O sublime nature ! O divine immanence !
Tu es temple et déesse en l’esprit converti,
Par toi j’aspire à Dieu, je touche l’infini,
Du véritable amour je bois la quintessence.
Atteignant le sommet des grandeurs oubliées,
De l’humaine mesure il ne reste plus rien ;
Le ciel est dans la mer et mes yeux dans les tiens,
Aux confins éternels de nos âmes scellées.
Combien de temps encor durera cette étreinte
Avant que de nos chairs il ne reste un lambeau ?
Aimons-nous jours et nuit jusqu’au bord de tombeau
Car de l’homme en folie j’entends le glas qui teinte !
Ainsi Dieu a voulu ce suprême holocauste :
De tous les beaux amants que la terre ait portés,
Mon bel amour ! Nous sommes les plus déchirés
Et dans un dernier cri, nous expirons leurs fautes.
Par le sang, par la mort, par la douleur encor,
La sagesse et l’amour sont des fleurs de souffrances :
Le grain de blé pourrit avant qu’il ne s’élance,
Promettant le retour des fruits de Thermidor.
Jean-Pierre RECOUVREUR (Grand Prix des Poètes Lorrains 1979)
Ce poème fait écho à celui de Géraldine et l’amour de la terre s’y révèle avec intensité.
Merci Joëlle pour ce retour d’un de nos disparus.
Tu es la seule sur ce blog à connaître la profondeur de l’amitié qui nous a liée, dans notre quotidien et dans tous nos périples, et la douleur qui a duré longtemps après son assassinat en pleine jeunesse puisque j’ai rêvé presque toutes des nuits durant des années qu’il me disait en apparaissant tout à coup dans une gare (nous avons beaucoup fréquenté les trains) « Tu vois bien, je ne suis pas mort ! » Et j’y croyais tellement, enfin avant que le réveil ne me le démente cruellement.
Réalité d’une relation particulière où nos échanges ont cherché la profondeur, où je lui faisais découvrir le goût de la poésie en même temps qu’il m’introduisait dans la passion de la peinture et du dessin d’art. Nous avions vingt ans. Oui, avec lui, j’aurais vraiment pu dire « parce que c’était lui, parce que c’était moi » sans autre explication.
Alors, bien entendu, je réserve comme toi Joëlle qui l’a un peu connu de son vivant, et qui a connu surtout et malheureusement les suites de ce drame familial, ses poésies pour l’anthologie, et ce petit commentaire me donne l’occasion de vous dire à tous, pour cette anthologie : PENSEZ A NOS DISPARUS. Remuez ciel et terre pour retrouver et m’envoyer leurs écrits sur la boîte aux lettres de l’anthologie. Nous avons tous ce devoir de mémoire, le temps béni de mettre un peu de côté notre égo et nos textes pour servir la permanence et l’immanence de « l’âme des poètes ».
Bel hommage que le tien, Gérard!
Oui, l’amitié est une belle et grande chose lorsque la vie a donné aux êtres le privilège de se « reconnaître » et de cheminer, même lorsque le chemin est court…Bien trop court!
Le « devoir de mémoire » est parmi les devoirs, le plus sacré et les écrits de nos amis disparus sont tout ce qui nous reste (et ce n’est pas rien…)de ce qu’ils ont été.
L’Anthologie est une occasion exceptionnelle de leur rendre hommage!
Il ne faut pas la manquer.