Le bouleau frémit à peine
Les herbes s’agitent mollement
L’air est comme une chaude haleine
Pas le moindre souffle de vent…
Les sapins sont immobiles
Leur résine embaume alentour
Fumant de plaies indélébiles
La colline n’a plus d’atours.
La route est en déliquescence
Les semelles collent au macadam
Le soleil, par sa présence
M’accable et je sens que je pâme.
Étourdis, les oiseaux se taisent
L’air est un four de boulanger
Je rêve d’une haute falaise
Que vent et eau viendraient fouetter…
Marchant sous les cieux plombés
Un paysan traîne sa peine
Le long d’un champ de blé brûlé
Le long d’un champ de blé en graines.
La vie cherche où elle peut, de l’ombre
Et l’eau fraîche des fontaines
Claire dans les bassins sombres
Sources profondes et lointaines.
J’attends que le soleil dardant
Tombe en feu à l’horizon
Que ma peau qui bout en dedans
Trouve en la nuit, le frisson,
J’attends en tricotant des rimes…
Voici que se lève le vent
Ce soir, le ciel d’azur se grime
Les nuages arrivent en courant.