Archive pour la Catégorie '* BEMER Armand'

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Saisons déboussolées (Hommage à Rutebeuf)

Que sont nos saisons devenues
Qui rythmaient nos vies contenues
En même élan ? 

Revenaient sans faillir, chaque an,
Donnaient au labeur son mitan
Où tout repose. 

Las ! Où que mon regard se pose
Ne vois que laide et triste chose :
Point d’harmonie ! 

Soleil troublé, monotonie,
Des éléments rigueur honnie !
Terre en colère ? 

Accablés du présent mystère,
Pour éviter pire misère :
Amis, changeons ! 

De peau, de mœurs, et lors baillons
Neuve boussole à nos saisons
Surtout bon vent ! 

Surtout long temps ! 

 

Selon Olivier Messiaen :

« Dans la hiérarchie artistique, les oiseaux sont les plus grands musiciens qui existent sur notre planète ».
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Promesse du Printemps…
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…et trille de la fauvette à tête noire.

 

Les gens de mon pays

Les gens de mon pays sont gens de conviction,
Ont l’amitié fidèle et cœur à l’unisson :
Point n’est besoin d’écrire ou signer de promesse ;
Quand parole est donnée, pas besoin de grand’ messe. 

Ouvriers, paysans, ils sont gens de fierté
Sachant manier l’outil avec égal respect
Pour labourer la terre et  cultiver ses fruits,
Pour creuser dans la glaise et enfanter leurs puits. 

Sur les plateaux ventés le sol ont sillonné,
De sueur et de pleurs l’humus ont irrigué ;
A main nue, exploités, ont dompté cette terre
Pour nourrir rois et gueux des arpents de misère. 

D’un sous-sol généreux ils ont extrait les gemmes
En labeur dangereux  côtoyant les extrêmes,
Ont fécondé la mine au cœur noir du charbon
Et transformé le fer par le feu du brandon. 

De montagne en vallée, ont asservi le flux
De la source et de l’eau pour tisser les écrus ;
Forêts ont abattu  pour étayer chaumières
Où le froid disputait leur rigueur aux hivers. 

Ont converti le sable en un précieux cristal
Où tintent les accents de leur parler jovial,
Entre Nord et Alsace, immigrants, vagabonds,
Sangs mêlés par la guerre, aujourd’hui compagnons. 

Les gens de mon pays ont l’âme généreuse
Quand ils font du terroir partager l’enjôleuse
Saveur accommodée au pot des traditions
Qu’ensemble ils ont tissées, avec cœur et passions. 

Du roc ils ont l’ardeur et du vent le courage,
Du bois ils ont le cœur et de l’acier la rage :
Trempés dans ton terroir par secrète alchimie,
Lorraine, ils ont puisé ta discrète énergie. 

Février  2003 

[1] Ce titre est emprunté à une chanson du  chanteur québécois Gilles Vigneault, croisé à l’aéroport Mirabel ( !) de Montréal il y a quelques années. 

Le texte peut se couler dans la mélodie de la chanson. 

En 2007, l’un de mes étudiants a prénommé sa fille « Lorraine » et m’a demandé s’il pouvait utiliser ce texte pour accompagner le faire-part de naissance. Quel honneur ! Un petit bonheur ! Merci Pierre. 

Mon désir – Ton désir : sérénade en si majeur

Si c’était un nuage, il aurait tes dessous,
S’il se faisait chemin, il suivrait ton délire,
Si c’était un enfant, il aurait tes yeux fous,
Et pour mieux t’émouvoir, il prendrait ton sourire.

S’il savait dessiner, il prendrait tes pinceaux,
S’il voulait m’attendrir, il se ferait chenille ;
S’il devenait décor, ce serait en rinceaux
Et cacherait son corps sous un voile en guenille. 

S’il savait la musique, il chanterait ton nom :
Il irait l’accrocher sur la portée des branches,
L’apprendrait aux oiseaux pour clamer ton renom,
Soutiendrait ton moral de peur que tu ne flanches. 

Il est mon compagnon : c’est vers toi qu’il soupire,
Impossible à brider comme un étalon fou
Et si ton cœur s’éprend de quelque loup-garou
A m’en écarteler, c’est toi que je désire ! 

Dessin humoristique

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Proposé par Armand Bemer, extrait du Figaro Littéraire

Bijoux et dentelles sur écrin éphémère

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De noir et de blanc dans le feu du couchant

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Place Stanislas

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Hiver des neiges

Hiver, naguère auguste en ton grand manteau blanc,
Tu régnais par tout mont et posais ta caresse
En grand val, en bas lieu, sans oubli, sans paresse,
Magicien floconneur, devant mes yeux d’enfant.

A quinze ans, fasciné par cet enchantement,
J’y vis le vierge atour d’une exquise princesse
M’invitant au pays béni par sa tendresse :
Décor de fées, nuit bleue et cristal scintillant.

L’âge d’or où je suis voit comme apothéose
Tel cadeau de Nature en spectacle grandiose
A l’humble comme au prince offert autour de moi.

Mais je crains pour demain, quand je serai bien seul
Devant l’immensité, face à ce désert froid :
Comment ne pas sentir l’effroi d’un lourd linceul ?

Fév 04 

L’ivresse du poète

Comme un vent tourbillon
Qui vole et virevolte
Pour élancer sa plume
A l’assaut du jupon

Décolle et caracole
Sur des champs de victoire
Au clairon de l’absinthe
En quête du grand soir

Tourneboule et s’enroule
Aux lianes de l’absente
Enivré par sa course
En ellipse adultère

Le poète au clair de brume
Esquisse une pirouette
Et noie sa silhouette
Dans un  vers délétère

23/2/05  

Londres 2000

Noël avait installé ses couleurs
Et ses carillons faisaient tinter Picadilly
De gros sapins de flots rouges embellis
Enguirlandaient la ville
En forêt commerciale

Dans les rais de lumière jaune
Qui filaient vers le ciel
Se détachaient les ombres
Des fines dentelles de Westminster
Escortées par Big Ben

Dans le square endormi
Winston Churchill veillait
Appuyé sur sa canne de bronze
Non loin d’Abraham Lincoln
Lentement absorbé
Par sa nuit américaine

Du haut de sa colonne
Nelson semblait porter sur Whitehall
Un regard attristé
Par ces vagues de chalands
Déferlant à chaque carrefour
- Vigie solitaire
D’une société en dérive
Livrée aux vents contraires ?

La Tamise roulait ses eaux fortes
Devant la Tate Gallery
Puis glissait en silence
Scintillant sous les feux du Parlement
Secrète et noire vers Saint Paul
Pour buter tout endormie
Sur la digue de Tower Bridge
Dernier rempart, dernière escorte
Avant la nuit anonyme

Assis par terre quelques mendiants
Emmitouflés dans une couverture sale
Rappelaient aux passants
Que derrière le rideau des couleurs
Et l’écran des lumières
Se jouait le film de leur misère

Dans sa dignité de grande capitale
Londres oubliait ses tout-petits
Et même les Christmas Carols
Ondoyant dans les rues
Travestis par la nuit qui tombait
Sonnaient faux dans nos cœurs.

Londres-Bristol 4-7/12/2000 

Adresse à Paul Verlaine (né à Metz)


La ville où tu naquis a soigné ses attraits:
Ton regard de cent ans la reconnaîtrait-il
De ruelles en rues où tu partais, agile,
Au printemps de ta vie, entre fleuve et Palais? 

Suis-moi dans ta cité au siècle finissant,
Et marchons tous les deux pour enjamber le temps:
Voici les lieux, poète, où ta muse enfantine
Accoucha ton talent, guida ta main mutine.

Etait-ce la Jurue où vous caracoliez,
Retour par la Taison puis par la Pierre-Hardie,
Recherchant pour tes vers la musicalité
De sons nouveaux, exquis, de voix en harmonie?

Couriez-vous rue des Murs, en surplomb de la Seille,
A travers Metz, heureux, au bord de la Moselle,
Pour rentrer à mi-aube, les yeux lourds de sommeil,
Enivrés par la nuit, l’écho, la ritournelle ?

Rassure-toi! Les vieux veilleurs sont aux aguets,
Bien campés sur leur roc: clochers et cathédrale
Restent précieux jalons, de Saint Quentin au Val
Pour l’ami de passage ou l’hôte fatigué.

Pour eux toujours l’éclat des vieilles pierres blondes
Nimbe les soirs d’été dans un discret halo;
Illuminées la nuit, elles embrasent l’eau
Et pour mieux vous happer, noient leur feu dans les ondes.

Tu te souviens encor’ du sabot des chevaux
Portant les officiers en habit de parade,
Frôlant la robe enflée des magistrats bien trop
Pressés pour regarder passer la cavalcade.

Mais tu n’as pas connu les pavés sous la botte
Défilant place d’Arme, en feldgrau insolent,
Verdun, la barbarie, ou l’horreur des déments,
L’engrenage infernal que l’irraison emporte.

Par delà les saisons et ce temps de souffrance
Ta ville a résisté puis conquis sa noblesse,
A traversé l’Histoire aux marches de la France
Et fait fleurir ton nom en lettres d’allégresse.

Aujourd’hui les amants, au pied de l’Esplanade,
Pour accorder leur cœur à leurs émois naissants
Célèbrent tes refrains en joyeuse ballade
Et te lient à leur vie en d’éternels serments.

Armand Bemer

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Armand BEMER                 Grand Prix des Poètes Lorrains 2004

J’écris de la poésie depuis mon adolescence, depuis la découverte des poètes de la Pléiade dans le mythique « Lagarde et Michard » de mes années d’études au Lycée Charlemagne de Thionville (1960-1967). J’ai renoué avec l’écriture à la faveur de divers concours de poésie dans les années 1990. Dans les années 2000, j’ai eu la chance d’être primé à plusieurs reprises lors de concours SPAF ou par d’autres sociétés (SPF, APAC, CEPAL). Il m’arrive aussi d’écrire des nouvelles, des contes, des chroniques.
Dans un poème, j’apprécie le rythme, la musique, les images, la capacité à émouvoir, la forme, le choix du vocabulaire. Je goûte, et j’écris aussi, la poésie en langues étrangères : anglais, espagnol, allemand, francique luxembourgeois.
Sensible à  Shakespeare, Keats, Yeats, Robert Frost, Walt Whitman, Federico Garcia Lorca, Rilke, Schiller, Tagore, Emily Dickinson.
Une maxime :
« Un poème est une peinture invisible ; une peinture est un poème visible » (peintre chinois du XI è s).
Mes centres d’intérêt : photographie, nature, écologie, écriture, linguistique, patrimoine, ce qui relie les hommes entre eux, ce qui nous relie à notre petite planète bleue. 

Professeur d’anglais, ce qui ne m’empêche pas de défendre les langues régionales, patois et autres idiomes menacés d’extinction. Savez-vous combien il y a de langues en Afrique ?
Publications :
Alphabécéd’Airs (épuisé)
Palettes,  Grand Prix des Poètes Lorrains, 2004
Passerelles de Vous à Moi, éd. Les Presses Littéraires, 2005
Ailleurs Aussi le Vent, éd. Les Presses Littéraires, 2007 

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