La religieuse

                                                                 À ma tante Clémence,
                                                                  Sœur Anne-Gabrielle
                                                              de la Divine Providence


Libre, disait-elle, elle voulait être libre,
Sœur Anne-Gabrielle,
Libre de croire de toutes ses fibres,
Dans ce délicieux brouillard,
Et se laisser prendre au filet de Dieu.

Soumise en apparence,
La religieuse de la Divine Providence,
Dans son habit de renoncement, long et noir.
Sur sa poitrine, la croix de bois primitive
Et, sous son voile, caché certainement,
Le cheveu court et rare des captives.

Aux vœux de sa flamme printanière,
Fidèle à perpétuité, l’octogénaire ;
L’obéissance et la pauvreté,
L’obéissance et la chasteté.
L’alliance au doigt,
L’épouse la meilleure, toujours,
Parmi tant d’autres épouses du Seigneur.
Oh ! la crainte du péché, le souci du salut,
Les devoirs sacrés toujours, les vertus,
Et l’obéissance encore aux mères supérieures,
L’obéissance, celle qui pèse, qui pesait,
Mais l’exigence suprême qui s’imposait.

Jamais ne revinrent les ailes blanches de l’enfance,
Jamais ni voluptés ni plaisir des sens,
Jamais de gaietés, de danses excessives,
Et jamais, non, jamais de croisières incertaines.

Rien que l’Éternel, et les couleurs du ciel
Par la fenêtre de la chambre mansardée,
Le vol des oiseaux et des feuilles d’automne,
Comme des confidences divines.
C’était sa vie, l’île qu’elle avait choisie
Dans sa certitude quêtant l’absolu ;
C’était son étrange liberté.
Et pour la lui avoir offerte,
Dieu, sûrement, l’a bien récompensée. 

16 Réponses à “La religieuse”


  • Joëlle di SANGRO

    Nous sommes là devant l’exemple de tant de femmes admirables qui,en raison de leur foi, ont fait de leur vie un don sans retour.

    L’époque où nous vivons fait qu’il devient difficile de comprendre l’idéal qui anime ces femmes dont beaucoup choisissent de s’expatrier afin de consacrer leur vie au service des plus démunis.

  • Marie France Genèvre

    libre
    J’aime Le paradoxe

    la liberté tiendrait-elle au simple fait de choisir sa vie?

  • ça je ne sais pas si ces femmes sont admirables ?? cela dépend de ce qu’elle font une fois enfermées..
    à l’extérieur tant de femmes et d’hommes sont admirables et personne ne le sait, car ils estiment que c’et norml d’être ce qu’ils sont;
    bon
    cela n’enlève rien à la part d’abnégation volontaire de ces personnes qui ont fait ce choix et loin de moi l’idée de les critiquer, car chacun est libre de sa vie..

    Il y a deq femmes qui se dévouent pour les malades en fin de vie, les soins des cancéreux, les malades du SIDA et autre, des femmes qui vont enseigner en Afrique ou ailleurs, d’autres qui sont syndicalistes et qui mettent leur carrière de côté pour défendre les autres, d’autres qui sont mères de famille tout simplement mais de vraies mères …d’autres qui s’occupent des gens âgés, d’autres des démunis et j’en passe…..
    faire quelque chose de sa vie , pour soi et pour les autres , chacun vit selon son coeur , son courage, son époque….sa lumière.
    une sportive qui va a l’extrème peut être admirable aussi , remonter un océan à la rame en sens arrière!!
    aller se battre contre ceux qui pêchent les baleines avec un petit canoë, défendre les ours.. sauver les oiseaux de la pollution…

    c’est un véritable plaidoyer pour le côté admirable , mais par qui ?

    et certaines femmes politiques malgré ce que l’on en pense qui passent leur vie à faire avancer les choses pour l’ensemble des concitoyennes que nous sommes, et qui prennent les risques de se faire huer , critiquer… voir simone Weil et tant d’autres..

    et les 1eres
    la première qui a passé son BAC , Marie Victoire DAUBIE, la première avocate, la première médecin….la première aviatrice…
    voilà des femmes que pour ma part j’admire.
    katy

  • fautes corrigées=
    lire: que c’est normal
    il y a des femmes
    mes excuses j’étais (dans les pensées )de ce que j’avais à dire
    …/….

  • en sens arrière = comprendre à contre-courant pour MAUDE FONTENOY

  • Joëlle di SANGRO

    J’ai totalement omis( excuse m’en, Jean-Joseph) de rendre hommage à la beauté de ton poème.

    Il révèle avec force et finesse l’indicible liberté de celles qui, par choix et paradoxalement, ne s’en autorisent plus aucune.

    Il s’agit là d’une démarche si peu commune qu’elle échappe au sens commun.

    Il n’était pas facile de traduire cela dans un poème.

    Je te félicite d’avoir sû le réaliser.

  • nicole METIVIER

    Vivre, c’est choisir.

    Choisir, c’est assumer ses valeurs et demeurer fidèle à ses idéaux.

    Beau ou pas ? C’est le regard extérieur qui le juge et l’affirme car celui qui le vit de l’intérieur sait seulement qu’il est en conformité avec ce vers quoi il tend, auquel il aspire et qui lui apporte son plein épanouissement.

  • le poème est en effet très beau , les mots choisis
    le travail est si bien fait qu’il est aisé de voir Soeur Gabrielle
    et d’imaginer sa vie..
    de plus ce thème n’est pas souvent traité
    donc bravo , ce poème fait réfléchir
    amicalement
    katy

  • tout à fait Nicole
    la liberté de choix évidemment
    je ne parlais que du côté « admirable  » et pourquoi pas ??

    chacun en effet doit vivre selon ses aspirations je te rejoins totalement là dessus.
    Je disais juste : »admirables des femmes il y en a aussi à l’extérieur » c’est cela que j’ai voulu développer ,pour des choses pas forcément visibles.

    assumer ses valeurs jusqu’au bout bien sur aussi.

    bref ce poème est beau et fait réfléchir
    pour ma part aucun jugement de valeur
    bisous
    katy

  • Jean-Joseph Carl

    Merci pour vos commentaires.
    Merci, Joëlle et Katy, pour vos félicitations ; elles me vont droit au coeur !
    Ce poème date de 2003. C’est un hommage posthume rendu à une vielle tante que j’aimais beaucoup, décédée cinq ans plus tôt. Loin de moi l’idée de faire un traité sur la liberté ou sur le côté admirable de la vocation religieuse. J’ai simplement retracé par affection la vie de cette jeune fille qui avait choisi de suivre une voie qui, pour elle, la libérait et qui, comme le dit si justement Joëlle, paradoxalement ne lui autorisait plus (ou si peu) de liberté.

    Je réponds au premier commentaire de Katy sous la forme d’un haïku (étant précisé que les soeurs de la Divine Providence ne sont pas cloîtrées comme les carmélites):

    Une carmélite
    À genoux sur un prie-Dieu
    Pour aider le monde

    Merci encore à toutes.

  • Joëlle di SANGRO

    Permerts-moi de changer juste un mot, Jean-Joseph:

    « Une carmélite
    A genoux sur un prie-Dieu
    Pour soulever le monde »

    (En référence à une carmélite qui m’est très chère.)

  • oui c’est vrai que c’est « une aide au monde » que la prière
    que j’en connais les bienfaits personnels ayant une amie religieuse, dont la charge est de faire visiter un cloitre de faire la « public-relation » de s’occuper des gens qui font des retraites etc../..elle passe des thèses en même temps et elle peint aussi.Elle est extrèmenent à la pointe de l’actualité , et très ouverte à la discussion.

    J’avais déjà discutée de ce côté là* avec elle, pour elle, (ANNE de JESUS) c’est une chance, une joie, aucun sacrifice pour elle puisqu’ele a fait le choix de cette vie en toute connaissance de cause.

    Je ne répondais qu’au mot  » admirable »* celui qui m’a fait tressaillir
    et aucun conteste quand au bienfait de la prière pour le monde. Bien au contraire!

    Merci de la précision pour les soeurs de la divine providence
    ( très joli nom au passage) qui ne sont pas cloitrées. que font-elles en plus de leurs voeux?? comme activité.

    merci Jean Joseph Carl de cete réponse
    katy

  • fautes comme toujours de vitesse!!bip!bip!!
    lire : »puisqu’elle »
    et lire :  » de cette réponse »

    mille excuses si possible de votre part à tous??
    katy

  • Jean-Joseph Carl

    Katy, ma tante était enseignante dans le primaire. Pour savoir qui sont ces soeurs et ce qu’elles font, taper http://www.divine-providence-stjean.org
    Joëlle, « pour soulever le monde », c’est beau !

  • merci Jean-Joseph
    je suis allée voir, très éloquent!! que de choses , loin de l’idée de la soeur qui est sa journée en prières.. et quand bien même!!
    non seulement elle aurait fait ce choix , mais je le répète cela est utile pour ceux qui croient et ne fait aucun mal à qui que ce soit.

    ce qui n’est pas non plus forcément « admirable »??

    Soulever le monde de cette manière c’est mieux que par des soulèvements liés au manque de droit, de justice, d’argent , de nourriture, de liberté…comme on le voit partout désormais..
    se soulever tous ensemble dans une prière commune pour le bien de tous..cela donnerait enfin une rumeur portée par toutes les voix en toutes les langues ( en écho pour Alain) jusqu’à ….l’infini ou « l’ultime endroit »
    merci Carl
    bonne journée
    katy

  • Joëlle di SANGRO

    Je suis allée sur le site, Jean-Joseph.

    Voila: c’est tout simplement et magnifiquement cela qu’être religieuse.

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