Où s’en vont-ils, les sons,
Vers quel méandre de quelle onde planétaire,
Tous les tapages de la ville théâtrale
Qui ne cessent de s’épandre,
Les sempiternels concerts
De complaintes, de soupirs et de râles ?
Où vont les sérénades tragiques,
Les chants, les voix et les musiques éteintes,
Vers quels oasis, dans quel désert ;
Et les flûtes, les violes, les cors,
Les gazouillis aussi des oiseaux morts,
Vers quelle nuée, dans quelle Olympe ?
Où finissent les hurlements des loups,
Les claquements des défilés de fusils
Et tous les coups de canon,
Le vacarme des guerres aux confins de la terre,
Et les cris, les cris des victimes,
Dans quel repère, dans quel abîme ?
Tous ces bruits seront-ils
Comme d’inépuisables notes
Dans d’innombrables accords,
Des notes dans le désordre qui seront livrées
Aux lèvres attirantes des vapeurs
Et se seront organisées
Pour se faire matières rythmiques et vibrantes
D’une ultime symphonie de stratosphère
Un matin de saphir, un jour d’apocalypse ?