À Fernande, Émile, Gilberte,
Josy et Josiane ;
en souvenir de François aussi
La voilà démolie par l’œuvre
D’une infernale pelle mécanique,
Aplanie
Comme un banal tas de pierres,
Cette maison natale, unique et attachante,
Vieille maison d’enfance, lourde et carrée,
Où les parents ont livré leur amour.
On sentait si fort leur présence
Dans les vieux murs de leur maison,
Ces gros murs tout imprégnés de leur odeur,
De leur foi, de leurs voix,
Des chaleurs et des parfums de leur fourneau.
Et ces murs, encore tout remplis d’eux,
Se sont effondrés, fracassés ;
Et leur présence fidèle vient d’être emportée,
Là, avec les pierres éclatées,
Dans les bennes-poubelles des camions.
On sentait tellement leurs âmes,
Partout, dans le bois, le plâtre et le grès,
Et maintenant, dans ce fracas funeste,
Elles sont parties,
Légères,
Dans l’élan de la poussière des gravats,
Dans le vent, pour s’évanouir, célestes
Comme la fumée et la cendre
D’un encens brûlé en souvenir.
Et sûrement, désormais, qu’elles errent,
Indiscernables,
Tout autour, leurs âmes, sans repère,
Qu’elles n’ont plus où se poser,
Les jours aimables,
Que le cœur des enfants nés
Dans leur demeure envolée.