J’aime en toi, crâne superbe et symbole de la mort,
Tout ce que tu renfermes dans ton curieux manoir
En ta matière laiteuse et riche et inodore
Où s’enracine la flore de tes tendres mémoires.
Ton front lisse et boudeur surplombe deux cavernes
Où des globes jadis y lançaient leur lumière.
Les deux trous ténébreux sont des puits qu’on n’observe
De peur d’y découvrir un effrayant mystère.
La cave entre ces puits est un tombeau obscur
Où le souffle va et vient sans y être invité.
Pourtant il fait vibrer toute cette solide structure
D’une onde imperceptible qui semble l’animer.
Ton sourire carnassier immobile qui luit
Offre ses stèles d’ivoire serrées qui se bousculent
Sur l’immense profondeur de cette étrange nuit
Où un peuple de cris s’amoncelle et pullule.
Et j’aime ta fierté, ton hiératisme vain,
Tu portes dans tes os les tourments et les larmes
Dont le cruel cerveau de ces siècles anciens
T’a imprégné, malsain, pour que tu nous les clames.
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