Archive pour la Catégorie 'Artistes SPAF Lorraine'

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Sache mon ange,

notre purgatoire est peuplé d’âmes très chères qui hantent notre vie, des matins si pâles au bas des pages journalières, où la somme illusoire du faire ne composera pas la dense histoire de l’être à son destin.

Nous disions le monde tel qu’il fut, hélas, aux incessants instants de sa mort tant banale, en croyant écrire ce qu’il aurait dû être du sang frais de nos espoirs inavoués.

Nos paroles étaient une chanson des rues, dans la partition du tendre, quand, au quotidien exsangue, roulaient les tambours de la médiocrité.

Je rêve toujours de ce mot rare et juste, suspendu aux colonnes du savoir comme le fruit d’or au jardin des délices…

A coup sûr tu l’aurais nommé, épelé dans sa chair originelle et savoureuse, exempt de velours et de cuir.

Sur le marbre des œuvres éphémères, il me reste ce sourire à l’accent séraphique, porté par une irréductible compassion, et qui ne voulait pas croire à l’enfer des hommes.

Le rêve en passeur

Dans la nuit qui m’étreint, le rêve est mon passeur.

Les images d’enfance en un bal de sorcières

Tourneboulent ma tête, y forent des clairières.

Toutes les nuits, le choc me comble de bonheur.

 

J’eus ce bonheur de voir et je rêve en couleurs.

Mille éclats dans le noir, virulentes lumières,

Forcent ma nuit, forcent le mur de mes paupières.

L’horizon saute aux yeux, pousse un feu ravageur.

 

L’homme qui parle ainsi pour chanter le sommeil,

Il porte dans sa voix les rayons du soleil

Que ne voient plus ses yeux. Il en porte la trace.

 

Perdre la vue un jour, sans perdre la raison,

Vous emmure en la plus éprouvante prison.

Dans le jour qui s’éteint, ses rêves lui font grâce.

 

 

 

 

septembre 2012

 

(Publié dans Anthologie poétique de Flammes Vives, 2013.)

La faille du seau

Deux vieux seaux bavardaient sur le pas de la porte

Attendant que le jour vienne chasser la nuit

Et qu’une jeune dame, au matin, les emporte

Pour collecter, pleins pots, l’eau bien fraîche du puits.

Soudainement, l’un d’eux taquina son confrère,

Celui qui s’allégeait, goutte à goutte, au retour

Parce qu’une fêlure exfiltrait jusqu’à terre

Son liquide précieux qu’il semait alentour.

Le récipient blessé, réprimant sa tristesse,

Décida qu’il irait s’accuser du défaut

Pour ne pas décevoir sa gentille maîtresse

Qui n’avait jusqu’alors critiqué son niveau.

Dès qu’il eut exprimé le lourd poids de sa peine,

La femme répondit d’un petit air moqueur

Qu’elle avait déposé, sur son chemin, des graines

Qui, par son arrosage, engendreraient des fleurs.

La route de la vie où s’écoulent les larmes,

Par la main bienveillante acceptant les travers,

Embellit la nature et révèle les charmes

Que toute différence offre au Grand Univers.

Le désert… (haïku)

Le désert, l’avion,

Et un  » Petit Prince » blond,

Tout est poésie !

Femme

La ligne d’horizon sinueuse et vibrante

D’une masse de chair battue par les flots,

Le pinceau la sublime, en brise les sanglots,

Mixe mille couleurs pour la fixer vivante.

 

 

Les charmes féminins, le poète les chante

A l’envi. Paysage affalé sous les mots,

Dénudé, morcelé, dans ses creux des îlots,

Dans leur sables mouvants l’invisible bacchante.

 

 

Beau sujet !Du grand art ! Mais la femme, où est-elle,

Hors les fantasmes purs qui la rêvent si belle ?

Pour la foire à l’encan le sexe d’occasion !

 

 

Le web et le trottoir valent tel domicile

Où, servante à son gré, jouant à l’imbécile,

Sous cape elle s’en rit. L’infâme condition !

Attente

Le jour se conçoit sur les paupières brûlées des vaines attentes.

Proférer l’instant sacramentel et profaner l’accomplissement du verbe ; où est l’habit de féérie qu’avait revêtu le mage génial pour déclamer le nouvel ordre des mots dans la rubrique des drames ordinaires ? La pointe de l’aube entre les persiennes du devoir palpite à peine d’un espoir, s’insinue encore après l’horreur des nuits pendues aux stations du chemin des heures maudites. La pensée fileuse se fourvoie aux détours de la période chaotique, mais vibre toujours dans la trame du poème en marche.

Plus sûrement que la suite des nombres, l’astre accouche son océan d’ocre rouge ; et dans la plus haute rythmique du silence exultent les splendeurs de tous les devenirs. Je te déclare né du sceau de mon orgueil !

*

L’été craquant de félicité dans l’orage d’une caresse ; pourquoi tes baisers à fleur d’extase ont-ils péri dans les arpèges du souvenir au bout du chemin de dévastation, un matin du huitième jour de la semaine ? Que d’heures tapantes au clocher de déraison nocturne et taciturne à quêter l’éclosion d’un oracle, métaphore du sourire de la prêtresse au verbe nouveau-né, chantant la méthode d’amour dans le texte initial des tables de la joie.

L’élan d’un pur désir dans les tambours feutrés de l’attente éclate en pluie de soleil sur un lopin de bel Eden, quand, au retour du quart ou de l’heure, à la virgule fortuite d’un regard cinglant l’outre-mer ou au point d’orgue de la périphrase vêtue de cristal et de lumière, s’ingénie le lustre d’un genou gansé d’une parenthèse de séduction.

 

Qui étais-tu ?

Qui connaissait l’homme qui ne disait rien
Au bout de nos phrases et regardait loin
Les mains dans les poches, à l’air chaotique
Qui mangeait lentement, sourire laconique ?

On l’a retrouvé entre algues et tessons
Sous les palmes des signes, le vol des pigeons
Et les voûtes du pont où passent les voitures
Aux chauffeurs pressés, regard droit et sûr.

On l’a repêché, paquet des bas fonds,
Tout gonflé d’histoires remontées au front,
Aux plinthes des murs verts de la rivière grasse,
Bagage déballé, voyageur sans trace,

Là où les sportifs tout frais du dimanche
S’arrêtent, rêvassant, s’essuyant d’une manche
Et où les lecteurs jettent un œil marron
Entre les feuilles mortes et papiers d’bonbons.

Le vent a soufflé sur les bords de toi
Et t’a traversé comme il troue les toits
Quand ton corps s’est fait celui d’une poupée
Aux amas de mousse épars déplacés.

Au pied de ce chêne qui t’a vu glisser,
Un chien a pissé, un oiseau, chanté
Et le trajet gris courant vers la ville,
Les rires le jalonnent des vélos tranquilles.

Dans le silence lourd, sur les graviers nets,
Ton jeune spectre bats : un cœur de planète.
C’en est une entière que tu emmenas
Et personne ne pleure ce monde qui se noie,

Ce monde qui s’écroule, cet assassinat.
La vie ne met même un voile sur cela.
Elle mêle en même temps, la mort, les sardines,
Un mégot qui traîne, un bras qu’on vaccine…

Bordel des bordels ! et un champ de blé
Qui ondoie luisant au même air butté.
L’air qui le caresse est celui qui perce
Ta carcasse lasse, l’enroule et la berce.

Qu’il y creuse sa place comme feu dans la nasse
Et qu’il la fasse taire et puis la défasse,
L’efface et l’enterre, l’esprit ne l’accepte
Cette vérité crue que l’on intercepte.

Pourtant tu n’es plus et c’est comme cela
Que tu es parti et pas comme un roi.
Voilà ce qu’on est, voilà ce qui est
Hors de tout reflet, avant et après :

Un morceau de poire là qui tombe par terre,
Qui n’a plus à voir avec un dessert
Ni avec un fruit et passe à la trappe,
Un morceau fantôme que rien ne rattrape.

La vie facilement nous laisse devenir ça,
Sans avertissement, sans masque, ni passe droit.
Des âmes les plus fines elle fait du terreau
Pour les pieds des signes, le soc des bateaux.

L’eau vive

En dardant de ses feux une saison aride,

Le soleil exhalait une chaleur de plomb,

Asséchant la nature et crevassant de rides

Une terre gercée en de nombreux sillons.

L’atmosphère alanguie exsudait sa souffrance

En couchant de son poids les récoltes des champs,

Etouffant de chagrin la fragile espérance

D’une pluie allégeant la pesanteur du temps.

Tout au fond du jardin, sous la grande tonnelle

A la voûte jaunie, une humble goutte d’eau,

Dans sa beauté limpide, étincelante et belle,

Se perlait de moiteur pour s’offrir en cadeau.

Près du feuillage épars, une rose meurtrie

Convoitait cette larme avec avidité

Pour qu’elle désaltère et sa robe flétrie

Et son corps désireux d’un peu humidité.

A l’égal de la fleur, l’être vivant réclame

Un climat de douceur et d’échange alentour

Pour apaiser la soif et les maux de son âme

Aux sources de la vie affluant de l’amour.

Le prix de la fleur

Il venait d’un pays qui n’existe qu’en rêve,

Un pays où la rose était comme une sœur,

Dont la seule présence avait ravi son cœur,

Pour elle, il accepta que sa fugue fut brève.

 

Dans son pays lointain, minuscule planète,

Le coucher du soleil venait, à satiété,

Illuminer sa vie et, parfois, l’habiller

D’un peu de poésie à l’heure où tout s’arrête.

 

* * *

 

Il est en mon jardin, mon pays, ma province,

Des centaines de fleurs au charme délicat,

Mais il est une rose, à la robe incarnat,

Unique et d’un grand prix, le sais-tu, « Petit Prince » ?

 

La fraîcheur du matin dépose en sa corolle

Une perle d’eau vive au reflet chamarré.

Et, dans la paix du soir, exaltant sa beauté,

Les couleurs du couchant lui sont une auréole.

 

Ainsi, nous dit l’enfant, chaque instant de la vie,

Nous offre une présence, un ami à aimer,

Un coucher de soleil pour nous émerveiller

Et pour nous rappeler que tout est poésie !

On ne voit bien qu’avec le coeur

 » On la trouvait jolie et voici qu’elle est belle … »

Jolie, aux yeux de ceux qui la voyait passer,

Mais, belle à qui savait déjà la regarder

Avec les yeux du cœur. Charmante ritournelle !

 

Un aveugle m’a dit qu’il voyait des images

En écoutant Mozart, Beethoven ou Chopin

Et qu’en se promenant, le soir, en son jardin,

Le parfum de ses fleurs n’était que paysages !

 

Il naquit trisomique, emblème d’innocence.

 » Handicapé mental « , avait dit le docteur.

Mais sa maman, bien sûr, n’écoutait que son cœur

Et ce fut son amour qui fit la différence.

 

Dans un regard d’enfant où perçait quelque doute,

J’ai cru voir une angoisse ou, peut-être, une peur.

Mais, quand je l’ai serré, tendrement, sur mon cœur,

J’ai compris son émoi, fait taire sa déroute.

-Nuit

Nuit en toison d’ébène roulant ses ondes d’indolente houle et de soyeuses paresses sur l’ambre chaude d’une épaule offerte aux songes issus des hautes volutes du désir.

Nuit en éclats de saphir brûlant comme deux torches aux abords de la baie des retours de haute mer d’émoi, chargée d’épices et de plaisirs damassés de dociles douceurs.

Brûlant aussi comme le tranchant de l’épée brandie sur l’anneau des serments, et que nulle trahison ne vint dérober sur les chemins d’aventureuse mémoire.

Nuit vêtue de lascives voilures où s’enivre la beauté dans le miroir du silence et susurrant ses sédiments de soupirs entre les pages d’heures incantatoires, d’heures divinatoires comblées de la circonvolution intangible d’une attente subtile et sûre, comme le frôlement du parfum de la traîne vers la plénitude d’amour.

Le temps de l’eau

La nature s’éveille et le soleil flamboie.

Des sanglots de la nuit ne reste en souvenir,

Sur un bouton de rose, alors qu’il va s’ouvrir,

Qu’une perle d’eau claire, une larme de joie.

 

 

Pour libérer la source, instant de poésie

Et de féminité, la Montagne s’ouvrait.

Et, de son flanc fécond, généreuse, elle offrait

L’eau vivante et chantante, elle enfantait la vie !

 

 

La Mer a reflué jusqu’en l’étale basse,

Mais elle reviendra, de rouleaux en rouleaux,

Tester sur les récifs la force de ses eaux,

Inexorablement, usant le temps qui passe !

 

 

En me remémorant la merveilleuse histoire

De l’enfant du désert, « Petit Prince » venu

D’un lointain univers, je me suis souvenu

De quelques mots gravés au cœur de ma mémoire.

 

 

Il disait qu’il voulait, vers l’eau qui rassasie,

Marcher à pas comptés ; aimable postulat

Qui tend à préférer au succès immédiat

Le chemin qui conduit aux sources de la vie.

Ambivalence

L’ardent flash de l’éclair… L’écho sourd du tonnerre…

Quand l’écran s’illumine, un ciel noir en retour

Excite crescendo la peau de son tambour.

Le coup de foudre porte au cœur lumière et guerre.

 

 

Tant d’éclat dans la tête ! Il ne touche plus terre,

L’amoureux déchaîné par l’extase d’un jour,

Ignorant qu’un revers se trame à contre-jour,

Que le temps détruit tout dans  sa mortelle serre.

 

 

Cruelle ambivalence. Un nœud fait trébucher

Des pas mal assurés. Le couple va lâcher.

Sur un fil trop tendu, les amants funambules

 

 

Pressent, désespérés, leurs doigts qui se sont joints

Pour croire à l’infini, jouer des contrepoints

Sans accrocs, souvenirs d’esseulés somnambules.

Evocations

Quand les blés seront murs, au matin de l’absence,

Et que leurs blonds épis danseront dans le vent,

Ils seront souvenir. Lors, dans un vœu fervent,

Mon cœur dira ton nom pour rêver ta présence.

 

Tes yeux brillaient des feux qu’au mitan de sa course,

Un flamboyant soleil venait y déposer.

J’ai compris, ce jour-là, je n’osais l’espérer,

Que ton regard serait ma rivière et sa source.

 

Lorsque le rossignol, au cœur de la vesprée,

Accueillera la nuit d’un discours enchanteur,

Je me rappellerai ces instants de bonheur

Et de sérénité, quand l’âme est apaisée.

 

Sur la plaine alanguie où régnait le silence

La caresse du vent me rappelait ta main.

Mais tu n’étais pas là, je t’ai cherchée en vain

Et je n’ai jamais pu guérir de ton absence.

Ainsi va le monde

Il y a le fracas de la mer, aussi le fracas de la guerre
Il y a les jours sans pluie, les jours d’avec le déluge...

Il y a le vent et la semence, qu’il porte et qu’il emporte
Il y a des printemps stériles et des étés si tristes
Qu’on voudrait les pendre...

Il y a les enfants qui ont faim. Ceux là ne sourient pas.
Et les enfants heureux qui racontent leurs jeux.

Il y a le mois  d’avril et le mois de novembre
Quand le ciel est tout bleu. Quand le ciel est de cendres.

Il y a de grands océans et des mers d’étoiles.
Il y a  aussi des mers mortes qui brûlent les pieds

Il y a les larmes du rire et du chagrin
Qui lavent les yeux
C’est un tout. Ainsi va le monde
Et le savoir peut rendre  malheureux.

11 novembre 1999 en Tchetchénie

 

Ce garçon de douze ans, sur un lit d’hôpital,

N’exprime ni dégoût, ni haine ni colère.

Parmi d’autres blessés dans la même galère,

Seul le retient encore un frêle instinct vital.

 

Une étrangère approche et sa voix de cristal

Le caresse bientôt comme un baiser solaire.

Alors il parle enfin, mais son coeur s’accélère,

A peine évoque-t-il l’après-midi fatal.

 

Un éclair, un bruit sec au milieu du village…

Des enfants près de lui n’avaient plus de visage;

Aussitôt l’emportait un soldat valeureux.

 

Il regarde blêmir les reporters ingambes.

Jamais il ne fera leur métier dangereux :

Un homme en blanc n’a pu que lui couper les jambes.

 

Prix Voltaire au concours du Cercle Littéraire de Graffigny de Lunéville, en 2000.

Prince noir

Pendant du blond aux yeux de glace,
Te voici mon nouveau canon,
Prince ou barbare aux yeux charbon,
Aux cheveux du noir de l’espace.

Viens étendre ton corps de rapace
Sur la berge fraîche d’un étang,
Ta tignasse aux reflets d’argent
Emmêlée de fleurs et de crasse.

J’ouvrirai le voile de ton torse
Sous ta gorge nerveuse que je mords,
Pour caresser tes muscles d’or,
Tes beaux muscles aux fibres retorses.

Dans ton regard froissé de fièvre,
Luira un ruisseau de promesses.
En frôlant celui de tes tresses,
Je boirai celui de tes lèvres.

J’aspirerai ce fluide de rose
Entre tes dures mâchoires de pierre
En me coupant aux lames de verre
De tes dents, aimants de mes proses.

Je m’étendrai à tes abords.
Là, une immobile jusqu’au soir,
Les yeux fermés, comblée de noir,
Tu seras l’encre de mes pores.

Et pour écrire ce que tu es,
Lourde, je me fondrai à ta masse.
Sous la lune -collés à cette place-
Nous dormirons, ventres défaits.

À l’aurore j’aurai les collines
De tes pommettes d’ambre pour ma bouche,
Ton ventre pour ma main qui s’y couche
Et sa chaleur qui m’assassine.

Dans ce bois au parfum de mangue,
Près de l’eau, se mêleront nos doigts.
Une colombe dans le ciel passera
Et nous aurons l’âme qui tangue.

Nous deux, enlacés, sans rien dire,
Verrons naître un soleil qui bat
Mais l’image s’efface déjà,
Ce n’était qu’un rêve qui expire.

Amour

Froissant le bleu matin dans le lit de riches songes, la houle de haute nuit onirique frémit à peine sous l’haleine d’un baiser. L’onde nue et de tiède nacre love ses paresseuses courbes sous la caresse d’un désir quand s’alanguit l’heure de nulle raison, de nulle saison, dans l’embrasement du regard consenti où va mouiller une tendresse sans ancrage. Monte la grande marée des sens quand se lèvent les vents venus d’un pays de connaissance chargés d’effluves domestiques sur les rives d’un sourire en bouquet de parme ; chantent les vents portant l’humus d’anciennes merveilles jusqu’au tréfonds d’une mémoire agile et revisitée des frais espoirs de l’aube ;

soufflent les vents l’unisson d’émois éclatants

quand tombe la mûre moisson des mots d’amour.

Un seul vers

Un ciel bas dégouline,

Clapote dans les cœurs.

La ville a ses vapeurs,

Chacun sa grise mine.

 

Il suinte des murs

L’obsédante rengaine

D’un écho de Verlaine.

Un seul vers, des plus purs.

 

Il cogne à la fenêtre,

Bondit sur les pavés.

Ses mots restent lovés

Dans les creux de mal-être.

 

Quand l’absence est ma sœur

Et ma seule compagne,

Un seul vers m’accompagne.

 

Il pleure dans mon cœur…

Réception amicale en mairie d’Angevillers

Pour rendre hommage à Jacques MULLER, Grand Prix des Poètes Lorrains 2013, sa commune, Angevillers, a organisé une réception fort conviviale en son honneur, aux côtés de son épouse, d’amis, de représentants d’associations, d’élus et d’enseignants. J’ai eu l’honneur d’y représenter la SPAF Lorraine et de présenter le recueil primé ainsi que le talent poétique de Jacques, qui a expliqué la genèse de son inspiration et remercié l’ensemble des participants. Une belle soirée pour laquelle on peut rendre hommage à la commune et son maire, Mme Marcelle Brière. (Texte A. Bemer – Photos G. Legrand)

Réception amicale en mairie d'Angevillers dans * MULLER Jacques rlangevillerscouleurs

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Les oies (huile sur toile) par Monique Colin

Les oies (huile sur toile) par Monique Colin dans * COLIN Monique les-oies

Toussaint

Toussaint humide et blême.

L’automne larmoie

Des chapelets de feuilles mourantes

Sur les joues mélancoliques

D’une journée languissante.

Le crépuscule a commencé dès l’aube.

Le ciel a gardé closes ses paupières :

,Avare de lumière,

Il n’étale que du gris

En débandade

Entre sapins figés et nuages obèses.

Les lignes s’estompent

Sur l’horizon épuisé.

Les teintes s’anéantissent et sombrent

Dans les gifles de pluie.

Seuls débordent de couleurs

Les cimetières,

Où les vivants chargés de fleurs,

Chuchotent des souvenirs

De mort et de douleur.

Toussaint humide et blême

Toussaint

Octobre a pris congé de l’automne arlequin
Dont Eole moqueur défeuille le costume.
Les morts vont recevoir notre hommage posthume,
Des fleurs pour embellir leur ultime lopin.

Chers parents endormis sous un noir baldaquin
De granit où se brise en vain mon amertume,
Mon corps, saisi d’effroi, refuse la coutume
De vous rejoindre un jour en habit de sapin.

Je veux, réduite en cendre, être d’un sycomore
Le suc qui nourrira les jeunes frondaisons.
Que sa verte ramure aux amis remémore

Mes poèmes dansant le ballet des saisons,
Nos heures de soleil et d’ivresse première,
Mon cœur, insatiable assoiffé de lumière.

Jour de Toussaint

En un jour de Toussaint si fortement fleurie
La demeure bruissait de parents et de pluie
Qui tombait finement, en arrosant les fleurs
Venues prouver aux morts qu’ils restaient dans les cœurs.

Le petit vieux allait, à jolis pas menus
Tout courbé qu’il était et déjà fort chenu
Sans se soucier des gens, des allées et venues,
Redécorer les tombes qu’il avait retenues.

Curieuse, j’observais son drôle de manège,
Empruntant un pot là, ici un bouquet grège,
Allant les répartir sur la tombe isolée,
Qui, jour de souvenir, n’était pas visitée.

Ainsi devant la sotte et ingrate aberrance
L’injustice de vie, même dans la souffrance,
Il essayait enfin et par un grand effort,
D’établir l’équité bien par-delà la mort.

Libellule

Sur l’aile d’une libellule
Un rai de lune s’est posé,
Tel un brin de ciel irisé
Dansant avec le crépuscule.

Ce soir la brise funambule
Prend les senteurs d’un alizé.
Sur l’aile d’une libellule
Un rai de lune s’est posé.

J’aimerais être minuscule,
Un vieux lutin apprivoisé
Qui, d’une plume en bois rosé,
Ecrirait tout un opuscule
Sur l’aile d’une libellule.

Nuit d’opale

Coulez de fleur en feuille, ô douce ribambelle

Des pétales de lune éclos sur les jardins !

D’une touche laiteuse éclairez les andains,

Allumez le sentier sous les pas de Cybèle,

 

J’écoute ainsi renaître en mon âme rebelle

Un chant qui s’alanguit à la brise, aux embruns,

Qu’enfièvre un goût d’iode et de goémons bruns :

J’ai besoin d’un ailleurs, d’une aube rude, belle.

 

Surgi de nulle part un astre chevelu

Ravive encore en moi cette soif d’absolu,

Cependant qu’il parcourt l’infinité cosmique

 

Pour mieux t’approfondir, à quelle aune, à quel muid

Devrais-je mesurer ton immense harmonique,

Insondable mystère où s’abîme la nuit ?

Adagio (huile sur toile) par Monique Colin

Adagio (huile sur toile) par Monique Colin dans * COLIN Monique adagio

Lilas

Pour qu’il embaume ce poème
Reçois mon bouquet de lilas.
N’écoute plus sonner le glas,
Rappelle-toi qu’au moins je t’aime.

Méprise le vil anathème
D’un amoureux au cœur trop las.
Pour qu’il embaume ce poème
Reçois mon bouquet de lilas.

Reprends ta route de bohème
Et jette tous les falbalas,
Tes dentelles, tes entrelacs.
De tes fleurs tresse un diadème
Pour qu’il embaume ce poème.

Etoiles filantes

Et dans le silence bleu là-haut du firmament,
Comme une couleur plus haute, comme une gorge de ciel,
M’apparaissait un gouffre où mon œil, l’attendant,
Je vis soudain briller un filament de miel.

Pétillant, étincelant, comme un collier cassé,
Etiré, en suspens et qui se désagrège
Dont on aurait ôté les perlettes’ dorées
En un clin d’œil pressé, un vif tour de manège.

Là entre les étoiles accrochant mon délire,
Il avait emporté dans son fil de dentelles
En plus de ma part d’ombre, un élan d’avenir
Et tiré de mon être un arbre de Noël.

Je sentais son étoile que je n’avais pas vue
En retard au miroir de mon iris briller
Car une gosse pluie de fleurs au cœur jaune, apparue,
Pulsa dans le pollen qu’elle laissait rayonner.

Et ce morceau infime de lumière a tout mis
-De ce qui n’a de prix, de ce qui vit plus fort,
De ce qui nous déborde dans un rai si petit-
Dans la boîte trop réduite que je suis pour son corps.

C’est le fil d’un réseau immense et infini
Où je voulu me pendre une seconde, une fraction
Mais l’histoire a eu lieu à tant d’années d’ici,
Dix mille Moi n’étaient nés, il est cassé le pont.

Reste la persistance de ces feux d’artifice
Dans le tableau vivant comme un rêve à la craie,
Une caresse allumée sur notre précipice,
Ou une larme élastique sur une heure qui se tait.

Douces aréoles

Douces aréoles
Le velouté d’une pêche
Désir frugivore

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