En complément de ma récente publication sur le photographe Sebastiao Salgado et ses photos N&B, voici un texte d’hommage rédigé en 1993 lors de la sortie de l’ouvrage qui lui était consacré dans la collection Photo Poche.
Armand Bemer
Muscles cuivrés, luisants
Qu’un soleil humilie
Regards hagards
Vers un objectif trop lointain
Longues silhouettes drapées
Dans des lins élimés
Guenilles désincarnées
Que nul visage n’habite
Fourmis agglutinées
Dans la gueule d’un gouffre
Agrippées aux échelles
Pour remonter de l’or
Peintre de la misère
Qui fixes l’essentiel
Du tableau de la vie
En clichés « noir et blanc »
Ombres lasses et tristes
Se vidant de leur vie
Réfugiés du Tiers-Monde
Où nos rêves agonisent
Mère à l’enfant chétif,
Dont le sein est tari
Visages noirs de suie
Où brillent leurs fiertés
Dans un monde en folie
Tu dis l’abominable
Quand croire encore aux hommes
N’est que crucifixion.
Photo Poche 93