Comme l’ombre s’accorde aux pentes enneigées !
Je ne veux plus savoir si le froid m’est cruel.
Les étoiles dont l’or éclabousse le ciel
Par leur tendre lueur réchauffent mes pensées.
Je suis un vagabond, j’erre le plus souvent
Loin des humains pervers, sans logis, sans adresse.
J’emporte dans la mort un cœur plein d’allégresse :
Je suis toujours resté libre comme le vent.
Neige si dure aux malheureux, neige si pure—
Myriades de cristaux qui sublimez la nuit—
Tu couvres la montagne où s’étouffe le bruit
D’un tapis merveilleux à la fine texture.
Le manteau blanc me donne un masque violet.
La bise fait grincer la porte d’une grange,
Frissonner des rameaux dans le silence étrange
Et sous mon pantalon me gifle le mollet.
Lorsque bientôt l’aurore effrangera de rose
La guipure brillante aux aiguilles des pins,
Rassurés les chevreuils autant que les lapins
Salueront le jour émouvant, grandiose.
Aucun trille d’oiseau pour bénir le soleil.
Aucun ru pour chanter sa fraîche mélodie.
Mais moi, le vagabond, près de l’onde engourdie,
Je boirai ce spectacle à nul autre pareil.
Alors je m’étendrai sur la neige glacée.
Je m’en irai joyeux vers le suprême instant.
Si j’inspire pitié, je réclame pourtant
Qu’on brode sur ma vie une belle odyssée.
Denise, j’aime ce poème où la force d’un esprit serein
se console de la lumière éternelle en quittant le monde
des humains avec l’espoir d’y laisser une trace.
Merci Jean-Jacques. Je déteste l’hiver, mais il crée des paysages sublimes!