Deux vieux seaux bavardaient sur le pas de la porte
Attendant que le jour vienne chasser la nuit
Et qu’une jeune dame, au matin, les emporte
Pour collecter, pleins pots, l’eau bien fraîche du puits.
Soudainement, l’un d’eux taquina son confrère,
Celui qui s’allégeait, goutte à goutte, au retour
Parce qu’une fêlure exfiltrait jusqu’à terre
Son liquide précieux qu’il semait alentour.
Le récipient blessé, réprimant sa tristesse,
Décida qu’il irait s’accuser du défaut
Pour ne pas décevoir sa gentille maîtresse
Qui n’avait jusqu’alors critiqué son niveau.
Dès qu’il eut exprimé le lourd poids de sa peine,
La femme répondit d’un petit air moqueur
Qu’elle avait déposé, sur son chemin, des graines
Qui, par son arrosage, engendreraient des fleurs.
La route de la vie où s’écoulent les larmes,
Par la main bienveillante acceptant les travers,
Embellit la nature et révèle les charmes
Que toute différence offre au Grand Univers.