Cruauté sans calcul de l’âge qu’on dit tendre.
Sous ton regard naïf, un ardent pic de braise
Emané d’on ne sait quelle intime fournaise,
La figure des vieux se recouvre de cendre.
Je me rappelle encore un effet si lointain.
Je me rappelle tous ces parchemins salis
Courbés sur mon enfance, leurs taches, leurs plis,
L’odeur aigre des bises du petit matin…
Ces visages cornés, sous mes mains étonnées…
Se peut-il qu’à ce jour tel masque ait pris sur moi,
Figeant dans sa glaise les marques de l’émoi ?
L’âge sculpte et fossilise les chairs fanées.
Je me rappelle aussi. Mon grand-père. Un gisant.
Sa tête sur le drap comme un roc buriné
Que la tempête aurait trop longtemps malmené.
Délivré de tout, de soi-même…Reposant…
Sous la cendre, avant ce terme, enfant, le feu couve.
Toi, moi, nous tous, pareils, consumés de désir !
Vois dessous la cendre les grains de peau rosir !
Je me rappelle. ..Ce volcan, je m’y retrouve.