Noir était mon ciel

J’habitais cette cité, prison de fumée

Là où l’homme a travaillé, sous le poids du fer

A, ses endroits où l’horizon a cessé de passer

Parce que s’essoufflant, il manquait d’air.

 

Je n’ai vécu qu’à l’ombre des cheminées

Des hauts fourneaux, hurlant et crachant l’enfer

Je suis née, près du cri des fumées brûlées

Dans ma pensée hurle encore, l’écho de l’acier.

 

J’habitais cette maison, couleur de feu et de poussière

Où allaient et venaient, des hommes esclaves de l’enfer

Leurs visages, assombris et lourds de noire terre

Voyaient ainsi, souffrir et mourir leurs pères.

 

Ils sont tombés les uns, les autres fatigués où brisés

Jeunes et vieux, ils ont tous fait couler leur sueur

Derrière ce portail, désormais  condamné

Ils ont tous laissé la trace de leur dur labeur.

 

J’ai connu ces hommes, j’ai vu leur souffrance

Pour eux chaque saison, n’était que poussière

Ils vivaient nuit et jour cette seule existence

Crachant dans l’enfer, jusqu’à chaque coulée dernière.

 

J’habitais ces quartiers, prison de fumée

Là où l’homme, a péri sous le poids du fer

A ces endroits, où le soleil a cessé de passer

Parce que s’essoufflant, il manquait d’air.

 

Je me souviens du noir, cachant le ciel

Je me souviens de la couleur de notre terre

Je  me souviens d’un regard fatigué

C’était un homme, c’était mon père.

4 Réponses à “Noir était mon ciel”


  • Difficile de ne pas réagir, non sur la forme, qui est libre, mais sur le fond, car on peut voir ici la richesse possible dans les différences. L’enfer des uns peut-être le paradis des autres. Il le fut pour toute une partie de ma famille venue d’Italie où ils crevaient de faim, avec quelques arpents de terre aride pour nourrir sept enfants,pour ceux qui venaient de Kabylie, crevant de peur, de Pologne,de Hongrie, là où la vie était devenue justement un enfer, et qui ont tout découvert du progrès, d’une vie où le travail rapportait enfin de quoi vivre et vivre bien, bien mieux que d’autres, en tous cas bien mieux que mes parents qui avaient quitté le Pays-haut pour venir s’établir dans la région de Nancy. Alors, sans cesse, mon rêve me ramenait au pays du feu et des cheminées, et ce feu, feu des usines ou feu des hommes, ne s’éteindra jamais en moi, car il est depuis l’origine, chant de la Vie, de l’Amour, de la Fête et du Travail. Etonnant, non ? Rassurant, c’est certain. La pensée unique, la « normalisation » des « yeux du coeur » n’est pas pour demain !

  • Gérard, avant de te lire et de te découvrir avec intérêt et curiosité et plaisir, débarquant en Lorraine après ma prime jeunesse normande, ma culture vénitienne, mon adolescence parisienne, mes armes « on the road », j’avais aussi cette triste impression grise et infernale des mines de Lorraine…

    J’ai changé depuis, mais les impressions d’Élisabeth je les ai perçues aussi de certains amis « ritals » dont les pères descendaient à la mine…. Leur grande fierté était surtout le courage de leur parents…..

    Dernière publication sur Photos, Reportages, Chansons, Venise : LES « PLAGISTES » DE HUGO H

  • Merci pour votre commentaire :
    Je suis désolée, pour la forme, j’ai écrit ce texte
    vers l’âge de quinze ans…
    Mon père est arrivé en France à l’âge de 18ans
    pour travailler aux laminoirs de Villerupt.
    Il était originaire de l’Italie profonde.
    Mon enfance a été marquée, par les conditions
    de vie difficile de mes parents et surtout celles
    de mon père à l’usine.
    -Les services postés, les « trois hui »t, souvent 16 heures d’affilé
    -L’obligation de rendement nécessaire, du à la demande de production de fer, (période d’après-guerre).
    -La chaleur des fours, les nuisances sonores.
    -Les difficultés d’adaptation de langage.

    Cette vie d’ouvrier, fût la sienne jusqu’à l’arrêt
    de production et la fermeture de la « SLV »

    Société des Laminoirs de Villerupt.

    Amicalement

  • Pourquoi Elisabeth, être désolée sur la forme? Nous sommes très nombreux à écrire en forme de poésie libre, et j’écris actuellement dans cette forme avec grand plaisir.

    Une partie de ma famille habitait Villerupt,travaillait à Micheville, et j’y ai encore des personnes chères. .J’y allais aussi régulièrement au bal, avec mes cousines et mes copines, dans une ambiance que je ne trouvais nulle part ailleurs. Mais je ne vais pas commencer un roman ici. Je m’en occupe par ailleurs.
    Et oui Claudio, les réputations comme les clichés populaires ont la vie dure, parfois même la dent dure! Et ils finissent par constituer de véritables grilles de lecture. De quelles mines veux-tu parler. De quels paysages ?
    Cette région du Pays-haut que je chante s’appelait autrefois « le département des forêts ». L’ouvrage que j’ai commencé à écrire sur toute la période de ma vie en ce pays aura pour titre « Rouge, vert, ébène », car ce sont les couleurs de ce pays, le rouge de la terre et du feu, le vert des champs,des forêts denses et des flancs des vallées, l’ébène des cheveux des filles et de l’étirement des longues usines en fond de val. Il y pleut moins qu’à Lyon et pas plus qu’à Nancy, foi d’archives de météo, et de souvenirs puisque je naviguais, et continue à naviguer sans cesse entre la Lorraine du nord et des contrées plus « méridionales ».
    Qu’en retenir sinon que nous sommes tous riches de nos sensations et sentiments, et que le bonheur ne connaît pas bien la géographie !

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