Disperser la poussière des choses
Non vraiment rien n’a changé
Sur la chaise le chapeau de l’ultime saison et la fleur ouverte d’un col de robe
Au bord de la table une carafe à combler comme un désir
A droite la coiffeuse où un peigne montre ses dents d’ivoire
et le miroir ovale où l’attente se regarde
Le volet tremble un peu lorsque l’air dénoue ses colliers
mais le temps n’a nulle envie de s’envoler
Un souffle se faufile entre les draps de lavande
L’ombre des rideaux s’allonge
et quelques lueurs y accrochent parfois leurs ailes de papillon
Des patins de feutre glissent dans le soir
Marthe dépose un plateau sur la table basse et le thé infuse comme un secret
Au cours de cette promenade immobile
cueillir le bleu de menthe du silence
puis converser avec la solitude
loin très loin
dans la petite chambre du Sud