Le ciel est chargé de nuages indigestes
Le soleil ne dévore plus l’horizon
L’absence de couleurs rend ce jour funeste
Le gris qui domine emprisonne la raison
Les jours s’étiolent tels une vie qui se meurt
L’on dit ici que c’est le froid noir qui mord
Les âmes frissonnent et le soir, vient la peur
Car la nuit, sans fond, dissimule la mort
Derrière les carreaux, la lumière fait des yeux
Aux façades des maisons qui prennent vie
On devine bêtes et gens au chaud, près du feu
Dans la nuit se meurent des oiseaux sans nid
Dehors, recroquevillés sur leurs gelures
Ou échafaudant des palais de carton
Ils ont le firmament pour seule toiture
L’hiver fait mourir les hommes sans maison
La neige et le vent tissent un fin rideau
Et le ciel, si bas, nous caresse la tête
Certains portent l’hiver comme un lourd fardeau
La main roide tendue, pour quelques piécettes
Le vingt-et-unième siècle va sur ses treize ans
Marcherions nous tous vers un nouvel enfer?
Je veux croire en l’Homme, au feu qui brûle dedans
Comme à un soleil que l’on partage en frères
Comme à un soleil que l’on partage en frères.