Paulette en son quartier jouait à la sibylle.
Deux mains sur les tarots, le regard scrutateur,
Elle sondait votre âme, y guettant la couleur
D’un possible à venir, conforme à votre style.
En dehors de l’usine elle élevait des oies,
Cultivait au jardin de quoi nourrir son monde.
Ni son entrain de bon aloi, ni sa faconde
N’empêchèrent le sort de laminer ses joies.
La crise de vingt-neuf! Cette crise eut raison
De l’argent que l’époux reçut en héritage.
Le pactole sombra dans le commun naufrage.
Adieu le rêve de construire une maison !
La Française des jeux fit miroiter la chance,
Mais les bons numéros du jour furent nombreux!
Libérale, Paulette fit quelques heureux,
Se retrouva plus pauvre, et la tête en partance.
L’usine alors ferma, vendit son domicile.
Un fils, malgré l’éloignement de son travail,
Parvint à l’acquérir avant la fin du bail.
Pour sa longue vieillesse il en fit un asile.
(Extrait de Les Insignifiants)
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