Quand descend, doucement le soir
Quand le ciel s’étire vers la nuit
Je revois, ma mère, près de ce lavoir
L’eau coulait presque sans bruit.
Je la revois entre ces pierres
Courbée, dans l’eau de ce lavoir
Elle chantonnait une prière
Que j’ai gardé, pour la revoir.
Elle ne disait, que peu de mots
Elle n’aimait, que les bruissements
Je revois, ses bras enfuis dans l’eau
C’était ainsi, chaque printemps.
Je la revois entre ces femmes
Courbée dans l’eau, de ce lavoir
Elle écoutait, toutes ces âmes
Qui venaient là, pour des histoires.
Ma mère fut toujours secrète
Ce visage figé de madone
Cette silhouette si discrète
D’un regard, à qui l’on pardonne.
Elle était belle, elle était songe
Je la revois dans ce presbytère
Les yeux levés, vers tous les anges
Elle chantonnait une prière.
Elle ne disait, que peu de mots
Elle n’entendait que les bruissements
J’entends encore, le bruit de l’eau
Elle s’écoulait, si doucement.
Quand descend, doucement le soir
Quand le ciel s’étire à l’agonie
Je revois ma mère, près de ce lavoir
L’eau coulait presque sans bruit.