Archive pour la Catégorie '* MULLER Géraldine'

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Fugue

Arthur s’est envolé! 

Je l’avais pourtant bien caché sous les couvertures! 

Que s’est-il passé? 

L’imprudent! Il a couru, pieds nus, dans l’escalier froid… 

Je ne l’ai même pas entendu déranger les cailloux! 

Le lilas a-t-il salué sa fuite? 

Et le sombre geai, me confiera-t-il ce troublant secret? 

Arthur a franchi la barrière du jardin; 

la grande ombre grise qui dort sur les prés ne l’a guère effrayé! 

Je suppose qu’il s’est élevé dans le frisson de l’air et le rire des cloches rêvées… 

Que voulez-vous? 

                   Il n’est pas comme 

                            Nous! 

                   Il est davantage 

                            l’ami des nuages 

                                      que des hommes! 

Singulière

Ce matin 

je me réveille 

abandonnée 

 

La certitude d’être aimée 

m’a quittée 

en une seule nuit 

 

Mais un autre souffle 

adoucit 

mon carême 

 

J’ose 

nommer toute chose 

par moi-même 

Libre

Je n’ai pas voulu t’apporter de fleurs 

Mon offrande aurait été banale 

Je te donne un gâteau de céréales  trois pommes  du chocolat  deux petits biscuits croquants 

même si je sais que tu ne mangeras rien de tout cela 

et que les oiseaux les insectes 

profiteront joyeusement de ce repas 

 

Tu me regardes très longtemps sans me voir 

Sous le verre glacé de ce portrait ovale 

tes yeux sont si pâles 

Ton visage s’efface comme une vieille étoile 

Mon coeur battant  trop vivant 

est exclu du pays de ton sommeil 

 

Soudain 

je relève la tête 

toute engourdie encore 

de chagrin et de rêve 

Un frêle rayon vert 

s’échappe dans les arbres 

 

Je ne peux m’empêcher 

de penser alors 

que ton âme 

se libère 

de mes larmes 

et de mes prières 

Ephémère

La bouche 

de l’eau exhale 

un souffle 

 

Tout près 

bat l’aile douce 

d’un oiseau 

 

La brise dépose 

une étoile rousse 

sur un caillou 

 

Et c’est le bruit mou 

d’une noix tombée 

dans l’herbe froissée 

 

Tu es passé 

Station balnéaire

La brise est moins douce aujourd’hui. Une nuée d’oiseaux blancs traverse le ciel. La mer monte; bientôt disparaîtra le dernier château de l’enfance. 

Autour des tables, les voix se font rares et les pensées plus profondes; un nuage passe dans la lumière et c’est comme si le souffle d’une lampe vacillait. 

Le soir, au bar, je verrai crépiter l’éclat du vin et je chercherai très loin le souvenir de ton rire. 

Ton rire? Il s’en est allé avec cette valise que j’ai vue dans le hall, ce matin… 

Tu remontais alors dans ta chambre pour prendre ton foulard fleuri oublié sur le fauteuil… 

Pendant ma promenade, je salue des visages sans les reconnaître. 

Mais mon coeur a sursauté tout à l’heure: 

Trois gouttes marines 

dans mon col de laine. 

Seraient-ce des larmes 

mêlées de baisers 

que tu m’envoies? 

Je me surprends à y croire… 

et à aimer ce mal 

qui nous sépare. 

Courage

Après des prises 

de sang 

et des radios 

douloureuses 

 

elle sourit 

puis elle pose 

sa main 

sur mon épaule 

 

Elle me dit 

dans une douce 

caresse 

d’oubli 

 

Me voici 

mon amie 

J’ai rendez-vous 

                    avec Nous 

 

La veilleuse de Noël

Ma nuit n’est plus 

la même 

quand ta fenêtre 

s’éclaire 

 

Tu as tiré 

les rideaux 

et laissé les volets 

ouverts 

 

Je ne te vois pas 

Mais j’imagine 

que tu attends 

l’Ami 

 

Peut-être 

accroches-tu 

une barrette 

à tes cheveux 

 

Puis tu t’assois 

pour rêver 

la tête posée 

sur ton bras 

 

Et tu penses 

qu’IL tarde 

sur le chemin 

des étoiles 

 

sans songer 

que moi aussi 

je m’impatiente 

dans la nuit 

 

Il me semble 

que passe 

une ombre 

devant ta fenêtre 

 

Ce n’est rien 

C’est la lune 

qui toute seule 

s’embrume 

 

Dans une heure 

tu allumeras l’or 

de deux 

chandelles 

 

Et moi 

je te veille 

résignée 

mais fidèle 

 

comme une flamme 

                            de Noël 

Etre

Ma conscience 

est pleine 

lorsque je suis certaine 

que je ne suis rien 

 

N’étant rien 

je reçois tout 

et je deviens 

le Tout 

Géraldine Muller

mullergraldineportrait.jpg

Enseignante de Lettres Modernes au lycée Bichat de Lunéville, j’écris depuis très longtemps.
J’ai obtenu le 1er prix d’honneur du concours Grand Prix des Poètes Lorrains 2010

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