Les terrains rouille d’en bas mènent souvent à des grilles
De propriétés lasses et hautes et camouflées,
Derrière des murs de gré aux façades décrépies,
Aussi blonds et massifs que les remparts des blés.
Je cours vers cette allée où la fraîcheur vous lèche
D’une ombre bleue parfumée, prés d’une fontaine cachée,
Dans une vieille cour glacée où traînent des fleurs sèches,
Des chardons et des figues dans des plats cabossés.
Et partout aux oreilles, le frottis épicé
Des cigales hérissées et des criquets jaunis,
Des lézards qui serpentent vers les crevasses zébrées,
S’y engouffrent, happés comme les doigts dans du riz.
Petite foule verticale souple, orange et rebelle,
Loin de la mer tranquille et qui oscille, turquoise
Lissée comme une peau, le soir, ambrée de miel :
Un miroir éclatant que l’oiseau, tremblant, rase.
Les coudes sur le fer froid et rouillé d’une vielle table,
Sur une terrasse de laves, nous parlons de la ville,
La voix douce, les pieds nus pleins d’épines et de sable
Et les doigts dans les crabes. Viennent les guêpes sous les tuiles.
…Pieds nus, dedans, dehors, secs, fripés des graviers,
Blessés des plantes pointues, apaisés des carrelages,
Et pour finir la nuit, de moustiques, dévorés,
Sur les draps bleus gluants du sel et des orages…
On ne quitte le corail des chemins terre de sienne,
Du haut des toits, veinules qui courent vers les recoins
D’un paysage doré. Là s’évacue la peine
Comme les perles de sueur d’un revers de la main.