Dans mon compartiment où je traîne fripé
J’entends les vibrations d’un battant que l’on ouvre
Une porte sans doute la charnière en soufflet
Emporte la lumière. Et là, je vous découvre
Vous autres, bien calés dans de petits paniers
Sous la cloche à fromage, de différentes races
De pâtes au teint laiteux au teint de crème brûlée
Tous dans le même wagon mais personne ne jacasse
On attend le gourmand ou le vrai cordon bleu
Qui saura nous marier en un plat détonnant
Mais une main friponne aux doigts un peu crasseux
Me caresse au passage et puis me laisse en plan
Dans cet espace réduit combien de gros légumes
De notables asperges poussent comme champions
Certains font le poireau dans d’étranges costumes
Leurs cheveux en pétard montés sur le chignon
J’essaie de sustenter en vendant ma salade
Mais mon parfum léger ne vaut pas un radis
Face aux gâteaux aux glaces et autre cassonade
Je n’ai plus qu’à m’éteindre et je me recroqueville
Et les semaines passent, aux ordures on me jette
Une fraîche laitue vient gémir à ma place
Une main vient tâter, fouiller sous la clayette
Ses doigts sont boudinés graisseux comme fougasse
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