Noël prodigue envahissant les devantures,
Nous sommes habités de liesses futures
Où point un vague espoir de gains inattendus.
O magie des jouets, des boules miroitantes,
Des guirlandes ourlant les branches scintillantes !
Ineffable retour aux paradis perdus !
Pourtant, jour après jour, les drames se succèdent,
Morts et accidentés et malades qu’obsèdent
L’échec ou le sursis d’un destin prometteur.
Aube carillonnante, allégresse mort-née
De ceux qui, retrouvant vide la cheminée,
Se disent les enfants trop chéris du malheur !
Ecoutez dans la nuit monter la violence,
Claquer les coups de feu, s’égorger en silence
De jeunes loups cruels, fous de gloire et d’argent.
Et quand tombent les gars dans l’océan des sables,
Les parents, les amis pleurent, inconsolables…
Pleurez aussi, car sur le monde il pleut du sang.
Noël de paix, Noël d’amour, Noël de joie,
Noël… Ce tout petit Enfant qu’il vous envoie,
Le laisserez-vous seul et nu, sans un égard ?
Ne fermez point vos yeux à ses deux mains tendues,
Mais que de votre cœur les moissons répandues
En réchauffant ses doigts, éclairent son regard !