J’ai vu des scarabées dorés gravir les raidillons d’une Rome embrumée,
et les maisons de séquoia écloses comme les pâquerettes, couleurs de joie si vives,
couleurs de femmes peintes, comme ils disent.
J’ai deviné l’océan soupçonnable à peine dans la grisaille
maraudeuse, et les navires cherchant à tâtons la faille
sous les ponts des oublis.
Voici monsieur le maire bénissant des couples hilares, venus du fond de leur revanche en cortège nuptial, comme les goélands endimanchés et bavards, sur le parvis des tilleuls et des gays amours.
Après le carrefour saillant, le taxi plonge tout droit dans la baie du bonheur ;
nous irons, tout à l’heure, manger des harengs sur le port et saluer Alfred, le manchot breton qui cuisine des crêpes au crabe sur l’embarcadère.
Ce soir, sous chapiteau, le cirque cinq étoiles donne le festin du rire, avec service au pas de course
Demain dimanche, nous serons à l’église pour chanter à tue-voix le gospel qui balance les cœurs dans l’incantation de la houle montante ;
le voisin qui me prendra la main sera africain ou jamaïcain, chauffeur de bus ou pilote : qu’importe puisqu’il s’agit de faire le tour du monde meilleur en chantant !
Les jardins du Presidio, emplis de fleurs nuptiales, ont le sourire de Marilyn,
un vieil infirme,
en mendiant, me l’affirme ;
mais à présent, c’est Robin Williams sur sa bicyclette jaune qui tient la corde ;
il me l’accorde.
Dans Chinatown, d’étal en étaux, les marchands ont effacé les trottoirs et l’on gagne de l’espace vital aux frontières des quartiers ;
le ciel est tapissé d’oriflammes sanglantes qui s’écoulent sur les façades.
Lin Fu vend aux Russes du bien mauvais vin, et aux Japonais, son âme, avec des épices étranges ;
son cousin assure des tables et des hôtesses de luxe au sous-sol d’un bouge ténébreux, apparenté à un cabaret.
Je n’ai pas vu le clair de lune sur Alcatraz.
A l’entrée du musée, Rodin pense une fois de plus, qu’il n’est plus temps de philosopher.
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