Babel étale de mille langues mouvantes à l’infini indompté de l’inconscience…
Les goélands rabâchent l’entêtement de ton vouloir à l’affrontement de la falaise où le fracas de l’écume chante une histoire immémoriale et sans autres annales que celle d’une salive froide et fugace, rongeant inlassablement des rocs nus, impassibles et vaincus.
O libres propos de l’océan à ses légendes et ses infinités prospectives ! Haute et puissante houle au déhanchement prodigieux, dans l’immense parcours des simples savoirs… Bien au-delà des limites de l’imaginaire s’étendent encore des territoires que seuls les rêves aventureux, imprégnés de fraîchin, ont su annexer.
Mais les matelots polyglottes, forçats de la transhumance en coque d’acier, ne chanteront plus les routes de l’ambre, des épices et des mirages, dans les gréements de leur audace
Jadis la profusion des chandeliers illuminait les vitraux d’une abbaye ;
on y lisait, sur l’arête du promontoire, la saga des miracles et le passage obligé vers la baie sacrée, vers le repos assuré du pêcheur.
Temple assis sur la mer et les colonnes délicates, bras tendues en prise du firmament à portée de pinacle !
Ainsi flambait la flamme des moines marins, chantant a cappella, dans la nuit transfigurée du littoral, la psalmodie d’un phare inégalable, aujourd’hui éteint ;
céleste cité en lambeaux…
C’est pourquoi les maisons aveugles, et noyées de chagrin, ont tourné le dos à la mer.
Pour une autre cantilène dont seuls les refrains étaient encore de mer, mais la geste inscrite dans le granit d’un drame suprême.
Ombres encloses dans un jardin des oliviers fantomatique et découpées dans l’orage des tourments ;
ronde d’une nuit, exhaussée au pied de la croix, pour la représentation d’un théâtre tragique, fondateur et éternel, sans autre décor que les tentures mouvantes du ciel…
Comment, incrédule, ne pas s’émouvoir devant tant de naïve et sombre beauté !
Hommage aux sculpteurs des chemins de la foi !
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