout en fermant les yeux
Il apprécierait mieux
Avec les yeux d’Ensor.

À connaître le corps
Trop caché, mystérieux,
Il serait moins peureux,
Le lien serait plus fort.

Des livres il n’y a pléthore
Pour parler de ce creux
Sauf les blasons hideux
Pour en faire un rapport.

Il faut croire que le sort
Fit du sujet scabreux,
Peu de cas. Et le feu
Mettait fin à ses torts.

Elevé en trésor
Ou proscrit… L’entre deux
Terminera le jeu
De reculer l’accord.

De t’aimer je n’ai plus le coeur

De t’aimer, je n’ai plus le cœur
cité de ma jeunesse grise ;
de mille oiseaux chanteurs éprise
au soleil fondant des fondeurs

Le temps gorgé du sang des heures heureuses poursuit son blanc chemin anesthésique.
Les chatons pendouillent comme les regrets qui jamais n’ont enfanté la résurrection de l’humble gaité d’hier. Est-ce trop demander que de ne plus entendre, sur le clavier muet des absences, la voix graveleuse et cruelle du souvenir qui submerge la grève des vaines attentes ?

Visages aimés, visages de toujours, au front de la paroi rocheuse où vient mourir la déferlante des jours, enfants de la curie des innommables qui ont fui les éclats du bonheur ;
visages du don de soi baignés par le travail d’une mer de métal, d’une mer nourricière à ses marées de hautes et basses règles, et tout à la grammaire du faire dans le communautaire de l’esprit,
je vous invoque de toute puissance des émois !

Mais ce regard aimant n’est amarré qu’aux rives blanches et glacées des justes quartiers de l’heure nouvelle née, et déjà tombée dans la suite amnésique des nombres ;
regard mouillé de toutes les pluies versées les nuits d’orage quand les peines font craquer le ciel à l’horizon d’un courage anémié…
Dans cet outre monde, dans ce monde de jadis, les êtres avaient une face familière ; les choses également. Même le temps fané était doux dans son amas de feuilles mortes…

De t’aimer, je n’ai plus le cœur
cité de ma jeunesse grise ;
de mille oiseaux chanteurs éprise
au soleil fondant des fondeurs

Ma paume (haïku)

Ma paume creusée
L’eau fraîche de la fontaine
À ma bouche sèche

D’autres cités

Des cités incrustées dans la carapace de crustacés monstrueux,
des cités enveloppées dans la plèvre grise de leur haleine toxiques, puant la chimie organique de digestions colossales,
saoules du râle de leurs gueulards embouchés jusqu’à la lie,
ivres du fracas scandé jusqu’à l’obsession et qui roule dans des veines tendues comme des rails ;
des cités ruisselantes de sueurs acides aux portes des exploits ;
des cités en nappes de champignons velus, ayant poussé aux pieds des pyramides de laitier, hautes et lisses comme les tombeaux des pharaons dans la vallée des rois ;
des cités aux draps de cendre flottant sur les pavés, les cours et les jardins ;
la cendre jusqu’au lit des chambres nuptiales,
là où des nichées ancestrales et multilingues dormirent à même la paillasse des rêves de terre promise ;
et puis les mornes figures des façades entrées en maladrerie sous les crachins de septembre,
mais aussi les caresses tièdes des soleils compatissants ;
des cités pleines de cette meute, lâchée à l’appel de la trompe, mugissante et pétaradante dans la thrombose des rues, et pleines de ces essaims d’insectes besogneux dégorgés de la ruche industrielle ;
des cités glorieuses du travail triomphant dans la noirceur des champs de mitrailles, et célébrant leurs hégémonies dans le vacarme des machineries ;
mais cités aimées des âmes simples qui savent écouter le temps, à sa grande rumeur, à son immense tâche.

Paolo

Novembre en culotte écourtée dans la cité de l’Espérance, que la solidarité polyglotte des manœuvres a édifiée, Paolo devant la porte close de l’affection, proteste de toutes ses lèvres tremblantes et muettes, le transi de son chagrin.
Fausse mère, oublieuse dans les bras de son amant, père peine perdue dans le labyrinthe de ses maçonneries ;
Paolo-Pinocchio rêvant à la Fée Bleue dans les morsures de la solitude, dans les palabres des mégères transalpines, et fuyant les quolibets des fils de porions jusque dans le tablier de Justine, la faible d’esprit qui réchauffe son sourire au coin de la cuisinière à bois !
Et puis des familles, tribus exotiques, quittant leurs baraquements fiévreux, dévalant les côtes de l’opprobre à la conquête d’une reconnaissance, d’une légitimité revendiquées, le front haut, l’œil cinglant et la parole sentencieuse, claquant comme le fouet sur les idées reçues tout droit de la bêtise ;
avec leurs maîtres-mots du courage, du labeur et du savoir-faire universels, en passe-partout des âmes récalcitrantes.
Ainsi se mêlaient les sangs des peuplades ouvrières accourues des plus sombres régions de l’indigence, pour engendrer les plus forts liens de fraternité dans le creuset de la considération.

Lui lance la boule (haïku)

Lui lance la boule
Au plus près de cochonnet
L’autre va tirer

Industrieuses Amours

Industrieuses Amours dans * MULLER Jacques muller-industrieuses-amours-presse-rl

Pour en savoir plus sur la sortie du recueil de poèmes de Jacques Muller intitulé « Industrieuses Amours », cliquer sur le fichier ci-dessous :
fichier pdf MULLER Dossier presse

MULLER Jacques

MULLER Jacques dans * 1 - Présentation des artistes muller-jacques
Jacques Muller est né en 1950 dans une vallée sidérurgique lorraine. Il se tourne
très vite vers la littérature, échappatoire la plus efficace pour se soustraire à
l’environnement métallurgique qui l’entoure, dans lequel il puise pourtant
aussi son inspiration.
Il suit des études littéraires, en hypokhâgne et khâgne, et travaille en parallèle
à l’usine pour financer une partie de ses études. Il devient ensuite journaliste
pour le quotidien régional Le Républicain lorrain, d’abord au Luxembourg et
en Belgique, puis en Lorraine.
La question des restructurations économiques et sociales dans la région lorraine
est un sujet qui le touche et se retrouve dans ses écrits.

En rose et en gris… la Vie !

Pour voir les deux couvertures du dernier recueil publié par Nicole Bardin-Laporte, cliquer sur les fichiers ci-dessous :

fichier pdf Laporte EN ROSE ET EN GRIS…LA VIE…! 1ère de couverture – Copie

fichier pdf Laporte 4ème de couverture EN ROSE ET EN GRIS…LA VIE…! – Copie (2)

 

18 ans ; coeur brisé

Un jour d’avril, mon sommeil au zénith.
Dix huit printemps, songes rêves adolescents.
J’ouvre mes yeux, sur des mots qui crépitent
J’entends l’horloge, bouger l’aiguille du temps.

Dans cette chambre soleil, au bout de la nuit.
Je quitte mon lit, l’esprit encore emporté.
Au mur, le portrait d’une enfant au paradis
Dans le miroir mon visage, dix huit années.

J’écoute les bruits, ce matin du mois d’avril.
La bêche fend la terre, qui craque sous les coups.
Le café se mêle aux épices, arômes subtils.
Sous la flamme, le murmure de l’eau qui bout.

Dix huit ans, les sourires frappent à ma porte.
Baisers cadeaux papa, maman vous mes parents.
Sur la joue de mon père, une larme, passion si forte.
Dans ses bras je me blottis, bonheur de cet instant.

Je me souviens de ses mots «Ma fille, un autre Père»
Des paroles qui me brisent au cœur, je l’aime tant.
Je m’effondre sans regard, sans réponse de ma mère.
Dix huit ans, une pluie glacée m’inonde en un instant.

Papa oh mon père, pourquoi cette terrible déchirure !
Dans ma chambre je me réfugie, le jour s’écroule.
Mon père oh papa, comment supporter cette blessure.
Ma vie défile et je crie sur cette vérité qui m’enroule.

Alors les jours, les années passent et meurent.
L’adieu de mon père, dans cette maladie sans parole.
Anéantie terrassée, je m’enlise dans de sombres heures.
Submergée de chagrin, aux portes du vide je m’envole.

Je me relève fébrile, les yeux toujours mouillés.
Dans le miroir mon reflet, je cherche un autre regard.
Silence de ma mère, sur les douleurs de son passé.
Mon père n’est plus, l’autre sans doute trop tard.

Lui il est là proche et loin, les yeux encore ouverts.
Des frères des sœurs, dois-je les ignorer! les oublier!
Quelques phrases écrites, sans réponse de ce père.
Il est pourtant l’homme sans qui, je ne serais pas née.

Un jour de printemps, mon réveil au zénith.
Dix huit ans, je quitte mon rêve adolescent.
J’ouvre mes yeux, sur des voix qui s’agitent
J’écoute l’horloge, avancer les aiguilles du temps.

Sur le mur (haïku)

Sur le mur d’en face
Un poster de Led Zeppelin
Un portrait d’Aline

Ce soir…

Bételgeuse, Altaïr, Rigel, Véga, Gémeaux,
Je chanterai ce soir pour les étoiles seules
Et les humbles grillons stridulant près des meules.
Ma voix se fera douce et musique mes mots.

Je ne gémirai pas à l’ombre des ormeaux,
Comme en ces vieux refrains chéris par nos aïeules.
Simplement je rattache, hors des complaintes veules,
Le chaînon de ma vie à des maillons jumeaux.

Dans mon âme endeuillée une intime blessure
A nouveau saigne un peu, tandis que je susurre
Les noms, le souvenir de ceux qui ne sont plus.

Auréolés d’amour, purifiés d’absence,
Ils écoutent, muets, sous la dalle reclus,
Un arioso lent que ma douleur cadence.

Le courant (haïku)

Le courant détache
La carapace de glace
Le fleuve en morceaux

Destin

Dans les blés mûrs et l’herbe tendre
La Faucheuse est à sa moisson,
Nous martelant une chanson
Qu’il ne nous plaît guère d’entendre.

Cruelle mort qui vient tout prendre !
Vieillard, adulte, nourrisson
Tour à tour lui versent rançon
En refusant de la comprendre.

Comment lutter contre l’effroi,
Les doutes et le désarroi,
Lorsque le deuil suit les alarmes ?

Pourquoi faut-il, en vérité,
Payer avec autant de larmes
L’espérance d’éternité ?

Crépuscule sur la toile

L’artiste a posé des couleurs, sur une toile vierge
Sous ses pinceaux, un soir d’été il a couché.
Des ombres fuyantes, sous l’astre se dispersent
Aux prémices, d’une nuit aux lueurs éparpillées.

Des braises pourpres, éclaboussent l’horizon
Encore coloré, au bout d’un jour clairsemé.
Sous les doigts, vibrent les reflets changeants
D’un coucher de soleil, aux flammes emportées.

La nuit encore discrète, s’avance à pas légers
Des brumes vaporeuses, se répandent sur la terre
Les bouquets se ferment, sur des cœurs parfumés.
S’enroulent alors dans un voile, les clairières.

Au bout du jour, des gris s’éparpillent sur la toile.
Un ruban violacé, se couche sous le pinceau
Des flots de nuages, dans les cieux s’enlacent.
Jaillit alors un éclair, au cœur de ce beau tableau.

Lentement la terre s’éteint, dans le sommeil
L’oiseau a quitté le ciel, dans le bois, il repose.
Des chevaux galopent, sous la lune qui s’éveille
Le crépuscule rejoint la nuit, bleue ecchymose.

Au loin un rivage écume ses vagues grises
Au ras de l’onde, plane une mouette solitaire.
Dans les derniers reflets, une barque s’enlise
Aux ultimes lueurs, qui s’évaporent de la mer.

Le peintre est assis seul, sur un vieux banc
L’échine penchée, les mains ridées par le temps
Sous son béret usé, coulent ses cheveux blancs
Au coin de la toile achevée, il a couché son nom.

Plein sud

Les terrains rouille d’en bas mènent souvent à des grilles
De propriétés lasses et hautes et camouflées,
Derrière des murs de gré aux façades décrépies,
Aussi blonds et massifs que les remparts des blés.

Je cours vers cette allée où la fraîcheur vous lèche
D’une ombre bleue parfumée, prés d’une fontaine cachée,
Dans une vieille cour glacée où traînent des fleurs sèches,
Des chardons et des figues dans des plats cabossés.

Et partout aux oreilles, le frottis épicé
Des cigales hérissées et des criquets jaunis,
Des lézards qui serpentent vers les crevasses zébrées,
S’y engouffrent, happés comme les doigts dans du riz.

Petite foule verticale souple, orange et rebelle,
Loin de la mer tranquille et qui oscille, turquoise
Lissée comme une peau, le soir, ambrée de miel :
Un miroir éclatant que l’oiseau, tremblant, rase.

Les coudes sur le fer froid et rouillé d’une vielle table,
Sur une terrasse de laves, nous parlons de la ville,
La voix douce, les pieds nus pleins d’épines et de sable
Et les doigts dans les crabes. Viennent les guêpes sous les tuiles.

…Pieds nus, dedans, dehors, secs, fripés des graviers,
Blessés des plantes pointues, apaisés des carrelages,
Et pour finir la nuit, de moustiques, dévorés,
Sur les draps bleus gluants du sel et des orages…

On ne quitte le corail des chemins terre de sienne,
Du haut des toits, veinules qui courent vers les recoins
D’un paysage doré. Là s’évacue la peine
Comme les perles de sueur d’un revers de la main.

Le tic-tac (haïku)

Le tic-tac sonore
De cette antique pendule
Taquine mes nerfs

Nous n’avions pas cru (haïku)

Nous n’avions pas cru
Qu’il pût y avoir autant
D’arbres abattus

Bussang en terre des Vosges

Au bord du ciel un dôme se dresse, Le Grand Ballon.
Maître des lieux, Père du massif et de ses forêts.
Lorraine et Alsace, s’étalent au pied du vieux mont.
Cols et vallées, se succèdent riches de leur beauté.

Octobre a coloré les collines boisées, les pâturages.
L’œuvre d’un peintre, s’est posée au bord de mes yeux.
Des reflets soleil, ondulent et se balancent tel un rivage.
Aux cimes des centenaires, qui sommeillent si vieux.

Des cours d’eau bouillonnants, coulent sur les pentes.
Et là au pied du Drumont, jaillit à la source la Moselle.
Torrent de montagne, aux cascades pures qui clapotent
Le ruisseau devient rivière, où baigne et se miroite le ciel.

Dans les sous bois, bruisse l’écho des haches, des scies.
Les bûcherons du massif, coupent dans la sueur du métier.
Les sapins qui dépouillés, finiront aux coupes des scieries.
Pour renaître aux murs des chalets, au feu des cheminées.

Sur les pentes au bord des vallées, paissent les moutons.
Blancs éphémères, mêlés aux teintes automnes des monts
Dans la quiétude de la saison, ils parcourent les vallons
Et le tintement de leurs cloches, résonne comme un chant.

Des brumes oscillent et enveloppent ces verts massifs.
Magnificence de la nature, sérénité profonde de l’instant
Se profilent alors les pointes d’épicéas, comme des récifs.
Dans un tumulte vaporeux, brouillard aux reflets d’argent.

Devant moi les forêts, comme les jardins des dieux.
Bouquets de sapins de fougères, des Vosges pays.
Des monts des ballons, au bord du chemin des cieux.
Bussang j’ai bu à ta source, l’eau cristalline de Marie.

Jean-Claude George entre à l’Académie

Notre ami Poète, Jean-Claude George fait son entrée à l’académie…

LES MEUSIENS le connaissent. Comme homme de lettres. Jean-Claude George est un auteur régional, voire régionaliste, un poète, un rêveur, un « buveur de lune ». Il pouvait s’attendre à être élu à l’académie Stanislas. Il vient — à sa grande surprise — d’être élu à l’académie lorraine des… Sciences ! Avec deux autres impétrants, Ferri Briquet (directeur des Presses universitaires de Nancy) et Philippe Vidal (paléoanthropologue âgé de 44 ans).

Jean-Claude George, lui, a fait sa carrière sur des rails. Ceux de la SNCF. Il aurait pu rester chef de gare à Sampigny. Un aiguillage a décidé d’une évolution de carrière, tournée vers la formation et la communication. Avec de nombreux déplacements.

« Le soir, je m’ennuyais ferme. Je lisais, fréquentais les bibliothèques. Petit à petit, le goût de la recherche historique a pris place dans le wagon de la curiosité. »

Retraité, Jean-Claude continue à former, triturer le clavier, tricoter des vers. Libres. Comme son esprit fouineur qui déniche l’insolite et l’étrange, tout ce qui donne du sel aux petites histoires locales.
Président de la société des poètes et artistes de France, il est également directeur d’Art et Poésie, revue internationale de culture francophone.

Prix de poésie à 20 ans

Et il aligne les prix comme un pilote chausse la pole position éternelle :

• Grand prix de poètes de France (en 1967, il n’avait que 20 ans) ; des écrivains lorrains (1985) ;
• Prix Jean Cocteau (2000) ;
• Grand prix national du conte (2000) et (ouf…)
• Grand prix Victor-Hugo pour l’ensemble de son œuvre. Et ce, sans candidature.

En deux ans, l’auteur a écrit trois (gros) bouquins, vient d’achever un ouvrage sur les Ardennes, s’attaque déjà à deux nouveaux opus : « Les mystères de l’Aisne » (sortie en 2013) et « Les mystères du Cher » (sortie en 2014).

Bref, comme il le dit lui-même avec humour : « Il me reste peu de temps pour faire mon bois ! »

Modestie… Car Jean-Claude trouve encore le temps d’animer des ateliers d’écriture, de poésie dans les écoles et les lycées.

Source : L’Est Républicain via Pierre Lombard sur Facebook (Merci Pierre !)

Moi et ma maladie

Je ne suis plus seul !
Possédé, elle me hante,
Me tient compagnie.

Ma rivière

Ma rivière ne regorge pas de poissons
ni de pêcheurs à la ligne.
Au-dessus d’elle, pas de libellules pour voleter,
pas de barques qui vont à vau l’eau,
pas de hérons,
pas d’ombrages dessinés à sa surface
transpercés aux ajours par les rayons du soleil,
pas de saules blancs ou de peupliers qui la bordent sur ses rives,
pas de nénuphars ou d’iris jaunes le long de ses méandres,
pas de courant quiet,
pas de bucolique pour la baigner d’une atmosphère.
Ma rivière à un pont entre elle et le ressentir
où coule l’énergie fleuve dans le sang qui verse à ma vie.
Elle me parcourt comme la sève nourricière
qui ne sèche pas,
rutilante et intarissable dans le paysage incarné.

Ma rivière est tant que dure la vie…

Et si

Chaque individu
Durait, juste pour laisser
Sa trace à la vie.

Nuit solitaire

La solitude en fond, le sommeil en cavale,
Glu collant à la peau, l’obscurité fait mal
D’abord, comme un étau, la griffe d’un chacal
Accrochée à mon corps. Froide nuit cannibale.

Reculez, reculez, ténèbres vénéneuses !
La lumière intérieure, en geyser, de mes yeux
Fuse, l’imaginaire étreint l’abîme ombreux,
Le féconde , le peint de couleurs prodigieuses.

Alors, la nuit se double d’un effet de moire.
C’était hier. Avant. Mes deux mains dans le noir
Epousent des tracés, réinventent l’espoir
De séquences d’amours telles qu’on n’ose y croire.

La caresse éveillant des boutons solitaires,
D’une flaque de larmes, l’instant d’un éclair,
Explose une corolle, un nénuphar de chair
Frissonnant de plaisir en des spasmes solaires.

La marguerite

Comme au gré d’une marguerite,
Quel futur s’impose à l’amour ?
Voici depuis le premier jour
Ce frisson dont le cœur hérite.

Chaque être devient émérite
A rendre meilleur son séjour ;
Comme au gré d’une marguerite,
Quel futur s’impose à l’amour ?

Lors, fidèle au plus tendre rite,
Vivant baigné d’un peu d’humour,
Libérant l’âme sans détour,
Nulle amertume ne m’irrite,
Comme au gré d’une marguerite.

Syrie

                                                               Drôle, cet encrier que possédait mon père !

                                                               C’était un animal en bronze, un dromadaire.

                                                               Son dos creusé portant le couvercle bossu

                                                                              Passait d’abord inaperçu.

 

                                                               Il avait voyagé de Syrie en Lorraine

                                                               Dans la malle aux trésors d’un ami capitaine.

                                                               Il parlait de désert, d’oasis, de palmiers,

                                                                              Berçant mes rêves buissonniers.

 

                                                               Qu’importent maintenant Damas, Alep, Palmyre ?

                                                               J’imagine plutôt telle cité martyre

                                                               Où Bachar assassine en toute impunité

                                                                              Les amoureux de liberté.

 

                                                               Le journaliste intègre y devient une cible ;

                                                               Le mensonge s’ajoute à l’horreur indicible ;

                                                               Un monstre dissimule, aidé par ses nervis,

                                                                              Son goût des  peuples asservis.

 

                                                               Que la guerre s’éteigne en cette république

                                                               Où l’on a  dévoyé l’élan patriotique !

                                                               Que plus jamais n’y meure un enfant innocent

                                                                              De qui la terre boit le sang !

Lettre d’immortalité

Programmer l’envoi
Pour l’an 3000, d’un mot
A ses descendants.

Scène d’été

Le sang des coquelicots éclatants ne sèche pas,
les boutons d’or enfants du soleil rayonnent flavescents,
la coccinelle : bête à bon Dieu se pose sur la main
et le présage heureux enjoue.
Poids de plume l’herbe se balance au vent
comme la fiancée chavirée de l’été,
la lenteur semble effilocher la course du temps
et la quiétude épargner de toute emprise
l’air libre qui règne en partage.
Un secret éthéré écoute le chant du coucou
qui n’a pas construit son nid,
le trèfle à quatre feuilles se cache dans le pré
et portera chance au garenne et à qui se promène.
Plus loin, à sa lisière, le bois promet un tapis de mousse,
une petite route champêtre s’étire dans le paysage
bordé de champs où le blé a fait ses grains,
la moisson approche comme la rente des efforts de sueur.
Une jeune fille à bicyclette qui passe en tenue vaporeuse
apporte une présence fraîche au délice enivrant de juillet
et la lumière , là, a un regard qui vous fait rencontrer
d’autres yeux limpides et doux…

Je rentre chez moi (haïku)

Je rentre chez moi
Une nuit pleine d’étoiles
Un chien qui m’engueule

Songe de nature

Le clapotis d’une source glacée
Sur la pierre lisse et tachetée
Comme un œuf de pigeon doré
Entre les terres rousses d’une rivière…

L’eau me vient à la bouche de boire
À ce jet tordu de miroirs
Morcelé en des diamants noirs,
Reflets des herbes sèches de l’hiver.

Le soleil criant sous les branches
Atteint la petite avalanche
Dont les perles éclaboussent mes manches
Quand je me penche, genou à terre.

Petite fraîcheur contre la joue
Rougie comme la main dans la boue
Rentrant dans les pierres qui la clouent
Comme le cri strident d’une mère.

La mousse est un meilleur support
À ma peau que le froid dévore.
Je m’assoupis contre un tronc mort,
Ivre de glace et de lumière.

La danse orange des feuilles tombées
À la brise d’un automne léger,
M’échafaude une triste pensée
Grimpant vers le coin d’un ciel vert.

Les yeux dans cette hauteur, vissés,
Le corps monte comme évaporé.
Comme il me manque déjà l’été !
Automne, la saison du désert.

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