Archive pour la Catégorie '* CARL Jean-Joseph'

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Où vont les sons

Où s’en vont-ils, les sons, 

Vers quel méandre de quelle onde planétaire, 

Tous les tapages de la ville théâtrale 

Qui ne cessent de s’épandre, 

Les sempiternels concerts 

De complaintes, de soupirs et de râles ?

Où vont les sérénades tragiques, 

Les chants, les voix et les musiques éteintes, 

Vers quels oasis, dans quel désert ; 

Et les flûtes, les violes, les cors, 

Les gazouillis aussi des oiseaux morts, 

Vers quelle nuée, dans quelle Olympe ?

Où finissent les hurlements des loups, 

Les claquements des défilés de fusils 

Et tous les coups de canon, 

Le vacarme des guerres aux confins de la terre, 

Et les cris, les cris des victimes, 

Dans quel repère, dans quel abîme ?

Tous ces bruits seront-ils 

Comme d’inépuisables notes 

Dans d’innombrables accords, 

Des notes dans le désordre qui seront livrées 

Aux lèvres attirantes des vapeurs 

Et se seront organisées 

Pour se faire matières rythmiques et vibrantes 

D’une ultime symphonie de stratosphère 

Un matin de saphir, un jour d’apocalypse ?

Un péché

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Les soirs de ciel ouvert,
Ne pas aller voir sur la mer,
Au bout du Cap de Carteret,
Ces couchers de soleil prodigieux,
Pour les gens qui habitent là,
C’est faire preuve d’indélicatesse,
Commettre un péché envers Dieu,
Comme ne pas aller à la messe
Quand vous êtes tout près d’une église,
Un matin de Pâques ! 

L’enterrement

Au terme de l’office des funérailles,
Après l’absoute,
Dans l’église silencieuse et comble
Où fut rappelée la promesse d’immortalité,
La sirène toute proche a rugi,
Comme hurlant vers l’infini le cri de la douleur.
Puis deux cloches monotones tintèrent pour le glas.

Autour du catafalque débarrassé,
La lumière funeste glacée des vitraux,
L’odeur forte mêlée de fleurs et d’encens,
Et sur les cierges étouffés encore fumants,
De longues larmes tièdes pétrifiées.

Ils étaient tous venus au rendez-vous,
Ceux de la classe vingt-sept, les Malgré-Nous,
Ceux des ateliers du jour qui l’avaient connu,
Comme ceux du fond, ses coéquipiers des secours,
Les retraités, les silicosés et la masse des villageois.

Plusieurs pompiers casqués avaient monté la garde,
Dignement, à côté de la dépouille de leur camarade.
Quatre d’entre eux avaient ensuite poussé
Le chariot mortuaire jusqu’au cimetière,
Imprimant le pas solennel
Au très long cortège marchant derrière.
Un clairon déchirant sonna pour le mort,
Impeccablement, juste avant la mise en terre.

Une jeune veuve devant la tombe béante,
Une dernière fois,
Jeta de l’eau bénite sur le cercueil
Et la part de sa vie au fond de la fosse déjà.
Je ne l’ai pas vu pleurer ;
Sûrement serrait-elle à l’intérieur tout son malheur.

Non loin, deux adolescents, mon frère et moi.
Je ne sais plus si vraiment nous avions perçu,
Au cœur de cette foule importune,
Que c’était notre père, celui que nous aimions,
Que, sans détour, ni retour, l’on enterrait là.

Du haut du phare

Rien ne le fit renoncer
À courir encore une infime chance,
Un espoir insensé :
Aller absolument jusqu’au Phare des Baleines,
Passer le pont de l’Île Blanche,
Absolument passer ce pont,
Même au cœur de la tourmente, à perdre haleine,
Et prendre la route de Saint-Martin
Pour disparaître un temps et reparaître au vent,
Au sommet du phare et crier ton nom,
Comme un matin le ferait un muezzin dément,
Comme d’un minaret, d’une montagne, d’un mât
Ou du haut d’une antenne,
Mille fois crier ton nom, l’envoyer, le jeter
Vers l’océan mauvais qui met tant de distance.
 Il est mauvais à la pointe de l’île, l’océan,
Il met tant de distance ─

Malheureux, brisé de fatigue,
Il désespéra, sur la borne du monde.
Et toi, outre-Atlantique, là-bas,
Sans doute en Amérique,
Si loin, toi, au bout du parvis, sourde à sa voix,
Hors de portée, toi, si belle, image éternelle,
En Amérique, ce monde halluciné
Aux confins de l’océan mauvais,
Et votre amour magnifique que jamais je n’oublierai
Et toi, jamais pourtant qui ne revins,
Qui sans un signe le laissa
Et lui qui d’en haut, d’un coup, se jeta,
Son âme vers toi s’envolant
Comme un superbe goéland. 

La poésie de Prévert

La poésie de Prévert
Sent le tabac froid.
C’était un type,
En permanence, la clope à la lippe. 

Avant que la nuit ne le chope,
Dans l’hiver de sa vie,
Le cancer devait être une douleur,
Un sacré démon,
Un fieffé rongeur,
Ce cancer,
Corollaire
D’une tumeur au poumon
Du fumeur Prévert. 

C’était un mec,
A toute heure, avec frénésie,
La clope au bec.
C’est pourquoi sa poésie
Fleure un peu le tabac froid.

La maison de Prévert

Avec la photo quiz, il s’agissait bien de la dernière maison de Jacques Prévert, à Omonville-la-Petite où le poète a vécu de 1971 jusqu’à sa mort en 1977.
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L’atelier
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La table de travail
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La pierre tombale
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Dépliant de la visite

Photo quiz

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Quel poète a vécu les dernières années de sa vie dans cette maison en Normandie ?

C’est étonnant

En ce monde nous errons,
Déchus en sursis,
Funambules,
Sur les bords de l’abîme infernal
Et nous regardons,
C’est étonnant,
Les fleurs, les étoiles, le bleu du ciel,
Et nous attendons l’éclosion des printemps,
Les levers de soleil sur la montagne blanche,
Les couchers fauves sur l’océan,
Et nous guettons les sourires
De l’enfant,
Et nous versons des larmes
De bonheur
Lorsque nos cœurs suffoquent d’émotion,
Et nous faisons l’amour,
C’est étonnant,
Faire l’amour,
Sur les bords de l’abîme infernal. 

Force musicale

Dans la vague naissante,
Solennelle et intense,
L’ouverture d’Egmont,
Les battements de paupières en cadence
De ce chef d’orchestre qui chante,
Là, devant cette philharmonie bouleversante
Jouant bien plus que la partition.

Vient la vague puissante,
Irrésistible et presque impérissable,
Avec ses embruns clairs
Où les instrumentistes donnent vie
A la composition de Beethoven,
Aux parfums des aurores chaudes,
Et aux traits ruisselants de nos chaînes.

Et puis la vague finissante,
Dans un dernier fracas, tombe.
Le maestro s’incline déjà
Et quand l’écho de la musique s’arrête,
Il reste le chant de l’onde
Et, sur nos têtes, le souffle de la grâce.
Dieu ! que c’était beau… Mais que c’était beau !

Domaine des taupes

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Jardin

Dans le fond du jardin,
Une fontaine, un arbre
Et l’intime de l’âme. 

Les mots de la nuit

Les mots de la nuit
Ne sont pas ceux du jour,
Ni les images qui viennent,
Les lourdes ruines,
Les cendres qui s’envolent
Et les âcres parfums. 

Ils affouillent lentement
Les rives de mon silence,
Les mots de la nuit ;
Ils prennent racine
Dans le papier froissé.
Au petit matin nébuleux
La lumière blesse mes yeux
Et, soudain, ils copulent
Au milieu des phrases neuves.

Femmes dans le sable

Le vent bleu flattait
Les chairs frémissantes
Offertes à l’azur,
Les formes des femmes allongées
Au flanc des dunes brûlantes,
Dans des sphères indécises.

Il soulevait le sable, le vent fou,
Le déposait, le sable, si doux,
Aux reliefs de ces corps cuivrés,
Aux rides de ces peaux huilées.

Déjà le grand soleil indolent
Effleurait les oyats chancelants,
Signe que le jour
Allait bientôt renoncer.

Déployant leur grâce,
Les femmes allaient se lever,
Se débarrasser
De tout ce sable collé.
Elles allaient ensuite flâner,
Chaudes et jubilantes,
Vers la ville insomniaque.

Sous l’écorce

Sous l’écorce, y a des courses insensées
D’insectes qui dévorent la sève et le bois
Et s’évaporent dans les jours qui flamboient.

Sous l’écorce, y a des courses bien cruelles
Qui tracent et creusent comme des ruelles
Sur des tableaux abstraits, courbes et chauves

Et c’est comme des pensées qui cheminent
Dans des cerveaux soudain qui s’illuminent
Laissant la nature affranchie tout en bas.

Y a des courses délirantes de lenteur
D’insectes prisonniers que guette la folie
Dans les journées si belles de mélancolie.

Sous l’écorce, y a des bras de pieuvres partout
Comme des inspirations suspendues et surtout,
Y a cette nuit toujours dans sa robe d’infini.

Sous l’écorce, y a des courses insensées,
Des digestions, des sécrétions dispersées
Et ces lentes saisons qui la décollent, l’écorce.

Liserons aux canisses

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Stella nostra

Qu’elle nous protège
Dans nos nuits noires
Nos longs couloirs
Couleur de nuit

Qu’elle accompagne
Nos cauchemars bistre
De poussière toujours
Nos rêves bizarres et tristes
De lumière du jour

Dans nos images nos mirages
Des mouvements fous
Des roulements sourds
Des coups de grisou

Écroulements
Écrasements
Étouffements

Dans le velours de nos têtes
Nos gueules noires défaites
Et encore la poussière
Dans nos poitrines dolentes
Tant de poussière insolente

Qu’elle nous protège Barbara
Dans nos nuits noires
Nos longs couloirs
Couleur de nuit 

Ardentes groseilles

ardentesgroseilles.jpg

La mort du soleil

Jusqu’à l’incandescence douce,
Il rougeoyait, victorieux fragile,
Le soleil de fin février,
Là-bas, comme un grand feu en péril
Aux franges de l’horizon gazeux.

Oh ! vapeurs incertaines
Autour des contours estompés,
Tout ce brouillard enfin dissipé
Et puis, au débouché d’un virage,
Imprévisible, cette beauté soudaine !

Je garai mon auto sur les zébras.
Mes yeux béats quittèrent ma face
Et s’en allèrent loin,
Jusqu’au disque vermillon,
À travers cet entrelacs
De branches de neige et de glace,
Des branches scintillantes fines.

Il était au ponant, à sa place,
À la même place maintenant
Où j’avais vu la lune jaune le matin :
La violence remplaçait l’indolence.

Le ciel avait fait un tour
Et le jour allait partir, à l’évidence,
Là, vers le vide et le vertige,
Au royaume des morts,
Rosissant au-dessus les nuées denses.

Au terme du prodige, je repris la route ;
Une nuit froide et fade vint à moi.

Les ombres

Il fallut attendre, encore attendre,
Dans ce matin parfumé de vents,
La montée de Phébus au midi
Pour voir s’en aller sur les champs alanguis
Les ombres longues des feuillus,
Ces ombres fluant à travers la forêt,
Semblables à celles de monstrueuses canisses.

Il fallut espérer, plus tard, les prémices
D’un soir limpide et paresseux,
Un de ces soirs où l’air n’est qu’haleine suave,
Pour voir distinctement, loin sous les arbres sombres,
Mille obliques jets de feu
Frôler les lits de feuilles ou d’épines
Et donner aux jonquilles leur lumière dorée.

Il fallut enfin compter sur l’obscurité,
Sur la nuit molle, vide et nue,
Pour voir leurs corps s’approcher, se serrer
Puis se défaire et leurs ombres danser
Parmi les ombres fugitives et changeantes :
Parade nuptiale de deux âmes jumelles,
Soupirs sous les branches, à la lisière du plaisir.

Revivivensce blanche

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Haïkus (1)

Tache à la dérive
Grise sur la neige blanche
L’ombre d’un nuage 

                  

Dans le bois de l’arbre
Jusqu’à l’ivresse du fruit
La sève se meut 

                  

Monde sans mémoire
Où l’ignoble avec les ans
Prend de l’esthétique 

                  

Les vagues s’en vont
Et s’en viennent sur l’épave
Qui rit à la mort 

                  

Vivre révolté
Et puis mourir indolent
Comme un arbre meurt 

                  

L’ombre du versant
Le négatif et le bas
L’image du froid 

                  

Les pleurs de la nuit
Sur les pousses du printemps
Comme une bonté 

Vieux mur

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Pommes flétries

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Forêt légère

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Mes poèmes lointains

Un jour, j’inventerai ma propre langue
Pour des poèmes lointains à nul autre pareils.
J’imaginerai des mots libres, dans ma délirance,
Des mots inconnus, mais pour vous comme des évidences. 

J’engendrerai un art révolutionnaire,
La beauté nouvelle purifiée,
Découvrant des images insoupçonnées jusque-là,
Des métaphorages inaccessibles à l’intelligence ordinaire. 

Je chercherai, dans la cacophonie, des accords nouveaux ;
Et l’invraisemblable deviendra vraisemblable.
Je trouverai des verbes inusités,
Des particules inconvenantes
Dont j’userai, qui conviendront et vous parleront. 

Je composerai une poésie concrète, concentrée,
Semblable à l’incompréhensible et cependant limpide,
Une compoésie que l’on dira inédite, secrète,
Voilée, mais faite pour se dévoiler à qui la lira. 

Je concevrai aussi dans l’intime de mes vers un jeu sonore,
Plus sonore et plus beau que de la musique :
Des murmusiques mesurées indéfinissables. 

Mais oui, j’escaladerai par paliers, jusqu’au sommet,
Ma montagne de brouillaminis,
Et quand vraiment il me sera impossible d’aller plus haut,
Quand, toujours, je ferai le même poème, idéal et habile,
Et quand encore les ailes et les élans
Vers le rêve seront inutiles,
Je la tuerai, ma poésie ! 

Lors, laisserai l’écriture dans ses flaques de sang
Et ferai de la peinture, au bas d’un autre versant. 

Les vers extrêmes

Il est des vers extrêmes
Venus des abîmes,
Comme des complaintes lancinantes
Que seuls les enfants insensés
Et les vieux à demi gâteux
Peuvent aimer :
Juvénile indolence
Ou sénile démence.

Ils écoutent sur la roche noire,
Dans l’éclair du poème,
Le ruissellement fantasque de l’eau,
Le flot du torrent dissolvant, les mots,
Toutes ces gouttes
Qui emportent tout. 

Sous les rayons clairs
Qui percent les branchages,
Ils devinent aussi,
Plus qu’ils ne voient,
Les gouffres effrayants.
Alors, ils commencent leurs rêves :
Les rives fraternelles,
Les ailleurs mythiques, parfois,
Et toujours l’éternité bleutée. 

Les lueurs bleues

La route, au bout, maintenant,
Qui déroule devant dans la chaleur,
Rutilante sous l’air qui tremble,
Me portera juste au milieu du ciel. 

J’atteindrai les lueurs bleues
Où, dans l’immensité des champs,
S’évaporent, ainsi que des oiseaux,
Les formes et les corps. 

Je verrai la métamorphose
De la réalité en l’imaginaire,
Du réel en l’idéal,
Et le chemin diurne de la rêverie
Deviendra lentement,
Vers le fond de la nuit, celui du rêve.

Je serai prince peu à peu
De ce royaume bleu
Dans la lumière profonde,
Tranquille et pure,
D’un bord à l’autre, diffuse,
Sans éclairs et sans éclats. 

Aux fontaines, aux avenues,
Aux vitrines de la ville de safre,
Aux murs et sur les toits,
Des teintes magnifiques,
Turquoise, pervenche ou marine
Et, qui volettent çà et là,
Oh ! pénétrantes, sans mesure,
Des phrases poétiques,
Sur des feuilles d’azur. 

Au lac

Ne me cherche pas,
Je suis au lac ;
Les muses pas plus
Que les cygnes n’y pleurent. 

À l’instant de l’aube,
J’entendrai
Les bruissements indistincts
Et j’attendrai
Les ruissellements cristallins. 

En mon for intérieur,
Des murmures irrépressibles,
Le chant des présences
Et l’enfantement du verbe,
Tous ces mots envasés
Prêts à jaillir du fond de l’eau,
Superbes,
Plus graves que les choses. 

Alors, poème
À l’instant d’abandon,
Poème
Dans l’instant qui passe. 

Les jeunes chênes

                                                                                  A mes parents
Je sais des jeunes chênes déracinés
Par les orages de la guerre,
La terreur de chaque instant
Devant le tribut suprême au calice allemand
Et tous ces sentiments
Plantés au coeur d’adolescent,
Effroyables et fous.
À dix-sept ans,
Une âme mutilée en suspension.

Je sais des jeunes chênes déracinés
Par les coups de vent des droits chemins,
Par les croyances, les vertus,
Les entraves des jours laborieux,
Par les brûlures d’un inique purgatoire
Et l’assurance du ciel, plus tard. 

Et puis, le cancer, tel un tonnerre…
La rémission, l’espoir né, illusoire…
Le cancer, encore, plus fort… 

Vinrent alors
Les jeunes morts. 

Il en va des hommes comme des oiseaux
Aux heures livides de la nuit
Qui s’en vont,
Laissant le vide dans leur nid,
Les remords aussi
De ne les pas avoir regardé vivre
Ou seulement vu voler. 

Je sais des jeunes chênes renversés,
Racines vers les nues, branches devenues,
Buvant  leur sève clandestine
À la céleste rosée
Et s’efforçant, je le devine,
De me nourrir encore. 

Monsieur Léo

Tout au long, je l’écoute,
En mon vertige déniaisé, il m’envoûte.
Le chanteur parfois ne chante plus,
Il valse, il articule, il vibre, il jazze
Et même, il gueule sa poésie et sa fureur,
Sa peine et sa révolte qui embrasent ses phrases. 

Il va et vient de Pépée, l’chimpanzé assassiné,
Aux pépées qui s’cramponnent au pavé,
Des poètes qui chlinguent d’la tête et des pieds,
Aux enfants, aux artistes, aux mecs et aux chiens
Sur les trottoirs glacés des bistrots parisiens. 

Poète-musicien, poète,
Un piano dans l’idée, dans l’regard et la voix,
Il aime les beatniks et les guillotinés,
Les romantiques, les étrangers, les Espagnols
Et sa musique, diable ! sa musique est bonne ;
Quelquefois, elle s’envole, symphonique. 

Il y fout la mer et la mort qui meurt,
L’anarchie et la solitude qui s’rock and rollisent,
L’amour accoudé au temps qui  passe, cruel,
Et ses refus, ouais, ses refus qu’il mélancolise, mam’zelle. 

Il est l’inventeur, l’inventeur verbal génial,
Charriant des chouettes torrents de mots,
Des harangues violentes et sacrées
Dedans des gerbes de notes qui tanguent,
Des mots bien rangés
Dans le chargeur d’alexandrins de son âme verticale,
Des mots qu’il expulse soudain comme des balles
D’un fusil-mitrailleur qu’il tient entre ses dents. 

Avec tes longs cheveux, blancs comm’ l’hiver,
T’as mis les voiles un matin pour l’désert,
Me laissant crécher ici, tout seul, dans ton univers.
Eh ! Monsieur Léo, tu n’es pas mort,
Sur mon vieux phono, tu gueules encore ! 

 

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