C’est la rue empierrée où claudiquent les mots
Les pas, les cris, les pleurs, de multiples vacarmes
Le passage incliné qui déverse son trop
Plein d’amour et de haine, et de vives alarmes.
Leurs flots à l’infini, chuchotent à mes pieds :
La cheire des badauds dégouline en la place.
La lame convulsive agite l’anxiété
Qui s’infiltre dedans et s’érige en impasse.
Et mon regard s’attarde en bas sur le côté,
Pour ne pas rencontrer les expressions horribles
Qui agitent et bafouent mes pensées sans arrêt,
Sentiments ressassés de moqueries pénibles
Ils déferlent en gros tonnes de sentiments.
La houle des passants, bien des échos, charrie.
Piégés dedans mes sas aux prismes déformants,
Les vocables au cœur se muent en barbarie
Traînent des bans entiers de terribles requins,
Grondeuse tempête où peinent tant de galères.
Souvenirs empêtrés d’irascibles refrains
Pouvant en tsunami se noyer sous l’amère.
Alors l’écume au front, je m’arrime aux flotteurs
Des couloirs commerciaux courant le long des rives.
Dans les rayons, je file et rame à cent à l’heure,
Quand une horde fluviale entre dans la coursive
Le flux m’emporte au loin. Il me pousse au dehors.
Il est temps de partir. Mes craintes je les rentre.
Et c’est en sous-marin que je rejoins mon port,
La tête en plein émoi, je regagne mon antre.