Au berceau de l’enfance et dans ses draps soyeux,
Le nourrisson s’éveille et, promptement, ses yeux
Tentent de décrypter les symboles du monde
Pour nourrir d’un savoir sa tête toute ronde.
Sa paupière frémit, son esprit vagabonde,
Car il ne sait du temps ni l’heur ni la seconde
Et dans l’espace clos qui devient écrasant,
Il appelle sa mère et se fait insistant.
Confronté, dans sa chambre, au vide de l’instant,
Il se sent oublié, malheureux, impuissant,
Et ses cris éplorés, suffoquant d’inquiétude,
Traduisent son effroi devant la solitude.
On ne lui a rien dit, offert de certitude,
Mais il ressent déjà l’horrible finitude
Qu’il lui faudra meubler de croyance et d’amour
Pour enrichir sa vie à la faveur du jour.
Le temps d’un baiser doux, l’horloge a fait trois tours
Et l’enfant, écolier, suit maintenant des cours.
Il apprend le calcul sur un doigt qui fourmille
Tant il fait des efforts pour plaire à sa famille.
Il préfère les jeux, les garçons et les filles,
Les tournois de ballons et son sachet de billes.
Ses notes, quelquefois, varient de haut en bas
Mais la confiance vient pour affermir son pas.
Chaque instant lui sourit, apaise les tracas,
Il aime les copains, la force de son bras,
Découvre l’amitié, la solidarité,
Un attrait pour le sport et la complicité.
Dans une évanescence et la fraternité,
Il traverse le temps de la fragilité.
L’âge ingrat le surprend, le tiraille un moment,
Puis il songe à demain pour l’orner d’un serment.
C’est ainsi que les jours, dans leurs défilements,
Séparent son chemin de celui des parents
Et, découvrant sa route et son indépendance,
Il ferme, en s’éloignant, la porte de l’enfance.
(Ce poème a obtenu le Prix Paul BRIQUEL au concours des Prix littéraires de Graffigny 2012)